Quand Franz-Olivier Giesbert se fait l'hagiographe de Jean-Claude Gaudin

C’est bien connu, Jean-Claude Gaudin n’aime pas la presse et les journalistes. Quels que soient les patrons et propriétaires successifs qui se sont succédés avenue Salengro au siège de La Provence, il a toujours eu à s’en plaindre. Ceci est d’ailleurs largement partagé par ses collègues maires des autres grandes villes et bien à l’image de son ami Sarko, qui apprécie autant les juges que les journalistes. « Amis Pédophiles, à demain »

Pourtant cette semaine, l’homme de Mazargues a dû quelque peu se réconcilier avec notre profession, grâce à l’hebdomadaire Le Point. C’est vrai que son grand copain Franz-Olivier Giesbert n’y est pas allé de plume morte dans son dernier numéro : une belle Une « Marseille, la confession de Gaudin », suivi par un dossier de 20 pages, qui va sans doute permettre aux church’s de notre bon sénateur maire de reluire et de briller au moins jusqu’à Pâques, voire à la Trinité. Revue de presse.

Rue de la Rép, piétonnisation, Vél

Ca commence très fort par « une lettre ouverte aux déçus de Marseille », où FOG , qui descend régulièrement le week-end dans son pied à terre marseillais de la rue Sainte, vient nous expliquer pourquoi nous ne sommes que des pisse-huile d’olives, incapables de voir à quel point notre bon sénateur-maire a su transformer la cité phocéenne en une nouvelle Alexandrie. L’animateur de l’émission de « Vous aurez le dernier mot » sur France 2 ne nous épargne aucun poncif.

La rue de la République ? « Ce qui a déjà été fait est tout simplement magnifique et donne une idée de ce que sera le Marseille de demain ». Ca a même fait doucement sourire les promoteurs de l’artère haussmanienne. La rénovation du vieux-port ? « Qu’il nous soit également permis de rêver sur le projet de l’architecte britannique Norman Foster pour rendre en partie le Vieux-Port aux piétons, avec une très grande agora. Une merveille ».

On se calme Franz, on se clame. Mais, non, ça continue :   »qu’on nous épargne les lamentations sur le projet de nouveau stade couvert de 67 000 places sur l’ancien vélodrome. C’est au contraire une belle idée ». Sans doute, cher FOG, mais une belle idée à 270 millions d’euros et qui va endetter les marseillais pendant 35 ans, pas tous patrons de presse, dans une ville qui est si exangue financièrement qu’elle n’arrive même plus à entretenir ses écoles, son opéra et ses piscines. On arrêtera là par respect pour l’auteur de « Le Président » et de   »l’Américain ».

Gaudin à confesse

Dans les pages suivantes, Gaudin va à confesse. Et on en apprend de belles sur ce pôvre pêcheur. L’orgueil : « je suis le seul homme de droite à avoir été réélu 3 fois successivement. C’est en soi un événement ». L’envie : « En 2014, Je ne m’interdis rien« . La gourmandise, la luxure : « à Marseille qu’est ce qu’on vous dira de Gaudin ? Il est pagnolesque. Il est gros. Il baise pas assez, il mange beaucoup » . L’avarice :  » j’habite à Mazargues, dans la maison familiale où je suis né. J’ai une propriété à 40 km de Marseille, qui est la marque de ma réussite. Je n’ai jamais changé de vie ».

Allez, Gaudin devra lire pendant 15 jours Marsactu et s’abonner à Libé et à l’Equipe. En revanche, comme souvent avec le maire, derrière le masque pagnolesque se cache un visage plus dur. Deux lignes dans sa « confession » nous ont moins fait rire : « Ce qui se passe en Algérie semble être maitrisé par la force militaire et en Tunisie, j’espère que ces événements ne se transposeront pas sur notre territoire ». Même MAM n’aurait pas osé le dire.

Morceaux choisis

Pour le reste, c’est tout à l’avenant. Le Point a réussi à interroger quelques personnalités qui envoient du lourd, du très lourd, sur leur ami et patron. Jean-Pierre Chanal qu’on nous présente comme un ancien du Provençal et actuel dir com de la Société des Eaux de Marseille, dont on n’oublie de nous préciser au passage qu’il est le premier porte-flingue de Jean-Claude pendant toutes les campagnes électorales, se lâche :  » Il a une grande capacité de bienveillance et une humilité naturelle ».

Sa copine de 40 ans Dominique Vlasto poursuit, la tête sur le billot : « sous sa carapace c’est un homme sensible« . « Un catholique laïque« , ajoute finaud un des ses amis curé. Et même ses opposants politiques se déchaînent : « Je salue sa ténacité, sa capacité à repousser les clichés parisien, qui portent trop souvent sur nous un regard condescendant », nous dit Jean-Noël Guérini.

C’est sûr que « les clichés parisens » et le « regard condescendant », Le Point vient de nous en servir une petite louche. Après nous avoir offert une belle leçon de déontologie journalistique, lors d’une fracassante interview réalisée par Jeff Carias, notre nouvel Albert Camus de la presse locale, grâce à son si désintéressé mécène Alexandre Guérini, FOG nous prend encore franchement pour des jambons sur ce coup là. Le Point nous avait pourtant habitué à mieux dans le traitement de Marseille, notamment sous la plume du journaliste marseillais Hervé Gattegno, un des premiers à avoir développé « l’affaire Guérini » et avoir écrit sur Zvi Ammar. Comme l’écrivait FOG dans ses premières lignes sur son livre sur Chirac La tragédie du Président, « on ne se méfie jamais assez des journalistes« . L’amour rend aveugle.

Lettre ouverte aux déçus de Marseille par Franz-Olivier Gisebert sur lepoint.fr

 » Marseille, la ville réinventée » sur lepoint.fr, attention ça envoie

« Le convoyeur assassiné et le mystère de la valise à roulette » par Hervé Gattegno, le 26 02 2009

« opérations mains propres à Marseille » par Hervé Gattegno en décembre dernier