Transports : Martine Vassal refait le plein en attendant une aide de l’État
La présidente du département a annoncé une enveloppe de 220 millions d'euros pour les projets de transports de la métropole, qu'elle préside également. Il s'agit de "ne pas prendre plus de retard" dans ce domaine, alors que l'aide de l'État se fait attendre. La question sera portée prochainement à Paris par des parlementaires locaux.
Transports : Martine Vassal refait le plein en attendant une aide de l’État
La “séquence mobilité” s’est ouverte mercredi avec le volet financier. Elle se poursuivra ce jeudi avec l’illustration, la présentation du projet de prolongement nord-sud du tramway et une visite du parking-relais La Rose. Martine Vassal (LR) a annoncé le déblocage par le conseil départemental d’une enveloppe de 220 millions d’euros pour les projets de transports de la métropole, en complément des 300 millions d’euros validés en 2016 et presque intégralement engagés. Il s’agit du gros morceau du “partenariat métropolitain” évoqué fin 2018 par Marsactu, pour un total de 300 millions d’euros.
L’objectif affiché est de “ne pas ajouter de retard à ceux qui ont déjà été pris” en la matière en attendant une aide massive de l’État. Ce financement nouveau ne fera donc pas émerger des projets supplémentaires mais assurera le démarrage effectif de lignes déjà dans les tuyaux, pour certaines à un stade avancé. Il s’agit notamment du prolongement du tramway Nord-Sud, dont la concertation publique s’est déroulée à l’été dernier, de plusieurs bus à haut niveau de service hors de Marseille et de l’important chantier de renouvellement des rames de métro.
Des emprunts pour compléter
Cela signifie-t-il qu’ils ont été lancés sans un sou pour les assumer ? “Dans tous les cas, un projet comme celui des rames du métro aurait été mené car il est prioritaire, nuance Roland Blum, vice-président aux transports qui s’occupait auparavant des finances. Mais le financement de notre agenda de la mobilité s’envisage globalement et pour l’heure notre capacité d’investissement ne nous donne pas les moyens d’avoir une visibilité suffisante. Les fonds apportés par le département nous permettront d’emprunter.”
L’agenda de la mobilité, c’est le document de chevet de la métropole sur les transports, avec 3,5 milliards d’euros d’investissements prévus d’ici 2025. Le soutien du conseil départemental vise à “prouver la volonté du territoire”, avance Martine Vassal, reprenant l’antienne du “aide-toi le ciel t’aidera” entonnée depuis de longs mois. Ces 220 millions permettront selon elle de tenir le rythme pendant les trois prochaines années. “Mais à partir de 2022, il va falloir que l’État prenne ses responsabilités car les sommes ne sont pas suffisantes pour couvrir les 3,5 milliards d’euros.” “On n’a pas fait que tendre la main”, a-t-elle insisté, réclamant des “preuves d’amour” d’un président “qui dit aimer Marseille”.
Des efforts financés, une nouvelle fois, “par le conseil départemental et par de la dette”, souligne Jean-Pierre Serrus (LREM), ex-vice-président délégué aux transports éjecté à l’arrivée de Martine Vassal. Un constat qui interpelle dans une perspective “de rapprochement des deux institutions”, dont la dette se trouverait alors mise en commun. Comme l’a déjà signalé Marsactu, la dette du conseil départemental devrait atteindre 1 milliard d’euros à la fin de l’année.
Marseille mal lotie
Pour l’heure, c’est vers Paris que des regards gourmands se tournent. Ce mardi, la ministre des Transports a confirmé le projet de ligne express pour relier la capitale à l’aéroport Charles-de-Gaulle. “À quand le métropole express pour l’aéroport Marseille Provence ?”, interroge Martine Vassal. En parallèle, la Société du grand Paris est à la tête d’un chantier à “38 milliards pour 12 millions d’habitants, signale-t-elle. Si je fais une règle de trois, cela fait 6,3 milliards pour les 2 millions d’habitants de notre territoire.” Il y a plus de deux ans, le premier ministre de l’époque, Manuel Valls, avait “donné [son] feu vert” à la création d’une société similaire à Marseille. L’idée est, comme à Paris, de “bénéficier d’une fiscalité dédiée qui tombe tous les ans et qui permet de planifier des investissements”, commente Roland Blum.
“Je pense aussi qu’il faut un amorçage de la part de l’État, on ne peut pas réussir tous seuls car la marche est trop grande”, précise Jean-Pierre Serrus, qui réclamait en juillet dernier une enveloppe étatique de 250 millions d’euros sur la période 2019 – 2020. “Mais ce n’est pas la seule responsabilité de l’État. Pour l’heure, il n’y a pas de choix courageux d’orienter les quelques marges de manœuvres financières de la métropole vers la priorité que constituent les transports. On continue à vouloir tout faire.”
Le gouvernement verrrait d’un bon œil ce compromis mais ne l’a jamais formulé publiquement. Et, après de nombreuses rencontres dans les ministères, dont le 17 décembre avec la ministre des Transports Élisabeth Borne, l’exécutif métropolitain a la conviction d’être mené en bateau. La “société du grand Marseille” ne figure pas dans la loi d’orientation des mobilités, examinée à l’Assemblée nationale en mars, alors que c’est le cas pour Lyon. “Je vais saisir tous les parlementaires de ce territoire pour leur demander d’appuyer nos demandes auprès du gouvernement”, répond Martine Vassal, interrogée sur ses moyens de pression.
Côté Sénat, où la droite est majoritaire, Bruno Gilles (LR) nous indique qu’il déposera un amendement en ce sens. En novembre, le député LREM Jean-Marc Zulesi a déjà affirmé à Marsactu qu’il “ne compren[ait] pas ce choix” du gouvernement, se disant prêt à batailler pour cette agence “essentielle pour notre territoire”. “Je n’imagine pas un instant que les parlementaires de la majorité ne travaillent pas pour trouver des solutions pour que l’État apporte son aide”, commente plus largement Jean-Pierre Serrus. De là à convaincre une majorité à l’Assemblée de forcer la main au gouvernement, il y a un grand pas. “Peut-être qu’il en sera tenu compte lors des prochaines élections”, note en passant Martine Vassal.
Commentaires
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Comme le souligne bien Jean-Pierre Serrus, la Métropole doit commencer par faire des transports une priorité budgétaire claire. La première preuve de priorité, c’est le budget.
Ensuite, la Métropole doit faire passer en priorité les travaux d’infrastructure les plus utiles. En l’occurrence, on sait depuis 25 ans que le plus utile serait le prolongement du M2 vers St Loup. Entre temps, MPM a fait l’extension peu utile de M1 puis du tramway peu utile, et enfin du tramway très peu utile. Et c’est parti pour continuer, puisque dans l’agenda actuel l’extension de M2 passe derrière l’extension de T3 vers Gèze et La Gaye et l’extension de T2 vers les Catalans.
Ces projets sont utiles (sur certains tronçons) mais tous moins que l’extension de M2 vers St Loup.
Enfin, je pense que le dérapage complet de l’extension de M2 vers Gèze a bien entamé le crédit de la Métropole sur sa capacité à gérer des projets d’infrastructure.
La Métropole n’a pas besoin de déclarations martiales de Martine Vassal ou de plus d’habileté politique pour négocier à Paris, mais de montrer patte blanche pour être crédible et de présenter des dossiers solides.
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D’accord avec vous sur de nombreux points, mais en faisant de St-Loup la priorité absolue, n’oubliez-vous pas (comme nos politiques depuis des décennies) le désenclavement des quartiers Nord ?
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Je suis d’accord avec vous, il est urgent de désenclaver les quartiers Nord.
Le prolongement du métro à St Loup a pour avantage d’être le plus immédiatement rentable (desserte de zones denses et continues) et d’être déjà prévu depuis longtemps: pas mal d’études ont déjà été réalisées, on connaît les emplacements des stations, l’impact est assez certain.
Pour les quartiers Nord, il faut commencer par reconfigurer les lignes RTM pour desservir correctement les gares TER (et rouvrir les gares qui ont été fermées) et intégrer les deux réseaux (horaires et signalétique) pour permettre de vraies correspondances. Ça ne coûterait pas très cher, ça se fait très bien ailleurs (Lyon, Toulouse), mais ici ça paraît le bout du monde…
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Les investissements “peu utiles” réalisés par l’ex-CUMPM (métro vers La Fourragère, tramway dans des quartiers déjà desservis par le métro), au détriment d’une meilleure desserte des quartiers périphériques les plus denses, ont durablement affecté les capacités de financement de la collectivité.
On comprend que le gouvernement y regarde à deux fois avant de lâcher des sous : les élus marseillais nous ont habitués à ne pas exécuter le PDU qu’ils votent et à ne pas réaliser les investissements prioritaires, au profit de choix électoralistes. Leur crédibilité, ce sont eux qui l’ont construite, et ils ne peuvent pas s’en exonérer : le bilan des deux dernières décennies, c’est le leur.
Marseille est probablement la seule ville en France où un projet d’extension du métro de 4 stations – vers Saint-Loup – est considéré comme prioritaire depuis 35 ans sans avoir fait l’objet du moindre commencement de réalisation.
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Ce qui laisse augurer un brillant avenir à ce projet si nous prenons en référence le temps de réalisation de la L2 qui date des années 30.
Fai tira !
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Dictionnaire du parler politique marseillais.
Priorité,n.f. : on en reparlera une autre fois, deux, quinze, mille fois, ne me bousculez pas, on n’a pas que ça à faire.
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