Le jour du maire, la semaine d’hiver “ne sont pas des acquis sociaux mais des irrégularités”

Interview
le 19 Fév 2018
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Le temps de travail dans l'actualité politique et judiciaire locale. Marsactu a interrogé celui par qui les remarques sur le respect de ces désormais fameuses 1607 heures annuelles sont arrivées. Louis Vallernaud, le président de la chambre régionale des comptes explicite l'impact économique de cette question et met à mal quelques idées reçues.

Le jour du maire, la semaine d’hiver “ne sont pas des acquis sociaux mais des irrégularités”
Le jour du maire, la semaine d’hiver “ne sont pas des acquis sociaux mais des irrégularités”

Le jour du maire, la semaine d’hiver “ne sont pas des acquis sociaux mais des irrégularités”

Marsactu : 1552,5 heures à Aix-en-Provence, 1567 heures à Marseille et une enquête du parquet national financier, des tensions à la métropole, la question des 1607 heures légales de temps de travail annuel des fonctionnaires revient régulièrement dans l’actualité locale ces dernières semaines. Pour vous qui rappelez depuis des années cette règle, vous devez être satisfait ?

Louis Vallernaud, président de la chambre régionale des comptes : Nous regardons régulièrement le temps de travail des fonctionnaires territoriaux et depuis longtemps puisque l’on sait que ces derniers doivent accomplir 1607 heures par an et par agent. C’est un point de dépense classique dans le fonctionnement des collectivités dont nous contrôlons la gestion. Les dépenses de personnel représentent un gros tiers des dépenses de fonctionnement des collectivités locales. C’est un enjeu essentiel notamment dans un contexte de contraintes budgétaires des collectivités suscité par la baisse des dotations de l’État. Ces baisses de dotation font qu’elles ont moins de marges de manœuvre et doivent rechercher des économies notamment sur ces dépenses de personnel. C’est extrêmement fréquent que l’on constate que cette durée ne soit pas respectée. En miroir, la chambre recommande très fréquemment de respecter la loi. On le fait très souvent et d’autant plus volontiers parce qu’il y a là à terme un gisement d’économies pour les collectivités. Augmenter la durée du travail quitte à ce que ce soit fait progressivement, entraîne des gains de productivité. [La chambre avait estimé en 2013 ce gain à 10 millions d’euros pour la Ville de Marseille en cas de retour aux 1607 heures, ndlr]

Et pour répondre plus directement à votre question, nous sommes satisfaits de voir que de plus en plus de collectivités, probablement d’ailleurs parce qu’elles sont sous une contrainte budgétaire croissante, enclenchent un processus vertueux d’augmentation de la durée de temps de travail de leurs agents.

Cela veut dire qu’il ne peut y avoir d’acquis sociaux ? À Marseille il y a les jours du maire, la semaine d’hiver, le mardi-gras… Ailleurs d’autres jours chômés supplémentaires sont offerts.

Ce ne sont pas des acquis sociaux, ce sont des dispositifs contraires à la loi. En l’occurrence il ne s’agit pas d’acquis sociaux, il s’agit d’irrégularité. Il faut y mettre fin et ce, d’autant plus qu’il y a des économies à la clef. Encore une fois, nous sommes des magistrats, nous sommes là pour le rappeler.

On a l’impression que la mobilisation devient soudain plus forte sur ce sujet. La préfecture exerce son contrôle de légalité, le parquet national financier mène une enquête…

La chambre a toujours fait des remarques en ce sens. Par contre qu’il y ait une prise de conscience de la nécessité de progresser sur ce terrain, tant mieux. C’est précisément ce que nous espérions. Mais attention, tout cela n’est pas coordonné. J’observe comme vous que le contrôle de légalité veille au respect de cette règle et je ne peux que m’en réjouir. Mais prenons garde : tout constat que la régularité du temps de travail n’est pas respectée n’aboutit pas à des sanctions pénales.

Lorsque la chambre constate que la durée légale de travail est inférieure, elle n’en tire pas la conclusion qu’il y a des infractions pénales. On est dans une logique juridique et économique. Et peut-être même surtout économique.

Est-ce qu’un agent lambda qui ne fait pas son temps de travail est lui-même dans l’illégalité ?

La recommandation s’adresse aux collectivités qui déterminent le travail de ces agents. Ce ne sont pas les agents concernés qui sont visés bien entendu.

Aix, Marseille, la métropole… Est-ce qu’il y a une spécificité méridionale ?

Alors là, je peux vous dire que non. Quand vous regardez les productions des autres chambres régionales des comptes de toutes les régions, c’est une observation extrêmement classique. Aucun élément de comparaison ne permet de dire que c’est un problème plus fréquent ici. Mon sentiment est que ce problème touche de très nombreuses collectivités partout sur le territoire national.

Plus généralement, lors de l’audience solennelle de rentrée de la chambre, en présence du président de la Cour des comptes, nous avons appris que vos recommandations étaient dans cette région moins respectées qu’ailleurs.

Ce n’est pas tout à fait ça. La loi Notre de 2015 prévoit que les collectivités locales doivent rendre compte un an après la publication pour donner suite aux observations et aux recommandations de la chambre. Nous avons mis en place ce dispositif ces derniers mois. On s’est efforcé de calculer un taux de suivi des recommandations quand elles étaient pleinement suivies d’effets ou quand celles-ci étaient en cours d’application. Ce taux atteint 67 % en PACA sur la base des réponses qui nous ont été adressées par les collectivités. C’est pour moi un bon résultat et je l’ai présenté ainsi lors de la conférence solennelle. Mais j’ignorais à l’époque qu’au niveau national, le taux de suivi est de l’ordre de 80 %, comme le président de la Cour des comptes l’a indiqué ce jour-là. Mais c’est un indicateur et une méthode qu’il reste à affermir et donc à considérer avec une certaine distance.

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Commentaires

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  1. one live one live

    “Lorsque la chambre constate que la durée légale de travail est inférieure, elle n’en tire pas la conclusion qu’il y a des infractions pénales”, c’est exactement ce qu’ont dit cette semaine le prince des élections à ses cadres, le roi des bibliothèques à sa base et l’ingénieur à ses proches, bref ils savent déjà que rien ne changera, les trois P. tiennent bien la boutique !

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  2. Alceste. Alceste.

    Discuter du sexe des anges peut être intéressant intellectuellement , mais au bout d’un moment il faut redescendre des nimbes célestes et être bassement pragmatique.
    Ces pratiques en terme d’horaires sont-elles légales ou non à la mairie de Marseille?.
    Si oui , il faut fermer le ban et accepter que les employés municipaux vu les charges de travail et la pénibilité auxquelles ils font face méritent un allégement des horaires. Et puis tant pis pour le contribuable marseillais qui est pris une fois de plus pour une bille par rapport au contribuable bordelais, breton au alsacien. Le climat méridional sans doute.
    Si non , il faut remettre ces braves gens dans les normes des horaires de travail et que les responsables assument leurs dérives clientéliste pour une fois et assument l’addition estimée à 10 millions d’euros par an , sans oublier les sanctions pénales.
    L’on me dit, mais je ne sais si cela est vrai ,car l’on ne prête qu’aux riches, que le maire octroyait en sus , aussi, des largesses pour les fêtes religieuses comme le vendredi saint et d’autres, aussi.
    Le cas marseillais dégage un intérêt particulier face au discours de l’Etat sur la valeur travail. Que va donc faire notre bon préfet ?

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    • Zumbi Zumbi

      Curieux propos, vous semblez ne pas avoir lu l’article : il n’y a pas de spécificité du “contribuable marseillais” ni du “climat méridional”, c’est expliqué très clairement. Ce qui n’enlève rien à l’importance du sujet. On a le don chez nous pour inventer des questions marseillaises qui n’en sont pas ; le fini-parti est une pratique généralisée en France, en revanche la gabegie des marchés du nettoiement est très particulière chez nous, on n’en parle guère ; le temps de travail des municipaux d’Aix est inférieur à celui de leurs collègues de Marseille, mais qu’en est-il de l’organisation (ou désorganisation) des services et de la promotion systématique d’incompétents bien appuyés, il y a eu quelques scandales notables à ce propos ?

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  3. LaPlaine _ LaPlaine _

    La question est effectivement de savoir combien de temps va tenir cette situation dans un contexte “nouveau” concernant la fameuse valeur travail et l’environnement économico-social national. On va constater de plus en plus un fossé se creuser entre les secteurs dépendants du marché et des pressions internationales, et des bastions plus ou moins protégés dont le coût est pris en charge par la collectivité. On parle d’une société à deux vitesses, c’est plutôt de trois qu’il s’agit et çà pose problème sur la durée.

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  4. Lecteur Electeur Lecteur Electeur

    La Chambre régionale des Compte ferait bien de s’occuper des modalités de recrutement, source d’inefficacité et de gaspillage qui coûtent très cher au contribuables marseillais.

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  5. Alceste. Alceste.

    Cher Jean-José vous avez raison il faut intégrer aussi Aix dans ce galimatias d’horaires au même titre que les autres dérives concernant le fonctionnement des institutions territoriales du coin . Avouez que la région au sens large et Marseille les accumulent particulièrement, quand même . Marsactu nous en fait l’écho quotidiennement.
    Pour le reste, 10 millions d’euros annuels ne serait ce que sur ce poste , représentent 10 millions d’impôts supplémentaires pour les contribuables avec une qualité de service limite . In fine , il faut bien que quelqu’un paye. Et ce n’est pas parce que cette situation est généralisée en France aux dires de la Cour des Comptes que cette situation soit acceptable.
    LaPlaine résume bien , cela n’est plus concevable et la collectivité n’est plus prête à subventionner cet état de fait.

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  6. petitvelo petitvelo

    Halte au feu ! Comme le dit notre magistrat, c’est pas mieux sur les horaires à Lyon (https://www.lelanceur.fr/ces-collectivites-ou-lon-travaille-moins-de-35h/), mais pourtant la métropole se porte visiblement mieux. 40 heures par an, c’est 2,5% de temps de travail en plus, que seul un comptable peut additionner en 10 millions d’euro ou plus de 150 équivalent temps-plein.
    On peut également se rappeler combien “investit” le contribuable marseillais avec le partenariat public privé du vélodrome ou les arrangements sur les tunnels … et pour quel résultat.

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  7. LaPlaine _ LaPlaine _

    IL y a globalement un problème de temps de travail et d’absentéisme dans les collectivités territoriales. La spécificité marseillaise est sans aucun doute, la traduction au quotidien de ces manquements au niveau du service rendu (si on peut parler de service rendu).

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  8. corsaire vert corsaire vert

    Et l’utilisation des agents territoriaux pour l’affichage électoral lors des municipales et autres ?
    Temps de travail légal ou” arrangement” ?
    Je n’invente rien, ce sont eux mêmes qui s’en gobergent tellement ils sont fiers d’avoir décroché la planque !
    Aix- Marseille , mêmes méthodes ! entre le” chauffeur sur diplômé” de Madame le Maire et “l’Ingénieur des poubelles ” , que du beau linge ( sale …).

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  9. PromeneurIndigné PromeneurIndigné

    Quand je croise certains cantonniers solidement appuyés sur leur balais , et contemplant l’eau qui se répand à gros bouillon dans et autour d’un caniveau , je ne puis m’empecher de songer au sketch des Chevaliers du fiel ” Bienvenue dans la grande famille des employés municipaux”

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  10. MalMass MalMass

    “illégalité” ne s’oppose pas à “acquis sociaux” car dans les faits, les collectivités, mais aussi d’autres administrations, ont pu céder par le passé du temps de travail en échange de non revalorisation salariales. Pour porter son diagnostic, la cour régionale devrait donc regarder qui a pris l’initiative des RTT qu’elle juge illégales, et dans quel contexte, pour savoir si ce sont les élus qui ont fait un don gracieux à leurs agents de leur propre initiative ou si la cour vient maintenant faire des agents les dindons de la farce, roulés dans la farine par une méconnaissance/incompétence/fourberie (au choix), des élus.

    Cela n’est pas sans rappeler les remises en cause des 35 heures dans le privé préconisées par certains, qui ne veulent pas revenir en revanche sur les contreparties négociées à l’époque au profit des entreprises en termes de modification du décompte du temps de travail, d’assouplissement des cycles horaires ou de modération salariale.

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  11. Alceste. Alceste.

    Ces relations consanguines entre Fo et la mairie ont engendrées des anomalies criardes.
    Donc ces anomalies doivent êtres réglées maintenant.
    Si tout fonctionnait à Marseille pourquoi ne pas octroyer quelques avantages supplémentaires, mais cela n est vraiment pas le cas avec de plus une fiscalité délirante. Donc il faut remettre l’église au milieu du village et il est grand temps

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