On a mangé un saumon papillote avec Cécile Duflot
On a mangé un saumon papillote avec Cécile Duflot
C’est un peu notre pêché mignon : vous raconter par le menu nos agapes avec les politiques, locaux et nationaux, de Guy Teissier à François Hollande, en joignant la parole politique au coup de fourchette gastronomique. Ça tombe bien : après sa participation au congrès du Coorace (une fédération d’entreprises de l’économie sociale et solidaire, on en reparle bientôt) et un passage express au JT de midi de France 3 Provence-Alpes, Cécile Duflot avait invité ce mercredi la presse locale à tailler la bavette près du rond-point du Prado.
Et on a été servis, la secrétaire nationale d’Europe Ecologie-Les Verts étant visiblement encore sous le coup du mélange carottes rapées/quinoa bouilli et tofu/compote de pommes – « avec les pépins » – qu’elle a subi lors d’une manif anti-nucléaire à Rennes. Du coup, alors que tout le monde se satisfaisait du plat proposé (papillote de saumon), elle a opté pour une bien appétissante côté de porc.
Alors qu’un autre journaliste habitué à côtoyer les Verts lâche que le parti ne comptait pas que des ascètes côté bombance, elle réplique que « même Eva Joly est très Française » de ce côté-là. « A part ma mère », les écolos ne sont pas forcément les extraterrestres gastronomiques que certains imaginent, conclut-elle. « Noël Mamère ? », s’enquit un autre journaliste. « Ah non Nono lui il est très Sud-Ouest », s’esclaffe la patronne du parti.
« Amoureuse de Marseille »
Révérence gardée envers le vin blanc du Vin Sobre, biodynamique il est vrai, à qui elle a tout de même rendu les honneurs, c’est à Marseille qu’elle déclare sa flamme : « je suis tombée amoureuse de Marseille à 19 ans », lance-t-elle, racontant ses allers-retours fréquents de sa région parisienne natale au pied-à-terre d’un ami à Belsunce, sans compter les étapes avant de prendre le ferry pour la Corse.
Depuis, assure-t-elle, elle suit avec attention la situation locale, et notamment le combat pas facile de ses camarades dans une ville pas connue pour être très acquise aux idées écologistes. A son arrivée aujourd’hui, elle est notamment tombée de l’armoire en voyant les barrières qui clôturent désormais la porte d’Aix. « C’est surréaliste, d’autant plus que cela n’est pas la fonction des CRS que de pâturer des jours et des jours », souffle-t-elle.
Surtout après l’abandon qu’a connu le parking voisin, laissé par Vinci, la communauté urbaine et la police aux mains d’une bande de petits malins faisant leur beurre à jouer les portiers. « Cela démontre par renversement l’importance du politique. Quand il n’y a plus de pouvoir, quand il y a un renoncement, cela ne marche plus. Il faut qu’émergent à Marseille des politiques avec une réelle volonté. Ce qui manque à Marseille c’est ça, c’est que tout le monde a d’une certaine manière baissé les bras », déroule-t-elle.
« Un système qui a percolé »
Au passage, elle glisse qu’elle suivra avec attention la campagne des municipales 2014. Ironisant sur l’ampleur de la tâche qui attend les politiques sur le réchauffement climatique ou le conflit israëlo-palestinien, elle glisse que la situation marseillaise ne doit pas être la plus insoluble qui soit. « Il faut dire « on va y arriver », les habitants de Marseille ont besoin qu’on leur ouvre des perspectives. J’y pense quand je lis des choses à Paris. Non, on ne peut pas dire « c’est comme ça c’est Marseille »”.
« C’est Marseille » : l’antienne dénoncée revient aussi lorsqu’elle évoque les affaires qui plombent la gestion des collectivités locales. Avec la « myopie » et le fait que « le pire n’est jamais sûr », c’est aussi pour cette raison selon elle que « cela n’a pas été traité à temps ». Mais aujourd’hui elle ne veut pas « accabler » les socialistes, locaux compris. « Ils sont allés tellement loin sans rien oser dire que les choses sont forcément lentes. Ce ne sont pas quelques exceptions, c’est un système qui a percolé partout. On ne peut pas faire un big-bang car il faut bien pouvoir s’appuyer sur quelque chose », justifie-t-elle.
La question d’Olivier Bertrand de Libération sur la présence à Marseille dans les rangs d’EELV de Karim Zeribi, connu pour avoir été très proche des Guérini, la fait préciser : « pour affronter le système il faut des gens qui le connaissent mais acceptent de le démolir ». A l’inverse par exemple d’« un fonctionnaire qui débarque et découvre tout cela », finissant par s’y plier ou partir, ou de « la posture confortable du chevalier blanc qui n’est dans aucune institution ». Evoqué il y a quelques mois comme une possible « tête d’affiche » pour EELV à Marseille, le patron de la RTM a au passage a réussi son oral de rattrapage face à ses pairs après son dérapage sur les Roms aux Grandes Gueules. L’émission était « pousse au crime », il est sorti de la ligne du parti, il s’en est expliqué, fermez le ban.
Ouf, la primaire est finie
Et sinon, la patronne nationale des écologistes s’intéresse on imagine un peu à la présidentielle 2012 ? Quel bilan tire-t-elle par exemple de la primaire socialiste, qui a occupé les médias (nous compris) depuis quelques semaines ? Le tunnel est passé, et maintenant la machine Eva Joly, qui a tenu un meeting hier à Paris, se remet en route, fait-elle comprendre. Et les militants ne sont pas partis dans la nature : « les mêmes qui sont allés voter dimanche étaient là, motivés pour faire campagne », assure-t–elle.
Que pense-t-elle de la désignation de François Hollande, à qui elle a posé des conditions, boulevard à gauche ou interlocuteur difficile, notamment sur la sortie du nucléaire, où il était moins ambitieux que Martine Aubry ? « On ne note pas les candidats socialistes, si on regarde point à point il y a certains qui sont intéressants, d’autres non », répond
-elle prudemment. Et après avoir précisé que « la seule candidate qui est claire là-dessus c’est Eva Joly », histoire de rappeler qu’avant l’accord avec le PS il y a un premier tour.
Le cas Bouches-du-Rhône aux législatives
Une discussion qui s’impose cependant à EELV : « même en faisant 20% aux présidentielles on n’aurait aucun député« , reconnaît-elle. « C’est pour cela qu’on souhaite que ce soit la dernière fois que l’on soit obligés de négocier un accord de circonscriptions auquel nous oblige ce mode de scrutin ». En attendant la proportionnelle à laquelle il rêve, le parti devra-t-il se résoudre à soutenir les candidats socialistes dans les Bouches-du-Rhône ? Les négociations sont nationales, ce qui ouvre la voie à un « accord sélectif » dans le département, indique-t-elle.
Mais, pour faire taire ceux qui, comme la fédération PS13 expliquent que les écolos font le jeu de l’extrême droite en ne se positionnant pas clairement, par exemple pendant le second tour des cantonales lors des duels PS-FN, elle ajoute que les deux partis travaillent à « identifier les circonscriptions à risque FN pour être en accord sur l’ensemble de celles-ci ».
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Vin Sobre connais pas. Par contre Vinsobres, bon Côtes-du-Rhône!
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