[Vidéo] JR met un "gros coup de colle" sur la Belle de Mai

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le 15 Mai 2013
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[Vidéo] JR met un "gros coup de colle" sur la Belle de Mai
[Vidéo] JR met un "gros coup de colle" sur la Belle de Mai

[Vidéo] JR met un "gros coup de colle" sur la Belle de Mai

Au bout d'une rue de la Belle-de-Mai, derrière des voitures, une image en noir et blanc attire le regard. En s'approchant, on y voit un homme sur un âne.  Dans ses sacoches, une vraie touffe d'herbes folles que l'artiste a intégré dans la scène. Ses habits et l'arche qui le surplombe laissent penser que la scène se déroule dans l'Algérie du début du XXème siècle. 

Les oeuvres de JR ne sont là que depuis quelques jours, et pourtant, elles s'intègrent déjà parfaitement dans le quartier de la Belle de Mai. Des regards de femmes sur les murs d'une favela de Rio dans le cadre du projet "Woman are heroes" aux portraits d'Israéliens et de Palestiniens face à face, les images que JR colle sur les murs, restent dans les esprits. Et pourtant, ces oeuvres sont conçues pour ne rester que quelques mois. "Chaque mur étant différent, la durée de vie du collage est variable. Notamment compte tenu de la météo", explique t-on dans l'équipe de l'artiste.

Ressortir les vieilles photos

"Cela fait dix ans que je viens régulièrement à Marseille et que je fais des petits collages par-ci par-là, raconte JR. Cette année tous les éléments étaient réunis et on avait une vraie envie de bosser ici donc on est venu mettre un gros coup de colle sur la Belle de Mai". MP2013 et les quartiers créatifs offrent donc à cet artiste reconnu l'occasion de travailler plus longuement dans cette ville et plus particulièrement ce quartier où "il y a beaucoup d'histoires, de gens qui arrivent et repartent".

Quatorze images orneront les murs du quartier. En collaboration avec celle de JR, une équipe de la Friche s'est chargée de repérer les façades. Dans cette tâche, ils ont fait participer des élèves du collège de la Belle de Mai. Ceux-ci ont cartographié les différents spots potentiels. A l'entrée de la Friche, un adolescent – perplexe devant un mur où une dizaine de personnes s'activent – demande ce qui se passe. "C'est JR qui fait un collage", lui répond-on, sans doute en se disant qu'il y ait peu de chance qu'il sache qui est l'artiste. Le regard du jeune homme change alors : "Je connais ! Il est venu dans mon collège".

 


 

"Nous sommes ensuite allés sonner chez les riverains pour leur demander l'autorisation d'utiliser leurs murs, explique Magali Poivert, chargée de projets à la Friche Belle de Mai, à part un, tous ont accepté".

Concernant le choix des photos, le travail a duré un an. "Dans un premier temps, nous avons rencontré les personnages typiques du quartier comme les membres d'associations, décrit-elle. Une permanence a également été mise en place dans une association du 2ème". Si certaines images sont issues des archives personnelles des riverains, d'autres ont été choisies par ceux-ci dans les archives de la Ville.

Un autre regard

"Les gens ont amené les photos qui faisait sens pour eux", raconte JR. C'est le cas notamment de la photo d'un joueur de football qui décore la façade du club de supporters des Winners. Ce cliché, visible de la rue Clovis Hugues un peu plus loin, est tout droit sorti du grenier de ceux-ci.

Autre rue, autre histoire : dans la rue Auzias, un joueur de pétanque au chapeau de cow-boy grimpe au mur. Il s'agit d'une archive d'un ancien club de pétanque du quartier, les Bleus. L'homme au geste élégant n'est autre que le vainqueur du Provençal. Place Caffo, c'est un navire qui s'est emparé d'une façade sous doute bien fade en temps normal. On ne sait si les deux hommes sur le quai sont en partance ou s'ils viennent d'arriver. Sur le mur de la Friche Belle de Mai, face à la voie ferrée, JR laissera une oeuvre plus pérenne, qui devrait tenir plusieurs années grâce à un renfort de colle. Un regard interpellera désormais les voyageurs en train. "C'est celui du père de Fatima qui vient d'Algérie, explique l'artiste. Elle n'avait jamais vu cette image, c'est sa famille en Algérie qui lui a donné et elle me l'a confiée. J'aime bien l'idée que ce soit le regard d'un inconnu, qui n'a probablement jamais mis les pieds ici, qui accueille les arrivants"

 


 

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Commentaires

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  1. un fonctionnaire territorial un fonctionnaire territorial

    Superbe !

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  2. Anonyme Anonyme

    Ce serait bien, quinze mois après le coup de colle, que JR vienne décoller les affiches (qui devaient être enlevées au bout de six mois) qui n’ont pas tenu le coup et qui donnent un aspect sale dans certaines rues du quartier, notamment devant le collège de la BDM

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