À la métropole, Gaudin s’en va, Vassal s’envole

Jean-Claude Gaudin mardi 4 septembre après sa démission.

Démissionner c’est mourir un peu. Après avoir lâché Paris et le Sénat, Jean-Claude Gaudin quitte à petit pas la vie politique marseillaise. Ce mardi, comme préparé depuis plusieurs semaines, il a choisi de démissionner de son poste de président d’une métropole qu’il a fait exister malgré les réticences, mais sans lui donner d’élan. Il a dans la foulée proposé la présidente du département Martine Vassal pour lui succéder. Pour celui qui a la politique comme “seul hobby”, la décision de quitter cette institution ne se fait pas de gaîté de cœur : “Elle est plus jeune que moi, plus active aussi dans tous les domaines. Évidemment que ça va me faire un peu drôle de plus faire le boulot comme j’avais l’habitude de le faire mais je sais qu’elle est capable de le faire, peut-être même mieux que moi”.

La phrase marque une forme de résignation devant une institution au sein de laquelle les tensions n’ont jamais disparu depuis sa création et que l’État veut fusionner avec le département. Il y a aussi le choix d’une femme qui ne dénigrera pas en entier son bilan contrairement à Renaud Muselier, président de région et candidat sans l’être, dont les critiques fournies ne sont toujours pas digérées. “Martine Vassal est la mieux placée”, s’est-il donc convaincu. Mais en disant cela, il mentionne presque aussi vite qu’elle possède aussi dans sa poche le portefeuille bien garni de son institution : “ça plaira aux maires. Elle pourra donner les sous de la métropole et du conseil départemental”.

“Elle a un consensus très large”

“Elle a un consensus très large, vous le verrez dans les réactions”, a repris Jean-Claude Gaudin. Et celles-ci s’accumulent. Maryse Joissains, la plus dure contre Gaudin : “je me tiendrai à ses côtés pour l’aider dans la mise en place d’une structure pertinente”. Joël Mancel, premier magistrat de Beaurecueil président d’un groupe de maires : “Soucieuse de l’intérêt de tous les territoires, la présidente du conseil départemental saura plus que quiconque répondre aux enjeux métropolitains”. François Bernardini, maire divers gauche d’Istres : “Martine Vassal a démontré durant ces trois années de présidence au Conseil Départemental qu’elle faisait de la politique intelligente, sans se laisser enfermer dans des considérations partisanes car elle place l’intérêt général au cœur de son action”. Bruno Gilles, président départemental des Républicains : “Martine Vassal est incontestablement la mieux placée pour prendre les commandes de cette institution”.

Dans ce concert de louanges, seuls Benoît Payan, le chef de file socialiste à la mairie et élu au département puis le président de région Renaud Muselier tranchent. Pour le premier, il faut à la métropole “une présidence à temps plein”. Le second réussit à écrire une page de communiqué sans jamais citer sa concurrente au sein du parti Les Républicains.

Démission de @jcgaudin de la Métropole @AMPMetropole « Je souhaite que cette démission permette aux élus métropolitains d’élire un nouveau Président capable d’apaiser un territoire en souffrance et de porter une véritable vision pour en faire un territoire attractif et innovant» pic.twitter.com/e46fxWcDqt

— Renaud Muselier (@RenaudMuselier) September 4, 2018

Martine Vassal ne s’est pas exprimée ce mardi sur ce qu’elle compte faire de sa très probable année et demi de mandat. Elle sera d’abord l’interlocutrice du gouvernement pour une fusion département-métropole que le préfet de région a confirmée durant l’été. Jean-Claude Gaudin évoque “un scrutin de listes au suffrage direct le même jour que les municipales”. Mais, si elle veut préparer les prochaines échéances électorales en bonne position, elle devra donner du relief à sa courte présidence.

Le thème des transports semble devoir en être le symbole autour d’un agenda de la mobilité qu’elle finance déjà avec le conseil départemental. Pour cela, elle devra trouver des marges de manœuvre dans une collectivité qui reverse 53 % de son budget à ses 92 communes au détriment de ses propres projets. Qu’elle compte sur son chéquier du département pour calmer les maires ou qu’elle mise sur un soutien étatique qui se fait attendre, le pari reste ardu.

Martine Vassal est quoiqu’il en soit lancée comme une cheffe de file de la droite pour 2020 à la tête d’une collectivité réformée qui aura vocation à être le grand pilote de la politique locale. Avec quelle majorité ? Elle ne dirait pas non à un accord, tacite ou explicite, avec les marcheurs. En revanche, si son association de soutien relaie des sondages forcément favorables pour sa championne, elle ne pourra vraisemblablement pas cumuler avec un éventuel mandat municipal comme c’est déjà le cas à Lyon.

“Je souhaite aller à la fin de mon mandat de maire”

La mairie, justement, reste le dernier mandat que tient Gaudin. Après avoir promis une retraite anticipée au sénateur Bruno Gilles, il a profité des problèmes de santé de ce dernier à la fin de l’année 2017 pour rester en place. “En fait je souhaite aller à la fin de mon mandat mais on verra bien”, dit-il aujourd’hui.

Bruno Gilles a conclu son communiqué du jour avec malice : “Jean-Claude Gaudin prouve qu’il sait passer le témoin et qu’il a toujours eu le respect de la parole donnée”. Il avait posé un ultimatum en juin sommant le maire de désigner un successeur en septembre. Face au silence sur la succession municipale, il prépare en réalité le terrain à une future déclaration de candidature à la tête de l’hôtel de ville, vraisemblablement unilatérale.

Habituel détracteur interne de Jean-Claude Gaudin, le député Guy Teissier souhaite aussi le pousser à une sortie précipitée. “Je pense qu’il serait du meilleur effet de préparer quelqu’un à la succession avec un changement de maire au début de l’année prochaine”, dit-il sans nommer le dauphin. “Nous sommes loin des élections municipales, ce n’est pas pour aujourd’hui”, a balayé Gaudin. À un an et demi de la fin de son mandat, il prêche l’union de sa famille politique. Surtout, il se veut toujours le maître des horloges. Mais pour garder la ville à droite, personne ne semble décidé à attendre sa bénédiction pour se lancer.