Marseille : l'avenue Camille Pelletan va-t-elle sortir de l'asphyxie ?
Marseille : l'avenue Camille Pelletan va-t-elle sortir de l'asphyxie ?
Scène de tous les jours entre la porte d’Aix et la place Marceau, où un projet de requalification est actuellement soumis à enquête publique : une cinquantaine de voitures en double file pour ce tronçon de 250 mètres de l’avenue Camille Pelletan (3e), des bus qui font descendre les voyageurs sur le route et non à l’arrêt prévu car le couloir est occupé…
Couloir central sanctuarisé
Un constat partagé par Euroméditerranée, porteur du projet, puisque repris texto dans le dossier de l’enquête publique. Face à cette situation, la réponse, un chantier d’environ 3 millions d’euros prévu entre l’automne 2011 et 2012, est simple : passer le couloir de bus au milieu de l’avenue, le protéger par des plots en pierre hauts de 10 à 16 cm, et supprimer tout stationnement sur les trottoirs, élargis à 4 mètres et eux aussi délimités par des plots dignes de ce nom. Avec en contrepartie un parking souterrain de 400 places qui donnerait sur l’avenue.
De quoi fluidifier – jusqu’à quel point ? – la circulation, qui atteint 1000 véhicules par heure à la pointe du soir. Et mettre un coup de boost à la vitesse commerciale des six lignes de bus qui y passent. Mais la circulation au-delà de l’axe traité inquiète les riverains, par ailleurs plutôt satisfaits que l’on s’occupe de l’avenue- et d’avoir été consultés par Euroméditerranée. Même si c’est tout le secteur, à l’image du marché du Soleil, qui mériterait selon eux une attention accrue :
La débrouille des commerçants
Du côté des commerçants, qui occupe tous les rez-de-chaussée de l’avenue, le flou domine. Manque d’implication ? Peut-être pour quelques uns. Mais d’autres dénoncent le manque de concertation d’Euroméditerranée, pour un projet qui va tout de même chambouler toute la rue. Les problèmes pour les livraisons, certains les reconnaissent. Mais c’est surtout le fatalisme – teinté d’une dose de méfiance vis-à-vis de leur devenir, l’exemple de la rue de la République en tête – qui ressort : l’anarchie, ils la gèrent, ils s’y sont adaptés. Le transporteur vient, protégé par le bouclier des voitures en double file, puis repart.
Personne ne croit vraiment à l’efficacité des aires de livraison prévues, seules enclaves dans des trottoirs par ailleurs interdits. Aujourd’hui, lorsque les PV de stationnement pleuvent, ils ne faut pas longtemps pour que le glacis revienne. « Ce qu’il faudrait c’est une patrouille, là les couloirs de bus seraient libres et cela permettrait aussi d’éviter les vols de collier, les gens se sentiraient plus en sécurité », estime l’un d’eux. Président de l’association de commerçants Trait d’union, Jean Gaggiolo doute aussi de l’utilité d’un aménagement sans une présence publique plus forte :
+60% de circulation
Autre interrogation, évoquée par Georges Sanchis : la perspective de conditions de circulation potentiellement aggravées. Tout d’abord parce que les prévisions font état d’une hausse du nombre de véhicules en heure de pointe le soir de 62% par rapport à aujourd’hui. Une analyse qui ne comprend pas ceux qui, sans passer par l’avenue Camille Pelletan, viendront buter sur l’une des deux embouchures : place Marceau et porte d’Aix. Pour cette dernière en particulier, où dans les croquis d’Euromed le rond-point géant actuel devrait régresser au profit de pavés réservés piétons, on voit mal comment on pourra éviter l’asphyxie, notamment avec le transit supplémentaire venu du Vieux-Port évoqué par Georges Sanchis.
Ce qui renvoie à un point saillant du dossier présenté : l’aggravation de la pollution atmosphérique et du bruit. Pour la première le bilan est peu reluisant : NO2 oscillant entre 42 et 53 microgrammes par m3 (µg/m3), quand la norme européenne est de 40, benzènes à entre 1,6 et 3,5 µg/m3, contre un seuil de 2 fixé par un décret français, particules flirtant avec le plafond européen de 40 µg/m3… Pour le second, l’ambiance étant déjà « très bruyante », l’évolution future n’est pas estimée comme « significative ». Noir foncé ou très foncé quelle différence ?
Vélo : la dernière roue du carrosse ?
La faute à un manque d’action en amont, avec par exemple des parking en périphérie de la ville, pour Paul di Roma, de l’Union départementale vie et nature 13, de passage pour consulter le dossier et échanger avec le commissaire enquêteur. Ce dernier s’étonne également de l’absence de vision globale de la trame circulatoire dans le secteur, pourtant complètement pris en charge par Euroméditerranée. Tout comme deux autres visiteurs de l’immeuble Communica, il regrette également l’absence de pistes cyclables.
Sans réponse à nos sollicitations d’Euroméditerranée, on se contentera des réponses apportées dans le dossier : « Les cyclistes seront orientés vers le parc urbain qui leur offrira de meilleures conditions de déplacement », explique le document. « Il y a des gens qui vont le faire, en famille, le dimanche, mais au quotidien, je me vois mal faire un détour par un parc, qui sera fermé le soir, alors qu’on a une voie linéaire qui prend 30 secondes« , réagit Michel Fornairon, chargé des questions d’aménagements cyclables au collectif Vélo en ville (voir la position complète ici et la proposition alternative d’aménagement là).
Pour l’association, qui a déposé en début d’année un recours au tribunal administratif en attendant d’avoir une réponse satisfaisante, le projet est emblématique de l’approche locale : « Comme on est intervenu, ils se retrouvent à bidouiller, car ils n’ont pas intégré dès le départ le vélo comme un des paramètres incontournables. »
Et de déplorer l’orientation que semble prendre la réponse d’Euromed : d’un côté une cohabitation avec les voitures qui, à cause de la segmentation des voies oblige à « se faufiler quand il y a des embouteillages et sinon à avoir la voiture derrière qui pousse au cul », et dans l’autre sens « une espèce d’innovation à la marseillaise » avec une piste cyclable entre le couloir de bus et une voie réservée aux voitures, qui posera selon lui des difficultés pour se réinsérer dans le trafic.
Le dossier est visible à l’immeuble Communica (2 place François Mireur 13001) jusqu’au 9 juin – date à laquelle sera également présent pour la dernière fois le commissaire enquêteur – et à la préfecture des Bouches-du-Rhône (bd Paul Peytral, porte 405).
Les « patrouilleurs » ou les renforts de police municipales annoncés viendront-ils rassurer les commerçants de Camille Pelletan ?
Commentaires
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Un optimisme grandiloquent comme toujours… franchement, quand on voit l’état actuel de l’avenue, ça ne pourra être que mieux. Quand à la circulation, ben on s’y fera hein. Un jour on se plaint du trop plein de voitures en ville, le lendemain on se plaint de ne pas leur laisser assez de place. Allez comprendre.
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Je suis assez déçu de voir que le collectif VV a déposé un recours. Un peu de conscience. Certes le projet comporte de nombreux défauts notamment en ce qui concerne l’intégration des pistes cyclables, mais il faut avoir une vision globale des choses et surtout savoir qu’en 2013, les travaux devront êtres fins prêts pour l’évènement que nous connaissons tous. Ce n’est pas responsable, et je dirai même un peu égoïste de la part du collectif -que je soutiens pourtant sur de nombreuses causes- d’avoir déposé ce recours alors que les délais sont très serrés …
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Après la Canebière sans vélo, la rue de la Rébublique sans vélo, la Joliette sans vélo, le Vieux Port sans vélo pour ne parler que des réalistions ou projets récents, le recours est un minimum. Il ne suffit pas de toujours pérorer sur la pollution, les embouteillages et ne rien faire pour une solution peu coûteuse et vraiment efficace : zéro bruit, zéro CO2 et une meilleure santé !
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Céhère, je ne sais pas quel genre de vélo tu possèdes, mais j’emprunte tous les jours depuis 2 ans la Canebière, du commissariat Noailles au Vieux-Port avec un vélo libre-service et je n’ai jamais rencontré le moindre problème … Je pense également que comparer l’avenue du Prado ou la promenade Pompidou avec la Canebière ou la rue de la rép’ n’est vraiment pas à faire pour la simple raison que ces artères ne sont pas du tout traitées de la même manière. Les deux premières disposent de trottoirs non protégés du stationnement, peu larges et de mauvaise qualité, les deux dernières ont récemment étés rénovées, disposent de trottoirs relativement protégés, et suffisamment larges pour que piétons et vélos puissent cohabiter en toute sécurité. L’impraticabilité, elle est sur la Corniche, le cours Lieutaud, le chemin du littoral ou encore le Jarret, pas sur la Canebière ou la rue de la rep’ … faut pas exagérer …
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En réponse à rj. L’état actuel de Camille Pelletan est déplorable principalement en raison des problèmes de stationnement. Tout d’abord parce que la mairie, comme partout ailleurs dans Marseille, officialise le stationnement sur les trottoirs. Sur un trottoir de 3 m de large il ne reste plus qu’un mètre pour les piétons. Mais aussi parce que la mairie est aussi incapable de faire respecter les règles qu’elle édicte: stationnement interdit dans les voies de bus, horaires de livraison… La solution trouvée c’est aujourd’hui de défaire à grands frais ce qu’on a mis en place et enlever les voitures des trottoirs, enfin… et d’aménager la rue de façon à empêcher physiquement le stationnement illicite. Pour cela il est prévu de faire 3 espaces bien séparés et bien étanches: des trottoirs larges, très larges, trop larges?!, pour les piétons ( 4 m ? C’est pourquoi? Parce qu’on prévoit de remplacer les commerces actuels par des bars branchés avec terrasses ..), des voies de circulations générales, pour les voitures et une voie centrale pour les bus. Et pour les cyclistes… ils passeront par le parc, ou se débrouilleront avec les voitures, puisque ce sera une zone 30. Pourtant une zone 30 c’est plutot un espace où on essaye de faire cohabiter les flux mais ici les seuls flux censés cohabiter, et avec les voitures, ce sont ceux des cyclistes ( 10 000 véhicules par jour 16000 à terme, tu parles d’une cohabitation agréable et sûre, tu parles d’une amélioration de la vie de quartier!?) . J’emprunte Camille Pelletan tous les matins à vélo pour aller au boulot ou pour en revenir et j’ai l’impression que malgré le B… d’aujourdhui, je suis plus à l’aise pour circuler sur les voies encombrées et ouvertes que ce que je serai demain dans la configuration prévue, enfermé dans la voie avec les voitures devant ou derrière, comme sur la rue de la République, mais avec des milliers de voitures en plus. Il ne me restera plus qu’à prendre illégalement la voie de bus centrale comme je prends la plateforme du tram, mais avec en plus les taxis qui vont me serrer aux fesses pour me virer de là . Je n’ai pas l’impression d’être égoïste en disant ça juste de rappeler que le vélo est un mode de déplacement qui se développe partout, m^me à Marseille et qui doit être pris en compte sérieusement. Pour rappel Camille Pelletan fait 19 m de large. Il y a donc de la place, soit pour mettre de la vraie piste cyclable ( ça serait quasiment une première à Marseille) soit pour cohabiter, mais pas avec les voitures ou les piétons, avec les bus, comme ça se fait désormais partout.
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J’en ai marre de voir toujours les gens se plaindre de ce qui se fait ou pas à Marseille.
Il y a ceux qui utilisent le velo pour la ballade et ceux pour aller bosser, c’est pas là même !
J’essaie moi aussi d’utiliser le vélo de temps en temps et c’est un coup à prendre (en fonction du parcours à faire) mais franchement quand tu vas a Toulouse, Aix ou Bordeaux il y a aussi des galères alors que ce sont parfois des villes plus “riches” que chez nous.
Certes il faudra s’opposer aux aberrations que la mairie pourrai nous imposer sur le plan de l’urbanisme mais par pitié arrêtez de vous plaindre et essayez de prendre cette ville, notre ville (!), du bon côté.
Marseille est dans une phase positive comparé aux années 80/90 alors encourageons les bonnes initiatives plutôt que de mettre le doigt sur les aspects négatifs.
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Tu serais pas un peu urbaniste casanovette ?
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En réponse aux commentaires critiquant le CVV, je rappelle que le CVV a pendant longtemps joué le jeu de la négociation avec nos édiles, mais que toutes nos propositions sur le tramway ont été oubliées (pas de continuité, pas de possibilité de monter sur le voie de tram pour dégager la circulation sur la rue de la ré, voies en bas des immeubles sur chave, pas de stationnements ou presque, pas de sanctions contre les automobilistes indélicats, refus de prendre les vélos hors des heures d’affluence, nombre de cyclistes obligés d’utilisés les voies du tram,…). Bref, du n’importe quoi. Le boulevard Schumann a été refait il y a quelques années sans aménagement cyclable. Il en va de même lors de presque tous les projets d’urbanisation ou de réfection importante de chaussée.
Donc, il est tout a fait justifié que nous attaquions au TA.
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