Yvon Berland lance son plan B à la conquête des 13e et 14e arrondissements

Actualité
le 15 Fév 2020
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Après plusieurs semaines de tergiversations, Yvon Berland a enfin dévoilé sa tête de liste dans le 13/14, la conseillère régionale Modem Marie-France Bulteau-Rambaud. Ce choix intervient après plusieurs tentatives de recherche d'une candidate issue de la société civile.

Yvon Berland lance son plan B à la conquête des 13e et 14e arrondissements
Yvon Berland lance son plan B à la conquête des 13e et 14e arrondissements

Yvon Berland lance son plan B à la conquête des 13e et 14e arrondissements

L'enjeu

Le candidat soutenu par la République en marche, Yvon Berland a choisi une élue Modem pour le représenter dans le 13/14. Marie-Florence Bulteau-Rambaud est conseillère régionale.

Le contexte

Sept listes se présentent face à Stéphane Ravier dans le 13/14 alors beaucoup prônent le rassemblement pour éviter que le RN conserve le secteur le plus peuplé de la ville.

Marie-Florence Bulteau-Rambaud clopine pour se rapprocher de la table placée devant un immense rideau rouge dans le grand restaurant vide de la brasserie de la Station Alexandre, au cœur du 13/14. La conseillère régionale Modem, élue dans la majorité de Renaud Muselier s’est découvert une fracture de l’astragale, quelques jours avant cette annonce surprise de sa tête de liste dans le plus grand secteur de Marseille. Le plus symbolique aussi puisqu’il constitue la plus grosse mairie RN de France en nombre d’habitants, même si les attributions de Sandrine d’Angio sont limitées.

Grand sourire et regard volontaire, cette centriste de conviction n’entend pas faire de ce léger désagrément un handicap, dans cette campagne éclair qu’elle est censée mener contre sept autres listes. Dans cette campagne au tempo désordonné, le parti présidentiel se charge tout seul des couacs. Quelques minutes avant l’annonce du choix de cette nouvelle tête de liste, la députée du cru Alexandra Louis annonce à la Marseillaise qu’elle ne soutiendrait pas Yvon Berland.

Question de loyauté

Depuis plusieurs semaines, elle laissait planer le doute sur son positionnement vis-à-vis du candidat soutenu par son parti. À Marsactu, elle disait aspirer à un “renouvellement démocratique en sortant du jeu politicien” tout en se disant “loyale à son mouvement”. Avec Claire Pitollat au Sud, c’est la seconde députée de la ville à faire un pas en arrière dans cette campagne. “Nous n’avons pas trouvé une façon de travailler ensemble, explique la députée tout juste de retour d’une mission en Finlande. Depuis la fin décembre, Yvon Berland a fermé la porte à tout dialogue, avec moi. Je le regrette. Aujourd’hui, force est de constater que je ne suis pas associée à ce projet pour ces quartiers“. Elle dit en revanche rester loyale à son mouvement et souhaite bonne chance à la candidate choisie.

C’est aujourd’hui cette question de la loyauté que pose clairement, Yvon Berland : “Alexandra Louis n’a jamais soutenu ma candidature. Celle-ci a été décidée par Emmanuel Macron. C’est à elle d’en tirer les conséquences. Pour moi, ça ne change rien”. Il souligne à plusieurs reprises avoir refusé la “tambouille politicienne” dans la construction de ces listes.

De son côté, Alexandra Louis a longtemps bataillé pour placer ses proches, dont l’avocat et coordinateur de LREM à Marseille Gérard Blanc, tout en refusant de voir arriver en position éligible le conseiller municipal sortant et ex socialiste Christophe Masse. Si la députée ne veut pas citer de nom c’est bien celui qui symbolise pour elle, la pérennité d’un système ; qui a servi de catalyseur à la rupture.

Vers le retour des Masse ?

À la question de la présence du conseiller départemental sur sa liste dans le 13/14, Yvon Berland ne répond pas, sous-entendant l’affirmative par son silence. Ils étaient pourtant nombreux parmi les cadres LREM à ne pas apprécier de voir revenir par la fenêtre ce représentant d’une dynastie politique qui cumule les mandats à Marseille depuis 1935. Il affronterait ainsi sa sœur Florence Masse, en deuxième position sur la liste de secteur du Printemps marseillais.

Pour donner un peu de tonus à l’étrange attelage qu’elle s’apprête à tirer, Marie-Florence Bulteau-Rambaud insiste sur l’union qu’elle forme avec Saïd Ahamada et Yvon Berland, concurrents dans la longue quête de l’investiture alors qu’elle-même soutenait un autre candidat, Jean-Philippe Agresti, passé depuis dans le camp de Martine Vassal (LR).

Une Modem sans le Modem

En revanche, son arrivée ne signe pas une union claire avec le Modem, pourtant partie prenante de la majorité présidentielle. L’élue régionale botte en touche : “Marseille est une ville de plus de 9000 habitants. Le choix revient donc au national. Les choses sont en train de se faire”. Mais, à la sortie de la conférence de presse, alors que tout le monde commente les 303 noms des listes Vassal, Yvon Berland questionne : “Alors, il y a des Modem ?” Preuve s’il en est que l’union des partis du centre n’est pas si aisée (lire notre article sur la bataille du centre).

On s’était construit une liste de quelques noms. Mais, à chaque fois, soit la personne déclinait devant l’enjeu d’une candidature face au FN, soit il y avait une incompatibilité liée à sa profession.

 

En vérité, même si le candidat En marche raconte que les discussions avec Marie-Florence Bulteau-Rambaud datent de “plusieurs semaines”, le mouvement était à la recherche d’une figure féminine de la société civile, pour incarner le renouvellement. “On s’était construit une liste de quelques noms, explique un fin connaisseur du secteur. Chacun apportait le sien. Mais, à chaque fois, soit la personne déclinait devant l’enjeu d’une candidature face au FN, soit il y avait une incompatibilité liée à sa profession.”

Un casting non démenti par Yvon Berland, qui souligne la grande difficulté à construire des listes, en satisfaisant tout le monde sans promettre à tous d’être en position éligible. “En vérité, on n’a pas encore déterminé l’ordonnancement des listes. Et on aura encore de la casse quand certains vont s’apercevoir qu’ils ne sont pas en position éligible. Or, on est déjà tard pour partir en campagne”, s’impatiente un autre militant. Mais Yvon Berland veut compter sur des élus solides, notamment en cas de troisième tour au conseil municipal, pour l’élection du maire.

Les marcheurs agitent encore Emmanuel Macron comme un mantra, “de lui aussi, on disait qu’il était parti tard, et qu’il n’avait pas de programme”, plaide Saïd Ahamada qui souligne tout de même une campagne à l’issue “incertaine”, provoquant l’étonnement surjoué d’Yvon Berland: “Mais Saïd, il n’y a pas de doute, c’est nous qui allons gagner !” Il reste quatre semaines.

La prochaine et dernière tête de liste, dans les 9e et 10e arrondissements, est annoncée pour la semaine prochaine, quelques jours avant les listes définitives. Le programme formulé “en 12 défis, sera décliné en propositions à réaliser en 100 jours, 1000 jours et 10 ans”. Actuellement à l’impression, il sera présenté le 24 février, quelques jours avant le lancement de la campagne officielle. “Elle va se gagner au finish, cette élection”, assure Saïd Ahamada.

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Commentaires

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  1. Zumbi Zumbi

    Le bateau coule, qui renflouera les épaves ? Pas besoin de la Comex, Vassal est déjà à la barre du Bateau.

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  2. Minh Derien Minh Derien

    Comme LR-EM à Paris, Berland en est déjà au plan B ?

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  3. petitvelo petitvelo

    Prendre le 13/14 à Ravier en 4 semaines, rien de plus facile …

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  4. Jacques89 Jacques89

    La « tambouille politicienne » c’est le Monarc qui la prépare; comme à Paris! Faut dire qu’il a une vision “prophétique” de la déculottée qu’ils vont se prendre (sans jeu de mots…). Comme s’il voulait en finir plus vite que prévu.

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