Ville et associations main dans la main pour redonner vie au comptoir de la Victorine
Quatre mois après l'incendie qui avait largement endommagé le comptoir de la Victorine, les associations résidentes et la Ville présentaient jeudi le lancement d'un appel à projets pour repenser le lieu sur des bases plus ambitieuses.
Le Comptoir de la Victorine.
“On ne peut pas faire des travaux dans un bâtiment sans y associer ceux qui étaient dedans“, se félicite Robert Assante. L’adjoint au maire de Marseille au patrimoine municipal présentait ce jeudi le projet en cours de montage pour le comptoir de la Victorine. À ses côtés, les représentants des Têtes de l’art, des Pas perdus et de l’Art de vivre – trois associations artistiques résidentes historiques du lieu – et la maire de secteur Lisette Narducci, qui accueillait la présentation.
Fin février, un incendie endommageait fortement le bâtiment situé dans le 3e arrondissement, et propriété de la Ville. Un élément déclencheur pour les associations locataires qui ont alerté sur l’abandon des collectivités dont elles disaient être victimes. Parmi leurs revendications, la mise en place d’un projet pour le site, que la Ville a laissé plus ou moins en l’état depuis son rachat en 2008, en dehors de réparations matérielles survenues en 2015.
Un appel entendu puisque lundi, lors du conseil municipal marseillais du 25 juin, une délibération entérinait le principe du lancement d’un appel à projets pour l’ouverture d’une concession. Votée en toute fin de séance, elle n’a pas été débattue dans l’hémicycle. La présentation de ce jeudi vient donc réparer ce rendez-vous raté.
“Enfin des perspectives”
“On a voulu passer d’une situation d’incertitude à : on rénove, on refait, on relance une dynamique”, s’enthousiasme Robert Assante qui a récupéré fin 2016 cette délégation, et y a visiblement pris goût. Le ton est presqu’aussi optimiste du côté des résidents. “Aujourd’hui, on enfin peut voir des perspectives. On sent du volontarisme et de la cohérence, et je n’ai pas l’habitude d’utiliser ces mots pour parler de la Ville de Marseille”, souffle Sam Khebizi, directeur des Têtes de l’art. Si des travaux sont en cours pour permettre aux huit structures installées au comptoir de retrouver leurs locaux à la fin de l’été – après six mois d’hébergement provisoire à la Friche Belle de mai – l’appel à projets prévoit un bond en avant d’une plus bien grande ampleur. “Un merveilleux projet”, salue Lisette Narducci.
“Il s’agira d’un bail de 30 ans plutôt que de dix ans, et on veut avoir une équipe qui rénove, investisse, et garde la base d’un bâtiment ouvert vers la culture”, déroule Robert Assante. Aujourd’hui occupés seulement à 30%, les bâtiments offrent 4800 mètres carrés au total, et 5000 mètres carrés de terrain sur lesquels il est possible de construire de nouveaux espaces. Outre des activités artistiques, le cahier des charges devra encourager l’installation d’entreprises de l’économie sociale et solidaire pour faire du lieu un moteur dans le quartier, classé prioritaire. “Ce cahier des charges est un document pensé à plusieurs voix”, se réjouit l’élu en pointant le dialogue établi avec les résidents et la maire de secteur.
“Il ne s’agit pas de faire une Friche bis, prévient Sam Khebizi. Il y aura une activité de création et de diffusion, mais aussi, comme aujourd’hui, une forte participation des habitants. Il faut un phare comme la Friche, mais on ne peut pas répondre aux besoins des habitants sans être dans la complémentarité, avec un maillage du territoire”. L’installation d’un organisme de formation est notamment souhaité.
“Il faut complètement remodeler le site”
Les porteurs de projet devront néanmoins avoir les reins solides puisque plusieurs millions d’euros de travaux les attendent, “2 à 4” pour Robert Assante, plus aux yeux de Sam Khebizi. Si les associations qui ont actuellement leurs locaux au comptoir devront être intégrées en priorité par le futur concessionnaire quel qu’il soit, elles ont aussi la possibilité de candidater directement à l’appel à projet. “Seuls, on n’est absolument pas en capacité de le faire, mais on peut s’associer à d’autres”, avance Emmanuelle Gourvitch de la compagnie L’Art de vivre, qui compte sur “une remise à plat” totale. “Il faut complètement remodeler le site, plaide-t-elle. On ne peut pas dire que nous on garde nos locaux comme avant et que c’est seulement le reste qui change”.
Heureuses de voir le comptoir sortir de l’impasse, les associations sont néanmoins conscientes des risques que comporte une telle procédure. “On fera attention à ne pas être confrontés à de la fausse concurrence, et on sera vigilants sur les appétits que peut susciter un tel lieu”, pose Sam Khebizi. Robert Assante espère de son côté voir la concession attribuée d’ici la fin 2019, pour “tout clôturer avant les élections municipales”, et éviter que le dossier tombe dans l’oubli en cas de changement de majorité. Mais le timing est désormais dans les mains des services juridiques chargés de ficeler l’appel à projets.
Une fois le concessionnaire sélectionné, il sera à sa charge de mener des travaux pouvant durer autour de deux ans selon son projet. Le comptoir ne va donc pas changer de visage du jour au lendemain. “Même si notre présence est garantie par le cahier des charges, est-ce que nous, on sera toujours vivants d’ici là ? L’incendie n’a pas arrangé les choses, et malgré la solidarité, nos soutiens financiers n’ont pas augmenté”, s’inquiète le directeur des Têtes de l’art. “Parfois même ils diminuent…”, complète Emmanuelle Gourvitch. La course contre la montre est lancée.
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