Première tranche du "sandwich marseillais" du PS sur la sécurité

L’expression est de Jean-Jacques Urvoas, secrétaire national du PS sur la sécurité, citée dans le Nouvel Observateur. En attendant la venue de Manuel Valls, autre socialiste qui affiche une prédilection pour ce thème, lundi après la « réunion informelle des conseillers municipaux » qui se tiendra à huis clos, celui-ci a porté le fer ce vendredi à la fédération des Bouches-du-Rhône, entouré notamment des quatre maires de secteurs PS de la ville. Mise en bouche devant les micros :

L’occasion de ressortir les chiffres de sa récente note intitulée Les sparadraps marseillais de Claude Guéant, qu’on vous laisse éplucher. Pour faire court, Marseille a perdu depuis 2007 376 policiers nationaux alors qu’elle gagnait des habitants. Face à la presse il a décrit des« services de police au bord de la rupture » et des « commissariats en voie de clochardisation en terme de moyens de fonctionnement et de personnels ».

« Abandon »

Jean-Claude Gaudin a pris au passage une petite rafale du député du Finistère. « Je suis surpris du peu d’influence du maire, quand vous regardez ce que font ceux de Bordeaux ou de Nice », entame-t-il, rappelant que Gaudin a été longtemps vice-président du Sénat avant d’être aujourd’hui président du groupe UMP à la Haute Assemblée. Lui a-t-on soufflé l’idée ? Toujours est-il qu’il a « recherché sur Internet les interventions de Renaud Muselier à l’Assemblée sur la sécurité à Marseille, je n’en ai pas trouvé une ces dix dernières années ».

On l’aura compris, le sandwich voudrait bien croquer tout cru la droite à son propre jeu, en proposant un menu sécuritaire bien garni. Tour à tour, les trois drôles de dames du PS Samia Ghali (maire du 15/16), Lisette Narducci (maire du 2/3) et Sylvie Andrieux (députée du 13/14) ont insisté sur « l’abandon » qui caractérise selon elles la gestion municipale en la matière. Patrick Mennucci s’est lui félicité d’avoir « enfoncé un coin dans la majorité » avec les montées au créneau de Guy Teissier (maire UMP du 9/10) et Robert Assante (maire Nouveau Centre du 11/12). Qui sont il est vrai en voie de prise de distance vis-à-vis du maire…

Hommes et caméras

Côté propositions, pas de surprise : pour la nationale comme la municipale, il faut selon eux plus de moyens, même s’il y a aussi la manière. « La sécurité c’est avant tout une histoire d’hommes et de femmes, pas une fuite en avant technologique avec des dispositifs aussi sophistiqués soient-ils », estime Jean-Jacques Urvoas. Justement, et les caméras, pour lesquelles « nous n’avons aucune certitude sur l’efficacité de ces dispositifs qui masque le manque d’effectif humain et les budgets en régression de la police », a souligné le groupe communiste la semaine dernière au conseil du 1/7 ? Non elles ne régleront pas à elles seules le problème de la prévention, ni ne permettront à elles seules des élucidations, a reconnu Jean-Jacques Urvoas, manière de signifier qu’il s’agissait d’un outil parmi d’autres.

Un outil dont le PS demande localement, et depuis la campagne des municipales en 2008, une utilisation plus étendue. « On n’est pas dupes, on ne pense pas que cela va tout régler, mais il y a un tel désarroi, un tel retrait de la puissance publique », justifie Patrick Mennucci. On a perdu des élections présidentielles parce que le PS était considéré comme laxiste. Et à partir du moment où vous discutez de la vidéo-protection, si le groupe socialiste dit « ça ne sert à rien, il y a des études qui montrent que… », c’est donner des arguments à Gaudin. »

Aux racines

Histoire d’ajouter une touche plus sociale à la recette, Jean-Jacques Urvoas a expliqué que « Nicolas Sarkozy a pêché par simplisme, car il n’y a pas une solution et une conjugaison de faits qui passent par l’urbanisme, l’éducation, la réponse pénale (…) Il n’y a pas un projet du PS sur la sécurité, il y a un aspect sécuritaire d’un projet de société, une société qui doit produire moins de violence ». Pour le détail, on restera sur notre faim, le Monsieur sécurité avouant que l’on sortait de son domaine. Maire du 13/14, Garo Hovsépian prend le relais :

Un angle d’attaque aussi privilégié par Karim Zeribi, qui en 2008 défendait le projet du PS aux municipales, et est désormais rangé sous la bannière d’Europe Ecologie-Les Verts :

Oui mais côté région et département

Et les conseils régional et général, gérés par la gauche, ne peuvent-ils pas donner un coup de pouce ? Gaëlle Lenfant, vice-présidente de la Région chargée du sujet a rappelé la participation atypique de la collectivité au contrat local de sécurité et de prévention de la délinquance, sa convention passée avec le ministère de la Justice et la mise sur pied d’un Observatoire régional en collaboration avec la laboratoire de Laurent Muchielli, universitaire spécialiste du sujet. Christophe Masse, conseiller général, a lui insisté sur l’action en matière de prévention de l’ADDAP13, le soutien au dispositif des AMS, notamment dans les collèges.

Mais « on ne peut pas non plus tout attendre, à un moment donné il faut que l’Etat et la Ville prennent leurs responsabilités », a lancé Lisette Narducci, elle aussi conseillère générale. Pas de grandes promesses donc. Si ce n’est que le CG13 a demandé à l’Etat, pour l’instant sans succès, de s’engager à 50/50 pour des actions de médiation sur 15 établissements supplémentaires (40 sont concernés aujourd’hui). Et que Christophe Masse souhaite aussi « faire de 13 Habitat (bailleur social du conseil général, dont il prend la présidence, ndlr) un laboratoire dans ce domaine ».

Actualisation à 22h39 : une petite phrase ni de droite ni de gauche relevée dans une étude publiée par la Gazette des communes sur le rôle et positionnemen
t de la police municipale : « Marseille est apparu un cas à part, avec un nombre d’agents très faible par rapport à la dimension de la ville et aux missions se limitant au strict minimum en raison de la volonté du maire. » Signé : Laurent Cayrel, inspecteur général de l’administration, Olivier Diederichs, inspecteur général de l’administration, Dominique Ludwig, contrôleur général de la police nationale, Michel Chaballier, commissaire de police, le général Patrick Lunet, le colonel Jean-François Carrillo, le colonel Francis Lacoste et le lieutenant-colonel Raphaël Garreau. Bon week-end et à lundi pour la deuxième tranche.

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