L’arrivée du boulevard urbain Sud aux portes du lycée Jean-Perrin irrite les enseignants
Les travaux du boulevard urbain Sud ont démarré près du lycée Jean-Perrin (10e). Le personnel s'inquiète d'une future dégradation de la qualité de l'air et une pollution sonore avec ce nouvel axe routier.
Les enseignants du lycée Jean Perrin se dressent contre le passage du Boulevard urbain sud à deux pas de l'établissement.
“On va avoir la tête comme ça, comme une pastèque !”, lance Anaïs, les bras en l’air, à trois de ses camarades devant l’entrée du lycée Jean-Perrin (10e). C’est sa façon de décrire l’impact que pourrait avoir le boulevard urbain Sud (BUS) sur leurs futures journées de cours. Cette voie, prolongement de la L2 jusqu’à la Pointe-rouge, passera à quelques mètres de l’établissement. Le tracé prévoit que la partie couverte de l’artère, en provenance de l’A50, débouche face au lycée, empiétant au passage sur son parking.
Mardi, banderoles en arrière-plan, les professeurs se sont réunis devant le lycée pour interpeller leurs élèves sur ce projet. Ils étaient une trentaine d’enseignants, encartés CGT, SNES-FSU, FO ou non-syndiqués, à s’alarmer de l’arrivée prochaine du BUS sous les fenêtres de leurs salles de classe. Une contestation qui arrive tardivement lorsqu’on sait que le BUS est prévu depuis des décennies et que l’enquête publique dans le quartier date de 2015.
Cette année-là d’autres voix se lèvent néanmoins contre le projet. Un collectif d’habitants et de défenseurs de l’environnement se crée avec dans son viseur le tracé du boulevard. Il se donne pour mission de protéger des sites que le BUS viendrait dégrader, les jardins familiaux de Mazargues, le jardin public de la Mathilde ou encore les pins du Roy d’Espagne (lire notre article).
Si les enseignants ne se sont mobilisés qu’à l’arrivée des premiers engins, ils s’étonnent que le proviseur qui a participé à l’enquête publique ne les ait pas alertés. “J’ai pourtant transmis une copie de mon courrier adressé à la métropole aux représentants des enseignants au conseil d’administration. Ils ne pouvaient pas l’ignorer”, se défend Philippe Vincent.
Des nuisances sonores et une dégradation de la qualité de l’air
Aujourd’hui plusieurs points provoquent la révolte du corps enseignant. D’abord, le bruit que pourrait occasionner cette six-voies (deux voies classiques et une voie de bus dans chaque sens de circulation). Ensuite les émissions de polluants, en particulier de particules fines, et leurs effets néfastes sur la santé. “Nous serons à la sortie d’un tunnel, explique un professeur, tous les gaz d’échappement se déverseront sur le lycée.”
Pour rappel, une étude de 2012 de l’association Air PACA, une association de surveillance de la qualité de l’air, sur la future L2 s’intéressait entre autre à cet effet “sortie de tunnel”. Ces recherches mettaient en évidence que la concentration des polluants dans l’air pouvait être jusqu’à 2,5 fois supérieure à la norme européenne à ces endroits-là.
Une situation aberrante pour Patrick Moreno, enseignant et responsable Force ouvrière : “Pourquoi faire déboucher ce tunnel à seulement quelques mètres d’un lycée qui accueille plus de 2300 élèves et environ 400 membres du personnels ? Nous demandons le recouvrement de la voie sur la portion qui passe devant l’établissement !”
Des questions, pas de réponse
Le 5 avril dernier à la demande des professeurs s’est tenue une réunion en présence du député Les Républicains Guy Teissier, de son successeur à la mairie des 9e et 10e arrondissements Lionel Royer-Perreaut, du proviseur du lycée, de responsables de la métropole, des représentants des personnels et des élèves. La rencontre, qui aurait dû permettre de répondre aux préoccupations, n’a pas rempli son rôle selon les enseignants. “Nous n’avons pas eu de réponse. Les responsables de la métropole semblaient découvrir la situation” raconte Patrick Moreno dépité. Une prochaine réunion est prévue pour la rentrée prochaine pour éclairer certaines interrogations.
A la région, propriétaire des locaux, la situation préoccupe et on déplore le manque de coopération entre collectivités. “La construction d’une telle infrastructure routière doit absolument prendre en considération les effets en terme de pollution atmosphérique et de nuisances sonores, particulièrement lorsqu’il s’agit de lieux d’enseignement qui accueillent des enfants, adolescents et jeunes adultes. La région et l’équipe éducative n’ont jamais été saisies par le maître d’ouvrage de cette opération ce que nous regrettons fortement.” garantit le service communication, qui promet que la région mènera les travaux nécessaires en terme d’acoustique.
Si le proviseur refuse de se lancer dans la protestation il attend lui aussi des réponses. “Je ne suis pas en désaccord avec les professeurs, souligne Philippe Vincent, je ne mets pas en cause le flux de véhicules ou les émissions de CO2. Mais je n’avais pas vocation à m’opposer à un projet d’utilité publique porté par les collectivités qui a pour but de désenclaver les quartiers Sud. Mais il reste des points à éclaircir. Lors de la réunion nous n’avons eu aucune estimation précise du nombre de véhicules qui emprunteront le boulevard chaque jour.”
La métropole : les nuisances “prises en compte dans les études”
Après cette rencontre infructueuse les professeurs se sont tournés vers l’inspecteur santé sécurité du rectorat pour essayer de trouver un soutien. Contacté par téléphone, celui-ci n’a pas souhaité répondre à nos questions, pas plus que sa hiérarchie. Cependant, il devrait, selon Patrick Moreno, rencontrer les enseignants d’ici peu.
Sans pour autant avancer de chiffre prévisionnel sur les nuisances sonores ou la qualité de l’air aux abords du lycée, la métropole, maître d’ouvrage pour ce chantier, tente de se montrer rassurante. “Les contraintes environnementales (ambiance phonique, qualité de l’air, etc.) ont bien été prises en compte dans les études”, écrit dans un courrier électronique le service communication de la métropole. Elle promet néanmoins d’assurer “la mise en œuvre de mesures d’isolation acoustiques complémentaires” comme prévu dans certaines zones attenantes au BUS.
Pas de quoi rassurer les enseignants qui ne comptent pas stopper la contestation. “Vous avez vu cette crèche qui a fermé près de la L2. On ne veut pas qu’il arrive la même chose ici”, lâche un professeur consterné.
Commentaires
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Et encore des élus qui “découvrent” la situation… Y a -t-il des chantiers où les élus “pilotent” les choses ici?
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Et pourtant des solutions existent ! … Murs avec casquettes support de panneaux solaires / recouvrement partiel ou total avec des panneaux photovoltaïques … c’est mis en place ailleurs dans le monde… Alors pourquoi pas ici, à Marseille ???
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Mais de quoi se plaignent donc ces enseignants ? Ils vont enfin disposer d’une infrastructure routière moderne, si indispensable à Marseille qu’on a trouvé les moyens nécessaires pour la réaliser à une vitesse peu banale ici. Est-ce bien sérieux de chipoter pour quelques “dommages collatéraux” ?
En revanche, le projet de métro, qui devrait passer pas loin, est encalminé depuis 1986 (https://marsactu.fr/le-metro-saint-loup-cherche-encore-son-terminus/). Sans aucun doute, il n’est ni suffisamment moderne, ni suffisamment indispensable pour qu’on le fasse aboutir. On ne peut pas tout avoir, hein…
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D’ailleurs, le tracé du prolongement du métro suit le tracé du BUS entre St Tronc et St Loup. Idéalement, on aurait pu coordonner les deux chantiers, ou à tout le moins réaliser des travaux préparatoires au métro…
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Comme il est très bien rappelé dans l’article, le tracé du BUS est connu depuis longtemps et les nuisances prévisibles, et l’enquête publique est terminée depuis un moment.
La réaction des enseignants est beaucoup trop tardive, alors que le proviseur semble avoir fait son boulot.
La réaction des services de la région est désolante. Soit ils feignent de découvrir le problème et tentent de rejeter la responsabilité sur les autres collectivités qui ne les ont pas prévenus (hum…), soit ils n’étaient vraiment pas au courant et on peut se poser de très grosses questions sur leur façon de gérer les équipements dont ils ont la charge. Ils ont donc réussi à passer à côté de l’enquête publique, des réunions d’information et de tous les articles parus dans la presse régionale sur le tracé du BUS et le déroulé du chantier?
Enfin, les solutions aux nuisances et à la pollution qui sont applicables à la L2, qui est configurée comme une autoroute, ne sont pas forcément adaptées au BUS, qui est beaucoup plus “poreux” avec les quartiers qu’il traverse. S’il en existe, j’espère qu’il est encore temps de les intégrer aux plans mais j’en doute…
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Il y a quand même un peu de mauvaise foi car actuellement (en partie en raison du manque de transport en commun comme signalé précédemment) les voitures passent par la rue Pierre Doiée qui entoure le lycée sur la moitié de sa circonférence. Toutes ces voitures qui stagnent aux heures de pointe émettent plus de particules que les même passant sans trop d’interruption. Il n’est pas du tout certain que le bilan global soit négatif.
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Pour info, il y a un recours contre l’enquête publique qui comportait quelques bizarreries. En plus, le BUS, contrairement à ce que certains affirment , ne désenclavera pas les quartiers sud (aucun accès vers le centre ville notamment en transports en commun), mais jouera au contraire le rôle d’aspirateur à voitures vers la Pointe Rouge qui est déjà complètement engorgée.
Après le lycée Jean Perrin, cette mini autoroute conçue dans les années 50 frôlera l’école l’Armande, la crèche du Cabot, le collège Sylvain Menu, la maternelle Château Sec, l’école Vaccaro, Poussy Crèche, le collège et la crèche du Roy d’Espagne…
sans compter la destruction du parc de la Mathilde, des jardins familiaux et de 300 arbres de la pinède du Roy d’Espagne. Un désastre écologique pour un projet vieux de 70 ans qui pourrait avantageusement être remplacé par un concept moderne et respectueux des habitants, soutenus par les associations SOS Nature Sud, Union Calanques Littoral, collectif CAN BUS, etc. : une trame verte avec tramway, pistes cyclables, etc. Aux portes du parc des Calanques, un projet utopiste ? Moins que la catastrophe environnementale qui se profile.
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Tout çà c’est compliqué… Une route une fois que c’est fait, “on” peut la laisser se dégrader pendant trente ans, ne pas nettoyer les caniveaux, laisser les regards d’écoulement se boucher…bref c’est tout bénéf et puis çà fait bien, chic…pour un esprit de 80 ans…
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Il faut rappeler aussi qu’il y a de nombreuses habitations à proximité dont des immeubles collectif ainsi qu’une superbe bastide aujourd’hui bien enclavée … Su certains de risques pour la santé voir notamment http://www.respire-asso.org/pollution-de-lair-en-bord-de-route/
Les travaux sont en cours sur le tracé mais la proposition d’ une trame verte avec tramway, pistes cyclables, soutenue par les associations SOS Nature Sud, Union Calanques Littoral, collectif CAN BUS que rappelle Picto 13 est tout à fait pertinente et réalisable. Il suffit de décider l’interdiction aux véhicules particuliers.
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Faut-il réaliser—à l’heure criante du développement des modes des transports en commun — le parachèvement du réseau routier structurant de Marseille, arrêté dans les années 60…? Car le projet de BUS a, en grande partie, la fonction de rocade entre l’échangeur Florian et la D559, faisant éviter la partie centrale de l’agglomération de façon à en détourner la circulation de transit intercommunal. Sa fonction de boulevard urbain prend seulement effet,de desserte locale, en connectant les quartiers entre Michelet et la Pointe Rouge. Autant dire, que cette artère urbaine aura un effet d’aubaine pour les usagers en déplacement entre Cassis et Marseille qui n’emprunteront plus l’autoroute à péage pour rejoindre les bassins d’emplois situés au Nord ou à l’ouest de Marseille.
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Le problème des nuisances sonores est récurent , surtout à la sortie d’un tunnel . Qu’on y ait pas pensé est ahurissant alors qu’il y a un établissement scolaire juste la. Ça ne m’étonne pas de Mr Serrus…
Tout pour l’automobile, c’est un peu dépassé !
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