Piétonnisation de l’hyper centre de Marseille : sept clés pour cerner un projet encore flou
En catimini, la métropole a lancé la concertation d'un projet d'aménagement de l'hyper-centre de Marseille. L'argument clef est la piétonnisation d'une partie des voies qui entourent la Canebière. Revue en sept points d'un projet encore flou.
Vue aérienne des changements proposés par le plan de requalification du centre-ville de Marseille.
“La piétonisation de 22 hectares du centre-ville”, c’est le slogan de la métropole Aix-Marseille Provence. Porté actuellement à la concertation, ce projet de réaménagement de l’hyper-centre majoritairement financé par le département se résume pour l’heure à des grands principes structurants. Mais le détail des aménagements pour “rendre aux habitants un centre-ville apaisé” reste à écrire. Revue de détails en sept points.
1- La Canebière piétonne jusqu’au cours Lieutaud
Pour la maire de secteur (LR) et vice-présidente du département, Sabine Bernasconi, “piétonniser la Canebière est un projet à l’étude depuis plusieurs années maintenant, en concertation avec de nombreux collectifs, associations, commerçants…” Elle expose que l’interdiction d’accès aux voitures durant les “dimanches de la Canebière”, évènement culturel mensuel lancé en 2017, a permis de projeter une “vision idéale d’un nouveau centre-ville dans lequel la voiture n’a pas sa place“. L’expert du cabinet d’architectes Tangram appuie cette volonté et soutient que le flux de voitures “n’est que très faible dans cette zone, à raison de 410 voitures par heure“. Cela date de la mise en sens unique de la Canebière en 2012.
Cependant, seule la partie basse jusqu’au croisement avec le boulevard d’Athènes serait interdite aux voitures. “Pourquoi ne pas s’occuper de la Canebière dans son ensemble ? Pourquoi s’arrêter au cours Lieutaud ?“, s’interroge une femme lors de la réunion de concertation du 18 décembre. La maire de secteur rétorque que “malgré la volonté de la municipalité d’une piétonnisation totale, aucune étude ne peut être effectuée sur le réaménagement de la section haute” pour l’heure. Elle la lie en effet à l’achèvement des travaux du futur cinéma, qui devrait voir le jour à la place de l’ancienne mairie aux Réformés.
2- Ailleurs, le piéton grignote sur la voiture
Cette requalification, qui s’inscrit dans le cadre du projet “ambition centre-ville“, promet “un meilleur partage de l’espace public au profit des piétons et des modes doux de déplacement”. Pour Sabine Bernasconi, maire de secteur, ce projet c’est la “volonté de pousser les gens à ne plus venir en voiture dans le centre-ville“. Les élus proposent de “faciliter les modes de stationnement en sous-sol” ; c’est-à-dire de favoriser les parkings souterrains, afin de désengorger les routes. Pour atteindre cet objectif, le président du conseil de territoire, Jean Montagnac déclare en conférence de presse que la requalification du centre-ville “modifiera la trame circulatoire existante“. En d’autres termes : le sens de circulation de certaines rues va être inversé et certaines parties vont être fermées aux voitures.
Le quartier de l’Opéra devient lui aussi piéton.
Des zones dites “de rencontre”, où la vitesse est abaissée à 20km/h pour les véhicules à moteurs, notamment le cours Belsunce.
Des voies “circulées”, où la vitesse serait également abaissée à 30 km/h. Cela concerne le Vieux-port, la rue Vacon ou la rue Paradis (le trafic ne déboucherait alors plus en face du Palais de la Bourse mais tournerait auparavant vers le Vieux-port).
A l’arrivée, cela dessine une zone autour du Vieux-port dans laquelle les 50 km/h seraient proscrits.
Cette requalification des flux routiers dans le centre-ville de Marseille n’est pas du goût de tous. En effet, lors de la concertation publique au Pharo, une habitante de la rue Caisserie se lamentait de voir une “Canebière apaisée au détriment d’autres quartiers“. Selon elle, les flux de véhicules ne seraient que déplacés et se reconcentreraient notamment dans son secteur, c’est-à-dire la rue Caisserie qui va de la rue de la République à la place de Lenche.
3- Un nouveau réseau de pistes cyclables encore flou
En regard l’accent est mis sur des déplacements qualifiés de “doux” comme le vélo. Est annoncé un réseau de pistes cyclables qui encouragerait les habitants, et les touristes, à choisir le vélo comme mode de transport. Pour la maire des 1er et 7e arrondissements il est nécessaire de créer des circuits utiles car “il faut bien aller quelque part avec ces pistes”, ironise-t-elle durant la séance de concertation. “Un maillage cohérent de pistes cyclables” serait à l’étude et inclurait “des parcours d’utilité qui assureraient des itinéraires pratiques et fonctionnels” annonce la maire de secteur.
Pourtant Cyril Pimentel estime que si ce projet va dans “le bon sens”, il ne va pas à la bonne vitesse“. Il rappelle que Marseille reste en retard sur ces questions par rapport à d’autres grandes villes françaises : “si l’écart était de 30 ans il y a 10 ans, maintenant la ville a un retard de quasiment 40 ans en comparaison avec des villes comme Lyon ou Paris“. Il insiste sur “l’effet d’annonce de la mesure” et ajoute qu’aucun plan de ce nouveau réseau n’est mis à disposition du public. Propos justifiés par Sabine Bernasconi qui explique “qu’une carte est en cours d’élaboration”. Aucune ébauche n’est donc disponible malgré l’existence depuis 2013 d’un “schéma directeur des modes doux” inclus dans le plan de déplacements urbains de la métropole. Celui-ci liste pourtant déjà les “itinéraires structurants” d’une politique vélo.
Elle précise tout de même que les vélos pourraient emprunter ces “itinéraires d’utilités” mais également circuler librement sur les zones piétonnisées. “Le seul point délicat en cours de négociation avec la régie des transports marseillais serait la possibilité pour les cyclistes d’emprunter les couloirs de tramways“, conclut-elle. Sur le registre de l’exposition publique de la mairie du 1er et 7e arrondissements certains citoyens préconisent pourtant “d’éviter les conflits d’usage avec les piétons et les voitures” et ajoutent qu’il “faudra éviter de refaire les mêmes erreurs que rue Paradis où la bande cyclable n’est pas visible et dangereuse”.
4- Des bus vont changer de chemin
Qui dit piétonnisation de la Canebière, dit déviation des bus qui y passaient jusqu’à présent. Mais pour l’instant, cela reste assez flou. La RTM renvoie vers la métropole qui elle-même n’apporte pas de précisions à ce sujet. Lors de la concertation du 18 décembre, une voix s’est élevée dans l’hémicycle : “si la ligne 81, qui passe sur la Canebière, ne peut plus y passer, demande une dame âgée, la voix tremblante. Comment je fais moi pour aller à l’Alcazar ou voir mon fils qui habite aux Réformés ?” Elle indique à l’assemblée présente qu’elle habite vers Endoume. Pour l’octogénaire, le 81 était un moyen direct et peu fatiguant de se déplacer en centre-ville. En réponse Sabine Bernasconi confirme l’arrêt du passage du bus 81 sur la Canebière et tente de rassurer l’intéressée en évoquant qu’une “réflexion est en cours sur le développement d’un service de navettes électriques de type “diablines” (en place à Aix-en-Provence).
Le seul élément net du projet consiste en la répartition des terminus en deux pôles. Celui devant le centre Bourse est conservé et un second voit le jour au niveau du cours Jean-Ballard. Pour le reste, il faudra attendre.
5- D’obligatoires aménagements de sécurité
Le contexte terroriste a durci les aménagements de sécurité nécessaires autour d’un espace piéton. “Des bornes de sécurité seront intégrées à cette requalification pour permettre de sécuriser de manière simple“, a expliqué Sabine Bernasconi à La Provence. Sans plus de détails pour l’heure.
6- L’aménagement de l’espace dégagé par les voitures reste à écrire
“Les principes fonctionnels méritent d’être débattus”. La mairie des 1e et 7e arrondissements ne “s’interdit rien”. L’espace dégagé par les voitures ne compte guère que quelques arbres supplémentaires. “Il n’y a rien qui est pensé pour les commerçants dans vos images de présentation ! Où sont les aménagements en faveur des commerçants ?”, s’est énervée une professionnelle lors de la réunion du 18 décembre. Quelques terrasses devraient voir le jour, déclare la maire de secteur qui aimerait aussi “des animations à l’initiative d’associations” sans plus de précisions pour l’heure.
7- Un calendrier à affiner
Dans le dossier de presse une note en gras rappelle que “le planning des travaux sera ajusté aux actions mises en œuvre dans le cadre de la stratégie territoriale de lutte contre l’habitat indigne et dégradé présenté le 28 novembre dernier par Martine Vassal“. Une note, qui selon Sabine Bernasconi, a effectivement été ajoutée “au dernier moment“. Pour justifier cet ajout l’élue annonce qu’un “diagnostic systématique de l’état des immeubles” sera effectué.
Ce projet qui semble encore au stade des esquisses est pourtant programmé pour démarrer dès le printemps. “Hors de question que les gens découvrent les aménagements, assure Lisette Narducci, Il faut que le projet s’accomplisse avec l’accord des habitants“. La “concertation préalable“, ouverte jusqu’au 5 février est pourtant la seule prévue à ce stade.
Commentaires
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Quand est ce que cette mairie nous fera rêver ?! C’est encore petit sans envie, avec toujours les même agence experte Tangram, Map. Ce n’est plus passable, c’est déplorable et à la place de suivre le cursus habituel la ville de Marseille ferait mieux de s’orienter vers d’autre horizon.
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La priorité des années à venir est-ce la piétonisation du centre-ville pour touriste et bobos habitant dans des quartiers sains ou la résorption de l’habitat insalubre au service de ses habitants actuels du centre- ville ?
«En catimini, la métropole a lancé la concertation ». Il convient donc de repartir des définitions.
Catamini = action qui se déroule en toute discrétion, très précautionneusement et en secret.
Concertation = La concertation est un temps d’information et d’échanges avec le public. Elle permet de présenter l’opportunité et les caractéristiques principales du projet, mais également de recueillir les avis et arguments de tous les acteurs du territoire sur les grand principes et les objectifs du projet.
2. Les élus proposent de “faciliter les modes de stationnement en sous-sol”. Il ferait bien mieux de développer des transports en commun et des parking relais gratuits.
3. « En réponse Sabine Bernasconi confirme l’arrêt du passage du bus 81 sur la Canebière et tente de rassurer l’intéressée en évoquant qu’une “réflexion est en cours sur le développement d’un service de navettes électriques ». Alors 81 ou navette électrique ou 81 + navette électrique ? A Marseille il faut sauvent changer 2 ou 3 fois de mode de transport en commun pour se déplacer, c’est ce que l’on peut appeler de la dissuasion.
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Ah oui, pour le point 2 c’est effectivement une partie du secret d’une réussite pour libérer le centre des voitures….
j’ai la chance d’habiter dans un quartier plus”privilégié” que d’autres en transports en commun (12e) cependant, ma voiture m’est utile pour les rejoindre.
Or, les parkings prévus aux stations de métro fourragère, blancarde, armand…sont saturés dès 7h le matin… et ces quartiers sont envahies de voitures “posées” n’importe comment. Le tram, pareil, quelques parkings aux caillols, st jean du désert … sont saturés de la même façon…..
Rien n’est prévu à ce sujet comme amélioration éventuelle. les études probablement menées en leur temps par des experts…..ont sous estimé les besoins….et bon nombre de mes voisins continuent à utiliser leur voiture…..et les parkings privés en centre ville encaissent… (CQFD ?)
POURQUOI ? MAIS POURQUOI ? A MARSEILLE LES PROJETS SUBISSENT ILS TOUJOURS CETTE MEME PROCEDURE ???
pas de concertation, pas de logique, toujours du flou, pour réaliser finalement a minima pour un coût souvent supérieur !
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Je ne vois pas de raison d’opposer piétonisation et résorption de l’habitat insalubre. On peut faire l’un et la suppression des gazs d’échappement participant d’ailleurs à la salubrité.
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La concertation destinée à recueillir les avis de la population sur le projet de requalification des espaces publics du centre-ville de Marseille existe car elle obligatoire.
Mais le dossier est déjà bouclé : Jean Montagnac, président du conseil du territoire Marseille Provence, a annoncé ne pas vouloir remettre en question le travail effectué sur les plages horaires décidées avec les commerçants, les emplacement des poubelles, la volonté de piétonniser ou semi-piétonniser le centre-ville…
Donc, discrétion absolue. Pas de publicité sur la page web Ambition centre-ville ni sur le site de la métropole, celui de la mairie de Marseille.
Très peu dans la presse quotidienne régionale qui mobiliserait le citoyen vers le cahier de contribution.
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Concernant la piétonisation , est ce que Bernasconi prévoit un système de prêt ou de location de casques pour les piétions, afin de se prévenir des chutes de pierres vu l’état de décrépitude des bâtiments marseillais ?
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Concrètement, pourriez-vous SVP préciser comment faire pour participer à cette “concertation”?
Un site web où laisser des commentaires?
D’autres réunions prévues?
Ou bien la “concertation” est déjà terminée?
Merci
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Bonjour, merci pour cet article qui montre une fois de plus les maigres ambitions de cette municipalité en matière d’amélioration du cadre de vie. Pouvez-vous nous expliquer comment participer à cette “concertation” ? Merci d’avance
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Peu de place pour les personnes âgées, à mobilité réduite dans tout ça, vélos et marche à pied n’aident pas certains à avoir une vie sociale satisfaisante.
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Peu de place pour les personnes âgées, à mobilité réduite dans tout ça, vélos et marche à pied n’aident pas certains à avoir une vie sociale satisfaisante.
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Joli projet a priori, qui souffre d’un seul défaut : apparaître en 2019, à la veille d’une élection municipale, comme la troisième réitération d’une promesse déjà faite en 2008 et en 2014. On en est encore au stade des “grands principes structurants”, comme si l’équipe municipale n’était pas aux commandes depuis un quart de siècle.
La L2 a longtemps servi de prétexte pour ne rien faire. Mais depuis le (re)démarrage du chantier en 2014, il y a eu plus de 4 ans pour réaliser les études nécessaires au réaménagement du centre-ville et fignoler un projet qui aurait pu être prêt pour une réalisation dès la mise en service de la rocade…
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Et il peut sembler inquiétant que les décideurs “semblent” ignorer quelques points de la réalité quotidienne des habitants. Primo, les cyclistes utilisent beaucoup les voies de tram comme piste cyclables car plus sécurisantes et efficaces que les voies automobiles ou bandes cyclables parfois proposées. Secundo les limitations à 20 ou 30km/h ne sont pas respectées à Marseille, pas plus que le stationnement non dangereux ou gênant … on a même vu des ralentisseurs baisser
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@libegafra. Il est certain que si les “zones de rencontre” à 20 km/h ont le même succès que naguère les fameux “Axes Verts” de Gaudin (http://marseille.20minutes-blogs.fr/archive/2006/09/06/volonte-politique.html) ou aujourd’hui nos célèbres rues “semi-piétonnes” (sic), elles seront surtout des zones “pousse toi de là que je m’y mette” où la bagnole restera prioritaire sur tout le reste…
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Beaucoup de blabla pour en fait juste modifier la circulation sur 100 mètres en bas de la rue Paradis et en bas de la Canebière, parce que globablement, le reste, ce sont déjà, de fait, des rues quasi sans voitures.
Et même ça, ils sont capables de le foirer.
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Allons ,allons “Les promesses de campagne n’engagent que ceux qui les reçoivent” disait Pasqua De toutes façons ces travaux ‘d’embellissement” n’ont rien de prioritaire Ce qui importe c’est la réhabilitation des écoles, la création d’équipement sportif , dont des piscines , dans les quartiers populaires , la résorption de l’habitat indigne et dégradé , la réalisation d’un réseau de transport en commun digne de la deuxième ville de France en site propre : métro ou tramway !
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J’aimerai bien savoir si l’abruti qui a inventé le terme de déplacements “doux” pour l’usage du vélo a 1) déjà fait du vélo dans sa vie, 2) déjà fait du vélo à Marseille.
Pour rappel, definition de “doux “: Qui n’est pas brusque, pas violent. Qui cause une sensation de bien-être.
Synonymes : agréable, léger, savoureux, velouté, onctueux, délectable, tempéré, exquis, suave, sucré, lisse, soyeux, douillet, satiné, délicat, agréable, clément, paisible, reposant, caressant, calme, sage, paisible, tranquille, coulant.
Tout Marseille !
Et pas qu’à vélo…
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En effet, le terme adapté est “actif” par opposition aux passagers inactifs des véhicules carburant au fossile … mais comme de plus en plus de trottinettes électrifiées font leur apparition, ça ne conviendrait pas non plus. Morale: l’usage et la technologie avancent beaucoup plus vite que les actions publiques !
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Cette commune ne pratique que le
monologue !
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C’est comme Macron avec son prochain “grand débat”
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Vos réactions ont un intérêt qui pourrait sortir du cadre des pages de Marsactu.
Pour contribuer à cette “concertation” , rendez-vous aux mairies de secteur du 1/7 et du 2/3, ou bien au siège de la métropole qui se trouve au Pharo.
Il y a 8 panneaux qui permettent de visualiser les projets des 23 “secteurs” du centre ville. Un petit flyer aussi, un 4 pages pas très bavard. Et à la disposition du public, un cahier où chacun peut y écrire des propositions.
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Quelques espaces publics du centre-ville de Marseille requalifiés se feront sur l’abandon de ses chemins piétonniers : voilà le constat du collectif Piéton à Marseille, qui n’a jamais invité à participer aux groupes de travail pour l’élaboration de ce projet.
La lecture de son accroche est réjouissante : la volonté de « partage de l’espace public en faveur des piétons, de créer un vaste espace cohérent et lisible propice à la déambulation », les objectifs de « développer la piétonisation et faciliter les modes de déplacement doux », « organiser des espaces piétons plus confortables » sonnent comme la promesse d’une délivrance du terrible sort réservé jusqu’ici aux piétons, poussettes, et personnes à mobilité réduite à Marseille.
Argent et effort pour quelques rues
La suite est désespérante. Les 60 millions d’euros et les 22 hectares de surfaces piétonnes annoncés seront dédiés à quelques rues du centre-ville.
Les espaces alentours resteront en l’état, sans projet d’amélioration des trottoirs marseillais, aménagements piétons inconfortables, impraticables.
Et illégaux, comme Piéton à Marseille alerte la mairie de Marseille, la métropole et son équipe Ambition centre-ville depuis presque trois ans.
L’occasion était pourtant belle de repenser à faible coût la mise en conformité des trottoirs de la zone des 23 secteurs d’interventions en veillant :
– à honorer les objectifs du chapitre « Agir sur les chemins piétonniers » du Plan de Déplacement Urbain 2013 qui s’engageait à terme de « supprimer les arrêtés marseillais autorisant la pratique du stationnement à cheval sur le trottoir ».
– à une largeur de 1m40 minimum de cheminement piétonnier en supprimant le mobilier urbain et le stationnement à cheval sur le trottoir, selon le Plan d’Accessibilité de la Voierie et des Espaces Publics de janvier 2007 ;
– à la création, lorsque cette largeur est impossible, de zones de rencontre qui établissent la vitesse à 20 km/h, pour permettre un meilleur partage de la route entre véhicules, cyclistes et piétons, selon le code de la route.
Un rendez-vous raté
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Le fait qu’une élue en charge de l’aménagement cyclable se permette un tel mépris vis a vis des cyclistes, explique sans doute le trophée du clou rouillé (recompensant la pire ville francaise en la matière…) et l’état ahurissant des “aménagements”, si on peut les qualifier ainsi, pour les cyclistes : pistes quasi inesmxistantes et fortement dégradées, priorité du tout bagnole en centre ville comme ailleurs… Malgré une surface beaucoup plus étendue qu’a paris, la deuxième ville de France a seulement 70km de pistes cyclables (officiellement, de mon côté je les cherche encore) contre 800 dans la capitale.
Si nos chers élus essayaient seulement quelques minutes de faire du vélo, ne serait-ce que dans le centre de Marseille, ils comprendraient sans doute et arreteraient d’afficher leur mépris en réunion publique. Pareil pour les piétons : cette ville est un véritable enfer niveau circulation, et pas qu’au nivraeau du centre ville, mais ca, il faudrait qu’ils sortent de leur tour d’ivoire pour le réaliser plus souvent.
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Contribution du collectif Piéton à Marseille
au projet d’aménagement des espaces publics du Centre-ville de Marseille
28 janvier 2019
Un projet « Ambition centre-ville »
Ce projet d’aménagement des espaces publics du Centre-ville de Marseille annonce l’heure du « partage de l’espace public en faveur des piétons, d’un vaste espace cohérent et lisible propice à la déambulation ». Avec les objectifs de « développer la piétonisation et faciliter les modes de déplacement doux », « organiser des espaces piétons plus confortables ».
Il était temps en effet : chacun peut constater, au quotidien et où qu’il soit dans le centre-ville, que les aménagements, le mobilier urbain ou commercial, les poubelles, les travaux, les deux-roues et particulièrement les voitures stationnées sur les trottoirs, pratique autorisée par décrets à Marseille, font de ces cheminements un vrai labyrinthe qui rend les déplacements incertains, parfois dangereux, voire impossibles pour certains.
60 millions d’euros pour la requalification de quelques axes, aucune action pour les rues attenantes
La requalification présentée porte sur quelques rues ciblées autour du Vieux-Port.
Du neuf, du visible, du coûteux : le département met 60 millions d’euros dans la corbeille de Marseille pour la requalification de 22 hectares de surfaces piétonne.
Oui, quelques axes brilleront, pour notre bonheur marseillais et pour ceux des touristes.
Mais les rues situées au cœur des heureuses élues resteront en l’état, sans projet d’amélioration des trottoirs marseillais, inconfortables, souvent impraticables. Et hors règlementation, comme le collectif Piéton à Marseille alerte la mairie de Marseille, la métropole et son équipe Ambition centre-ville depuis bientôt trois ans.
Rien ici n’est engagé pour améliorer les conditions de cheminement inconfortables et dangereuses ni réduire la présence d’un parc automobile qui empiète sur les rues périphériques aux tracés choisis. Délivrer de leur triste sort les piétons, bébés en poussettes et personnes à mobilité réduite dans ce périmètre est absent du projet.
Ambition « Mobilité douce » : un rendez-vous à ne pas rater
Le collectif Piéton à Marseille, dans le cadre de la concertation ouverte aux citoyens marseillais, demande que les 23 secteurs d’interventions du projet forment un ensemble où les « requalifications » de quelques rues côtoie la mise aux normes de la totalité de son périmètre.
Nous demandons à ce que les trottoirs des rues à proximité de celles réhabilités soient règlementaires :
Offrir un cheminement d’une largeur minimale de 1,40 mètre
L’arrêté du 15 janvier 2007, consolidé le 3 octobre 2012, stipule dans son article 1-3° « La largeur minimale du cheminement est de 1,40 mètre libre de mobilier ou de tout autre obstacle éventuel ».
Dans ce périmètre, de nombreux trottoirs disposent de la largeur minimale de 1,40 qui devrait permettre aux piétons et aux personnes à mobilité réduite d’offrir le confort nécessaire à leur cheminement. Or, pour beaucoup d’entre eux, des obstacles : mobilier urbain et véhicules stationnées « à cheval sur le trottoir-chaussée » réduisent cette largeur.
Nous demandons à ce que soient rendus au cheminement tous les trottoirs disposant déjà de cette largeur en supprimant les obstacles gênants.
Supprimer le stationnement à cheval sur le trottoir
« Dans de trop nombreuses rues de Marseille, le stationnement “à cheval sur trottoir” est autorisé, témoignage de la priorité absolue donnée à la voiture sur tous les autres modes de déplacements. Or, cette pratique, qui s’est étendue à la plupart des voiries, même celles où une telle autorisation n’était pas donnée, conduit à un inconfort, voire à une impossibilité, pour les piétons qui sont contraints de cheminer sur la chaussée, dans des conditions de sécurité très dégradées ; quant aux personnes à mobilité réduite, leur situation est encore plus problématique pour se déplacer dans ces rues. »*
Nous demandons à ce que l’objectif d’une « l’abrogation des arrêtés autorisant cette pratique », rédigé par nos élus en 2013*, soit mis en œuvre dans le cadre de ce périmètre symbolique qu’est le grand centre-ville de Marseille.
Étroit ou large, la voiture n’a plus sa place sur le trottoir
Les arrêtés publiés par les municipalités pour autoriser cette pratique sont illégaux
Les dispositions de l’ancien article R.37-1 du code de la route qui permettait à l’autorité investie de pouvoir de police de prendre des mesures en matière d’arrêt ou de stationnement différentes de celles prévues audit article ont été abrogées par les nouvelles dispositions entrées en vigueur au 1er juin 2001 (décret 2001-51 du 22 mars 2001).
La mise en œuvre de la signalisation routière ne peut en aucun cas permettre à une autorité investie de pouvoir de police de déroger aux règles de circulation édictées par le Code de la route, si ce n’est pour signifier des mesures complémentaires ou plus restrictives que celles du dit Code.
Source : Délégation à la sécurité et circulation Routières (DSCR), Ministère de l’Intérieur.
La mesure sur le stationnement très gênant a été mise en vigueur en juillet 2015 (Article R417-11 Décret n°2016-1849 du 23 décembre 2016 – art. 4) : « Est considéré comme très gênant [passible d’une amende de 135 euros] pour la circulation publique l’arrêt ou le stationnement d’un véhicule motorisé sur les trottoirs ».
Protéger les piétons et personnes à mobilité réduite
Au-delà de la nécessaire reconstruction des trottoirs du centre-ville en trop mauvais état pour assurer une marche en sécurité pour les plus faibles d’entre nous, six pistes d’action figurent dans la mesure n°9 du CISR Comité Interministériel de la Sécurité Routière du 9 janvier 2018. Il est impératif de les inclure dans ce périmètre.
– Augmenter la visibilité des piétons en respectant l’aménagement des abords immédiats des passages piétons.
– Offrir aux gestionnaires de voirie la possibilité de matérialiser une ligne d’effet des passages piétons jusqu’à cinq mètres en amont de ceux-ci pour indiquer l’endroit où les véhicules doivent s’arrêter pour laisser traverser les piétons.
– Renforcer la protection des piétons mal ou non-voyants par une optimisation des dispositifs sonores ou tactiles associés aux feux rouges.
– Favoriser les déplacements en sécurité des enfants, piétons ou à vélo, en encourageant le développement d’itinéraires dédiés et encadrés, de type pedibus ou vélobus.
– Permettre la constatation sans interception, notamment par la vidéo-verbalisation, des infractions liées au non-respect des règles de priorité de passage accordées par le Code de la route aux piétons.
– Renforcer les sanctions contre un conducteur qui a commis une telle infraction.
Pour qu’« Ambition Centre-ville » ne sonne pas comme un triste oxymore, Piéton à Marseille invite son équipe à penser son projet en faisant le choix d’apaiser l’espace public de tout le centre-ville, pour tous les habitants du centre-ville. Pour avoir aussi, une fois n’est pas coutume, à se féliciter d’avoir choisi ce terrain comme pionnier de celui plus vaste de la ville de Marseille.
* Chapitre « Agir sur les cheminements piétonniers » du PDU 2013-2023
Marseille, le 28 janvier 2019 – Collectif Piéton à Marseille de l’association 60 millions de piétons
Contact : Martine Bigot droitsdupietonmarseille@gmail.com
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Bonjour, il y a une association “collectif Piéton à Marseille” à laquelle adhérer ?
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Oui, nous adhérons et participons à l’association nationale “60 millions de piétons” http://www.pietons.org.
Vous êtes le.la bienvenu.e !
Contactez-nous à droitsdupietonmarseille@gmail.com
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Marseille a 40 ans de retard en matière d’aménagement.Et n’oublions pas que pas une place de la ville n’est pourvu de banc (place du Général de Gaulle, place de la Joliette, la Canebière!! différence avec Montpellier ou Toulouse etc…
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J’avoue que j’ai besoin que l’on m’explique : LA CANEBIÈRE PIÉTONNE JUSQU’AU COURS LIEUTAUD, en remontant la canebière on tourne à droite pour aller jusqu’au cours lieutaud, en passant par le boulevard Garibaldi donc là aussi ce sera piétonné??
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