"Une semaine en décembre" dans l'intimité d'une famille Rom

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le 28 Mar 2013
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"Une semaine en décembre" dans l'intimité d'une famille Rom
"Une semaine en décembre" dans l'intimité d'une famille Rom

"Une semaine en décembre" dans l'intimité d'une famille Rom

Une semaine en décembre. Le titre, sobre, résume la teneur du film. Une immersion dans le quotidien, dans l'intimité d'une famille Rom originaire des Balkans. La famille Gjuliaj, composée de Sahar le père, Dasuhrije son épouse, leurs trois petites filles et leur petit dernier. Derrière une passerelle d'autoroute, quelque part dans le 15e arrondissement de Marseille, la famille vit, survit, se bat pour garder sa dignité. Une lutte bien ordinaire. En dépit de la misère, en dépit de la peur de se voir expulsés, séparés. De la peur chevillée au corps de chavirer, impuissants, avec violence, dans une vie d'errance, toujours en partance.

Fanny Fontan et Margaïd Quioc, toutes deux journalistes pour LCM ont vécu une semaine en décembre dans un camping car, équipées d'une caméra et chauffées grâce à l'installation précaire de Sahar Gjuliaj. Le jour, celui-ci pirate le réseau électrique de la gare de l'Estaque. La nuit, il se raccorde à un poteau électrique. A l'origine du documentaire, il y a une histoire, banale. Un journaliste, François Missen, se retrouve en rade avec sa voiture, en plein milieu de nulle part, à proximité de ce campement rom. Fanny Fontan raconte, "il est arrivé rempli de préjugés, comme beaucoup d'entre nous et s'est demandé où il était tombé". Sahar l'aide à trouver l'origine de la panne et l'invite à prendre un café. Ensuite, "François nous a proposé de raconter cette histoire. Nous avons rencontré la famille deux ou trois fois avant le tournage, avant de nous retrouver 24 h sur 24 ensemble. Pour les convaincre d'accepter d'être filmés, il a fallu parler, prendre du temps, surtout avec la maman. Comme nous étions des femmes, je pense que ça l'a aidée à parler de son intimité notamment." 

 

 

"Je voudrais mourir"

Lors de rares moments, la caméra peut paraître intrusive, comme la scène où la petite fille est douchée par sa mère, où l'on ressent une légère gêne. "Cela a été compliqué de mesurer l'équilibre entre le voyeurisme et la volonté de montrer le quotidien. Il y a parfois eu des débats entre Margaïd et moi, pour savoir ce qu'on devait montrer ou non…", concède Fanny Fontan. Mais en filmant le quotidien, les journalistes parviennent à recueillir la confession de la mère, sa profonde détresse. "Parfois je voudrais mourir", lâche Dasuhrije devant la caméra, comme à bout de souffle. Son mari, ses enfants ne seront pas épargnés en l'entendant le dire le jour de la projection au cinéma.

Voilà plus de 10 ans que le couple se voit refuser l'asile politique. Au gré des expulsions, depuis leur naissance au Kosovo, l'un et l'autre ont parcouru près de 14 000 km. Les enfants, nés en Allemagne et en France, sont privés de nationalité. "Sahar dit que ses enfants n'ont pas de nationalité, pas de patrie." Des enfants apatrides, polyglottes, disposant, comble d'une situation kafkaïenne, de la nationalité yougoslave. Des enfants qui pourtant sont scolarisés à l'école de la Bricarde depuis maintenant deux ans. "C'est assez drôle, Samantha (l'aînée – ndlr) a des expressions marseillaises, elle a même un peu l'accent", s'amuse la journaliste. Au départ, pourtant, ces enfants espiègles et souriants ont été rejetés à l'école. Certains de leurs camarades racontent que les Roms volent les enfants pour des trafics d'organes.

A Marseille, il n'est pas anodin de réaliser un reportage sur les Roms. L'animosité ambiante envers cette population s'est cristallisée lors de l'expulsion d'un camp Rom aux Créneaux par les riverains excédés. Mais Fanny Fontan l'assure, "nous ne prétendons pas avoir fait ça dans une démarche politique. C'est une semaine en décembre, à un instant T avec une famille. On ne prétend pas faire une généralité sur la communauté rom. Et puis on se rend compte qu'il n'existe pas de réponse politique, à gauche comme à droite. C'est un problème européen. Les élus locaux ont certainement des responsabilités mais les réponses sont difficiles à apporter". Dans le documentaire, Dasuhrije estime que "Sarkozy ou Hollande, c'est pareil, pour moi rien ne change. La vie en caravane, les expulsions…" Une vie en cavale pour une famille pourtant bien ordinaire.

Première diffusion télévisée le 31 mars à 20 h 30 sur LCM et TV Sud.

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Commentaires

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  1. Pascalou Pascalou

    marsactu journal des roms

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  2. Saint Jean du Désert, Sant Pierre Saint Jean du Désert, Sant Pierre

    Reportage bien fait, touchant !On ne peux qu’être triste pour cette Famille.Seconde étape,il faudrait la même expérience avec les voisins proches d’un lieu d’hébergement de cette communauté. A faire objectivement bien entendu !Noé Pas de gros mots… S’il vous plait

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  3. Pascalou Pascalou

    Merci à Marsactu pour la modération…

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  4. Anonyme Anonyme

    C’est triste et il semble qu’il n’ y aura jamais d’ issue
    Dans 30 ans le problème sera le même et pas résolu !

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  5. Noé Picard Noé Picard

    Oh c’était pas méchant par contre c’est l’hôpital qui se moque de la charité je n’ai jamais fait et ne ferai jamais d’une situation humaine un thème comme vous dites.

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  6. canale canale

    Arrêtez de me faire pleurer , j’ai les lèvres gercées!

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  7. Mymy Mymy

    J aimerais les aider comme je peut y’a t il un numéro de tel ou adresse??? Merci

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