Environnement et transports à Marseille
ESPACE URBAIN ET TRANSPORTS EN COMMUN
Nous poursuivons la réflexion engagée la semaine dernière sur les significations politiques des transports en commun dans l’espace de la ville, en prolongeant le débat sur l’articulation entre la politique des transports en commun et la politique de la ville.
POLITIQUE DES TRANSPORTS EN COMMUN ET DES DÉPLACEMENTS
La dimension politique de l’organisation des transports en commun dans la ville se manifeste dans les parcours, dans l’économie des transports et dans l’articulation des différents modes de transports, ce que l’on appelle l’intermodalité.C’est toute une économie urbaine et métropolitaine des transports qui s’institue dans l’espace de la ville par l’aménagement des réseaux de transports en commun. C’est ainsi qu’à Marseille, on peut définir cette politique urbaine des déplacements de trois façons.
D’abord, ce qui frappe, c’est le maintien d’une place importante offerte aux voitures particulières. Quand on compare Marseille à d’autres villes comme Lyon, on est frappé par le faible nombre de voies piétonnes à Marseille. C’est ainsi, par exemple, que la Canebière devrait être piétonne pour retrouver sa signification sociale, économique, politique, pour retrouver son rôle de voie de rencontre et de sociabilité autant que de circulation. Alors que les grandes villes ont retrouvé le rôle de la circulation piétonne, à la fois pour préserver l’environnement des pollutions causées par la multiplication des voitures et pour faciliter la circulation des piétons dans la ville, Marseille continue à réserver une place excessive aux véhicules individuels, ce qui, par ailleurs, se traduit par l’insuffisance de l’offre de transports en commun.
Par ailleurs, le métro occupe une place insuffisante par rapport aux autres modes de transports en commun. C’est le métro qui, depuis 1900 à Paris, pour ne parler que de la France, marque une véritable modernité des déplacements dans la ville, à la fois parce qu’il permet que l’espace ne soit pas occupé par les moyens de transport et parce qu’il permet une liaison rapide des quartiers entre eux qui ne soit pas gênée par les embouteillages et par l’accumulation des moyens de transport dans l’espace urbain.
Une troisième remarque que l’on peut faire sur les transports en commun à Marseille est une absence de réflexion approfondie sur l’intermodalité des transports en commun : cela est, en particulier, frappant rue de Rome, où le tramway double le métro entre la place Castellane et la porte d’Aix. Sans doute manque-t-il, sur ce point, une réflexion réelle sur ce que l’on peut appeler l’économie politique des transports et des circulations.
TRANSPORTS EN COMMUN, CITOYENNETÉ, EXCLUSION
Offrir des transports en commun aux habitants d’une ville, ce n’est pas seulement leur proposer l’organisation fonctionnelle de services urbains, mais c’est aussi instituer une forme de citoyenneté. En effet, d’abord, les transports en commun sont, en eux-mêmes, des formes de prolongement de l’espace public : dans les transports en commun, notamment dans le métro ou le tramway, on peut parler avec ses voisins, on peut échanger des impressions, on peut instaurer des dialogues, alors que les voitures particulières sont des espaces fermés. Par ailleurs, en permettant aux habitants d’une ville de circuler dans l’ensemble de l’espace urbain, les transports en commun empêchent la formation de ghettos et d’espaces fermés, ils permettent à l’ensemble des habitants d’une ville de se rencontrer, de circuler, d’exister les uns pour les autres.Enfin, c’est en s’assurant que nul ne soit exclu des déplacements, que ce soit pour des raisons financières ou pour des raisons culturelles, que les transports en commun, dans leurs réseaux et dans leur circulation, instaurent une véritable citoyenneté urbaine ouverte à tous les habitants de la ville.
TRANSPORTS EN COMMUN ET POLITIQUE DE LA VILLE
C’est pour toutes ces raisons qu’il importe d’inscrire la réflexion sur les politiques urbaines de transports en commun dans le champ plus large de la politique de la ville. Ce que l’on appelle la « politique de la ville » est un concept assez récent, qui remonte aux premières crises contemporaines des banlieues et des quartiers abandonnés, dans les années 80, alors qu’en réalité, si l’on prend garde aux mots, politiqueest issu du mot grec polis, qui désigne, justement, la ville.Politique de la villeest, ainsi, en quelque sorte, un pléonasme. Si l’État a élaboré cette figure politique, par exemple en instaurant des « sous-préfets à la ville » ou en organisant des espaces de réflexion et de débat dans les espaces urbains, c’est pour répondre à une véritable crise de la ville, à la fois en raison des exclusions qui frappaient des pans entiers de la population des villes, en raison de la montée des prix de l’immobilier et en raison des formes de ghettoïsation de certains quartiers et de certains espaces. À cet égard, les transports en commun devraient être reconnus pleinement comme des médiations essentielles de la politique de la ville. La municipalité de Marseille se trouve, sur ce plan, devant une lourde responsabilité : la politique des transports en commun rejoint, dans la politique de la ville, la politique de l’environnement et celle du patrimoine.
Commentaires
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Marseille toujours en retard quand il s’agit de transports, surtout non polluants. Les trolleybus progressivement éliminés des lignes en colline, alors qu’à Lyon il y a de superbes trolleys modernes et un plus grand métro.
Quant à Toulouse on multiplie les lignes de tram et de métro!
Bilan catastrophique de l’actuelle municipalité…
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Alors que Marseille étouffe sous un “pic” de pollution à l’ozone (sans parler des autres polluants atmosphériques) depuis 12 jours (sans parler non plus de la pollution de fond, toute l’année), on ne peut que constater l’irresponsabilité totale des autorités politiques locales. A Paris, Lyon, Villeurbanne, Strasbourg et Grenoble, des mesures sont prises pour tenter de limiter la circulation des véhicules les plus polluants. Ici, rien de tel : on attend le mistral (sic) !
Concevoir un réseau de transport en commun efficace suppose d’être capable de penser à long terme, et d’accepter de réduire la surface de la voirie réservée à la bagnole. Deux conditions qui, visiblement, sont inaccessibles à nos élus.
A Lyon, l’autorité organisatrice locale, le Sytral, exécute bon an mal an des “plans de mandat” successifs qui, nonobstant les alternances politiques à la mairie et à la communauté urbaine devenue métropole, ont profondément modifié la ville. A Marseille, c’est l’opportunisme qui prévaut, sans continuité ni volonté politique autre que celle de l’affichage électoraliste.
On a construit une ligne de tramway T2 justifiée principalement par une opération de rénovation urbaine, et non par la nécessité de desservir des quartier déjà desservis par le métro. On a construit un prolongement de la ligne de métro M1 vers La Fourragère alors que le prolongement de la ligne M2 vers Saint-Loup était programmé depuis les années 1980 : un besoin urgent de désenclaver des quartiers denses ? Nullement, les trois stations au-delà de La Blancarde sont les moins fréquentées du réseau, et de beaucoup (cf. page 4 de ce document de l’AGAM : http://www.agam.org/fileadmin/ressources/agam.org/publications/Regards/Regards_de_l_Agam_n_21_-_MOBILITES_-_Metro_et_tram_marseillais__un_réseau_en_mouvement.pdf) : qu’y voir d’autre que la nécessité de convaincre, à grands frais, les électeurs d’un secteur incertain de “bien voter” ?
Et, cerise sur le gâteau, on nous présente maintenant un projet de ligne de tramway nord-sud qui ira, grosso modo, de Gèze à Dromel… Ca ne vous rappelle pas une ligne de métro ? L’intelligence et la nécessité de gérer les deniers publics, outre la volonté politique, semblent décidément absentes quand il est question ici de transports collectifs.
Nous avons un très beau PDU – un peu faible toutefois sur certains points, quand on regarde la place qu’il réserve au vélo. Mais sa caractéristique principale, c’est qu’il n’est pas appliqué : on investit principalement sur des opérations qui soit n’y sont pas prévues, soit ne sont pas prioritaires. Quel titre de gloire les Gaudin et compagnie tirent-ils d’être à la tête de la ville la plus polluée de France – en dépit du mistral ?
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Cher Electeur du 8 ° , comme d’habitude des interventions toujours bien argumentées et bien documentées et qui mettent en avant les incohérences , les erreurs voire les fautes des génies qui nous gouvernent.
Ces derniers lisent sans doute les dossiers et remarques émises grâce au “GABIAN” mais persistent et signent dans leurs convictions de détenir la vérité. Désolant, car ce ne sont plus des convictions mais de la bêtise à l’état pur ,pour être sympa.
Cette obstination a une résultante, le bilan que vous tirez.
Alors , du haut de mon village de Haute Corse je me mets à philosopher avec cette phrase d’Albert Jacquard; “Ceux qui prétendent détenir la vérité sont ceux qui ont abandonné la poursuite du chemin vers elle. La vérité ne se possède pas, elle se cherche.”
Oh! , Jean Clôôôôôôôde , c’est un peu tard , mais il faudrait enfin se poser les bonnes questions, toi et ton équipe.
Un bonu ghjornu per tutti, è bon pensamentu.
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Bon séjour au village ! 😊
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J’ai commencé à raconter mon périple pour rallier le Mucem en 2h40 la semaine dernière, en TC. Mais basta cosi ! On est cuit et moulu non pas par cette chaleur mais par ces édifiantes équipes municipale, métropolitaine, départementale et régionale. Pas un pour racheter l’autre. Mafieux jusqu’à la garde….
C’est l’été et c’est tjs un grand plaisir de vous lire. On se sent moins seul avec le Gabian. Bon , visiblement , même en vacances y a du commentaire. Tant mieux. Vous traduisez si bien ce ras le bol. Tellement d’accord tant c’est désespérant.
Bonnes vacances et bon repos à tous, la rentrée nous réserve encore des (mauvaises) surprises.
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