Stan, l'art de la schizophrénie comique

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le 23 Avr 2012
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Stan, l'art de la schizophrénie comique
Stan, l'art de la schizophrénie comique

Stan, l'art de la schizophrénie comique

Dans la petite salle du café théâtre de l'Antidote, les rires fusent et secouent l'assemblée devant un jeune gars émacié au sourire bien accroché. Stan, alias Christophe Carotenuto, seul sur scène, interprète huit personnages issus d'un quotidien aussi banal que truculent. Le jeu scénique dose savamment mimiques clownesques et textes dénotant la sagacité redoutable de l'auteur. Clou du spectacle, la fameuse tirade d'Edmond Rostand intégralement réécrite, le ventre rond d'une femme enceinte se substituant au nez de Cyrano de Bergerac.

Stan le marseillais, dont le nom de scène est un clin d'oeil aux films muets de Stan Laurel et Olivier Hardy maîtrise indéniablement son art. Il faut dire qu'en plus d'une formation au Conservatoire national de région d'art dramatique de Marseille, l'humoriste a enchaîné des rôles classiques et contemporains au théâtre, au cinéma et à la télévision  – Le débarcadère des anges de Brigitte Rouan -, tout en cumulant une expérience dans la mise en scène, aux côtés de Christian Beneditti (La Mouette d'Anton Tchekhov). Il est sur tous les fronts, participe à des festivals d'humour, obtient des récompenses – Prix du public au festival les Démons de l'Archange en 2008, Prix du festival Fontaine d'Argent Aix-en-Provence en 2011 -, et donne des cours de théâtre aux adultes comme aux enfants: "Je n'enseigne pas l'humour, je transmets ce que j'ai appris au Conservatoire. J'adore travailler avec les enfants parce qu'ils sont dans l'immédiateté, ils ont une imagination exacerbée, ça leur confère un réel pouvoir."

Cabines d'essayage

Après un break artistique de cinq ans à dépérir comme vendeur aux galeries Lafayettes – "il fallait bien payer l'appartement" –, Stan écrit son premier "seul sur scène" en 2008. Contre toute attente, ce travail alimentaire se révèle être une source inépuisable d'inspiration. "J'assistais à des scènes très drôles avec les clients. Du coup, pour exorciser ma déprime des galeries, j'ai commencé à écrire des sketchs tirés de mon quotidien. Je répétais ensuite dans une cabine d'essayage… Jusqu'à ce qu'une collègue me surprenne et me lance : mais vous êtes combien dans ta tête ?"
Un beau jour, ce qui devait arriver arriva – "je ne vendais rien, je passais mon temps à ranger les vêtements et empêchais les clients d'y toucher" –  Stan est licencié. "Ça m'a permis de réaliser mon rêve, de me consacrer entièrement à mon spectacle". Un spectacle régulièrement peaufiné par Stan l'insatisfait.

La recette de son succès réside en partie dans son refus de déclamer les textes : "J'ai été formé à parler normalement. Il y a beaucoup de pièces de théâtre que je ne supporte pas parce que les comédiens ne parlent pas comme dans la vie. Je ne suis pas pour le naturalisme mais les gens qui ne sont pas habitués à aller au théâtre doivent pouvoir comprendre." Sa gestuelle comique omniprésente sans être exagérée – "l'échauffement de l'imagination passe par le corps" – accompagne les vannes, "des béquilles pour raconter une histoire mais qui ne font pas tout".

Point de vue féminin

Originales, ses histoires consistent souvent à interpréter des personnages féminins. De la femme enceinte à celle vieillissante incertaine de ses capacités séductrices, l'humoriste prend des risques, évitant le piège des clichés voire de la vulgarité. "Au conservatoire je regrettais un peu de ne pas être une femme à cause de très beaux rôles féminins. Il est intéressant de prendre le point de vue d'une femme pour afficher le mien sur le monde. Mais au fond je crois que ma façon d'appréhender le monde est davantage féminine que masculine".

Stan se dit enthousiaste pour tous les rôles, dramatiques comme comiques, refusant l'étiquette unique et réductrice – à son sens – d'humoriste. Et s'il se revendique du metteur en scène Christian Benedetti, l'un de ses inspirateurs et maîtres pour lequel "le théâtre est le silence interrompu par la parole", avec lui, le silence est une respiration, prélude d'un grand éclat de rire.

Jusqu'au samedi 28 avril, à 21 h, Stan présente son one man show « Combien dans sa tête ? » au théâtre de l'Antidote au 123, boulevard de la Blancarde à Marseille (4e). Renseignements et réservations en ligne ou au 06 99 05 72 19. Tarifs : de 14 à 10 €. Il reste des places.

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