Fralib : Unilever droit dans ses bottes à Gémenos

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par Mat_
le 23 Fév 2012
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Fralib : Unilever droit dans ses bottes à Gémenos
Fralib : Unilever droit dans ses bottes à Gémenos

Fralib : Unilever droit dans ses bottes à Gémenos

Exfiltrés comme si leur vie ne tenait qu'à un fil de sachet de thé Lipton. Le directeur des ressources humaines et quelques autres responsables d'Unilever sont sortis du comité d'entreprise de Fralib à Gémenos encadrés par des gorilles au fort accent slave et tout de noir vêtus. Pas un mot pour les salariés regroupés sur un petit carré d'herbe au coeur de l'usine. On est loin du "climat apaisé" vanté un peu plus tard par le directeur de l'usine Angel LLovera dans l'hôtel où s'étaient réfugiés 300 mètres plus loin les dirigeants pour tenir la conférence de presse.

Hier, on a assisté un nouvel étalage de l'écart irréductible entre des salariés attachés à leur projet de reprise sous forme d'une coopérative et leur direction qui, droite dans ses bottes, poursuit son "plan de sauvegarde de l'emploi". Frédéric Faure, le DRH d'Unilever France avait choisi de s'exprimer à Gémenos alors qu'il avait jusqu'à présent laissé monter au front Angel LLovera.

Face à la presse locale, le moment où il s'est montré le plus à l'aise aura été sans conteste le bashing en règle du projet des salariés à coup de "on nous demande de laisser 1000 tonnes, on nous demande de payer sur 10 ans 30 % des charges de l'entreprise, […] on nous demande, […] on nous demande[…]". Unilever ne veut pas répondre à celles-ci car de toute façon, pour lui :

Il n'y a pas de réalité économique

Pas de doute, dans une période de campagne où une entreprise largement bénéficiaire qui licencie pourrait être aisément montrée du doigt, Unilever veut reprendre la main. Pour eux, cette fermeture est nécessaire car ses entreprises fonctionnent aujourd'hui "en sous-régime, ce qui n'est pas viable".  La firme  tente par ailleurs de convaincre du caractère "exemplaire" de son PSE 2e mouture – rendu nécessaire après le camouflet judiciaire enregistré en novembre 2011 – dont la période de consultation s'achèvera le 7 mars. A l'ordre du jour du CE ce mercredi, le nouveau plan de revitalisation. La loi contraint en effet les grosses entreprises à contribuer à la création d'un nombre d'emplois équivalent à celui qu'elles suppriment. Après avoir proposé le chiffre d'un million,  c'est un million et demi d'euros d'aides aux PME locales qui est cette fois envisagé.

La première fois, ce plan avait été largement critiqué par la justice qui pointait "des mesures de principe au contenu flou et dont l’efficacité est très hypothétique". Cette fois-ci, pour sécuriser l'ouvrage, Unilever s'appuie sur deux études qui estiment qu'avec 1,5 millions d'euros, on peut recréer plus de 180 emplois dont une quarantaine dans l'agro-alimentaire (entre 10 et 15 dans une entreprise de conditionnement de thé bio sur l'actuel site). Reste qu'il est ici difficile de juger de la qualité des documents présentés. Pour des raisons de confidentialité, impossible de connaître le nom des entreprises qui pour 10 000 ou 5000 euros se seraient engagées à embaucher un salarié en CDI. Du coup, les boîtes sont désignées par un numéro, ce qui ne contribue pas vraiment à rendre moins flou le contenu de ce plan.

Derrière, c'est aussi l'importance de celui-ci qui interroge. 1,5 millions pour créer un peu moins de 200 emplois, la recette a de quoi intéresser plus d'une collectivité territoriale. Olivier Leberquier, le représentant de la CGT, ironise:

Si c'est aussi simple, il faut qu'il se présente à l'élection présidentielle !

L'exemple du départ de Nestlé du site de Saint-Menet est là pour le rappeler. Un plan de revitalisation c'est aussi, bien souvent, une série d'effets d'aubaine, de micro-délocalisations en coups immobiliers. Charge au préfet qui cosignera le plan avec Unilever d'évaluer la viabilité de ce plan. A la justice aussi, car les salariés, après plus de 500 jours de lutte, ne laisserons pas passer le PSE sans rien faire. "A nos yeux, explique le cégétiste Gérard Cazorla, 1,5 millions pour une entreprise qui fait plus de six milliards de bénéfice, c'est un pourboire".

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