LE VIDE DU POUVOIR À MARSEILLE

Billet de blog
le 23 Déc 2018
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Le Conseil municipal s’est réuni jeudi, le 20 décembre. C’était sa première réunion après la crise ouverte par l’effondrement des immeubles de la rue d’Aubagne, crise d’urbanisme, crise de logement, mais aussi crise politique. Et cette séance aura été l’occasion de constater un grand vide.

L’absence d’expression du pouvoir politique

Cette séance du Conseil municipal aura été l’occasion de mesurer à quel point, dans notre ville, le pouvoir politique est muet. Cela aura commencé par un atermoiement sur la date de cette séance, initialement prévue le 10 décembre. Ce report, qu’on ne s’explique pas très bien, sinon par le souci de laisser, après les événements de la rue d’Aubagne, du temps pour prendre la mesure des décisions à prendre et des choix à faire, mais surtout, sans doute, pour permettre à la tension liée à l’effondrement des immeubles et à la prise de conscience de la quantité d’immeubles menacés, de la même façon, de disparition, de, peu à peu, retomber, n’aura permis que de permettre à la tension de devenir, au contraire, plus forte, et à la ville de prendre la mesure de l’absence du pouvoir municipal. La mairie s’est montrée pour ce qu’elle est devenue dans la réalité : un lieu vide. Et tout le monde aura pu apprécier le sens de l’enfermement de la salle des séances du Conseil municipal, dans cette sorte de « bunker », comme tous le disent, dans lequel les débats ont lieu et les décisions sont prises à l’abri des regards et de la lumière du jour. Peut-être aura-t-on même pu comprendre qu’ici, à Marseille, la métropolisation ne consiste pas tant dans l’expression d’une identité politique nouvelle, celle de l’intercommunalité, que dans le fait qu’en transférant une partie de ses pouvoirs à un échelon supérieur, la municipalité perd encore un peu de pouvoir à assumer et à exprimer. C’est qu’il faut bien comprendre qu’en étant élu, et la municipalité dirigée par J.-C. Gaudin l’est depuis 1995, depuis vingt-trois ans, un maire s’engage à exercer pleinement un pouvoir, mais aussi à assumer, également pleinement, les responsabilités qui lui sont liées.

L’absence de projet

C’est aussi cela qui s’est manifesté par une sorte d’absence lors de cette séance du 20 décembre : tout se passe comme si la municipalité n’avait pas de projet. Pas de projet, d’abord, pour la recomposition du quartier de Noailles, afin de lui permettre de sortir du drame, en quelque sorte, par le haut, mais, ensuite, pas de projet pour les autres domaines de la vie urbaine. Cette séance du Conseil municipal, d’autant plus qu’elle avait été reportée, aurait pu – aurait – être l’occasion d’un échange autour de propositions du maire sur la requalification du quartier, au-delà de la reconstruction et de la réhabilitation des immeubles sinistrés ou menaçant de l’être. Cette séance aurait dû être, pour le maire, l’occasion de montrer qu’il a encore des projets pour la ville, qu’il ne se contente pas de gérer – et encore d’une façon contestable – les affaires courantes. Parce qu’enfin, en quoi va consister ce que le maire appelle « répondre au défi »que « nous lance » la mémoire des disparus de la rue d’Aubagne, pour reprendre les mots du maire ? Personne ne le sait. C’est qu’il ne suffit pas de faire en sorte que de tels événements ne se reproduisent pas, comme le dit J.-C. Gaudin, cela, ce n’est que la responsabilité du maire ; ce qu’il aurait fallu, c’est avoir un projet, construire un futur du quartier, proposer un plan de réhabilitation des immeubles en danger, comme nous y engagent les études menées, par exemple, sous la direction de C. Nicol, en mai 2015. Ce rapport a été remis il y a plus de trois ans, sans qu’un projet politique ait été véritablement engagé pour la requalification du centre. Or il n’y a pas de véritable politique sans projet, exercer pleinement son pouvoir, c’est aussi exprimer un projet politique, c’est ne pas se situer seulement dans le présent, mais se situer aussi dans le futur.

Une période d’attente semble s’ouvrir

C’est l’impression que l’on peut avoir, ou, plutôt, l’impression que l’on voudrait avoir, pour ne pas tomber dans un pessimisme complet : ce vide du pouvoir est celui d’une attente, c’est une période d’attente qui semble s’ouvrir, celle de l’élection municipale à venir, en 2020, dans un tout petit plus d’un an, autant dire demain. On a l’impression que cette absence du pouvoir est liée à cette attente, à la fois parc que le maire semble déjà, quoi qu’il dise, avoir quitté son pouvoir, parce que les prétendants se mettent en place, parce qu’on ne sait pas encore très bien sur quoi portera le débat qui va s’ouvrir autour de cette élection. Ce que l’on sait, en revanche, c’est que cette période d’attente doit être celle de l’élaboration d’un projet pour la ville, pour l’aménagement de son espace, pour le développement de son économie, pour l’affermissement d’une véritable égalité entre tous ses habitants.

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