L’État signe un chèque à la mission locale pour relancer la garantie jeunes
Après un an de bras de fer, l'État a décidé d'apurer les comptes de la mission locale, grevés par le coût de la Garantie Jeunes. Pour 2017, il fixe à 600 le nombre de jeunes suivis, moitié moins que lors du lancement de ce dispositif d'insertion en 2013.
Signature d'une nouvelle convention entre l'Etat la mission locale. Photo : B.G.
Certains d’entre eux viennent de passer quatre semaines intensives notamment “pour apprendre à parler en public” et “gagner en confiance en soi“. Ce mercredi, ils se trouvent bombardés micro en main, entre le préfet de région Stéphane Bouillon et le député, 1er adjoint au maire et président de la mission locale, Dominique Tian (LR). Triés sur le volet, les stagiaires de la garantie Jeunes ne se désarment pas et, les uns après les autres, viennent en quelques mots décrire leur parcours au sein de ce dispositif spécial d’insertion expérimenté à Marseille depuis 2013.
Il y a Sarah, 18 ans, native de la Viste (15e), au foulard serré sur le crâne et un stage dans la vente en cours “même si mon rêve, c’est de bosser dans la sécu”. Mourad, 24 ans, qui sort de prison pour braquage et espère une modification de son contrôle judiciaire avec bracelet électronique pour commencer un boulot d’animation sportive dans le football. Chaïma vient de commencer un stage en secrétariat chez un dentiste.
Plan B
En 2016, ils ont été 450, âgés de 16 à 25 ans à être entrés dans ce dispositif d’insertion à la vie active. Celui-ci démarre par quatre semaines d’accompagnement intensif en groupe, suivies de périodes de stages en entreprises, assortis d’une aide personnalisée. La garantie jeunes leur permet aussi de percevoir une allocation de 460 euros par mois tout au long du processus. Mehdi cherche à se réorienter vers les métiers de l’informatique après “une première expérience dans la vente” et il espère trouver une formation au cours de cette année de suivi intensif. “Mais je garde la vente en plan B”, ajoute-t-il. “Il faut toujours un plan B”, sourit le député LR fidèle au candidat Fillon, avec un coup d’œil appuyé au préfet. Mehdi ne saisit pas forcément l’allusion politique.
Un plan B, l’État et la Mission locale de Marseille ont passé plus d’un an à en chercher un pour éviter l’échec du dispositif et des comptes en déficit. En effet, si les deux partenaires signent une convention au sein même du local “garantie jeunes”, avenue Charles Nédélec, c’est surtout pour apurer le passé. Le chèque de 140 000 euros que l’État verse vise à rééquilibrer les comptes. Difficile d’imaginer un autre scénario, alors que ce dispositif expérimental a été généralisé à toute la France depuis le mois de janvier. “C’est du one shot, formule Stéphane Bouillon. Notre participation au budget de la mission locale a progressé de 46 % en trois ans sans compter les actions financées au titre de la politique de la ville. C’est un effort substantiel de l’État. Nous aimerions désormais que les collectivités s’investissent.”
Objectif revu à la baisse
Le différend a donné lieu à une mission d’évaluation économique et financière, un rapport de l’IGAS et de nombreuses réunions bipartites. Au fil du temps, les objectifs fixés à la mission locale ont été revus à la baisse. Fixé à 1245 jeunes par an, l’objectif initial n’a pas été atteint et a grevé les finances de l’institution. Au vu du passif, la mission locale a concentré ses efforts sur 481 jeunes, pour remonter à 600 en 2017.
C’est-à-dire moitié moins que l’objectif initial, et très loin des 17 % de jeunes non diplômés dans la métropole, dont la majorité se concentre dans les quartiers du nord de Marseille. “Mais un dispositif qui offre 50 % de sortie positive, c’est un énorme boulot”, plaide le préfet. En réalité, si l’on en croit le président de la mission locale, Dominique Tian, c’est 35% des jeunes suivis en 2016 qui sont considérés en sortie positive à l’issue des 12 mois de leur accompagnement. “Ce qui est plutôt positif vu la situation précaire de la majorité des jeunes qui entrent dans le dispositif”, précise-t-il.
De son côté, la directrice de la mission locale, Brigitte Cavallaro détaille les parcours type des jeunes suivis : “45 % des jeunes trouvent une insertion professionnelle, 45 % ont besoin d’une insertion sociale à l’emploi et donc d’une offre de formation externe ou interne et 10 % ont besoin d’un accompagnement pluriel d’un temps plus long. La Garantie Jeunes est efficace et il faut donner à la mission locale les moyens pour l’optimiser.”
Locaux trop cher et déménagement
Entre temps, la mission locale elle-même a dû “optimiser” son fonctionnement. En plus des 140 000 euros de rallonge, l’État a versé 30 000 euros pour contribuer au financement d’un audit organisationnel de la structure. Par ailleurs, la mission locale prévoit de rapatrier la vingtaine d’agents qui travaillaient à l’antenne de Castellane (6e) pour qu’ils investissent les étages supérieurs du pôle Nédelec. Comme Marsactu l’avait écrit en octobre dernier, les auditeurs de la missions d’évaluation économique et financière avaient tiqué sur l’augmentation des charges locatives et, en particulier, le loyer de 240 000 euros par an du pôle Nédelec dont le bail prévoit une location jusqu’en 2020. La directrice a souhaité conserver ce pôle, plus fonctionnel et proche des transports en commun.
Justement, à la tribune, Mehdi a une réclamation : “Les dix tickets de bus, c’est bien pour aller tous les jours à la Garantie Jeunes, mais pour faire les démarches, ça ne suffit pas. Ça serait bien qu’on en ait plus.” “Je prends note de la liste de courses”, grince la directrice en souriant.
Commentaires
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Que l’état remette au pot quelques dizaines de milliers d’euros, c’est bien… (Mais que vient donc faire le multi millionnaire Tian dans tout cela?…)
En revanche, je ne vois pas la cohérence du gouvernement qui, nationalement, stoppe subitement le renouvellement des CUI CAE, donc dans le secteur non marchand, condamnant à mort les structures associatives employeuses…
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Bonjour, en l’occurrence, Dominique Tian intervient en tant que président du conseil d’administration de la mission locale et premier adjoint en charge de l’emploi.
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