Petit pas (et grands discours) pour Euromed 2

Petit pas (et grands discours) pour Euromed 2

Pour les collectionneurs chevronnés qui ont la manie de conserver les dossiers de presse, la comparaison parle d’elle-même : rien de bien nouveau par rapport au document du 13 novembre 2009, date à laquelle Euroméditerranée présentait les lauréats du concours d’urbanisme pour l’extension du périmètre de l’opération, dans celui distribué ce jeudi à l’occasion de la signature par les partenaires (Etat et collectivités locales) d’un protocole pour le financement du projet.

Le plan d’ensemble et les grandes lignes n’ont pas bougé : un périmètre de 169 hectares longeant le port, bordé par les Arnavaux au nord, le Canet à l’Est et la tour CMA CGM au sud, avec entre autres une corniche piétonne le long du port, un parc de 14 hectares suivant le cours du ruisseau des Aygalades, appelé à refaire surface, et un pôle multimodal de transport au capitaine Gèze.

Seul le calendrier est un peu décalé, les premières concertations devant démarrer au second semestre de cette année pour des premiers coups de pioche dans le courant 2013. Autre précision par rapport à 2009 : le premier étage de la fusée sera une zone d’aménagement concertée de 20 hectares (ci-contre) qui fera la jonction avec le périmètre d’Euromed 1, allant au nord jusqu’au marché aux Puces. Mais ce point n’a été développé, ni même mentionné, à aucun moment.

Aux grands mots…

Du coup les politiques marseillais, qui avaient convié la presse pour le moment « hautement symbolique » de la signature, dixit Guy Teissier (président UMP d’Euroméditerranée), ont dû sortir les grands mots pour meubler leurs discours respectifs : Euromed 2, c’est un nouveau centre pour Marseille, un projet durable qui rayonnera comme un exemple sur la Méditerranée et permettra un peu plus de placer la ville dans la course pour rejoindre le Top 20 des métropoles européennes etc.

Et, de fait, avec 1 milliard d’euros d’investissements publics, une labellisation Ecocité de l’Etat récompensant et aidant la prise en compte du développement durable – économies d’énergies, énergies renouvelables, transports en commun ou doux, mixité des usages etc. – et des prévisions de 30 000 habitants et 20 000 emplois supplémentaires – soit plus que le premier périmètre Euromed, pourtant près de deux fois plus étendu – l’opération vise haut.

Mais le temps de l’action publique n’est pas forcément de la politique, surtout avec un chantier qui se déroule sur le temps long – 15 ans, avec un plan guide pas encore finalisé – et comprend de plus de multiples sous-chantiers parallèles – comme le pôle de capitaine Gèze, pour lequel la concertation préalable a récemment démarré, ou la sortie du ruisseau des Aygalades, sur laquelle les services de la communauté urbaine planchent déjà et ont lancé en mai un premier appel d’offres.

Commissariat et débat sur la métropole

Il a donc aussi fallu, histoire de sortir des copier-coller du reste des discours, sortir les rames pour se démarquer, et introduire un peu de piquant dans les échanges, sous l’oeil toujours amusé du préfet Parant. Sauf pour la première sortie du consensus, signée Guy Teissier« alors que l’une des attentes majeures de nos concitoyens porte sur la sécurité », et qui s’adressait directement à lui pour réclamer un commissariat que se devra selon lui d’accueillir ce qui est en quelque sorte une nouvelle ville « aux dimensions de la Ciotat »…

Du côté du président socialiste du CG13 Jean-Noël Guérini on insiste qu’il faut « veiller à ne pas réduire l’opération à une succession d’opérations immobilières » qui en ferait « un lieu sans âme ». Ca ne mange pas de pain et son homologue du conseil régional Michel Vauzelle, après un remix de son thème favori de la-Méditerranée-avec-son-printemps-arabe-ses-deux-rives-aux destins-mêlés-et-la-Région-l’a-bien compris-avec-le Cerem, a mis en garde de manière similaire sur « la reconstruction de la ville sur la ville » qui ne doit pas « renier le passé au bénéfice de la projection d’une modernité qui pourrait être plus soucieuse de rentabilité et de performance que d’un paysage à dimension humaine ».

Pourtant d’ordinaire spécialiste des discours en deux temps, une lecture du texte puis un détachement ostensible pour distiller quelques anecdotes ou amabilité, le maire Jean-Claude Gaudin n’a quant à lui même pas saisi la balle au bond des multiples références au débat sur la métropole lancées par ses voisins. To be continued…