Trois plaintes visent le directeur de l’école privée Ozanam
Ouverte en 2014 à Saint-Just, le projet mis en avant par l'école privée du Cours Ozanam est grand : offrir aux enfants des cités un avenir meilleur par le biais de l'éducation. Mais le statut "libre" de l'école semble aussi ouvrir la porte à de nombreuses dérives. Une enquête préliminaire ouverte sur le sujet par le parquet de Marseille a été classée sans suite.
L'entrée de l'école primaire du Cours Ozanam, dans le 13e arrondissement.
Classement sans suiteLes trois plaintes qui visaient le directeur de l’école Ozanam ont finalement été classées sans suite après une enquête pénale. Le motif du classement est l’absence d’infraction. Ce classement sans suite est intervenu à la fin de l’année 2017.
Le recteur de l’académie Aix-Marseille est soucieux en cette fin juin, veille des vacances. Le train dans lequel il voyage a plus d’une heure de retard. Plus que de ne pas arriver à l’heure, c’est la raison de ce retard qui l’inquiète. Le Samu et les pompiers ont dû intervenir en gare d’Avignon suspectant l’intoxication alimentaire d’enfants en voyage scolaire. Finalement, seul l’un d’entre eux partira aux urgences pour une insolation. Mais entre Avignon et Marseille, les parents d’élèves, assis sans le savoir à côté du recteur, s’indignent de l’attitude passive du directeur de l’école, se trouvant lui dans un autre wagon avec les enfants. Ils évoquent d’autres dysfonctionnements dans la gestion de cette école. “Ce voyage nous a rapprochés et nous a ouvert les yeux sur des choses graves”, explique a posteriori une mère accompagnatrice. Une fois à Marseille, Bernard Beignier interpelle l’une des mamans. “Il m’a dit qu’il travaillait à l’académie, m’a donné son numéro de téléphone et m’a dit de l’appeler en cas de besoin”, raconte Sandrine qui, sans le savoir, vient d’obtenir le numéro personnel du recteur de l’académie.
Depuis ce jour, trois plaintes* ont été déposées par des parents d’élèves du Cours Ozanam, école privée hors contrat qui a ouvert ses portes en 2014 à Saint-Just, dans le 13e arrondissement de Marseille. L’année dernière, 35 enfants y étaient scolarisés. La première plainte a été déposée juste après l’incident survenu dans le train. “Mon fils claquait des dents et le directeur n’a pas bougé de son siège”, explique la mère de l’enfant qui a dû être transporté aux urgences. Chahida a ainsi porté plainte pour non-assistance à personne mineure en danger.
“Nous les changerons d’école”
Rapidement, d’autres recours en justice ont suivi visant directement le directeur de l’école et pouvant aller parfois jusqu’au motif de violences sur mineur. Les trois familles à l’origine de ces plaintes ont par ailleurs décidé de retirer leurs enfants de l’établissement. D’autres parents envisagent d’en faire de même. “Mon mari et moi sommes inquiets avec tout ce qui s’est passé, mais il était trop tard pour les changer d’école. Nous allons bientôt déménager et nous les changerons d’école pour sûr à ce moment-là”, explique Clara*.
Il y a quelques mois pourtant, tous étaient persuadés que cette école si particulière allait mener leurs petits sur le chemin de la réussite scolaire grâce à une pédagogie alternative. Gérée par l’association Ambition-Cité, l’école du cours Ozanam dépend de la fondation Espérance banlieues dont la mission principale est de “favoriser le développement d’écoles indépendantes au cœur des banlieues”, peut-on lire sur leur site. Il s’agit bien là d’une école hors contrat, c’est-à-dire d’une école qui n’est pas contrainte par le programme de l’Éducation nationale et qui gère librement son temps scolaire. Encensé la plupart du temps par les médias, le projet Espérance banlieue compte une petite dizaine d’établissements dans toute la France. “Quand j’ai vu à la télé qu’une école privée, à seulement 50 euros par mois, allait ouvrir en bas de chez moi, je me suis dis Bingo! Il y a enfin une justice !“, se souvient Aziza, qui porte aujourd’hui plainte contre le directeur de l’école où elle a scolarisé sa fille.
Un établissement aux méthodes strictes
À Marseille, l’école Ozanam est présentée comme un lieu sécurisé, un établissement aux méthodes pédagogiques adaptées où l’on valorise l’enfant tout en l’éduquant dans un cadre strict. Vouvoiement de rigueur, port de l’uniforme, levée du drapeau français tous les matins, services de ménage et de vaisselle à tour de rôles, effectifs réduits, système de remise de médailles aux plus méritants… Le cours Ozanam a très vite séduit ces parents fâchés avec le public, soucieux de l’éducation de leurs enfants et inquiets pour leur sécurité. “Ça tirait de partout aux Lauriers. J’ai cru bien faire mais je me rends aujourd’hui compte que j’ai enlevé ma fille du public pour la mettre aux Baumettes”, lance carrément la mère d’une élève du Cours Ozanam, voyant le cadre strict proposé au départ se transformer en mauvais traitements.
Plusieurs personnes ont fait état à Marsactu d’une forme de violence au sein de l’école du cours Ozanam. Rencontrée dans son appartement de la résidence Bellevue, Sandrine affirme en avoir été témoin. Elle se souvient tout particulièrement du “jour du cross” en juillet dernier où elle a vu “le directeur lever la main sur [s]a fille”. Sandrine est a l’origine de la plainte pour violence sur mineur. C’est après cet incident qu’elle décide d’accompagner sa fille au commissariat, soit deux ans après l’avoir scolarisée à Ozanam. “La première année il avait déjà levé la main sur elle. Il m’avait alors dit qu’il l’avait bousculé car elle se mettait en danger. Mais il l’a frappée à nouveau, elle et d’autres enfants. Il l’a séquestrée dans les toilettes, dans des salles de classes fermées à clef. Après la punition, il leur dit que ce qui se passe à l’école reste à l’école. Que le secret qu’ils ont dans le cœur ne doit pas être divulgué ou je ne sais pas quoi. Je ne me suis pas rendue compte. Je m’en veux”, confie-t-elle, passant de la haine aux remords. Dans cette plainte, dont Marsactu a pu consulter une copie, la fille de Sandrine raconte qu’elle et ses camarades sont parfois punis par le biais de la violence physique, pouvant leur occasionner bleus et douleurs. Se souvenant qu’elle avait enregistré dans son téléphone le numéro “d’un monsieur de l’académie”, Sandrine décide également de contacter cet homme pour l’alerter.
Une enquête du rectorat
“Nous avons reçu deux mamans très mécontentes. L’académie va regarder de près ce dossier mais cette école n’est pas sous contrat avec l’État. C’est pourquoi elle a échappé à nos radars. Notre seul levier d’action, c’est de nous pencher sur les conditions de sécurité de l’encadrement de ces jeunes. Il va maintenant falloir déterminer s’il s’agit d’un concours de circonstance ou d’un événement révélateur”, a répondu à Marsactu le recteur d’académie en référence à “l’épisode du train”. Mais les mauvais traitements d’une équipe pédagogique envers des enfants restent difficiles à déceler pour l’académie. “Ce n’est vraiment pas le plus simple. Il faut auditionner les parents, les enseignants, les enfants, le directeur…”, détaille un inspecteur d’académie. Du côté de la police, on confirme que l’affaire est “sensible”. “La plainte pour violence sur mineur de moins de quinze ans est prise au sérieux. Elle a été transmise au parquet”, précise-t-on à la direction départementale de la sécurité publique des Bouches-du-Rhône.
Christophe Certain, le directeur du Cours Ozanam, assure pourtant ne jamais punir violemment les enfants, bien au contraire. “C’est calomnieux, quand j’ai appris que l’on me reprochait cela, je suis tombé de ma chaise. Nous n’utilisons même pas le terme de punition dans l’école car nous sommes soucieux d’adopter une pédagogie positive basée sur la valorisation de la réussite. S’il y a sanction, elle doit être utile et permettre à l’enfant de rebondir.” Pour ce qui est de la non-assistance à personne en danger le directeur du Cours Ozanam a une toute autre version de l’épisode du train. “Je suis immédiatement allé prévenir la maman dont l’enfant était malade. Ensuite j’ai estimé qu’il y avait assez d’adultes autour de lui et qu’il valait mieux que je reste avec le groupe, insiste le directeur. Mon comportement a été très professionnel et si c’était à refaire j’agirais de la même manière, c’est-à-dire avec professionnalisme.”
“On nous a vendu du rêve”
La dernière plainte déposée à l’encontre du directeur de l’école du Cours Ozanam date du 8 août dernier. Voyant sa fille maltraitée par un autre élève, Aziza a elle aussi décidé d’avoir recours à la justice. Dans sa plainte, qui a pour motif l’abus de confiance, elle précise, entre autres faits : “Ce que je reproche au directeur c’est de garder un enfant dans une structure qui n’est pas adaptée sans même l’aide d’une AVS.” Mais Aziza y mentionne un autre problème. “Ma fille m’a dit que le directeur parlait très souvent de la religion chrétienne”, a déclaré cette musulmane très croyante, comme beaucoup d’autres parents du cours Ozanam.
Les liens entre la religion catholique et l’école du cours Ozanam sont en effet très étroits. Le vice-président du conseil d’administration d’Ozanam n’est autre qu’Aymeric O’Neill, fondateur de la Maison Bernadette, association dont les locaux se situent à quelques pas de l’école Ozanam et qui se veut être “une grotte de Massabielle où l’humanité blessée est accueillie et où les membres portent dans la foi la souffrance et les blessures du quartier et des habitants, et sont appelés ainsi à vivre le mystère de la Compassion”, bref “un lieu où Jésus tient la première place”, comme l’indique le site de l’association. Si l’école se veut elle “aconfessionnelle” comme le rappelle son directeur, plusieurs sources indiquent le contraire.
En juin dernier, avant les grandes vacances, plusieurs parents, dont ceux qui ont finalement eu recours à la justice, ont souhaité rencontrer le directeur de l’école pour lui faire part de leurs nombreuses inquiétudes. Après deux heures de réunion et face à un directeur quasi muet, certains parents n’ont pu contenir leur émotion. “Je leur ai confié mon fils ! La prunelle de mes yeux ! J’y croyais en ce projet, je la trouvais belle cette école! Aujourd’hui, je me prends une grosse gifle !”, s’exclame Chahida, avant d’éclater en sanglots. Autour d’elle, une poignée de mères la réconforte : “Tu ne pouvais pas savoir Chahida, on nous a vendu du rêve…”. Cette année le cours Ozanam ouvre pour la première fois une classe de collège.
Mise à jour le 07/09/17 à 11:19 : Modification du titre. Nous avions titré un peu hâtivement “Trois plaintes pour violences visent le directeur de l’école Ozanam”, alors qu’une seule des trois plaintes a pour motif “violence sur mineur”.
Commentaires
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Ce que nous dit surtout cette affaire, au delà de certains fais qui devront être actés par la justice, c’est la faillite de l’école publique, de l’école républicaine. Les dernières péripéties marseillaises des classes délabrées par manque d’entretien ne sont que la conséquence du laisser aller indigne des pouvoirs publics, état, régions et bien sûr, municipalités. Pourquoi autant d’écoles privées? Chercher l’erreur…
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Oui enfin là c’est surtout la faillite de cette école privée.
(Même s’il est évident que la ville ne fait pas assez pour les écoles publiques).
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Fabuleux. Même quand l’article ne parle que d’une école privée, c’est la faute du public … Bien sûr il y a beaucoup à dire sur le public, mais Marsactu a déjà fait beaucoup d’articles sur le sujet, pas besoin de faire du hors sujet pour en remettre une couche.
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Evidemment d’accord avec « darkvador ».
Le « statut libre » de cette école, ne lui permet pas quand même d’organiser n’importe quoi, n’importe comment. La scolarité étant obligatoire en France de 6 à 16 ans, les institutions ont le devoir de s’en mêler (comme ils se mêlent du cas des enfants éduqués chez eux)….On peut comprendre les difficultés, cependant leur responsabilité reste entière sur ce sujet.
Il est effectivement significatif que sous couvert de sécurité des parents se fassent manipuler de la sorte.
Cette faillite de l’école publique est énorme, et cela fait le lit de personnages et associations sans scrupules qui au mieux espèrent faire du fric sur le dos des parents, au pire font n’importe quoi.
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Non, la scolarité n’est pas obligatoire en France ! Ce qui est obligatoire c’est l’instruction. Les inspecteurs d’académies sont obligatoirement envoyé une fois par an pour vérifier qu’il y a véritablement une instruction qui permettra d’atteindre le niveau du socle commun de connaissances de compétences et de culture. Pour le reste, vie dans l’établissement, modalité d’enseignements, progressions suivies, … n’est pas de leurs ressort. Pour les jeunes qui restent dans la famille une assistante sociale passe aussi tous les deux ans. Elle devrait peut être aussi passer dans les établissements hors contrat.
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Je suis stupéfait par les commentaires : si un dealer intoxique des gens, c’est la preuve que les pharmaciens ont tort ?
Il serait bon aussi d’interroger le délire marseillais sur les écoles privées : c’est la seule ville de France, je le dis alors que j’ai pas mal déménagé dans ma vie, où lorsque je cherchais à me loger, les agences immobilières ne m’indiquaient que les écoles et collèges privés du quartier ! Une des rares où on se sert des services sociaux de la ville pour aider les personnes qui mettent leur enfant dans une école privée à payer la cantine ; la première où j’ai vu la situation bloquée dans mon quartier le jour de la rentrée scolaire parce que le maire se rendait dans une école privée. Et il m’est arrivé dans les quartiers nord où je travaillais de devoir montrer à des parents qui n’en croyaient pas leurs yeux les résultats aux examens des collèges et lycées, pour que ceux-ci consentent enfin à réfléchir sur ce qu’ils faisaient en se saignant pour mettre leurs petits dans le privé : à part quelques établissements hypersélectifs (où règne l’entresoi social), non le privé ce n’est pas “mieux que le public”, mais ça fait beaucoup mieux sa pub que le public et surtout ça cache beaucoup mieux que le public ce qui ne va pas. J’en ai encore l’exemple l’an dernier dans mon quartier, où un très grand nombre de parents de CM2 ont inscrit leurs enfants dans des collèges privés parfois lointains, en se targuant d’on-dit et de plaquettes publicitaires, et n’ont même pas visité le collège du quartier. Et parmi les élèves circulait une rumeur situant dans ce collège un fait divers… qui en réalité s’était produit trois avant auparavant ailleurs, et impliquant un ancien élève de ce collège !
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et ce n’est pas fini ! l’école publique est bradée tant par l’état que par la municipalité et les écoles à fabriquer des ignares ont encore de beaux jours devant eux tant que les pouvoirs publics continueront à leur distribuer l’argent de nos impôts …
Il y a à Marseille aussi un certain snobisme à mettre ses enfants dans le privé où il n’y a pas, ou peu, d’arabes ni de noirs qui tout le monde le sait, sont moins intelligents que les têtes blondes et retardent leurs petits génies !
C’est hélas une triste réalité bien ancrée chez les sots à vue courte .
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Je ne fais que lire un article qui parle d’un sujet identique à certaine école publique!! Depuis 3 ans je dénonce la même situation dans une école de Martigues!! Mais là, silence total parce qu’elle est publique!! A cause du droit de réserve tous les adultes sont complices!! Voilà la 1ere cause de maltraitance!!
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Voilà qui ne m’étonne pas.
J’ai du il y a quelques années, retirer mon enfant du public : lui qui adorait l’école, ne voulait plus s’y rendre depuis sa rentrée avec une nouvelle instit qui s’est avérée être maltraitante. La manière dont sa hiérarchie (direction de l’école et rectorat) ont géré les plaintes de 2 familles (alors que sur 29 élèves seuls 6 échappaient aux “punitions physiques”) fut révélateur de leur premier souci : étouffer l’affaire.
Lors de l’enquête, il s’est avéré que l’institutrice incriminée avait été déplacée dans cette école suite aux plaintes des parents de l’école où elle officiait auparavant !
Des menaces et intimidations ont été proférées par sa direction : nous devions retirer nos plaintes ou des enquêtes sociales seraient lancées à charge contre nous. Ayant retiré mon enfant de l’école afin de la protéger, j’ai du le scolariser dans le privé car comme me l’avait prédit la directrice : “je suis très amie avec les directrices des écoles alentour et vous ne pourrez plus l’inscrire dans le public.”
J’ai évidemment informé le Parquet de ces manœuvres infâmes. Le rectorat a tapé sur les doigts de la directrice (alors qu’entre temps elle avait fait un signalement mensonger aux services sociaux ce qui est un délit aggravé par son statut de fonctionnaire public) : rétrogradation d’indice et séances de mise à niveau auprès de l’inspecteur d’académie du secteur. Lequel avait également tenté et de maintenir à son poste l’instit maltraitante et m’avait convoquée pour me faire retirer ma plainte !
Quant à la brute qui se prenait pour une instit, elle s’est mise en arrêt maladie à répétition (pour maintenir son salaire) et a été “condamnée” à 2 ans avec sursis et mise à l’épreuve. Mais est toujours fonctionnaire !
Mon erreur à l’époque est d’avoir cru dans le bien-fondé du système tant l’enseignement que le judiciaire. Si c’était à refaire je referai la même chose mais je prendrais un avocat, me porterais partie civile tout en sollicitant l’appui d’élus.
Parce qu’ici Madame, c’est comme ça que ça se passe.
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” Vouvoiement de rigueur, port de l’uniforme, levée du drapeau français tous les matins, services de ménage et de vaisselle à tour de rôles, effectifs réduits, système de remise de médailles aux plus méritants… ” puisque des parents rêvent de cette éducation pour leurs enfants…qu’ils s’en prennent à eux-même…Pauvres gosses!!!
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Eh bien, comme déjà indiqué par certains, il importe de souligner que, dans le contexte marseillais, le premier responsable hors concours du remplissage, à saturation , des écoles privées est bien la municipalité Gaudin qui laisse dans un état d’abandon très graves les écoles publiques, qu’il s’agisse des locaux et de la sécurité, du chauffage, de l’encadrement ,de la cantine… Gaudin est,déjà par ce biais, en tant que Maire, le premier en france pour le soutien à l’école privée. A cela se rajoute le soutien permanent de la ville à ces écoles et le fait, précisément documenté en d’autre temps par Marsactu, que la dotation de la ville par élève du privé est la plus élevée de france. Le tout majoré par ses entre soi à lui, et par ses acointances marquées avec l’opus dei…
– Le second responsable est bien sur le conseil général (gogo et guégué comme d’hab) qui par sa politique d’implantation de collège totalement déficiente pour marseille (allez savoir pourquoi… c’est pas du tout ou beaucoup moins le cas dans tout le reste du département) accélère la fuite vers le privé. Un exemple: Voilà déjà 11 ans, dans le quartier où j’habitais, il n’y avait pas de collège (rassurez vous, ça n’a toujours pas changé, et la situation que je développe ici perdure encore à ce jour.). Donc on divisait le quartier, et la résidence où j’habitais, de 100 logements, en trois, et on envoyait les piou piou dans 3 collèges, sur trois quartiers très éloignés. Mon fils par exemple devait passer d’un environnement “résidence” au collège de frais vallon (ils étaient trois enfants concernés…) et pour ce faire se fader un trajet de 50mn: bus de bout de ligne (les pires!), métro pour un trajet entre deux stations, puis 800m à pieds traversant la cité frais vallon. (le tout calculé à 3 reprises, montre en main). Voyez le genre et ne vous forcez pas pour imaginer le résultat conséquent: 85 à 90% des élèves fuitant dans le privé, 15 à 10% parmi les heureux élus du découpage, dans le collège le plus proche (Romain Rolland).
_ Deux ou trois choses qu’il convient de souligner au passage: 1 La dispersion contrainte des enfants, entre pairs et sur nombre de quartiers, la perte de relations entre copains copines depuis le cp, à l’age de 10 11 ans, n’est pas pour rien, très loin s’en faut, dans les difficultés éducatives et de socialisation des pré ados marseillais, augmente les difficultés d’insertion et le mal être fort possible à cet age, et transforme nombre de résidences ou de lotissement en environnement vide de tous jeux, en déserts éducatifs,en mornes plaines! Il conviendrai que, parmi nos sociologues d’aujourd’hui, addicts au big data, certains se dévouent à bien vouloir quantifier et étudier ce phénomène, et en quoi il contribue à donner à notre ville sans pareille, un certain nombre de ses caractéristiques délétères. Pour exemple et en la matière, cela aurait un intérêt, et un rapport au réel, aussi marqué que l’étude en cours sur les résidences fermées.2 Lorsque cette dispersion obligée se double d’une migration, tout aussi forcée, résidence ou “”noyaux dits villageois”” vers une cité (dans l’exemple cité frais vallon et busserine) vous imaginez à quel point cela exacerbe le sentiment de xénophobie, la peur du monde de l’Autre (côté de la rocade )et le “on est plus chez nous/on est chez nous”. L’ exemple cité ci dessus étant dans le 13è, ceux qui ne prennent pas en compte cet aspect là des politiques publiques, ne peuvent rien comprendre à l’élection de ravier. 3 Ceux qui nous bassinnent à chaque élection et dans l’entre deux, sur l’impératif devoir moral de ne pas voter blanchâtre et de faire barrage à, peuvent se lever matin, pour faire barrage au sentiment d’effroi qui s’empare de 40 et quelques % de ma résidencevacraquer . Surtout si ça consiste à aller voter pour géguo ou gogué, qui ont fait l’essentiel du boulot! Quand ravier continue à fermer les rares lieux de rencontre et de mixité sociale, il sait que sa force vient du fait qu’il ne contrevient pas aux tendances lourdes de la gestion publique de ces espaces, mais que ça fait que les prolonger (et il aime bien lancer le bouchon un peu loin).
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_ (suite après un petit ravitaillement en vol, du Maury mais chut, je suis anti pub). Il convient bien sur de ne pas oublier le 3è larron, l’état, déficient en général, mais particulièrement ici (allez savoir pourquoi). Je reprends l’exemple cité ci dessus : Ma lettre de demande de dérogation, très explicitée et motivée, n’a reçu que tardivement une réponse type, la même que des voisins invoquant des motifs très différents des miens (médicaux par exemple). Une visite au responsable du service m’a valu, après délai d’attente idoine, une double déconvenue: le dossier était censément égaré. – on m’a expliqué (histoire de détendre l’atmosphère) qu’il pouvait avoir été dispersé par un coup de mistral lors de l’aération des locaux, on est à marseille!!! Je me suis donc appliqué à faire regretter la chose à l’auteur de la plaisanterie. Fort bien conseillé, j’ai donc écrit à l’inspection d’académie, indiquant que le refus de dérogation était nul et non avenue pour trois motifs et que, sauf règlement rapide, j’entamais une démarche auprès du tribunal administratif, adossé à un recours en référé, indiquant les jurisprudences concernées. Je reçu très vite une réponse téléphonique du…cabinet du recteur (que je n’avais jamais croisé dans un train), m’indiquant que ce n’était qu’un malentendu, que ça serait arrangé très rapidement et que la réponse était positive, ce qui fut très rapidement confirmé. Je reçu aussi, dix jours après, un courrier officiel de l’inspection d’académie m’indiquant en substance, que cette administration ne construisait pas de collèges, et me conseillant de bien vouloir réserver mes observations au Conseil Général… (jeu dit de “la patate chaude”). Dernier élément d’information, cerise sur le gatô, parmi les motifs invoqués contre le refus, il y avait le suivant : Le texte de référence invoqué pour ce refus (conformément à l’article X de la loi Y du…) concernait une loi qui n’existait plus, qui avait été abrogée par le conseil d’état 10 ans auparavant…!!! Bon, du fonctionnaire plaisantin à la teneur du courrier, en passant par la non prise en compte du contexte (du réel) et des motifs…voyez le genre! (allez, y’a prescription,ça fait près de 12 ans).
_ Plus essentiellement l’état est responsable dans la durée du fait de la décentralisation de 1982 (mittérandienne) qui, mettant les établissements scolaires sous la responsabilité des collectivités locales, a permis, même si c’était sans doute pas le but c’était en pleine connaissance de cause, là aussi là encore, le plein développement des inégalités. On n’est pas élèves pareil à marseille ou à Cannes, à Deauville, ou même à Aix (la simple comparaison de l’organisation des cantines ou des activités péri scolaires, laissent pantois, dans ce dernier cas.)
Bon la ville de marseille en reprend pour son grade au passage, puisqu’il s’agit de la loi Defferre, qu’on nous a vendu comme un éminent progrès de la démocratie (à la castellane ou à la bussérine) et la grande majorité fut crédule, puisqu’il s’agissait à l’époque de rien moins que de “changer la vie”. Combien de responsables politiques nationaux sont venus depuis, nous crachoter dans le micro qu’il convenait de “sanctuariser” l’école face à la crise, en oubliant quelques facteurs primordiaux de cette “crise”, et en oubliant qu’ils l’avaient volontairement “désanctuarisée” au moment opportun!
Au total, la ville de marseille est bien, contrairement à ce que nous indique nombre de sociologues, un cas très particulier, car il faut prendre en compte, au delà des caractéristiques csp et autres les mode de gestion publique de ses populations (c’est là que le bat blesse, et pas légèrement, surtout sur la durée du defferrisme).A Marseille, sans aucune commune mesure avec le reste du pays (la métropole), une foultitude de gens mettent leurs gosses dans le privé parce qu’ils n’ont pas le choix. Exception faite des écoles qui se veulent l’élite et verrouillent les entrées (comme ailleurs), cette abondance de candidats ne pousse pas les écoles concernées à un effort surhumain de qualité, et il en résulte que le privé suit la même tendance, vers le bas, que le public. (beaucoup de gens qui prônent les vertus de la concurrence aiment bien eux aussi les situations où il n’y en a pas. Et de toute façon, c’est sans issue : quand la chose commune, la Res Publica s’abaisse, elle entraine tout dans sa chute.) Les marseillais sont en première ligne, en matière d’inégalités sociales, en particulier en matière de service public et surtout d’éducation, et donc en matière d’accés au droit. M’accordant au final une dérogation, le rectorat prenait peu de risque: la grande majorité des victimes voisines de la même situation n’avait pas fait cette démarche et pour la plupart de ceux qui l’avait faite c’était de pure forme, pour voir, au cas où… Quand on est “plus chez nous” c’est d’abord qu’on est victime, puis qu’on a renoncé à exiger le respect de ses droits, et à se battre pour, et il en résulte qu’on se sent plus vraiment chez…soi, puis qu’on se rend compte qu’on n’est pas seul dans ce cas, puis que quelqu’un vient vous dire que c’est la faute à…à..(d’autres victimes) mais qui…mais que, si…
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Ce sont les communes qui dotent financièrement (pour l’achat de fournitures, etc.) leurs écoles (publiques & privées sous contrat). Sur les deniers des contribuables marseillais sont ainsi versés environ 30€ par enfants dans le public contre le double pour le privé, merci gaudin! Olala, l’école publique faillit à ses missions!
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