Gaudin : “Il faut que nous serrions un peu plus la ceinture des maires de la métropole”
Pressé par l'État, qui en ferait une condition de l'aide massive promise à un grand plan de transports, le président de la métropole veut réduire les 700 millions d'euros par an de reversements aux communes. "Inacceptable" pour certains maires, qui reconnaissent cependant que l'institution "va dans le mur" financièrement.
Gaudin : “Il faut que nous serrions un peu plus la ceinture des maires de la métropole”
Revoyure. Le mot, joliment désuet, désigne souvent des clauses, insérées dans les contrats pour s’obliger mutuellement à renégocier à l’avenir. Entre la métropole Aix-Marseille Provence et les 92 communes qui en sont membres, bon gré mal gré, depuis le 1er janvier 2016, l’heure approche. Ce jeudi, à l’occasion du débat sur les orientations budgétaires 2018, son président Jean-Claude Gaudin a lâché le gros mot : “Nous ne pourrons pas construire le budget de 2019 si nous ne revoyons pas le pacte financier et fiscal, soit avec des ressources supplémentaires, soit en diminuant les compensations aux communes.”
En juin 2016, la jeune institution avait figé quelques principes dans le marbre d’un “pacte de gouvernance financier et fiscal”, notamment celui ne pas toucher aux 700 millions d’euros annuels redistribués par les anciennes intercommunalités vers les communes (lire notre article). Un peu plus d’un an plus tard, de nombreux élus mesurent la contrainte que fait peser ce pacte, ajouté à une harmonisation très progressive de la fiscalité, sur le lancement de grands projets dans le domaine des transports et de l’économie.
“De quoi ils se plaignent ?”
Le président de la métropole multipliait les signaux en ce sens depuis plusieurs mois, mais c’est la première fois qu’il l’affirme ainsi devant le conseil métropolitain. “Nous avons un effort à faire, on ne va pas pouvoir continuer comment ça, prévenait-il déjà en juillet. Les maires empochent 66 % des dépenses, de quoi ils se plaignent ?” Le maire de Marseille était alors particulièrement agacé par le désaccord exprimé par de nombreux homologues aux transferts jugés trop larges d’équipements sportifs et culturels, qui l’avait obligé à reculer. Mais ce chiffre ne tombait pas de nulle part. Quelques jours plus tôt, il avait rencontré “pendant trois heures” la mission interministérielle créée par Manuel Valls pour étudier le financement du projet de réseau métropolitain Métro express.
Las de voir passer les ministres sans que l’aide promise par l’État ne se concrétise, Jean-Claude Gaudin sait à quoi s’en tenir avant de rencontrer le premier ministre Édouard Philippe ce vendredi. Les conclusions, communiquées en fin d’été au gouvernement, sont nettes : “Vous donnez trop d’aides aux 92 communes et pas assez aux projets structurants”, a résumé la semaine dernière Jean-Claude Gaudin, qui officiellement n’a pas eu le rapport mais seulement une synthèse. Aide-toi et l’État t’aidera, en somme. La répercussion ne s’est pas fait attendre : “Il faut que nous serrions un peu plus la ceinture des maires”, a-t-il ajouté. Et le vice-président aux finances Roland Blum, qui gère aussi le budget de la ville de Marseille, de rigoler : “C’est une belle ceinture et je la porterais bien volontiers.”
183 millions gelés avant la métropole
Il faut dire qu’avant la création de la métropole, les maires l’avaient desserrée de quelques crans. Et Jean-Claude Gaudin n’a pas trouvé à y redire lors de son arrivée à la présidence, “car l’hostilité à la métropole était telle qu’il fallait aider les communes pour l’atténuer”, a-t-il justifié ce jeudi. Entre 2013 et le 1er janvier 2016, date de la fusion des six intercommunalités en une, celles-ci avaient pris soin de “geler” 183 millions d’euros par an, selon nos calculs.
Ces reversements vers les caisses communales passent par ce qu’on appelle les “attributions de compensation”. Ce mécanisme sert à l’origine à compenser les effets de la réforme de la taxe professionnelle, tout en tenant compte des compétences transférées au niveau intercommunal. Mais les maires ont chargé la barque en y ajoutant d’autres transferts financiers, de manière à les sanctuariser.
Car s’il n’était pas trop compliqué de trouver une large majorité dans ce sens, le retour en arrière s’annonce moins simple. “Il faudrait une majorité des deux-tiers au conseil métropolitain mais aussi dans des conseils municipaux représentant plus de la moitié de la population, calculait la semaine dernière Jean-Claude Gaudin. On ne va quand même pas faire ça !”
Les “premiers de cordée” se rebiffent
L’État en fait une condition pour débloquer une aide massive ? “Inacceptable”, a répondu ce jeudi Yves Vidal (divers gauche) au nom du groupe d’intérêt communal. “Faut-il être jaloux de ceux qui réussissent ? Faut-il jeter la pierre aux premiers de cordée ? Leur tirer des pierres, c’est faire tomber la cordée”, a-t-il plaidé reprenant à son compte une expression du président Emmanuel Macron. S’il reconnaît que la métropole “va dans le mur” financièrement, il insiste plutôt sur la difficulté pour elle d’assumer les transferts de compétences massifs prévus par la loi au 1er janvier 2018. “Je me pose la question : le tourisme fait-il partie des urgences pour que cette métropole se mette en place ? Sur ma place de village, il y a un lampadaire et un banc : sont-il vraiment d’intérêt métropolitain ?, a-t-il interrogé. On va plomber le fonctionnement.”
Dans l’exécutif du président, certains, comme Jean-Pierre Serrus, chargé du stratégique dossier des transports, poussent toutefois dans le sens proposé par l’État : “Je suis moi-même maire, je suis très attentif à l’aide qui est apportée aux communes, mais nous sommes responsables devant 1,8 million de métropolitains. Nous devons fixer des priorités par rapport à l’intérêt général de ces habitants.” Avec un argument supplémentaire dans la besace de Jean-Claude Gaudin : “Si la métropole réduit un peu la voilure, la présidente du département [Martine Vassal] abondera.” Mardi, la séance d’orientations budgétaires du conseil départemental offrait un contraste saisissant : la collectivité était agréablement surprise de constater qu’elle avait empoché 40 millions d’euros de recettes fiscales de plus que prévu en 2017…
Commentaires
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Gaudin a fait à la métropole ce qu’il avait fait à la Communauté urbaine : une coquille vide, grandiose par ses compétences et son budget, mais ruinée par les reversements aux communes et le droit de véto des maires sur les projets métropolitains dans leur commune.
Il est temps que les communes arrêtent de multiplier servies et fonctionnaires, le tout aux dépends des projets structurants, notamment en termes de transports. Car c’est bien la raison d’être fondamentale de la étropole
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Certains maires feraient bien d’essayer de ne pas sombrer dans le ridicule, comme ce pauvre Vidal, guériniste septuagénaire qui a perdu une occasion de se taire. Réutiliser ici la parabole – par ailleurs contestable – inventée par Macron sur les premiers de cordée, c’est ne jamais avoir fait d’alpinisme.
Ici, le territoire a été historiquement organisé sur la base d’un apartheid social qui se voit très bien sur les cartes produites par l’Insee : une ceinture de richesse autour d’un îlot de pauvreté, Marseille.
Jamais Vidal, divers “gauche” (sic), n’a envisagé une seule seconde que les riches soient solidaires des plus pauvres sur ce territoire, que les premiers de cordée aident toute la cordée. C’est même tout le contraire : tout était fait pour que la corde soit coupée entre les premiers et les derniers… Et tant pis si l’aire métropolitaine souffre de retards immenses qui entravent les déplacements, la création d’emplois, la préservation de l’environnement, etc.
L’Etat a raison de mettre les points sur les “i” : si nos élus sont incapables de dépasser leurs égoïsmes communaux et de faire passer l’intérêt général devant la rénovation de leur salle des fêtes, pourquoi ferait-il un effort ? A quoi sert une intercommunalité si l’essentiel de ses ressources financières est distribué aux communes ?
On aimerait que la hauteur de vue d’un Serrus, un peu trop rare ici, soit plus répandue parmi ses pairs.
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Tout a fait d’accord. Un fois de plus.
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Quand j’étais étudiant dans les années 2000, je faisais un travail sur la vallée de l’Huveaune. J’étais allé à Aubagne, rencontrer une employée de la communauté de communes de l’époque, Garlaban quelque chose il me semble.
Vous auriez vu sa réaction quand j’ai posé la question d’une intégration à la communauté urbaine de Marseille, MPM…
On aurait dit que je lui avais promis les portes de l’enfer. Et la réponse effrayée : “mais non, ce n’est pas possible… et nos chiffres du chômage ?…”
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Je rajouterai juste que si ces zélus faisaient effectivement de la montagne ils sauraient qu’une cordée se doit d’être réversible et solidaire, c’est à dire qu’en cas de besoin (ou d’envie) celui de derrière prend le relais devant, sur le principe de l’unité. Sauf si bien entendu le 1er de cordée est un guide de haute montagne à qui l’on paye la course. Dans tous les cas seule la confiance règne.
On est loin de leurs élucubrations ….
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Les cocus , comptez vous!
Jean Clôde avait promis de ne pas faire ceci ou de ne pas faire cela envers les maires des communes de la Métropole , et patatras il fait tout l’inverse, normal .Normal ,surtout ,quand il octroie des vice présidences en veux tu en voilà aux élus (Et oui les indemnités sont des éléments qui contribuent largement au débat politique).
Mais rien de surprenant , tout ceci est consubstantiel au personnage.
Pour le reste la situation est clairement résumée et malheureusement répétitive sur l’état de nos institutions régionales ou bien métropolitaines.
Effectivement si l’Etat pouvait taper le poing sur la table , cela serait inespéré, voire salutaire.
Allez je vais mettre un cierge à la Bonne Mère , l’on ne sait jamais!
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La décentralisation porte en elle même un péché originel : elle a été conçue et organisée par Gaston Deferre, ministre de l’intérieur en 1981. Le problème vient de l’Etat central qui n’a pas su prévoir depuis par la loi une véritable organisation des territoires et une juste répartition de la richesse fiscale (commerces et industries).
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il aur
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Il aurait fallu réduire le nombre de collectivités (communes, intercos, régions) et supprimer le département et obliger les collectivités à financer 100% de leurs dépenses par leurs recettes propres et leurs impôts au préalable.
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Gaston DEFERRE est mort en 1986 , soit depuis 31 ans, remontons aussi à FLAISSIERES en 1931 puisque nous y sommes.
Donc de l’eau est passée sous les ponts, et GÔDIN nous fait le coup à chaque fois, c’est la faute à Gaston (le fini parti, etc)
Mais rappelez vous donc la parabole des Talents: Qu’a tu fais de ton talent ?”.
Le problème c’est que GÖDIN n ‘a aucun talent sauf celui de l’enfumage.
Tournez vous vers la Métropole de LYON et posez vous les bonnes questions concernant l’incurie marseillaise.
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Oui deux mondes opposés, deux visions politiques, et deux populations qui vivent “différemment” leur métropole (ou ce qui en tient lieu pour Mareille). Comment peut-on encore accepter en 2017 ce type d’élus?
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Godin l’enfumeur … j’aime !
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