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Condamnés, les ex patrons de la fédération de chasse ont toujours les clés

Actualité
le 5 Jan 2017
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Poussé à la démission par une condamnation pénale, l'ancien secrétaire général de la fédération des chasseurs Jo Condé a été recruté dans cette structure. Il remplace le salarié qui a témoigné contre lui, en arrêt de travail comme la plupart de ses collègues...

Crédit m01229 / Flickr
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Depuis le 16 août 2016, Jo Condé est salarié de la fédération des chasseurs des Bouches-du-Rhône en tant que technicien adjoint. Pour ceux qui ne sont pas familiers de cette association aux 21 000 adhérents, il s’agit de l’ancien président puis secrétaire général de cette structure. Déjà condamné pour corruption et interdit cinq ans de présidence en 2011, ce qui ne l’avait pas empêché de revenir aux manettes comme secrétaire général, Jo Condé a été poussé à la démission par la justice en juillet 2016 et risque même la prison ferme.

Après sa condamnation à six mois d’emprisonnement par la cour d’appel d’Aix-en-Provence pour destruction d’espèce protégée et subornation de témoins, la Cour de cassation a jugé la peine insuffisamment motivée. L’affaire est donc renvoyée devant la cour d’appel pour que soit prononcée une nouvelle peine mais le jugement rend définitive sa culpabilité et relate longuement le climat de menaces, de peur, qui est tombé sur les salariés de la fédération. Comme pour l’ancien président Jean-Marie Rimez, lui aussi condamné pour subornation de témoins, tout poste de direction de la fédération lui est interdit.

Ce tableau de chasse n’a pas visiblement pas choqué les nouveaux dirigeants de la fédération, pas plus que l’absence de qualification de l’ancien magasinier reconverti dans la restauration. “Beaucoup d’employés n’ont pas forcément été recrutés sur leurs compétences cynégétiques”, justifie curieusement Mathieu Asselin, directeur de la structure, déjà à sa tête du temps du mandat des deux compères. Nous n’avons pas réussi à joindre les avocats de Jo Condé et Jean-Marie Rimez.

Six salariés en arrêt sur neuf

Jo Condé et ses soutiens maîtrisent en revanche à merveille l’ironie. Il a en effet été recruté en remplacement de Ludovic Collart, le salarié qui avait témoigné contre lui. En somme, un lanceur d’alerte est remplacé par celui qu’il a fait tomber. Le directeur de la fédération Mathieu Asselin se refuse à se prononcer sur le caractère “judicieux ou non” de ce remplacement, décidé par le conseil d’administration. Il précise que quatre des six salariés actuellement en arrêt de travail sont remplacés. Le tout pour une structure qui compte neuf CDI. “Vous imaginez bien que les salariés en accident de travail ne peuvent pas reprendre : leur bourreau vient d’être embauché”, commente Alain Cesco, ancien salarié.

Cette situation ubuesque est mise au jour par une décision de l’inspection du travail, que Marsactu a pu consulter, et qui refuse une nouvelle tentative de licenciement de Ludovic Collart. La fédération reproche au délégué syndical CGT d’avoir relayé par mail, texto et sur Facebook des messages des opposants de l’association de défense des chasseurs mettant en cause la fédération. “Cela me choque que l’on puisse insulter son employeur sur les réseaux sociaux sans être inquiété”, réagit Mathieu Asselin.

Dans sa décision, l’inspection du travail considère bien cela comme un “fait fautif”, mais évoque les “circonstances” dont elle fournit un résumé frappant. Outre le recrutement de Jo Condé malgré sa condamnation, elle précise que “messieurs Rimez et Condé ont conservé leur téléphone, l’ordinateur, le badge d’accès et les clés de la fédération”. Ils continuent d’écrire dans la revue Chasser en Provence, éditée par la fédération. Selon l’inspection du travail, Jean-Marie Rimez se serait lui aussi vu confier des missions, notamment de représentation, ce que Mathieu Asselin dément.

Coup de fil de l’État

La préfecture nous indique pourtant qu’un coup de fil a été passé récemment par les services de l’État au président de la fédération pour lui indiquer que Jo Condé et Jean-Marie Rimez “ne peuvent pas représenter la fédération dans des commissions” suite à leur condamnation.

Autre point relevé par l’inspection du travail : comme Marsactu l’avait révélé après leur démission, les deux anciens dirigeants ont été nommés “présidents d’honneur” par le conseil d’administration. Le nouveau président Alexis Allione déclarant que “leurs conseils [lui] seront fortement utiles”… Le préfet nous précise qu’il avait alors écrit à ce dernier pour lui indiquer que ces fonctions “ne sont pas prévues dans les statuts et doivent donc être validées par l’assemblée générale” et “qu’il n’est pas conforme de confier de telles fonctions à des personnes ayant fait l’objet de condamnations pénales sévères”.

“En les maintenant au sein de sa structure en qualité de membre honoraire et en leur manifestant ainsi une marque de confiance, la fédération a donné prise aux critiques à son égard et aux propos tenus par Monsieur Ludovic Collart, qui ne relèvent dès lors ni de l’injure, ni de la diffamation”, conclut l’inspection du travail.

La fédération n’a d’ailleurs pas attaqué en justice. En revanche, plusieurs ex-employés attendent l’audience aux prud’hommes pour faire annuler leur licenciement pour motif économique. Des plaintes ont aussi été déposées, notamment pour harcèlement moral. Mais quant à la mise sous tutelle par la préfecture, réclamée de longue date par les opposants de Joseph Condé, rien n’indique qu’une nouvelle procédure ne soit lancée après l’échec de celle initiée en 2015.

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Commentaires

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  1. julijo julijo

    C’est bizarre quand même. Il doit y avoir un micro climat dans les bouches du rhône. Rien n’est clair, rien n’est propre….Où qu’on se tourne, il y a des passe droit, des prises illégales d’intérêt, des abus ….des condamnations qui n’aboutissent à rien. Enfin le préfet a écrit….l’IT est sur le coup…..on attend les prud’hommes….

    Là non contents de tuer des animaux, ils se tirent dessus entre eux !

    Belle ambiance chez les chasseurs qui se revendiquent d’un sport -la chasse- (la chance du lapin face à un fusil ? ) soi disant noble, historique, ancestral…… seuls les intérêts de ces “assassins d’animaux”autorisés à l’être, sont nobles ! et historiques ! et traditionnels !

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  2. vékiya vékiya

    Et ils vont certainement se présenter pour un mandat lors des prochaines élections locales…

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  3. barbapapa barbapapa

    Les gentils chasseurs pourchassés par les méchants chasseurs…

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  4. Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

    Les zones de non-droit, quelle horreur ! Elles sont régulièrement montées en épingle par la droite et l’extrême-droite.

    En voilà une dans cette fédération (chargée, rappelons-le, d’assurer des missions de service public), où l’on se fout ouvertement des décisions des juges et de l’opinion du préfet, comme de la santé des salariés.

    Une réaction politique ? Oui, M. Estrosi annonce que la région PACA “s’engage pour les chasseurs” et supprime les subventions aux associations “écologistes fanatiques”. 2,5 millions d’euros sur 5 ans pour les fédérations de chasse : http://www.20minutes.fr/nice/1989715-20170104-paca-estrosi-engage-chasseurs-plutot-associations-ecologistes

    Pourquoi se gêner ?

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    • neomars neomars

      entre “bons chasseurs” on doit se comprendre !? dans un pays en état d’urgence, que certaines catégories de personnes portant arme à feu se sentent au dessus des lois est plutôt inquiétant, mais l’Etat préfère sans-doute concentrer ses assignations à domicile arbitraires aux terribles écologistes aux mains nues !

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  5. CAN. CAN.

    Que voulez-vous !
    Les chasseurs sont des gibiers en troupeaux, donc simples à tirer pour les candidats populistes alors que l’écologiste, c’est sensible cette bestiole, cela s’apparenterait plutôt à la pêche à la mouche.

    Quand à la fédération des chasseurs, elle n’est que l’exemple paroxistique d’un mal auquel sont sensibles toutes les fédérations, l’aspiration de beaucoup de leurs dirigeants à la notabilité sans aller jusqu’à réellement s’impliquer sur le terrain.

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  6. guillaume coste guillaume coste

    deux jolis articles sont parus le 6/02. un sur la Provence l’autre dans Siné mensuel.
    avis aux amateurs !

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