Les communistes font des appels de phares sur la file de gauche

Les communistes font des appels de phares sur la file de gauche

92,5%. Cela pourrait être un score stalinien si l'objet de la consultation à laquelle étaient conviés les militants communistes ces derniers jours n'était pas à l'exacte inverse des anciennes habitudes du parti. En effet, à une très large majorité, ils ont choisi de "lancer un appel aux Marseillaises et Marseillais", "de présenter un projet alternatif à la hauteur des besoins sociaux", et surtout "d'ouvrir le chantier d'un large rassemblement populaire ouverts à tous ceux et celles qui aspirent à un vrai changement". 

"Par là, les communistes ont dit à la fois leur attachement à la démarche du Front de Gauche et à son élargissement, le refus des compromissions et du clientélisme", commente Jean-Marc Coppola, chef de file choisi par les communistes, cet été. Ce faisant, il affiche un sourire gourmand. Si les partis réunis sous l'étiquette Front de gauche scellent leur accord d'ouverture la semaine prochaine, ils auront réussi un joli coup politique en s'imposant comme la force de rassemblement "populaire et citoyenne" à gauche du parti socialiste, "loin de la logique de casting" qui agite ce parti avec l'exercice des primaires. De la même manière, la logique d'autonomie autour de Karim Zéribi choisi par les Verts avec une ouverture limitée à 30% risque de se transformer en choix cornélien entre l'alliance avec le PS et l'étranglement entre deux blocs.

Pour parfaire cette logique de rassemblement, les communistes ont donc prévu de rencontrer les collectifs citoyens, les militants associatifs, les syndicats  et salariés en lutte pour l'emploi "pour co-construire un projet". Au premier rang des collectifs qui sont ou seront approchés par les communistes dans les prochaines semaines, les signataires du Sursaut figurent en bonne place. Déjà, à l'issue des assises citoyennes de la fin septembre, les initiateurs de l'appel citoyen soulignaient les contacts pris  avec les ténors du parti. Le Sursaut est d'ailleurs la seule démarche que Jean-Marc Coppola cite nommément tout en écartant la possibilité d'une candidature de Pape Diouf à la tête d'une liste de rassemblement. "Je n'y crois pas, pas plus que je crois à l'élection d'un homme providentiel. Il faut sortir de la logique présidentialiste que l'on retrouve à la tête des conseils général et régional mais aussi à la mairie. Il faut sortir de cette logique".

Spécialistes du surf

La démarche se veut à l'inverse des accords de partis qui avaient engagé toute la gauche, ou presque, derrière Jean-Noël Guérini en 2008. Sans se livrer pieds et poings liés à une logique où la base déciderait de tout, les militants du PC marseillais n'imagine pas leur drapeau rouge en poteau mitan du rassemblement. "Ce n'est pas non plus le rassemblement autour du Front de gauche, mais autour d'un projet et de valeurs de gauche", reprend le chef de file. Le président de groupe au conseil municipal Frédéric Dutoit abonde : "Les derniers sondages démontrent que ce n'est pas en épousant les thèmes de Marine Le Pen que l'on met en échec sa politique réactionnaire". Et au cas où on aurait du mal à suivre la flèche, il ajoute : "Les ministres de l'intérieur sont toujours spécialistes du surf".

D'ailleurs, ils ne désespèrent pas d'associer des militants socialistes et au-delà : Coppola tape : "Je ne suis pas sûr que l'ensemble des militants socialistes soient satisfaits par la politique menée par le gouvernement". Dutoit doute : "Pour le moment, le PS essaie de se rassembler". Pellicani conclut : "Même les Verts ne le sont pas". A les entendre, les seuls vraiment unis sont donc au Front de gauche, ce qui leur permet d'appeler "au rassemblement des rassemblements". autour la laïcité, de l'égalité des droits, de l'écologie et d'une démarche d'intervention citoyenne.

Pour l'heure, ils n'ont ni une méthode, ni un calendrier précis mais Jean-Marc Coppola promet : "Les élections municipales sont encore loin et les choses peuvent évoluer très vite".