[Macron leaks] Masse, Chamassian et Cristiani seront-ils candidats En marche ?

[Macron leaks] Masse, Chamassian et Cristiani seront-ils candidats En marche ?

“Le mouvement En Marche ! a été victime d’une action de piratage massive et coordonnée.” Vendredi soir, dans la dernière ligne droite de la campagne officielle pour la présidence de la République, l’équipe d’Emmanuel Macron annonçait la fuite de nombreux mails internes. Ces “Macron leaks” étaient vite mis en ligne et diffusé par des opposants au nouveau président mais aussi par l’organisation Wikileaks. Parmi ces documents, un tableau des candidats du mouvement dans les Bouches-du-Rhône était mis en ligne. Cette liste a fait entrer en ébullition la petite marmite d’En marche 13 (lire notre article).

Capture d’écran du fichier mail, une fois ouvert par nos soins dans un logiciel de messagerie.

Outre l’interrogation sur une éventuelle manipulation, ce qui irrite sans doute le plus les adhérents d’En Marche est la présence récurrente d’élus clairement identifiés comme appartenant à la galaxie de l’ancien patron du PS13 et président du conseil général, le multi-mis en examen Jean-Noël Guérini. Et ce alors que les investitures sont censées être guidées par l’exigence de renouvellement et de probité.

L’anti-métropole Cristiani et la protégée de Narducci

Principale surprise de ce tableau, le président de l’union des maires et candidat Force du 13 aux départementales, Georges Cristiani est présenté “en vert” dans la 10e circonscription des Bouches-du-Rhône. L’élu de Mimet, qui tient à son statut de maire sans étiquette, refuse de confirmer qu’il a fait acte de candidature mais glisse “j’ai voté Macron“, sans vouloir préciser si c’était aux deux tours.

Outre ce passé guériniste, le choix de cet opposant à la métropole et aux quotas de logements sociaux dans une circonscription où le sortant écolo François-Michel Lambert se représente étonne. 14 jours avant l’envoi de ce mail, lors du meeting de Marseille, le député de Gardanne était le seul a être cité par Emmanuel Macron à la tribune à propos d’économie circulaire dont il est un ardent défenseur.

La même couleur verte semble valider la candidature de Jean-Luc Cosme dans la 13e circonscription (Martigues, Fos et Istres). Ce conseiller municipal martégal, ex socialiste et ex Force du 13, le parti de Jean-Noël Guérini, avait annoncé fin avril qu’il avait déposé sa candidature pour le parti macroniste. Dominique Giner, la protégée de Lisette Narducci, binôme de Guérini aux départementales, serait quant à elle présentée comme une candidature “à tester” dans la 4e circonscription. Elle est bien candidate mais indiquait dimanche ne pas avoir reçu de coups de fil du national. “Mais je n’ai pas encore regardé mes messages ce soir”, ironisait-elle.

Masse en ballotage ?

Le cas de la 3e circonscription est plus complexe. Très actif en soutien de la candidature d’Emmanuel Macron, le socialiste Christophe Masse était vice-président du CG 13 et président de 13 Habitat y serait en ballottage. L’autre postulant mentionné, dont le profil semble davantage coller avec les canons de la commission d’investiture, est Saïd Ahamada, dont le nom apparaît écorché en Alameda. “Déjà qu’il n’y a pas un nom issu de la diversité dans cette liste, ils ont réussi à le transformer en espagnol”, moque un militant qui lui-même n’apparaît pas.

“Cela n’est pas cohérent, s’étonne une source d’En marche 13. Le nom de Saïd est connu depuis longtemps au national. Surtout il est positionné sur la 7e circonscription. Il est élu du 15/16.” Dans le tableau, cette 7e circonscription apparaît vide. Le principal intéressé confirme que sa candidature dans la 3e circonscription a bien fait partie des “scénarios qui tournent mais, en ce moment, cela change toutes les heures”. Même s’il se décrit en bon soldat du mouvement, prêt à partir où sa candidature aura du sens, Saïd Ahamada vise clairement la 7e circo où il a déjà mené campagne.

“On l’a checké”

Capture d’écran de la conversation.

Cristiani, Cosme, Giner, Masse : ces noms détonnent d’autant plus que la tentative de recyclage d’élus marqués par leur proximité avec l’ancien boss du 13 est bien connue jusque dans les cercles parisiens du mouvement. En témoigne la manière dont a été reçue la candidature de l’ancien conseiller municipal Pascal Chamassian, conseiller des 11e et 12e arrondissements apparenté PS, lui-même proche de Christophe Masse. Selon une série de mails extraits de la fuite et que nous avons pu mettre au jour, le 5 février, un adhérent d’En marche, figure locale de l’économie sociale et solidaire, Tarik Ghezali écrit à Cédric O pour lui recommander la candidature de Pascal Chamassian. Il fait de lui un amical éloge et l’imagine face à Dominique Tian, dans la 2eme circonscription du sud. Ce qu’il confirme aujourd’hui : “C’est quelqu’un que je connais bien et que j’apprécie. Ce travail de réseau fait partie de mon engagement militant”.

Le 19 février, Cédric O transmet à Pierre Person, le fondateur des Jeunes avec Macron qui répond quelques heures plus tard : “On l’a checké, le pb [poblème, ndlr] c’est qu’il est anciennement guériniste et que Guérini essaye de nous en caser insidieusement…” Là encore, le filtre semble n’avoir pas eu d’impact. Pascal Chamassian apparaît bien dans le tableau dans la 1re circonscription à l’est de Marseille, face à la sortante LR Valérie Boyer.

Contacté, le secrétaire général de la commission d’investiture Samuel Deguara confirme ce que nombre d’acteurs locaux soulignaient déjà : “Les investitures seront présentées au plus tard jeudi midi. D’ici là, rien n’est acquis, tout peut bouger, même si on ne va pas s’amuser à changer les 577 noms. Des gens qui sont actuellement dans le tableau peuvent ne plus y être, a fortiori pour des gens qui y étaient le 15 avril.” A fortiori si la publication de leur nom a fait remonter des aigreurs locales.

Le tableau que nous publions aujourd’hui est extrait d’un mail qui aurait été envoyé le 15 avril par Stéphane Séjourné, un des conseillers d’Emmanuel Macron, à Cédric O, membre de la commission nationale d’investiture. Nous n’avons réussi à joindre ni l’expéditeur ni le destinataire pour confirmer auprès d’eux l’authenticité de ce mail.

Le mouvement En marche ! a confirmé samedi avoir “été victime d’une action de piratage massive et coordonnée”, tout en prévenant que “ceux qui font circuler ces documents ajoutent à des documents authentiques nombre de faux documents afin de semer le doute et la désinformation“.

Nous ne cautionnons évidemment pas ce genre d’attaques malveillantes (selon Libération, un site de “réinformation” pro-Trump serait le premier à avoir relayé ces documents). Cependant, ces mails étant désormais sur la place publique, nous avons pris le parti de les explorer pour n’en conserver que les données d’intérêt public.

Pour l’heure, concernant le tableau des investitures dont nous parlons dans cet article, Marsactu est à tout le moins en mesure de confirmer les velléités de candidature de la plupart des personnes listées. Y compris celle de noms bien moins médiatiques que ceux cités plus haut. Ils n’avaient pour l’heure pas filtré,  ce qui nous semble limiter fortement la probabilité que le document soit un faux.

Dans la 2e circonscription des quartiers Sud marseillais, Claire Pitollat tombe des nues. Effectivement, elle fait partie du comité local et a “proposé ses services au national” mais assure n’avoir plus de nouvelles depuis. Dans une autre circonscription, une militante qui souhaite rester anonyme confirme avoir bien fait acte de candidature : “J’ai été appelée pour un entretien très fouillé début avril mais je n’ai pas eu de nouvelles depuis“.