Face au FN, les digues ont tenu sauf autour de l’étang de Berre

Décryptage
le 8 Mai 2017
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Après sa large victoire au premier tour de l'élection présidentielle dans les Bouches-du-Rhône, Marine Le Pen laisse au nouveau président Emmanuel Macron une victoire sans appel dans la majorité des villes du département. Il l'emporte ici aussi, avec 58 % des voix. Le Front national s'ancre cependant à l'ouest autour de l'étang de Berre et dans le golfe de Fos.

Référente départementale Corinne Versini explose de joie à l
Référente départementale Corinne Versini explose de joie à l'annonce de la victoire d'Emmanuel Macron à la Bo[a]te sur le Vieux-Port. Photo : B.G.

Référente départementale Corinne Versini explose de joie à l'annonce de la victoire d'Emmanuel Macron à la Bo[a]te sur le Vieux-Port. Photo : B.G.

Blanc ou noir, violet ou orange. Les résultats du second tour d’une élection présidentielle présentent forcément un tableau violemment contrasté. Le nouveau président, Emmanuel Macron est arrivé en tête des suffrages exprimés avec 57,8 % des voix contre 42,2 % pour sa rivale d’extrême droite. 12% de bulletins blancs et nuls ont fortement exprimé l’envie de certains de ne pas choisir. Dans la logique des résultats du premier tour, sa victoire a été moins forte qu’au plan national. Le Front national, grand vainqueur le 23 avril, est limité dans sa progression même s’il emporte 47 des 119 communes que compte le département. Si Marine Le Pen est largement devancée à Marseille, elle domine notamment à l’ouest, autour de l’étang de Berre.

À l’inverse, les électeurs des deux grandes villes, Aix et Marseille, ont voté sans barguigner pour Emmanuel Macron. C’est aussi vrai dans le pays d’Aix. Déjà au premier tour, il talonnait dans plusieurs villes François Fillon. Au second tour, la bascule s’est clairement confirmée : avec 73,6 % des voix contre 26,4 % à Aix notamment, ces communes enregistrent les plus forts écarts en faveur du président élu.

Istres, Miramas, Fos : l’ouest dans l’escarcelle du Front

À l’inverse, dans le golfe de Fos et sur la rive est de l’étang de Berre, Marine Le Pen confirme son bon score du premier tour. C’est vrai à Fos-sur-Mer, où le maire socialiste René Raimondi s’était ému dans un communiqué de voir la patronne du FN arriver si haut dans sa ville. Ses mouchoirs n’auront pas eu le temps de sécher. Marine Le Pen fait 60,7% à Fos. Même couleur marquée dans la ville voisine de Port-Saint-Louis du-Rhône (59,2 %).

Dans la ville voisine d’Istres où le maire François Bernardini gouverne avec une majorité droite/gauche et a clairement soutenu Emmanuel Macron, Marine Le Pen passe en tête devant son poulain (50,5 % contre 49,5 %), confirmant les résultats du second tour des régionales où Marion Maréchal-Le Pen avait déjà devancé Christian Estrosi (LR) au second tour. La tendance est encore plus marquée au nord de l’étang de Berre (les municipalités de Miramas et Saint-Chamas) mais surtout à l’est avec Marignane (60,3 % pour Le Pen), Châteauneuf-lès-Martigues (59,7 %) ou Gignac-la-Nerthe (60,1 %). La palme du vote frontiste revient à la petite commune de Saint-Victoret avec 64,1 %.

Droite-extrême-droite : porosité limitée

Même s’il est toujours difficile de tirer des leçons définitives des résultats du second tour, les scores de la candidate frontiste laissent percevoir des réservoirs de voix plus faibles qu’escomptés. Historiquement plus forte qu’ailleurs, la porosité entre son électorat et celui de la droite n’a donc pas fonctionné à plein dans les urnes. Ainsi, même dans le très à droite nord du département à la sociologie électorale proche de celle du Vaucluse, plusieurs communes dont saint-Rémy-de-Provence préfèrent Emmanuel Macron.

Ces maigres reports de voix semblent donc hypothéquer les chances de victoire en duel lors des législatives de juin, même s’il faut considérer la plus faible participation attendue, qui pourrait profiter au FN. La 12e circonscription offre une exception notable car seule Vitrolles, la principale ville, a porté de justesse Macron en tête. Marine Le Pen ne s’y est pas trompé en parachutant un de ses proches. Juste à côté, la bataille sera rude pour Pierre Dharréville, successeur du député communiste sortant Gaby Charroux. Là encore, seule Martigues a placé Emmanuel Macron en tête des suffrages. Dans les autres circonscriptions, le Front devra miser sur des triangulaires pour espérer s’imposer.

Lire notre analyse des rapports de force dans les circonscriptions dans le département

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Commentaires

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  1. Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

    Le troisième tour est pour bientôt, et ne se résume pas au parachutage éventuel de Mélenchon à Marseille… Sur votre “live” de la soirée du second tour, je tombe sur une image qui m’avait échappé : la liste présumée des candidats d’En Marche (https://cdnmo.coveritlive.com/media/image/201705/phprbhqaf1-kyi0zf6inpisxxr09p6k0g.png)…

    Euh, bon. Charitablement, je ne ferai aucun commentaire sur Christophe Masse, symbole achevé du renouvellement que les électeurs semblent avoir appelé de leurs voeux et de leurs votes…

    En revanche, quand j’y vois le nom de Georges Cristiani, je ne peux pas m’empêcher de sursauter. Opposant sans nuance à la métropole, au point de menacer « de ne pas appliquer la loi » et de souhaiter l’organisation d’un référendum tenant compte non seulement du nombre d’électeurs, mais aussi de la superficie des communes (une innovation démocratique aussi moderne que le suffrage censitaire) ; candidat “Farce du 13” – donc guériniste – aux dernières élections cantonales ; “mauvais élève” en matière de logement social sur sa commune, et allié à n’importe qui dans ce mauvais combat (y compris Dupont-Aignan et Mariton : https://marsactu.fr/bref/cristiani-signe-un-contrat-de-mixite-sociale/) : joli CV politique, vraiment.

    Si cette liste n’est pas un leurre, je suis, comment dire, un peu interrogatif, pour le moins…

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    • Lafcadio Lafcadio

      Si cette liste est vraie le plus surprenant (au-delà des candidats à casseroles) c’est qu’Annie Lévy-Mozziconacci ne soit pas investie sur la 2ème circo. C’est typiquement le profil d’une socialiste Macron-compatible, elle porte encore une image de renouvellement et elle a multiplié les efforts de participation à sa campagne ces dernières semaines.

      En gros, cette liste interroge l’intention réelle de porter des candidats “nouveaux” dans le département.

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  2. barbapapa barbapapa

    id, j’ai sursauté en voyant le nom de Masse. S’il est un symbole du mauvais côté de la politique marseillaise, c’est bien celui-là !

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