Une start-up marseillaise met la biodiversité en "open data"
Une start-up marseillaise met la biodiversité en "open data"
« On n’aura jamais assez de données ! » Assis à son bureau de la rue Sainte, Olivier Rovellotti résume au bout d’une demi-heure de discussion d’une exclamation ce qui le fait courir : l’accumulation des connaissances en matière de biodiversité et leur diffusion la plus large et ouverte possible.
Après avoir vu en 2000 son poste d’ingénieur chez Microsoft à Dublin éclater en même temps que la « bulle Internet » et passé les années suivantes au Sahara à travailler pour un plan de restauration de l’outarde (un oiseau), il a créé en 2008 à Marseille sa société, qui réunit en quelque sorte les deux champs.
Employant aujourd’hui 7 salariés dont 4 développeurs, elle a mis au point plusieurs applications permettant la saisie de relevés naturalistes, leur visualisation et leur structuration. « Typiquement, un bureau d’étude part sur le terrain avec un pocket (terminal mobile, ndlr), rentre ses relevés, et obtient ensuite très simplement une cartographie », grâce à la géolocalisation, explique Olivier Rovellotti.
Qui ajoutant que cela peut également intéresser des entités comme le Conservatoire du littoral (qui figure parmi ses partenaires scientifiques), « des gestionnaires de parcs, des collectivités locales, des associations de protection de l’environnement… » Parmi ses clients : le « panda » WWF.
La biodiversité à écran ouvert
L’idéal étant pour lui que ceux-ci adoptent « la logique de l’open data », à savoir l’ouverture des données au public. Pour mieux comprendre, reprenons notre bureau d’étude, qui a fait un petit tour sur les lieux par exemple d’un projet de centrale solaire nécessitant un inventaire de la biodiversité, et qui a identifié telle et telle espèce à tel endroit, rendant ensuite sa copie au commanditaire. « Ce qui est novateur c’est que le dossier peut être sur le Web, car aujourd’hui la majorité est sur papier et « meurt » à partir du moment où il a été donné au client », avance-t-il.
Autrement dit, toutes ces informations précieuses pour des naturalistes, des chercheurs voire le grand public, restent la plupart du temps dans un carton. « Si elles étaient libérées, tout le monde pourrait mieux faire son travail. On aurait une idée plus précise de ce que l’on connaît. » Et de nous emmener faire un tour sur Global Biodiversity Information Facility (GBif), qui recense plus de 300 millions d’observations dans le monde. Cliquons près de Marseille : « vous voyez, ça ce sont les Américains (l’Avian Knowledge Network, ndlr), qui sont venus jusqu’ici et qui ont libéré les données et nous en France on n’est pas fichus de le faire », s’emporte-t-il.
Car, même si certains organismes comme le Muséum national d’histoire naturelle (MNHN) sont lancés dans le mouvement, on en est la plupart du temps loin, comme il l’illustre avec le Système d’Information et de Localisation des Espèces Natives et Envahissantes et son imbitable formulaire de demande d’accès aux données. « Les services publics qui font de la rétention d’information travaillent à l’encontre de la prise de décision en matière d’environnement », regrette-t-il, d’autant plus que l’ouverture lui paraît naturelle lorsque les informations sont « collectées avec de l’argent public » ou par des associations.
Balades numérique et sciences participatives
Exemple de ville : Montpellier, qui a publié sur son portail open data la liste des arbres remarquables repérés par ses services Espaces verts. A partir de là, « on peut imaginer des services à valeur ajoutée, comme des balades numériques », commente-t-il. Tout en avertissant que « si tout le monde fait son portail open data dans son coin, on va en avoir partout et le petit utilisateur ne saura pas où chercher ». A méditer dans la perspective du projet open data de Marseille Provence 2013…
A l’autre bout de la chaîne, il fonde aussi de grands espoirs dans les sciences participatives, étant donné le « manque de naturalistes » pour visiter les six coins de l’Hexagone et y recenser la biodiversité. Cette année Natural Solutions va ainsi aider Marseille à participer au projet Sauvages de ma rue, qui vise à faire identifier par des quidam les plantes sauvages qui poussent dans leur ville. « Des instituteurs partenaires emmèneront les enfants qui listeront des espèces de la région marseillaise et tout ça remontera sur un portail open data et pourra être réutilisé », explique-t-il
L’apport de la start-up étant là de « simplifier la saisie » et « d’orienter le public vers une détermination précise » de ce qu’il voit, en attendant pourquoi pas que l’exercice permette « d’éduquer l’oeil ». Elle développe notamment actuellement une application mobile qui permet, en cliquant sur la couleur dominante de la plante que l’on a pris en photo de sa voir proposer des listes d’espèces probables.
Marseille Provence 2013 à l’ère open data, sur Marsactu
La carte des observations de Tela Botanica
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