Vauzelle dénonce les "mauvaises habitudes" d'Andrieux avec Gaudin
Vauzelle dénonce les "mauvaises habitudes" d'Andrieux avec Gaudin
La scène n'a duré que quelques minutes, mardi au tribunal, mais elle était chargée de poids politique et symbolique. A la barre, Michel Vauzelle, président PS du conseil régional venu en "défendre l'honneur" et "demander réparation" pour les 700 000 euros versés à des associations bidon. Face à lui, Sylvie Andrieux, sa vice-présidente déléguée à la politique de la ville pendant 11 ans, renvoyée pour "détournement de fonds publics". La députée a obtenu l'autorisation "exceptionnelle" de la présidente Christine Mée de poser une question à celui qui siège au sein du même groupe à l'Assemblée.
On se dit qu'elle va alors tenter de rejeter la faute sur lui ou de minorer sa propre responsabilité, comme lorsqu'elle se qualifiait face aux enquêteurs de "reine d'Angleterre". Mais ça c'était une question pour la juge et son avocat Me Haik et la réponse avait déjà été donnée : loin d'un souverain potiche, elle était selon lui "dans la situation d'un ministre, elle avait tous les pouvoirs de donner des instructions à l'administration".
Andrieux, "un immense talent"
Ce que Sylvie Andrieux souhaite savoir, c'est si "dans [sa] bouche" l'expression "les habitudes" prises sous l'ancienne majorité de Jean-Claude Gaudin (UMP), qu'il a découvert en lui succédant en 1998, est "péjorative". La réponse est en apparence aussi incongrue que la question : "Non, l'expression n'a pas un caractère désagréable. Mme Andrieux, en dépit de son jeune âge, a très vite montré un immense talent. C'est pour ça qu'en accord avec M. Bernardini, à l'époque premier secrétaire de la fédération du PS, elle a pu discuter avec M. Gaudin de la répartition des crédits de la politique de la ville. Quand je suis arrivé, elle avait l'expérience de 6 années d'un pouvoir singulier". Face aux caméras, il parlait pourtant de "mauvaises habitudes". Magnéto Esther :
L'échange aigre-doux est en fait un condensé de l'après-midi : Michel Vauzelle n'a cessé de louer l'"élégance", le "caractère" de l'élue pour ensuite souligner sa prééminence dans le système qui se voit aujourd'hui disséqué au tribunal. "Mme Andrieux était députée, vice-présidente de la région, présidente du groupe socialiste dont le secrétaire général était ensuite son assistant parlementaire", a-t-il énuméré à la barre.
Pour bien comprendre de quoi il retourne, il faut remonter à 1992. Réélu président du conseil régional, Jean-Claude Gaudin rejette l'accord de gouvernance avec le FN et se tourne vers les socialistes pour obtenir une majorité. C'est à cette date que la mémoire collective fait remonter l'existence des dossiers signalés. Ils consistent en des demandes de subventions poussées par un élu et donc censées être étudiées avec bienveillance et votées prioritairement. Un circuit alternatif qui servait, à en croire l'exégèse de Michel Vauzelle non contestée par Sylvie Andrieux, alors présidente du groupe socialiste, de monnaie d'échange avec Jean-Claude Gaudin.
Lenteur face aux alertes
Comme pressenti, le procès où Sylvie Andrieux fait figure de tête d'affiche donne donc lieu depuis lundi à une critique plus globale du système politico-administratif qui a permis les détournements qu'on lui reproche. Elle ne s'y est pas trompée en sortant de la salle d'audience : "Ce procès a une vraie utilité, il est en en train de faire ressortir la vérité en donnant une vue d'ensemble des dysfonctionnements qui hélas ont permis une escroquerie." Un tableau général qui ne l'exonère en rien de son éventuelle intervention directe dans ces fraudes.
Pourquoi Michel Vauzelle n'a-t-il pas mis un terme aux "mauvais habitudes" à son arrivée au pouvoir en 1998 ? "Nous avons vu combien il était difficile aux élus de revenir sur une évolution précédente, ils avaient fini par trouver ça normal. L'exécutif régional pouvait difficilement mettre un terme aux dossiers signalés", a témoigné Bernard Farny, ancien directeur chargé notamment de la politique de la ville, venu à la barre ce lundi. "On a le sentiment que vous acceptez qu'on fasse tout et n'importe quoi", a lancé à Michel Vauzelle un avocat de Sylvie Andrieux, Me Haik. "Vous avez mis plus d'un mandat à vous rendre compte qu'il se passait des choses irrégulières dans votre institution", a interrogé un journaliste. Dans les deux cas, la réponse sera qu'il n'avait pas d'élément précis pour soupçonner une fraude.
La suite de l'article en page 2, en cliquant à droite
Comme l'a plusieurs fois relevé la juge depuis lundi, la région leur ouvrait pourtant "des failles béantes". Son président a défendu le caractère "progressif" de la mise en route des réformes, dont l'inspection générale des services créée en 2005. Ainsi, de 5 sessions où les subventions étaient votées à toute vitesse, on est passé à 11 par an. Idem pour les dossiers qui débarquaient au dernier moment à ces sessions, une "méthode" pour masquer leur légèreté : "On a réussi à [les] faire disparaître totalement. Peu à peu, je le reconnais". Ce n'est pourtant pas faute d'alertes sur les dérives possibles. Voici ce qu'écrivait dès 2002 Christian De Leusse, alors fonctionnaire au service de la politique de la ville dans une note à sa hiérarchie (consultable en intégralité sur Libération) :
L'institution, et particulièrement le président, s'expose à travers ces dossiers signalés : parce que la fiabilité de l'association porteuse n'est pas suffisamment vérifiée, parce qu'aucun contrôle de l'usage des crédits ne peut être effectué.
Il a finalement démissionné, refusant de cautionner le système, tandis que son chef de service, Jean-Pierre Perrin, était remplacé. Son successeur, Henri Mandrile, n'a pas eu davantage d'impact : "Mes suggestions n'ont jamais été suivies d'effet", a-t-il expliqué aux enquêteurs.
"Mur politique"
Pour l'ancien inspecteur général des services Robert Chauvin, appelé par la défense de Sylvie Andrieux, cette inertie n'a qu'une explication : "L'administration a peu de pouvoir contre un mur politique unanime (…) il y avait la conscience que c'était une priorité politique et un domaine réservé". Si son inspection n'a pas été saisie plus tôt "c'est parce qu'on savait très bien que le politique ne voulait pas que l'IGS y mette son nez".
En donnant sa démission en 2008, après l'éclatement de l'affaire, le directeur général des services Jules Nyssen ne semblait toujours pas convaincu des velléités réformatrices : il mettait en avant "la difficulté du rapport de forces avec les élus" qui s'élèvent contre des visées de contrôle vues comme "gestionnaires". "Quand Nyssen a démissionné, c'est suite à une réunion avec le groupe socialiste où il souhaitait mettre de l'ordre dans les subventions. Tous les élus, pas seulement Madame Andrieux, s'y sont opposés. Il y avait un consensus sur la politique de la ville", a complété Robert Chauvin.
Le cas Andrieux, le veto de Dumontel
Dans la masse "unanime" du "consensus", c'est cependant Sylvie Andrieux qui en bénéficiait le plus largement. Sur 500 demandes votées à chaque session, seuls 100 passaient "par le circuit normal du courrier, les personnes lambda qui ne connaissent pas d'élus", a livré la juge. Sur les autres, 300 étaient soutenues par Sylvie Andrieux, 70 par les autres élus socialistes, 20 par le cabinet… et 10 probablement par les autres groupes politiques. Pour une enveloppe globale de 15 milions d'euros par an. En plus d'utiliser quasi systématiquement la procédure d'urgence, elle aurait également échappé à la "formalisation des dossiers signalés" mise en place par Jules Nyssen, continuant à "arbitre[r] elle-même ses dossiers".
Mais là encore, le procès rejaillit sur d'autres acteurs. Franck Dumontel, qui a bénéficié d'un non-lieu, est ainsi pointé du doigt. Me Haik n'a pas boudé son plaisir en lisant un courrier où il demandait à Jules Nyssen d'accélérer le paiement de certains dossiers. "J'ai été très surpris de ce genre d'échanges, je condamne tout à fait ce genre de pressions", a répondu Michel Vauzelle. Lundi, Robert Chauvin a expliqué comment Franck Dumontel a mis son veto à l'inspection de 7 associations suspectes sur les 14 listées par les services. "C'est en principe le pouvoir du président, pas du directeur de cabinet, M. Chauvin aurait dû s'adresser à moi", s'est encore ému Michel Vauzelle. Quoi qu'il en soit, "après le départ de M. Dumontel, on a réintégré ces 7 associations au contrôle, 4 ont fait l'objet d'une transmission article 40", a rapporté l'ancien inspecteur général des services.
C'est ballot. D'ailleurs, l'un de ces signalements au procureur de la République, a déjà fait l'objet d'un procès présidé par la même Christine Mée. S'ils n'étaient pas sur les bancs des prévenus, les noms de Sylvie Andrieux, de Rolland Balalas et de la famille Benamar étaient déjà dans le dossier. D'autres informations judiciaires ont été ouvertes et il se murmure au tribunal que Sylvie Andrieux pourrait ne pas être la seule élue concernée.
La liste des procédures dans laquelle le conseil régional s'est engagé :
Commentaires
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Le problème n’est pas de savoir s’il faut balayer tout ça mais plutôt comment balayer tout ça sans faire un boulevard au Front National ? Notre choix actuel se résume à UMP – FN = PS vainqueur au second tour. Tant qu’on aura ce choix limité le PS continuera sa politique de terres brûlées dans les quartiers, Le FN en grossira d’autant et l’UMP comme d’hab en fera les frais au second tour. Alors qui soutenir dans tout ça ? Le parti qui a le moins d’intérêt laisser prospérer le Front de Le Pen. Grosso Merdo l’UMP. Il nous reste à soutenir l’UMP de Gaudin. Bon soit ! mais espérons que notre palette de choix se diversifie. Peut être qu’à l’instar de la droite forte va naître une gauche Forte… Même à l’heure de la gauche molle, ce n’est pas interdit de rêver.
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Complètement d’accord avec notre ami Prometheus. Je suis devenu allergique à la gauche à cause son jeu avec le FN. Si la gauche fait vraiment ce qu’il faut dans les quartiers même se cela fait baisser le Front et même au risque de perdre au second tour d’une élection alors je peux me faire désensibiliser. Et si on commençait par balayer les mafieux du PS, Andrieux en tête.
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pouquoi ne pas parler du fiar
pourquoi ne pas citer les assocs arlesiennes et de saint martin les chasseurs des bouches du rhone
vauzelle et l ecole taurine
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L’ordinaire d’un élu socialiste en PACA : le clientélisme
http://youtu.be/5DEFjAGleNY
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VAUZELLE un véritable Monsieur Sans gêne qui se fait passer pour le perdreau de l’année! C’est affligeant !J’invite les lecteurs à examiner la liste des subventions allouées aux associations en mai 2012 :VAUZELLE et MZNNUCCI ont pris la quasi totalité de la manne financière pour les distribuer aux associations des circonscriptions oû ils allaient se présenter.
VAUZELL lorsqu’il a été élu Président de Région suite à GAUDIN s’est bien gardé de contrarier son prédecesseur en sortant des dossiers sensibles : voir l’affaire des lycées, la disparition de tableaux de valeur , octroi de subventions douteuses, recrutements abusifs….
VAUZELLE oie blanche, qui peut le croire?
Les caciques du FN doivent bien rire de ces arrangements UMPS qui durent ici à cause de GAUDIN.
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TOUKA
pourquoi les chasseurs des bouches du rhone ?
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le ps le plus lamentable du monde…
la honte de la vraie gauche… même Vauzelle est pitoyable dans sa défense … il a bien été préparé par sa femme magistrats…
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C’est vrai que nous à gauche on rigole bien en voyant l’UMP se faire avoir par le FN alors que la gauche plurielle fonctionne plutôt bien en période électorale même si le gouvernement actuel n’a de gauche que le nom…
Comme quoi le travail des médias fonctionne bien !
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C’était une bonne ou une mauvaise habitude la subvention versée personnellement par Vauzélle, à la fédération des chasseurs des BdR.
Pas beaucoup 10% de ce qui est reproché à Andrieux, mais plusieurs années de suite,(70 000 Euros par an).
Une association qui dispose d’un petit 3 millions d’euros annuels,( cotisations obligatoires chasseurs).
D’habitude,la bonne,quand on a en charge l’intérêt general, on ne subventionne pas ce genre d’association.
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Plusieurs commentaires :
– les écuries d’Augias du PS 13 ne toujours pas lavées !!! Mais qu’a donc fait le comité théodule Richard ?
– comment des gens peuvent ils voter dans les Bouches du Rhône pour un parti comportant autant d’inculpés et de condamnés ? Sont ce des benêts ou reçoivent ils de l’argent en retour ?
– le scandale des subventions aux assos bidons n’est rien face aux subventions clientélistes aux collectivités locales de la part du CG 13 et du CR PACA (alors que Marseille ne reçoit guère), au détournement des rentes fiscales des ZI et ZC des communes périphériques (bases énormes et résultat nul : ou est passé ml’argent ?), …
– conclusion : je ne cautionne pas ce système pourri. Ceux qui votent encore soutiennent par leur vote ce système et ses magouilleurs. Ils ne peuvent donc le critiquer ensuite.
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Petite info sur les assos.
Toute association qui touche au moins 153 000 Euros de subvention est tenue de faire une déclaration au journal officiel.
Il y en a 2600 dans notre département.Je vous laisse le soin de faire la multiplication, sachant qu 153 000 Euros c’est le seuil.
Mais combien sont-elles à toucher moins que ce montant,et qui du fait ne sont contrôlées par personne.
La Mafia des apprentis en comparaison.
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