Unité d’hébergement d’urgence : l’association de médiation sociale poussée dehors

Actualité
le 26 Oct 2016
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Un après la révélation par Marsactu des errances de la gestion de l'unité d'hébergement d'urgence par l'association de médiation sociale, celle-ci est sommée de cesser de gérer la structure. La Ville et l'État ont décidé de dénoncer la convention qui les lie à AMS à l'issue de la longue inspection diligentée en décembre.

Unité d’hébergement d’urgence : l’association de médiation sociale poussée dehors
Unité d’hébergement d’urgence : l’association de médiation sociale poussée dehors

Unité d’hébergement d’urgence : l’association de médiation sociale poussée dehors

La sommation est impérieuse. Elle a mis un an à être prononcée. Une lettre signée du maire de Marseille Jean-Claude Gaudin et du préfet Stéphane Bouillon vient d’être adressée au président de l’Association de médiation sociale (AMS) en charge de la gestion des deux sites de l’unité d’hébergement d’urgence (UHU) qui accueillent femmes et hommes sans-abri à Marseille. “Par ce courrier, nous résilions la convention qui nous lie à cette association, détaille Yves Rousset, le préfet pour l’égalité des chances, lors d’un point-presse organisé dans son bureau avec Xavier Méry, adjoint au maire en charge de la lutte contre l’exclusion. Nous leur laissons jusqu’au 14 novembre pour régler les affaires courantes et assurer la continuité de service.” 

C’est ainsi que se conclut la longue mission d’inspection diligentée par les tutelles en décembre dernier “dans le cadre d’une procédure administrative claire et transparente, dans le respect du droit et du contradictoire”. Mais pour l’heure, le rapport de la mission ne sera pas rendu public. “Il s’agit d’un document préalable à une décision administrative, insiste le préfet. Vient ensuite la période de recours administratif. Le document sera communicable à l’issue de celle-ci, sans les noms des personnes, bien entendu.”

Deux nouveaux candidats

Le directeur général de l’association, Pierre Perez, confirme à Marsactu avoir reçu ce courrier mais s’est refusé à tout autre commentaire, si ce n’est peu aimables à notre égard. À la mi-novembre, AMS aura donc quitté les sites de la Madrague-Ville et de Saint-Louis à moins qu’elle ne décide de contester cette décision devant le tribunal administratif. Si ce n’est pas le cas ou si la justice ne lui donne pas raison, une autre association aura repris en main l’UHU. “Deux structures sérieuses ont répondu favorablement. Nous sommes en train d’examiner leurs offres”, poursuit le préfet.

La décision conjointe des deux tutelles n’étonne personne. Depuis la remise du rapport de la mission aux intéressés, en mai, les deux sites continuaient d’être gérés de mal en pis. Alors même que les tutelles réclament de renforcer la direction de l’UHU par des embauches, l’association s’est séparée de son directeur Gilles Chalopin.

Quelques semaines plus tard, l’hôpital Edouard-Toulouse dénonçait la convention de permanence d’accès aux soins (PASS) qui le liait à la structure. Pourtant, en juin, une série d’injonctions avaient été à nouveau formulées avec deux mois, au maximum, pour y répondre. À l’issue de cette période, “23 manquements aux obligations réglementaires” et “34 anomalies dans les modes de gestion de la structure” justifient la décision commune.

La longue liste d’absences

Les manquements qu’ils énumèrent sans entrer dans le détail sont ceux qui étaient déjà pointés voici un an : l’absence de projet d’établissement, absence d’organigramme de la structure, faiblesse de la gouvernance par le conseil d’administration, absence de protocole de gestion des urgences, absence de registre des entrées et sorties, manquement à la confidentialité médicale, absence de partenariat avec les autres structures du secteur, problème de délégation de signatures… Tout ceci était déjà dénoncé par les salariés mécontents lorsqu’ils alertaient la presse à l’été 2015. Depuis bon nombre d’entre eux ont été licenciés.

“Il y a un an, nous n’avons pas identifié de situation de risque qui imposait une cessation immédiate, justifie Yves Rousset. L’inspection que nous avons mise en place a permis de mettre à jour une institution mal organisée, mal repérée dans l’espace hiérarchique. Tout ceci a un impact sur les personnes hébergées.” Parmi les griefs formulés, nombreux sont ceux qui ont justement trait à l’absence de dispositif permettant d’assurer la “bien-traitance dans l’accueil”. Pas de plan de formation des salariés, pas de dispositif de supervision des situations de conflit, pas de débriefing avec un tiers…

Une large concertation à venir

Pourtant ce type de dispositif paraît classique dans le champ de la médiation sociale. À moins de soupçonner que l’association connaisse les mêmes difficultés d’accompagnement dans ce qui est pourtant son cœur de métier.

L’adjoint en charge de la lutte contre l’exclusion, Xavier Méry comme le préfet délégué pour l’égalité des chances affirment donc avoir définitivement tourné la page AMS de l’UHU. Pour la prochaine unité d’hébergement qui doit être construire “en 2019”, boulevard de Magallon à proximité de Bougainville, ils associeront “l’ensemble des associations qui travaillent dans ce secteur”. En novembre 2015, une bonne partie d’entre eux manifestaient devant la salle du conseil municipal pour contester le choix de l’État et de la Ville de choisir AMS pour gérer l’unité d’hébergement de la Madrague-Ville. Lors de la visite de la ministre du logement Emmanuelle Cosse, en septembre, les responsables de ces associations avaient à nouveau insisté sur cette nécessité d’être associés à la réflexion sur l’accueil au sens large.

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