Un projet politique urbain

Un futur urbain pour Marseille

Billet de blog
le 29 Jan 2017
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Nous avons entrepris une réflexion sur ce que pourrait être un futur politique pour Marseille, en particulier en raison de l’approche des élections législatives et, par conséquent, de la nécessité, pour les acteurs politiques de la ville, de présenter des propositions pour son développement, pour son futur. L’intérêt des élections est, en effet, qu’au-delà de leur signification institutionnelle, elles sont l’occasion de confronter des projets, et, par conséquent, de formuler des propositions qui permettent de dessiner l’avenir urbain.

Nous souhaitons questionner aujourd’hui, dans cette chronique de Marsactu, ce que pourrait être un véritable futur urbain pour Marseille, ou plutôt, sans doute, sur ce qu’il devrait être.

Qu’est-ce qu’un futur urbain ? Qu’est-ce qu’un futur de ville ? Qu’est-ce que le futur urbain d’une ville qui en est déjà une, ou, plutôt, car c’est bien là le problème, qui se croit en être une sans l’être tout à fait ? C’est que Marseille fut une ville, et qu’elle semble vivre encore sur ce passé urbain, à la fois économique, politique social, esthétique et culturel. À l’approche des prochaines échéances politiques, dans le cadre du débat qui va s’engager sur les projets politiques qui vont se confronter les uns aux autres dans le cadre de la campagne pour les élections législatives, il importe de s’interroger sur ce futur urbain pour la ville.

Il s’agit, d’abord, d’un futur politique, c’est-à-dire à la fois d’un futur des pouvoirs urbains et d’un futur citoyen. Et, d’emblée, un problème se pose, cette année en particulier : devant la monopolisation de l’attention des médias et des acteurs politiques par l’élection présidentielle, on finit par oublier, presque, qu’il y a une élection après, qui est peut-être plus importante pour Marseille même comme pour toutes les villes de notre pays. Le débat semble ne pas s’être engagé sur les projets des candidats aux élections législatives pour la ville et pour l’urbanité politique de Marseille, alors qu’il y a une véritable urgence, aujourd’hui, à ce que ce débat s’engage – et cela pas seulement en raison de l’approche des élections, mais parce que la ville est en crise, à Marseille – comme, sans doute, dans d’autres grandes villes de notre pays.

S’il faut s’interroger sur le futur politique de Marseille, c’est que c’est l’urbanité même qui est en crise, et un projet urbain pour Marseille devrait répondre à des questions qui semblent se poser aujourd’hui. La première est celle de l’aménagement de l’espace urbain : il y a un vrai désordre dans les projets d’aménagement et de construction, et la ville semble croître (ou, malheureusement, décroître), sans pilote, sans savoir dans quelle direction il faut qu’elle aille, sans savoir dans quel sens énoncer le projet qui la ferait vivre. En particulier, pour prendre un exemple, on a le sentiment que le projet culturel, encore récent, de Marseille, capitale culturelle de l’Europe, est resté sans suite, qu’aucun autre projet n’a vu le jour dans le domaine de la politique culturelle. Pour prendre un autre exemple de cette crise de l’aménagement de l’espace urbain, on a le sentiment que les pouvoirs politiques urbains ont laissé le centre de Marseille se dégrader et perdre peu à peu la qualité de son paysage sans réagir et sans se questionner sur ce déclin, sur ses causes et sur ses significations.

Un futur politique pour la ville, ce devrait être aussi un futur pour la citoyenneté à Marseille. Habiter une ville, en effet, ce n’est pas seulement y vivre, ce n’est pas seulement y être logé – encore que le problème du logement devient, lui aussi, urgent à Marseille : habiter une ville, c’est aussi s’y exprimer, y débattre, y réfléchir, y échanger avec d’autres. Or, par exemple, la qualité de la presse écrite sur papier et de la presse audiovisuelle s’est, elle aussi, dégradée à Marseille, où, seuls, des organes comme Marsactu ou La Marseillaise continuent de nourrir le débat politique sur l’avenir de la ville.

Un futur urbain pour Marseille, c’est aussi un futur esthétique et paysager : un énergique projet de ravalement des façades et de nettoiement des rues devrait être engagé par les pouvoirs urbains, pour que le paysage de notre ville retrouve la qualité qu’il a pu avoir. La pollution de l’espace de la ville, en particulier par l’excès de la circulation automobile dont nous avons déjà parlé, la dégradation de l’entretien des espaces publics, l’absence d’entretien réel des bâtiments publics et des immeubles privés, en particulier dans le centre de la ville, tout cela donne à l’espace urbain de Marseille un aspect de déclin. C’est la raison pour laquelle il n’est plus temps de réparer : il importe aujourd’hui de lancer un véritable projet global de retour de la qualité de l’espace urbain, de le financer et d’y engager l’autorité des pouvoirs municipaux.

Mais peut-être justement est-ce là le problème de ce futur politique de Marseille : l’excès du libéralisme économique a fini par entraîner une dégradation de l’espace urbain en raison du désordre des initiatives privées qui occupent trop de place dans l’économie de la ville et en raison de l’affaiblissement des pouvoirs politiques et des institutions publiques.

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