"1% du crédit impôt recherche permettrait de financer 1000 postes par an"

À la une
le 26 Sep 2014
1
"1% du crédit impôt recherche permettrait de financer 1000 postes par an"
"1% du crédit impôt recherche permettrait de financer 1000 postes par an"

"1% du crédit impôt recherche permettrait de financer 1000 postes par an"

Comme les chercheurs ont l'esprit de contradiction, la mobilisation nationale baptisée Sciences en marche se fera pour la plus grande part à vélo. C'est en tout cas sur son biclot que Simon Duval rejoindra le Vieux-Port, ce samedi à partir de 10 heures pour espérer rejoindre Paris, le 17 octobre prochain, date d'une grande grève nationale. Comme lui de nombreux jeunes chercheurs vont partir par monts et vaux ce week-end pour faire entendre leur message. Sa teneur est indubitablement économique : "Nos revendications concernent trois points principaux qui, pour une bonne part, se recoupent, explique ce jeune chercheur en biochimie. La première préoccupation est l'emploi des jeunes. La recherche publique manque de chercheurs, d'ingénieurs et de techniciens. Et cela parce que les laboratoires et les universités ont de gros problèmes financiers dus à la baisse des aides publiques. Enfin nous demandons une revalorisation des doctorats qui ont beaucoup de mal à trouver leur place sur le marché de l'emploi."

Simon Duval n'évoque pas des généralités mais une situation très concrète qui affecte son cas personnel. Après une thèse dédiée à la façon dont certaines enzymes participent à la dépollution des métaux lourds comme l'arsenic, il a multiplié les années de post-doctorat notamment à l'étranger. Or, après six années d'études supplémentaires, il a rejoint la cohorte des chercheurs… en recherche d'emploi. "10% des docteurs n'ont pas trouvé d'emploi trois ans après leur diplôme", estime ce jeune BAC+14. Selon lui, cette précarité des surdiplômés vient notamment des recruteurs : "Quand je réponds à une offre d'emploi bac+5, ma candidature est le plus souvent écartée. Souvent les employeurs privés ont peur d'embaucher des thésards parce qu'ils craignent de devoir les payer sans être aussi malléable qu'un ingénieur de niveau d'études inférieur."

Trop d'ingénieurs, pas assez de docteurs

Simon Duval y voit le symptôme d'un mal bien français : les écoles d'ingénieurs et les grandes écoles semblent avoir une meilleure cote que les diplômés des universités même au sein des cabinets ministériels. "Il faut donc revaloriser le statut des doctorants pour permettre leur embauche dans le secteur privé comme dans le secteur public. Depuis la loi Sauvadet qui limite le nombre de contrats à durée déterminée, les post-doctorants se retrouvent sans solution." Lui-même envisage sérieusement de passer les concours d'enseignement et dire adieu – au moins pour un temps – à la recherche fondamentale.

Ce nouveau mouvement des chercheurs intervient dans un contexte politique où la recherche est présentée par tous comme la locomotive d'un retour prochain à la croissance. En 2007, à la suite d'un vaste mouvement des chercheurs réunis sous la bannière "Sauvons la recherche", le gouvernement avait renforcé le crédit impôt recherche, versé aux entreprises. "On est passé de 1,7 milliard d'argent public à l'époque à près de six aujourd'hui, souligne Simon Duval. Et cette mesure n'a absolument pas prouvé son efficacité ni en terme de relance économique, ni en terme d'emplois créés." Une analyse qui s'appuie sur un rapport sévère de la cour des comptes, rendu public à l'été 2013. Ainsi les magistrats écrivent : 

L’efficacité du CIR au regard de son objectif principal – l’augmentation de la dépense de recherche et développement des entreprises – est à ce jour difficile à établir. Faute de données avec un recul suffisant, mais aussi d’un accès des chercheurs aux données disponibles, les études existantes ne portent en effet que pour une faible part sur la période postérieure à 2008.

La cour des comptes soulignent par ailleurs la grande difficulté des services de l'Etat à mettre en oeuvre un contrôle effectif de l'usage de cette manne publique. "En fait, l'argent du crédit d'impôt est une niche fiscale qui bénéficie principalement aux multinationales. Avec 1% de cette somme on pourrait créer en un an 1000 postes de chercheurs dans le public." Déjà, le gouvernement a infléchi sa politique en permettant un accès plus large aux petites entreprises. "Nous militons pour que cet argent puisse bénéficier à la création de postes dans le public ainsi qu'à l'aide des PME et des start-up qui, elles, créent des emplois", insiste Simon Duval. C'est le sens du message qu'ils entendent porter jusqu'au sommet de l'Etat, le 17 octobre prochain.

Cet article vous est offert par Marsactu

À vous de nous aider !

Vous seul garantissez notre indépendance

JE FAIS UN DON

Si vous avez déjà un compte, identifiez-vous.

Commentaires

L’abonnement au journal vous permet de rejoindre la communauté Marsactu : créez votre blog, commentez, échanger avec les autres lecteurs. Découvrez nos offres ou connectez-vous si vous êtes déjà abonné.

  1. Anonyme Anonyme

    Bonjour,

    Il me semble que le calcul en question est erroné :
    “avec 1% de cette somme on pourrait financer 1000 postes de chercheurs dans le public” Ça fait 60 k€ par chercheur, ce qui finance chaque chercheur… 1 an. Or un chercheur est embauché à vie dans le public, il coûte donc 30 à 40 fois plus cher, en fonction de ses annuités jusqu’à la retraite, et en partant du principe qu’il serait payé toute sa vie le même montant… sans parler de ses autres frais environnants. 1000 chercheurs, il leur faut des bâtiments et du matériel, et du budget de fonctionnement.
    Le CIR, en revanche, peut être modifié à chaque loi de finance, il n’est pas du tout certain qu’il dure même encore 10 ans.
    Je pense que les chercheurs se bercent d’illusion s’ils croient que l’argent éventuellement retiré au CIR irait à de nouveaux postes pour la recherche… mais c’est juste mon avis.

    Signaler

Vous avez un compte ?

Mot de passe oublié ?


Ajouter un compte Facebook ?


Nouveau sur Marsactu ?

S'inscrire