Y aura-t-il une métropole à Noël ?

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le 30 Oct 2012
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Y aura-t-il une métropole à Noël ?
Y aura-t-il une métropole à Noël ?

Y aura-t-il une métropole à Noël ?

"Veuillez bien vouloir m'excuser pour mon retard, mesdames et messieurs les journalistes, mais ma réunion avec les maires a duré plus que prévu, c'est en tout cas le signe que le sujet intéresse". Il est 10h15 hier matin dans les salons de la préfecture et la ministre de la décentralisation Marylise Lebranchu vient d'arriver à la rencontre de la presse locale pour le service après-vente de la future métropole marseillaise.

"Enfin métropole marseillaise ou plutôt Provence Marseille, euh Marseille Provence métropole, je ne sais pas bien encore comment on doit dire". A tel point que lors du discours prononcé quelques instants plus tôt devant les maires du département, figure un drôle de lapsus (voir le document en fin d'article) : "le projet de métropole sur lequel travaille activement Laurent Théry, le préfet chargé par le premier ministre du pôle métropolitain Provence-Provence". Eh, eh.

Bref, la ministre y perd déjà un peu son breton. Ce n'est pas la seule. Heureusement le nouveau préfet Laurent Théry docteur ès métropole, assis au premier rang à côté du préfet de Région qui sourit sous sa casquette, vient au secours de sa ministre : on dit "projet métropolitain Marseille Provence".

Fusion aux contours flous

Le discours de la ministre, prononcé le matin même devant le ban et l'arrière ban des élus locaux, dont la plupart des maires du département, est constitué de quelques éléments de langage qu'elle distillera ensuite à la presse. Tout d'abord rassurante :

La commune ne disparaîtra pas, pas plus ici qu'ailleurs en France. Le rôle de maire sera naturellement préservé (…) les maires continueront à délivrer les permis de construire.

En revanche ceux qui feront les frais de cette future métropole seront les actuelles EPCI, les six intercommunalités de l'agglomération (MPM, Pays d'Aix, Aubagne, San Ouest Provence, Martigues, Salon). Le mille feuilles aura donc toujours 1000 feuilles, pas 1001. Combien de communautés d'agglo fusionneront-elles dans le future métropole, une perspective encore rejetée par de nombreux élus ? On ne sait pas encore : "les limites géographiques ne sont pas une fin en soi" selon la ministre.

Partage des compétences

Mais dans son discours, elle parle "d'un projet commun à 2 millions d'habitants". Dans ce cas c'est donc l'ensemble du département. Là aussi en tout cas rien ne semble vraiment tranché. Idem pour ses compétences :

Nous voulons régler les problèmes insupportables des habitants dans les domaines du transport, de l'économie, de l'enseignement supérieur et de l'aménagement urbain

Michel Vauzelle le président du conseil régional qui a aujourd'hui les compétences sur certains de ces sujets, notamment le transport (les TER) et l'économie (il devrait en avoir davantage avec la future banque publique d'investissement dans laquelle les régions vont être très impliquées), qui a reçu la ministre en fin de matinée dans l'enceinte de sa collectivité faisait d'ailleurs mine de s'inquiéter.

Il a très vite été rassuré par son amie Marylise. "Les compétences croisées" ont encore de beaux jours devant elles… Pour le coup elle, a été très claire : si on ne sait pas encore vraiment ce que sera cette future métropole d'intérêt européen – un concept développé par le maire de Lyon Gérard Collomb et qui concernerait à priori sa ville, Marseille et Lille, hors le Grand Paris qui aura un statut encore à part – on sait en tout cas ce qu'elle ne sera pas. Ni un pôle métropolitain "trop fragile"et mort-né – ni la métropole de 2010 "trop rigide" (votée par précédent gouvernement, elle prévoyait d'y regrouper les compétences des départements et des régions afin de les supprimer à terme). La loi de 2010 sera d'ailleurs "abrogée" a annoncé la ministre. Pas compliqué car seul Estrosi avait transformé sa ville en une métropole à la Sarko. Et encore une métropole au rabais, "le pays nissart", rigolaient ses opposants.

Un peu de temps M. le bourreau

En résumé, "la composition et les modalités d'exercice des compétences" de la future entité "sont à écrire ensemble", comme elle l'esquissait avec les "conférences de territoire" dans une interview mi-octobre. Et tout ça dans un calendrier serré : "Nous avons jusqu'à la fin de l'année pour nous mettre d'accord, pour que nous puissions respecter la calendrier législatif qui est de faire voter la loi avant mars 2013".

Une échéance que les patrons des communautés d'agglo du département trouvent évidemment très short. En justifiant la mise en sommeil du syndicat mixte des transports (SMT) dont il est un des artisans, "dans l'attente de cette concertation", le président du conseil général Jean-Noël Guérini a d'ailleurs souligné que "pendant trois ans les maires et les présidents d'EPCI ne voulaient pas déléguer de responsabilités au SMT parce que c'était perdre une partie de leur autorité". Le maire d'Aubagne Daniel Fontaine trouvant encore "qu'on nous demande d'aller très vite, on nous laisse pas le temps de faire alors qu'il me semble qu'on était sur la bonne voie".

Cash is king

Réponse anticipée de Marylise Lebranchu : "Si nous ne respectons pas le calendrier, il n'y aura vraisemblablement jamais de métropole". C'est bien connu, l'histoire ne repasse pas les plats. Pas sûr que si les élus ne se mettent pas d'accord avant la fin de l'année, le gouvernement passe en force. En revanche, Marylise Lebranchu a été très claire au moins sur un point : 

L'Etat comme promis financera les travaux d'infrastructures annoncés, comme la L2 et sur le port, mais n'investira plus rien tant que la gouvernance dans cette région ne sera pas transformée.

Une menace qui n'a pas échappé à Jean-Noël Guérini, qui était également présent à la réunion tupperware de la ministre : "J'attends de voir les annonces du gouvernement s'inscrire très rapidement dans la réalité", a-t-il lancé en séance publique du CG13, insistant notamment sur la sécurité et les transports. Cash is king.

>> Le discours de Marylise Lebranchu :

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Commentaires

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  1. Avé Avé

    Bref, on aura pas de métropole parce que les élus locaux joueront la montre d’ici la fin de l’année…game over

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  2. ALAIN PERSIA ALAIN PERSIA

    Cette précipitation à vouloir créer à tout pris une métropole dans un court délai est malsaine car elle se fait sans véritable concertation et ne tient pas compte des particularités locales notamment des antagonismes forts entre élus des diverses collectivités.
    Plutôt que de s’acharner à ce plan qui va diviser aussi la population du département , le gouvernement ferait mieux d’entreprendre une vraie réforme des conseillers généraux et régionaux . Mon idée est de diviser chaque circonscription de député en trois et de créer à l’intérieur trois postes de conseillers territoriaux élus au suffrage universel à deux tours.Ces conseillers siègeraient dans les deux assemblées : région et département. Un bon moyen de faire des économies et de permettre au peuple de voir qui fait quoi!
    Mais bon ne rêvons pas : tous ces partis ont tellement d’intérêt au maintien du statu quo!!!

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  3. puig puig

    “Court délai” !
    C’est se moquer du monde !
    Le débat sur la métropole est lancé depuis au moins 15 ans, si ce n’est 20, la CCIMP mène le combat avec force depuis plus de 6 ans, tous les experts sont unanimes, les conseils de développement y travaillent depuis plus d’un an, les milieux économiques, universitaires, les urbanistes (on sait, ils n’y connaissent rien), réclament une évolution urgente depuis au moins autant de temps, le territoire entier se meurt, mais seuls mesdames et messieurs les élus font mine de découvrir avec surprise le sujet, réclament “du temps, de la réflexion, de la progressivité, de la concertation”, alors qu’ils la refusent depuis le départ, avec des arguments éculés, des mensonges, des manipulations honteuses de l’opinion publique !

    Lebranchu, malgré un langage mesuré et ouvert à la discussion – mais encadrée dans un délai -, a mis les points sur les i : pas d’accord, plus de financement.

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  4. Jean Valjean Jean Valjean

    Bien d’accord avec Puig. Marseille change, les villes alentours changent. Et pour les autres, il suffit d’attendre la hausse du cours du 4×4 pour les pousser à changer. Seuls les élus, drapés dans le localisme clientéliste qui les nourrit, pensent encore tenir leurs territoires par quelques avantages dont ils ont le secret. Mais la messe est dite, désormais : réussite ou décadence. Faire la métropole sans les élus locaux ?

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  5. Placeauxjeunes Placeauxjeunes

    Ca c est vrai, vive la Metropole et remplaçons les élus par des sociologues, experts, urbanistes et autres. Les TER fonctionneront mieux, le tram ne sera plus rue de Rome, les bus de la RTM seront à l heure, les rues seront propres, il fera bon vivre dans les cités, la L2 sera finie pour Noel, le chomage va disparaitre, l insécurité sera un mauvais souvenir, MPM ne s installera pas dans sa tour magique…Que demande le peuple!

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  6. puig puig

    Décidément, “jeune” homme, de quoi vous plaignez vous, précisément ?
    Finalement, vous avez les élus que vous méritez, qui vous ressemblent, et qui ont le même niveau de réflexion, de vision de l’avenir et d’altruisme que vous.
    Au ras des pâquerettes.

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  7. Placeauxjeunes Placeauxjeunes

    Je voudrais juste qu on regle les problémes plutot que faire du verbiage et de mettre des caches nez

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  8. M34 M34

    Trop de communes de moins de 1 500 habitants – voila des économies à faire

    Les Aubagnais et leur agglo semblent refuser à tout prix cette métropole, MAIS que vont ils y apporter ?
    Plutôt des dettes que des apports financiers

    pourtant ils n’en veulenbt pas ! Pourquoi ?

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  9. Placeauxjeunes Placeauxjeunes

    Puig,
    Vous croyez qu il n y aura pas de guerre de pouvoir a l intérieur de la métropole? Quant à la stratégie, parlons en! quand il y avait que la ville de Marseille, on s est dit tiens on va faire MPM pour avoir une vision plus stratégique. On a vu ce que ca a donné en terme de transports ou de developpement economique. Un fiasco complet. Vous pouvez faire ce que vous voulez, si vous avez des élus qui comprennent rien, ca changera rien!

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  10. Placeauxjeunes Placeauxjeunes

    Hé, Puig, que vous inspire l article de La Provence sur les tambouilles politiques au sein du Parc des Calanques? C est tout ce que vomissez en politique: petits accords entre amis politiques pour déglinguer un élu uniquement parce qu il est proche de Teissier, pratiques politiciennes qui n ont rien à voir avec l interet general, aucune vision stratégique dans les décisions. Bref, la totale! Que Gaudin et Caselli se soient entendus et aient manoeuvré ensemble pour évincer Royer Perraut qui a porté ce projet a bout de bras depuis des mois pour mettre à sa place le maire de Ceyrestre dont la commune n est meme pas dans le coeur de Parc, ca révéle une nouvelle fois la rélité des choses. Tout ca parce que Royer Pertaut est un proche de Teissier. Comme vous le dites sur d autres sujets, on comprend pourquoi à Marseille, avec de tels comportements politiqyes, on soit dans cette situation. Ce qui est désolant, si on en croit l article, c est des élus comme Gaudin et Caselli en soient encore là. Pauvre ville.

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  11. vérité 13 vérité 13

    et oui, les masques tombent et chacun se révèle sous son vrai visage…

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  12. boulegan boulegan

    Décidement le débat semble trop vicié entre marseille et hors marseille. C’est le pire qui pouvait arriver et là le gouvernement, caselli et Menucci portent la responsbilité d’un débât qui n’est pas serein.

    D’abord il faut tordre le coup à une idée: oui les élussont prêts à laisser une partie de leurs compétences çà une autre instance … c’est le cas des transports ou auujourd’hui tout le mon des d’accord.

    Aprés il faut regarder ce que seront les compétences de cette méga struvcture: on parle de compétences …urbanisme,logement, transports, économie, relations internationales. Mais que deviennent les autres ? Si l’eau, l’assainnissement, les déchets le tourisme, l’environnement reviennent aiux communes (car exit les EPCI elles n’auront pas les moyens de le faire … et elles vont créer des syndicats mixtes pour pouvoir gérer enseble !!!! )
    Enfin il y a le probléme des finances: un impot communaitaire existe sur MPM ailleurs non, cela veut il dire que les habitants hors MPM vont avoir un impot supplémentaire puisque l’Etat ne mettra pas un sou?

    La réalité de la métropole c’est tout pour nmarseille ville, plus d’impots locaux, moins de moyens pour les communes et plus de privatisation des services publics. Les seuls à être contents ca va etre le medef

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  13. boulegan boulegan

    je lis avec constance les commentaires sur ce site et un refrain reviens en coeur : Aubagne serait le fer de lance de l’antimarseille et en plus elle est super endettée.
    Un petit rappel: Aubagne st contre la super structure mais POUR des coopérations elle est d’ailleursla seule historiquement à coopérer avec Marseille ( les busde l’agglo desserve des secteurs de MPM par exemple) et depuis longtemps elle propose par exemple de transférer sa compétence transports.

    On dit Aubagne est endettée, c’est vrai… mais on oublie de dire que l’Agglo du pays d’aubagne ne l’est pas … et il n’y a pas d’impots communautaire!!!! c’est la différence avec Marseille qui est aussi lourdement endettée, et sa communauté MPM qui l’est encore plus au point de ne plus pouvoir payer ses prestataires.

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