[Macron Leaks] Une conseillère régionale de la majorité Estrosi salariée d’En Marche

Avant d’annoncer sa démission au lendemain du second tour, Christian Estrosi avait laissé une grande liberté aux élus de sa majorité décidés à soutenir Emmanuel Macron. Lui-même avait donné un signal fort en recevant en pleine campagne le candidat En Marche à l’hôtel de région. Un échange issu des Macron Leaks, que Marsactu a exploré pour en tirer les éléments d’intérêt public, montre qu’une conseillère régionale a même été embauchée dans l’équipe de celui qui allait être élu président de la République.

À 26 ans, Éléonore Leprettre n’est pas la plus en vue des conseillers régionaux. Élue dans le contingent Modem de la liste de Christian Estrosi dans les Bouches-du-Rhône, elle s’est engagée pleinement dans la campagne d’Emmanuel Macron. Elle a fini par intégrer le staff du candidat le 1er avril pour la dernière ligne droite de la campagne.

Celle-ci semble avoir été poussée directement par le Modem de François Bayrou pour intégrer l’équipe. Alors, quand son contrat tarde à être signé, c’est Marc Fesneau, le secrétaire général du parti, qui s’en inquiète, selon un mail exhumé dans les Macron Leaks. “Sans encore m’en affoler mais… je voulais vous indiquer que Elénore (sic) Leprettre n’a toujours pas eu son contrat à signer conformément à l’accord que nous avions ensemble”, écrit-il le 21 avril à Grégoire Potton, le directeur des affaires générales d’En Marche. Ce dernier expliquera qu’il s’agit d’un retard général des contrats pour rassurer Fesneau.

Candidate à la candidature aux législatives

Interrogée par nos soins, Éléonore Leprettre confirme sans aucun problème avoir intégré l’équipe de campagne au mois d’avril. “La question de ce poste a été posée aux Jeunes démocrates et comme je suis au chômage depuis février et que j’ai une expérience dans la communication, j’avais le profil. J’ai assuré la coordination entre les équipes Modem et En Marche sur le terrain, explique-t-elle. Le but, c’était de mettre de l’huile dans les rouages pour que tout se passe au mieux.”

Celle qui est aussi vice-présidente des Jeunes démocrates, confirme que cet engagement n’a pas causé de difficultés au sein de la région : “Christian Estrosi nous a laissé une très grande liberté tant que l’on respectait la solidarité de groupe à la région, commente-t-elle, il nous a aussi demandé de ne pas nous présenter contre d’autres conseillers régionaux.” Ainsi, Eléonore Leprettre qui espère être investie Modem/En Marche aux législatives dans une des circonscriptions marseillaises ne se présentera pas dans la 3e et la 7e, où ses collègues Richard Miron et Arlette Fructus ont respectivement été investis par LR et l’UDI.

Ira-t-elle jusqu’à les soutenir face à un candidat En Marche ? “Je garderai un devoir de réserve”, élude-t-elle, résumant ainsi les limites de son double engagement. Interrogé sur cette potentielle investiture, le président du groupe LR/UDI/Modem à la région Pierre Paul-Léonelli n’a pas souhaité s’exprimer sur une telle double casquette : “Pour l’instant, ce n’est pas le cas et je ne réponds pas aux questions qui ne se posent pas.”