Fini-parti au tribunal : un coup pour rien ?

L’affaire a l’air bien mal engagée pour Benoît Candon. Cet avocat marseillais défendait ce matin son recours visant Marseille Provence Métropole (MPM) pour obtenir l’arrêt du fini-parti devant le tribunal administratif. L’argument est connu : le fini-parti, qui permet aux éboueurs de quitter le travail dès la collecte terminée, nuit à la propreté des rues de Marseille. Mais il n’a pas convaincu le rapporteur public Argoud : pour lui, le fini-parti n’est pas la cause de ces désordres. Seule son application pose-t-elle peut-être problème.

Il reprend ainsi les arguments développés dans une belle unanimité par la communauté urbaine et par FO Territoriaux. Le secrétaire général adjoint de l’organisation, Patrick Rué a d’ailleurs eu beau jeu de rappeler que le fini-parti n’existe pas qu’à Marseille. Lyon notamment l’applique, avec plus de succès.

Comptages horaires et mauvaise volonté

Le syndicat, non convié à la fête, avait choisi de s’inviter pour défendre cet acquis social en déposant « un mémoire en intervention volontaire » rédigé par l’ancien avocat de MPM Olivier Grimaldi. Dans ce document dont Marsactu a eu copie, peu de choses nouvelles sont apportées au débat. Deux arguments retiennent tout de même l’attention. Tout d’abord, pour FO, « de manière générale, le temps de travail des agents pratiquant le fini-parti atteint effectivement les 35 heures hebdomadaires, même s’il est adapté aux besoins des tournées de ramassage ». Un peu gros si l’on se fie à la Chambre régionale des comptes qui évoquait en 2007 des journées de 3 h 30 et même à Patrick Rué pour qui, certes, les tournées sont « calculées sur sept heures » mais « sont réalisées à la course plutôt qu’au pas pour ne pas gêner la circulation ».

D’autre part, le mémoire ne nie pas les problèmes. Il a juste une explication bien à lui : « Le défaut de la qualité de service de collecte des ordures ménagères, écrit l’avocat, relève de défaillances de quelques agents peu consciencieux. » Patrick Rué sous-titre : « ils sont trois par benne. Sil y en a un qui est de mauvaise volonté, les deux autres en ont vite marre de faire le boulot à sa place. »

« Une affaire emblématique »

Force ouvrière comme MPM, main dans la main ce matin, ont fait part d’une volonté commune d’amélioration des contrôles réalisés plus intensément par les agents de maîtrise. Alors qu’il n’avait pas de mots assez durs il y a quelques mois envers les « mousquetaires de la propreté », Patrick Rué a même salué ce matin ce groupe de travail constitué de Martine Vassal, Yves Moraine, Patrick Mennucci et Sylvie Andrieux : « ce ne sont pas des seconds couteaux, nous a-t-il lancé, et, désormais, ils connaissent bien la réalité du terrain. » Des mousquetaires qui n’ont pour l’instant pas rendu leurs conclusions.

Face à ce numéro de duettiste, Benoît Candon est apparu bien démuni face au président du tribunal administratif Jacques Antonetti. « Les contribuables marseillais paient les agents quatre heures pour un service qui n’est pas fait. Cela impacte les finances publiques », a-t-il rappelé dans un court exposé. Le magistrat, lui, a fait le show face à la presse, se muant en commentateur : « Cette affaire est importante, intéressante, emblématique. Elle se place à la frontière de la justice et de la politique. La réponse sera fondée en faits et en droit. » Celle-ci sera connue d’ici trois semaines. Benoît Candon n’a que peu d’espoirs quant à son résultat. Le fini-parti a encore de beaux jours devant lui.

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