C’est Noël, aujourd’hui
SIGNIFICATIONS DE NOËL À MARSEILLE
Parlons de Noël, pour une fois, et tentons de comprendre pourquoi cette fête a une telle importance dans la culture marseillaise, tentons de comprendre les multiples significations de Noël dans notre région.
Une fête de la naissance
Plus peut-être qu’une fête de la famille, Noël est une fête de la naissance, ce que signifie, d’ailleurs, le mot même, Noël, est issu du latin natalis, qui signifie, justement, « lié à la naissance ». Il s’agit, en quelque sorte, d’une réplique, au commencement de l’hiver, du printemps, qui est, lui, la saison de la naissance. En inscrivant la fête de la naissance dans le temps de l’hiver, le christianisme entend se distinguer des autres cultures qui célèbrent la naissance au printemps, au moment où a lieu la renaissance des plantes, comme la culture latine, mais sans doute s’agit-il aussi de marquer une dimension symbolique de la naissance, qui vient se distinguer de sa dimension réelle. En célébrant la naissance au moment de Noël, en hiver, le christianisme institue ce que l’on peut appeler une naissance culturelle, différente de la naissance naturelle. Nous sommes, en quelque sorte, en présence de la vieille confrontation entre nature et culture. Cependant, il importe de relever que, finalement, si la naissance a lieu en décembre, c’est bien que la fécondation, elle, a eu lieu justement au printemps : c’est au printemps que Marie apprend qu’elle va donner naissance à Jésus, et la naissance culturelle s’articule de cette manière, dans le temps de Noël, à la naissance naturelle.
Une fête chrétienne
Ainsi, Noël représente-t-il une célébration de la naissance culturelle, ce qui permet de mieux comprendre qu’il s’agit aussi, par là, pour le christianisme, de représenter ce que l’on peut appeler sa propre naissance. Pour le christianisme, le mythe de la naissance de Jésus constitue une forme de mythe d’origine. On sait que, dans un grand nombre de cultures, il existe un mythe de l’origine, un récit de l’événement reconnu comme fondateur. En marquant, de cette manière, la naissance de celui qui est reconnu comme son fondateur, la culture chrétienne inscrit sa naissance dans l’histoire, elle en fait une date, qui prend place, aux côtés d’autres dates, parmi les événements qui constituent ce que l’on peut appeler le calendrier de la société. La célébration de Noël inscrit la naissance de Jésus dans une logique de l’événement qui vient scander le temps social du christianisme en en marquant ce que l’on peut appeler le point de départ. Dans le même temps, il s’agit de la naissance d’une identité politique. On sait que les identités politiques s’instituent toujours dans une logique de la confrontation : c’est en s’opposant à la droite que la gauche s’institue et c’est dans sa confrontation à la bourgeoisie et aux classes possédantes que va s’instituer la classe ouvrière. Dans cette logique, le christianisme va se fonder dans sa confrontation avec le judaïsme dont il est issu et dont il se distingue. En ce sens, l’événement que représente Noël est pleinement un événement fondateur et le récit de Noël un mythe fondateur.
Les Saintes Maries de la Mer
La culture chrétienne nous raconte qu’au retour de Palestine, Marie-Jacobé, la sœur de Marie, Marie-Salomé et leur servante noire, Sara, abordent aux Saintes Maries de la Mer, en une forme de réplique de l’arrivée des rois mages à Bethléem. Sans doute est-ce de cette manière que la culture provençale va s’approprier ce mythe fondateur de la culture chrétienne en s’instituant comme un des espaces fondateurs de l’histoire du christianisme. C’est pourquoi il est important de relever cette sorte de symétrie de l’histoire des Saintes Maries de la mer avec le mythe de Noël, et c’est de cette façon que la culture provençale va faire de Noël une fête importante, d’une manière spécifique qui la distingue de la place de Noël dans les autres cultures chrétiennes. Si Noël a une telle importance dans la culture provençale, sans doute est-ce lié à ce mythe particulier, qui fera, par ailleurs, l’objet d’une célébration particulière pour les gitans : ce mythe articule à celui de la naissance celui de l’errance et du voyage, lui-même lié à la culture méditerranéenne.
Une fête de la Méditerranée
C’est que Noël est une fête de la Méditerranée. Sans doute n’est-ce pas un hasard si la légende raconte le rôle de la Provence et de la région marseillaise dans la fondation de l’identité chrétienne : il s’agit, finalement, d’une manifestation de ce que l’on peut appeler l’identité méditerranéenne. La rupture du christianisme avec le judaïsme va faire de l’espace de la Méditerranée un espace de conflits. La Méditerranée va être le domaine dans lequel vont s’opposer le monde du Nord et le monde du Sud, c’est-à-dire le monde riche et le monde encore en développement, le monde européen et le monde africain, le monde de l’Ouest et le monde de l’Est. La Palestine, en particulier, en quelque sorte instituée comme espace politique dans l’ensemble des confrontations liées à la naissance du christianisme et à sa confrontation avec le judaïsme, n’aura pas cessé d’être un espace de conflits, et c’est ce que l’on peut appeler cette identité conflictuelle du monde méditerranéen qui est, en quelque sorte, scandée, année après année, par la fête de Noël. Or, c’est Marseille et la région provençale qui représentent, en France, le lieu de la culture méditerranéenne dans notre culture politique.
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Bonjour,
J’ai du mal à vous suivre sur plusieurs points. Premièrement, le centralisme de Noël dans le christianisme: Il me semble que l’autre moitié du christianisme depuis le grand schisme, le christianisme orthodoxe, considère Paques comme la période la plus importante de l’année rituelle. Ensuite, l’opposition Nord/Sud méditerranéenne, à l’aune de 2000 ans de christianisme, au départ, c’est le sud qui était le plus avancé, le renversement est assez tardif, disons Napoléon pour la France. Enfin, force est de reconnaitre qu’au delà des santouns et autre pastorales de nombreux éléments de la tradition populaire de noël nous viennent plutôt de l’Est de la France: les sapins, le père noël (saint Nicolas), …
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