GCM : 11 maires écrivent à la ministre
Le Grand conseil de la mutualité à coeur ouvert. Les courriers et autres lettres ouvertes se multiplient au sujet de l'avenir du réseau de santé de cette entreprise mutualiste, en redressement judiciaire depuis plus d'un an. Le dernier en date, signé par trois maires de secteur marseillais et huit maires du département, demande à la ministre de la Santé Marisol Touraine "une audience exceptionnelle avant le 5 décembre". Au coeur de l'inquiétude : le licenciement de 35 médecins généralistes du GCM, qui en comptait en 57 en 2011.
La plupart devrait quitter leur centre le 7 décembre, les salariés protégés bénéficiant d'un sursis. "Dans quelques jours, il n'y aura quasiment plus de médecins. Pour une entreprise de santé, cela pose problème", grince Dominique Eddi, secrétaire du syndicat des médecins. "Le GCM ne m'a même pas tenue au courant, je l'ai appris par les médecins de mon centre", s'indigne Patricia Fernandez-Pédinielli, la maire de Port-de-Bouc. C'est une catastrophe pour la ville, où le centre de santé représente 54% de l'offre de soins".
Remplaçants étrangers
Car si les médecins sont licenciés, ce n'est pas faute d'activité, mais parce qu'ils refusent toujours de signer un contrat basé sur le nombre d'actes et non un salaire fixe, un des axes du "plan de redressement" voté en janvier 2011 par le conseil d'administration. Un contrat sur lequel l'ordre des médecins des Bouches-du-Rhône avait donné un avis très net, rappelant l'article 97 du code de déontologie :
Un médecin salarié ne peut, en aucun cas, accepter une rémunération fondée sur des normes de productivité, de rendement horaire ou toute autre disposition qui auraient pour conséquence une limitation ou un abandon de son indépendance ou une atteinte à la qualité des soins.
Il ne nous a pas été possible d'en obtenir confirmation auprès du GCM, mais d'après Dominique Eddi, l'entreprise rencontrerait d'ailleurs des difficultés à trouver des remplaçants : "On a vu passer à Port-Saint-Louis un Tahitien, un Cubain, un Roumain, des gens dans une situation de précarité mais qui dès qu'ils le peuvent trouvent autre chose. Il va y avoir un turn-over important, on n'aura plus des médecins de famille comme c'était le cas".
Un administrateur demande "un moratoire"
"Qu'est-ce qui va se passer pour les patients, ceux qui ont une affection de longue durée, les diabétiques ?", renvoie en écho la maire de Port-de-Bouc. Alors qu'en interne la restructuration passe également mal du côté de l'accueil et du recouvrement, le doute gagne les dirigeants. Il y a quelques jours, Lucien Alizard, administrateur représentant la mutuelle Entrain, a demandé à la présidente "un moratoire" sur les licenciements, avec des arguments que l'on n'avait que peu entendus de la part de la Mutualité :
[Le] côté politique mutualiste a été à mon avis trop abandonné. Nous avons face à nous pratiquement la totalité de nos médecins généralistes qui ne veulent pas du contrat à l’acte qui leur est proposé. Ces médecins, certains depuis des décennies, ont fait la réputation et la valeur de nos centres en s’investissant totalement dans une politique mutualiste de groupe. Devons-nous nous arc-bouter sur cette seule solution ? Les raisons ne sont pas purement que pécuniaires, elles relèvent aussi d’un désir de faire une médecine particulière à notre image.
Les administrateurs "ont tout voté le doigt sur la couture du pantalon. Lucien Alizard essaye de se dédouaner au dernier moment", commente, amer, Dominique Eddi. Avec l'association des amis de la médecine sociale et mutualiste (AMSM) dont il est un membre fondateur, il travaille à "recréer des structures très rapidement à Port-de-Bouc, Martigues, Berre l'Etang, Gardanne, Miramas, dans les quartiers nord de Marseille". Un départ de zéro, reconnaît-il, mais "il faut surtout beaucoup de bonne volonté. Les locaux, ça peut être un bas de HLM".
A Port-de-Bouc, la mairie "est en passe de trouver un local, même s'il faudra des travaux", appuie Patricia Fernandez-Pédinielli, qui à l'évocation de l'éventuelle création d'une société coopérative d'intérêt collectif, se dit "prête à faire tout ce qu'il sera possible de faire". Dans le même temps, le député-maire de Martigues Gaby Charroux a carrément écrit à Marisol Touraine pour qu'elle réclame pour cause d'"irresponsabilité" la démission de la direction et du conseil d'administration du GCM, s'attirant les foudres de la fédération des mutuelles de France dénonçant un "censeur inconsidéré".
La lettre à Marisol Touraine :
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