Rencontre au sommet et manifeste pour un pôle métropolitain
Rencontre au sommet et manifeste pour un pôle métropolitain
Si les conseils de développement – instances où siègent élus, associations, syndicats, entreprises – de Marseille, Aix et Aubagne ont tenu à convoquer la presse, explique Jacques Boulesteix, qui préside celui de la communauté urbaine de Marseille c’est parce qu’il y a eu “du nouveau depuis la dernière fois”. Effectivement, depuis le Forum qu’ils avaient organisé le 5 mars et qui avait été conclu, image forte, par les présidents des trois collectivités, le débat métropolitain a avancé.
Le préfet a proposé en avril un schéma de coopération intercommunale pour le département (SDCI), lançant en parallèle la réflexion avec les présidents des agglos autour de la constitution d’un pôle métropolitain (outil prévu par la réforme des collectivités permettant à des collectivités de travailler sur des sujets communs sans avoir à fusionner). A Marseille, on a eu droit cet été à un débat pollué par les postures politiciennes. Puis à la rentrée le collectif “Mon entreprise, ma ville” (regroupant des syndicats patrons et de salariés) a mis les pieds dans le plat avec sa campagne “Osons la métropole”, plaidant pour la fusion en une métropole (outil lui aussi instauré par la réforme des collectivités) au lieu d’une coopération via un pôle métropolitain.
Rapport aux présidents
Mais surtout, “au-delà du débat pôle métropolitain ou métropole, vous savez qu’on travaille sur le contenu, à partir d’une commande des présidents d’intercommunalités”, glisse Jacques Boulesteix. Et “depuis quelques jours notre club s’est élargi à l’Ouest Etang de Berre”. Tout ce petit monde rencontrera ce vendredi les présidents de collectivités pour présenter un rapport d’étape de leurs travaux (à venir sur Marsactu), qui seront finalisés pour un nouveau Forum le 18 février.
Avec “des propositions très concrètes”, assure-t-il. Sur le domaine capital des transports, dont s’occupe l’Aubagnais François Fiore, les travaux portent sur “un réseau de transport inter-urbain qui nécessite d’avoir un schéma à l’échelle métropolitaine”, porté par “une autorité organisatrice des transports unique en coopération avec les conseils régional et général (qui gère les trains et les cars départementaux, ndlr)” avec “un plan décennal à établir en priorité” et “une offre tarifaire harmonisée avec une billetique unique et une information multimodale”.
D’accord, mais justement tout le monde est bien d’accord là-dessus… “Sur le principe. Mais comment, à quel niveau, ce n’est pas aussi simple que cela administrativement, techniquement”, répond-il. “La commande n’était pas “donnez-nous une réflexion philosophique” mais de savoir ce qu’il faut faire dans les dix prochaines années”, confirme Dominique Becker, son homologue du pays d’Aix.
Rien de sûr
Au final, Jacques Boulesteix est “satisfait” de la réponse des politiques à leurs interpellations. Mais d’autres, et c’est le sens d’”Osons la métropole” sont plus sceptiques, voyant dans le pôle métropolitain “un leurre. Ce n’est qu’une structure de gestion de projet, dépendant de la bonne volonté des élus politiques sans compétences de plein droit avec un champ d’action limité”. Bref un échappatoire face à la pression. Lui-même n’étant pas certain : la décision finale sur le SDCI pourrait, suite aux nouvelles consignes venue de l’Etat après le coup de semonce de la perte du Sénat, être repoussé de 6 mois, et n’intégrerait de toute manière pas un éventuel pôle métropolitain, sujet à part des fusions.
Le pire n’est jamais sûr, mais le meilleur non plus : rien ne dit donc qu’un pôle métropolitain verra finalement le jour. Surtout avec une mairie de Marseille pour qui l’un des axes majeurs de la politique commerciale est de faire revenir au bercail les Marseillais qui vont faire leurs courses ailleurs dans l’aire métropolitaine et un Jean-Claude Gaudin qui répète ces temps-ci qu’il ne souhaite pour rien au monde travailler avec ses voisins :
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Un manifeste pour maintenir la pression
“Cela prouve que c’est un sujet trop important pour être laissé aux politiques”, réagit Jacques Boulesteix. C’est un peu le sens du Manifeste que les conseils de développement lancent et invitent à signer. Un rôle de “booster des politiques” qui a surpris et enthousiasmé leurs homologues de Lyon, Grenoble, Nancy et Metz, venu échanger sur leurs expériences respectives. “Nous voulons démultiplier ce message pour le faire porter par d’autres, que cela soit le reflet d’une attente de plus en plus partagée et exprimée”, résume Dominique Becker.
Avec l’idée, si l’on comprend bien certains vice-présidents des conseils, que tout comme Jean-Noël Guérini a été mis hors jeu des discussions entre président après les avoir lancées, le maire de Marseille ne puisse qu’acquiescer lors de la finalisation d’un processus dont il n’a pas été directement partie prenante mais auquel un refus serait difficilement justifiable face à une unanimité des autres présidents et l’ampleur des attentes. Mais avec la pseudo-majorité dont dispose Eugène Caselli à Marseille Provence Métropole, rien ne dit que Gaudin ne brandirait pas un véto.
Lyon, Grenoble et la Lorraine en pointe
Les invités de Boulesteix & co montrent en tout cas que Marseille, comme elle l’a été sur les communautés urbaines, pourrait dans ce cas encore avoir un train de retard : le 21 octobre, les agglomérations de Valence, Romans, du Pays Voironnais, de Grenoble, Chambéry, Annecy et Annemasse annonçaient leur pôle métropolitain pour début 2012. Un mois plus tard ce sont Lyon, Saint-Etienne, Vi
enne et le Nord Isère qui en votaient le principe.
Metz, Epinal et Thionville, Nancy ont elles officialisé en septembre la création du Sillon Lorrain, premier pôle métropolitain français, regroupant plus d’1 million d’habitants et comprendra en plus des inévitables transports, université unique, offre touristique commune, coopération transfrontalière avec le Luxembourg… “Ce processus de coopération était indispensable si on ne voulait pas crever chacun dans notre coin”, tranche Patrice Sanglier, président du conseil de développement du Grand Nancy. “Si vous avez une image trouble, vous n’en êtes pas là”, ajoute-t-il. Et de rappeler qu’en Lorraine, où il n’y a de plus ce n’est pas calanques, ciel bleu et Pagnol, ça fait longtemps que la sidérurgie est partie. Pour aller à Fos…
On vous signale au passage que le site du conseil de développement de Marseille Provence Métropole est finalement en ligne, avec notamment une très intéressante “bibliothèque citoyenne”
Métropole ou pôle métropolitain, même les espèces ont en tout cas besoin d’une coopération entre collectivités, comme le montre le Schéma de cohérence territoriale de MPM
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Ils ont raison. Ne pas laisser seuls les politiques faire mumuse.
Il faut que nous tons on s’en mèle !
Parlons en ensemble dans les embouteillages. Parlons en ensemble dans l’air vicié de la pollution. Parlons en ensemble dans nos cités pourries, dans nos écoles délabrées.
Moi, je suis une citoyenne métropolitaine. Et Gaudin, je m’en cague.
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