Une métropole à Marseille, les ennuis commencent

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le 7 Sep 2012
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Agglomération, métropole. Comme le montre le nuage de tag du Lab, ce sont, avec Marseille et ses dérivés, les deux termes qui ressortent du discours de Jean-Marc Ayrault, en conclusion du comité interministériel consacré jeudi à la ville. Bien plus que la sécurité, thème qui a provoqué la tenue de cette réunion. Si la répétition traduit l'affirmation du rôle que le gouvernement entend lui voir jouer, le premier ministre a aussi mis le doigt sur la "question institutionnelle" et fixé un cap : "cheminer vers la métropole".

Le SAV d'Ayrault

Cette fois-ci non plus le terme générique, mais l'établissement public de coopération intercommunale (EPCI). C'est-à-dire, pour les non-lecteurs du Courrier des maires, des regroupements de communes type communauté d'agglomérations. Avec à la clé une fusion dans une seule et même structure des six EPCI identifiés comme "l'agglomération marseillaise" (toutes les Bouches-du-Rhône moins la Camargue et les Alpilles) ? "Pour l'instant on ne sait pas", répond Eugène Caselli, président socialiste de la communauté urbaine de Marseille.

Ses huit homologues du département, qui se sont réunis ce vendredi à Arles, répondent eux niet. Et l'ont indiqué dans un courrier à Ayrault, avant même sa tournée lundi et mardi "pour engager le dialogue sur ce projet". Une tournée de service après-vente qui l'oblige notamment à rencontrer Jean-Noël Guérini, qui en plus de tenir le plus gros budget de la région a encore l'influence nécessaire pour peser sur de nombreux maires.

Le premier ministre avait de toute façon pris garde de laisser le champ des possibles ouverts, en expliquant dans son discours que "l'inspiration doit être la métropole, mais en tenant compte de la complexité de ce territoire, pour préserver les services et les liens de proximité, et respecter les identités locales. Une seule agglomération, mais plusieurs pôles." Comprenne qui pourra.

"La métropole, personne n'en veut"

"Nous, on veut un seul pôle et plusieurs agglomérations", répond en tout cas par le biais d'un communiqué Magali Giovannangeli, présidente communiste du pays d'Aubagne et de l'Étoile. "Arrêtons les conneries, nous lance avec son franc parler habituel on homologue UMP du pays d'Aix Maryse Joissains. La métropole, personne n'en veut, ce n'est pas pour rien que j'ai pris la tête de l'opposition à la réforme de Sarkozy".

Laquelle prévoyait notamment que le préfet propose en 2011 une nouvelle carte de l'intercommunalité à une commission représentant les collectivités locales (la CDCI), pour une adoption d'ici fin 2012. Dans les Bouches-du-Rhône, Hugues Parant avait bien compris qu'il fallait composer avec "l’affirmation des identités et des particularismes" avec un schéma initial pas révolutionnaire présenté en avril 2011. À la fin de l'année, face à l'absence de consensus, il avait rangé dans son bureau le schéma, promettant de revenir à la charge dans le détail courant 2012.

Objectif : laisser une chance au pôle métropolitain, autre création de la réforme de 2010 qui s'apparente à une coopération métropolitaine à la carte sans fusion. Chose faite en février avec une réunion Caselli/Joissains/Giovannangeli lançant la création d'un pôle entre Marseille, Aix et Aubagne pour le 1er janvier 2013. Une initiative rejointe en mars par les autres intercommunalités du département. C'est pour poursuivre ce travail que les neuf présidents avaient prévu de longue date de se réunir ce vendredi.

Quel intérêt de relancer le débat, réveillant par exemple chez Maryse Joissains des discours anti-Marseille qu'elle avait mis en sourdine ces derniers mois ? Faire monter la pression pour éviter un pôle a minima avec, outre la création d'un avec "poste de préfet chargé de la stratégie de l’agglomération" qui les aura à l'oeil, l'assurance que "le gouvernement prendra ses responsabilités" sur ce point ? Voire. Le préfet pouvait déjà de toute manière imposer, moyennant l'accord d'un tiers des 55 membres de la CDCI, n'importe quel redécoupage.

Une métropole version socialiste ?

Peut-être l'appel des "forces vives", comprenez le collectif Osons la métropole ! pour qui le pôle métropolitain n'était pas suffisant, a-t-il été entendu. La séquence ouverte avec l'annonce du comité interministériel a en tout cas fait dévier Eugène Caselli, l'un des acteurs qui ont forgé le pôle métropolitain. À Businews, l'organe de l'Union patronale des entreprises, il expliquait fin août qu'il "n’est pas une solution, ça ne fonctionnera pas". Une position qui se lisait également entre les lignes de sa tribune du 5 septembre dans Libération, peut-être provoquée par la multiplication des sorties sur ce sujet de Patrick Mennucci, son rival socialiste potentiel pour la mairie de Marseille en 2014.

L'idée mise en avant par Eugène Caselli : une métropole version socialiste, par opposition à celle de Sarkozy, dont l'UMP Joissains et, last but not least, le premier ministre ne voulaient pas. Il s'agirait de se couler dans le nouveau cadre qui émergera de la loi de décentralisation qui devrait être présentée à la fin de l'année. "La métropole ne peut pas être dans le cadre de la loi du précédent gouvernement, qui ne pouvait se faire que sur la base du volontariat. Il faut donner des pouvoirs de proximité supplémentaire aux maires", explique-t-il. Idée partagée par le nouveau député écologiste de la 10e circoncription François-Michel Lambert, qui met dans le rayon "proximité l'urbanisme, la culture, les axes de développements des services publics locaux".

En admettant que tout ce petit monde se mette d'accord sur les compétences, la répartition des finances et des sièges, restera un point, soulevé par Maryse Joissains : "Vous connaissez quelqu'un qui serait suffisamment compétent, quelqu'un qui serait suffisamment charismatique pour diriger cet ensemble ?" Ajoutons qu'il devrait être soutenu de Fos à Aubagne en passant par Aix et Marseille. Mais à chaque jour suffit sa peine…

 

Actualisation lundi 10 septembre :  Nous publions ici la lettre que les 8 intercos favorables au pôle métropolitain plutôt qu'à la métropole ont envoyé mercredi au Premier Ministre et dont il a pu prendre connaissance avant ses annonces de jeudi. Mardi matin ces Présidents de communauté urbaine seront reçus par Jean-Marc Ayrault à la préfecture lors de sa tournée marseillaise. Pour l'instant seuls 6 d'entre-eux ont reçus un bristol, les 3 agglos hors périmètre du projet gouvernemental de métropole marseillaise ( Rhône Alpilles, Arles, Baux Alpilles ) n'ont pas été conviés alors qu'ils participent pourtant au projet de pôle métropolitain. Du coup, ils menacent de ne pas se rendre à l'invitation du Premier Ministre. Autre inconnue Eugène Caselli qui a séché la dernière réunion du pôle métropolitain vendredi dernier sera t'il là ? Réponse mardi matin.

 

 

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Commentaires

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  1. Electeurs du 8e Electeurs du 8e

    Les roitelets locaux ne veulent pas d’une métropole : c’est donc que c’est une bonne idée !

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  2. marseillaisdumonde marseillaisdumonde

    puisque la metropole est faite pour les gens mais derange certains elus locaux, pourquoi ne pas faire voter directement les citoyens sur cette opportunite de mieux vivre ensemble ?

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  3. ChevalierBlanc ChevalierBlanc

    Une métropole, c’est traiter à la bonne échelle les transports, l’aménagement du territoire les choix d’équipements culturels , sportifs , etc…. Bref tout ce qui est mal fait aujourd’hui par nos “zélus”. Mais pour certains c’est moins pratique pour la “gestion de proximité” qu’il faut traduire sur le plan local par népotisme (Joassains qui place sa famille) ou clientélisme (permis de construire, emplois municipaux, subventions aux copains, etc…)
    Alors oui si les roitelets locaux ne veulent pas d’une métropole : c’est donc que c’est une bonne idée !

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  4. Anonyme Anonyme

    Ceux qui ont créé et organisé les ghettos avec une urbanisation à deux vitesses, Nord et Sud, la misère, la désindustrialisation doivent trouver les solutions sans faire payer ceux qui sont pour rien dans cette situation.

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  5. phil phil

    Tous les citoyens veulent la métropole qui s’occuperaient des questions essentielles et vitales : le transport, le logement, le développement économique..
    C’est urgent, il faut sortir de cette démocratie locale clientéliste qui ne sert que des intérêts particuliers au détriment d’un véritable intérêt général.
    Si on n’accélère pas le processus nous n’avons aucune chance de nous en sortir.
    Celà doit s’imposer à la majorité des élus locaux qui n’en veulent pas pour des raisons qui ne concernent que leurs petits pouvoirs étriqués. Les aixois, les martégaux, les aubagnais, les marseillais sont tous les mêmes. Il faut arrêter de nous faire croire le contraire.

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  6. sfrederic13 sfrederic13

    si métropole il doit y avoir elle doit couvrir l’ensemble du 13 et doit se substituer au cg 13 sinon cela va faire un empilement supplémentaire de compétences et une inflation de dépenses et pour résultat pour avoir un passage pieton il faudra attendre quelques années avant que tout ce petit monde se mette d’accord

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  7. Marseilllais indigné Marseilllais indigné

    Vive la Métropole Il y en assez du “mille feuille” (au fromage ?)des collectivité décentralisées, dont l’inefficacité n’a d’égale que la faconde des “grands” (par la taille) élus cumulards

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  8. Saint-Just Saint-Just

    A Marseille l’intégration intercommunale ne diminue pas les impôts municipaux. Le transfert de compétences aurait dû, logiquement, se traduire par une diminution des taxes versées à la commune. Mais l’effet pervers de la multiplication des niveaux de collectivités se vérifie une fois de plus. En période de crise, particulièrement difficile pour les ménages, n’est-ce pas le moment :
    · de réduire les dépenses des collectivités (notamment de fonctionnement),
    · de clarifier le partage des compétences de chaque échelon,
    · de supprimer les échelons inutiles,
    · de redéfinir un “cœur de métier” pour les collectivités ?
    Les collectivités ne construisent pas leurs budgets en partant des recettes disponibles, mais des dépenses qu’elles souhaitent effectuer. La première conséquence est qu’elles recrutent à tour de bras et qu’à côté d’investissements évidemment utiles, d’autres sont plus somptuaires. La seconde conséquence est que tout cela finit par peser sur le pouvoir d’achat et que – mais qui le sait ? – les impôts réglés aux collectivités représentent désormais près de la moitié de ceux payés pour le fonctionnement de l’Etat. En Allemagne par exemple, les collectivités doivent se plier à un pacte de stabilité limitant la croissance des dépenses à 1 % sur deux ans. En France, il n’existe aucun plafond des dépenses et comme un budget doit toujours être voté en équilibre, la solution pour les élus est d’accroître les recettes, donc les impôts. Simplification de la structure multi-niveaux des collectivités le regroupement des petites communes et la suppression de l’échelon départemental pourraient engendrer des économies d’échelle substantielles. Ceci devrait conduire à une progressive substitution des intercommunalités aux actuelles communes, ainsi qu’à la suppression du département au profit de sa fusion avec la métropole. Il serait temps que les collectivités locales prennent le chemin d’une plus grande transparence et responsabilité financière. Toute augmentation des dépenses liées à des charges fixes exceptionnelles ou à des investissements pharaoniques, ne pèse donc que partiellement sur les échelons locaux mais inexorablement sur les dépenses publiques en général. On ne compte plus les palais d’architectes commandés, qui par le Conseil général, qui par le Conseil régional, et un petit tour de France suffit pour constater qu’argent et croissance ne semblent pas manquer aux territoires indépendamment du fait que croissance et entreprises ne sont pas au rendez-vous. Pendant que l’Etat tente timidement de réduire ses effectifs, les collectivités les augmentent sans vergogne. Pour preuve, quand les recettes sont en baisse à cause de la conjoncture, aucune ville, aucun département, aucune région ne songe à réduire les dépenses publiques locales. Le temps de la responsabilisation devrait pourtant sonner la fin de la récréation.

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  9. choukran choukran

    Ce matin, notre champion mondial (l’un des seuls de ce niveau dans notre belle région)Eurocopter célébrait ses vingt ans dans une grande manifestation, le Family Day, mobilisant 80000 personnes invitées, avec ballet d’hélicoptères, démonstrations explications,visites…

    10% de croissance annuelle, 1500 à 2000 emplois nouveaux dans le secteur; inventivité, passion dans l’enceinte de l’usine; laisser aller, incurie à l’extérieur des responsables territoriaux des divers étages: embouteillages,parkings sauvages, transports en communs moyen âgeux… on se demande combien de temps dans un territoire aussi mal organisé pourra survivre un tel champion; vivement la métropole responsable de la cohérence et de l’unité d’action (transports, logements, formation, aides à l’innovation) pour conserver cette pépite.

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  10. électeur du 6e électeur du 6e

    Ensemble citoyens ! Les agglomérations des Bouches du Rhône ont rendez-vous avec l’histoire ! Ne laissons pas les vues des élus court-termistes l’emporter !!

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  11. Oui à une Autorité métropolitaine Responsable ! Oui à une Autorité métropolitaine Responsable !

    Combien d’ habitants du Département s’y retrouvent dans l’organisation actuelle et peuvent disposer d’un compte rendu d’exécution budgétaire consolidé du territoire ?
    Par exemple pourquoi MPM ne récupère-t-il que 1/4 des 40000 tonnes de déchets de verre générés par an ? Qui connait les surcoûts induits ?(les 30000 t restant ne sortent-ils pas en machefers de l’incinérateur).

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  12. Cani Cani

    dans un lit double l’hiver il faut bien partager la couverture et ne pas la garder pour soi !!
    celui qui vit dans ces communes vertes et agréables vient souvent travailler à Marseille qu’il pollue avec son véhicule, qu’i obstrue avec son auto. IL y emprunte le metro et le bus, utilise ses aires commerciales. Tout ceci augmentant la pollution de Marseille.
    Il va aussi aux spectacles et laisse les abords du Vélodrome dans un trite état !!
    MAIS ses impots locaux ne sont pas payés à Marseille !!
    OUI dans un lit double l’hiver il faut bien partager la couverture et ne pas la garder pour soi !!

    La cohabitation et le partage des taches est donc obligatoire
    reste à trouver la bonne solution, mais il faut partager

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  13. Etranger Etranger

    que fait encore JNG dans le circuit

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  14. Simon L Simon L

    Cette histoire est vieille comme le parti socialiste. Ce qu’on oublie de dire c’est que Defferre a raté, comme pas mal d’autre chose, la création d’une grande agglomération marseillaise dans les années 1970, création d’un district, d’une métropole … A l’époque il ne voulait pas partager le pouvoir avec les communes périphériques de Marseille qui étaient pour beaucoup d’entre elles communistes. La ceinture rouge. Marseille est passé à côté de son histoire à ce moment là, pendant qu’à Lilles, Lyon ou Montpellier de grandes metropole s’organisaient. On ne refait pas l’histoire certes, mais il serait peut-être temps d’aller vers plus de cohérence et de laisser de côté les guerres et petites rivalités enytre barons locaux.
    Et peut-être au passage de dresser l’héritage defferriste, dont beaucoup des protagonistes actuels sont encore les héritiers. Tourner cette page, vite. Mais les socialistes marseillais ont-ils vraiment changé ?? Quand je vois Mme Ghali, sénateur PS, pourtant jeune, demander l’intervention de l’armée dans les quartiers nord, franchement je suis inquiet. Rappelez vous, Mitterrand était ministre de la justice ( ou de l’intérieur) au moment du déclenchement de la guerre d’Algérie. ” La seule négociation c’est la guerre …” ce n’est le parachutiste Lepen qui l’a dit, c’est ” notre” cher cher tonton.

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  15. Chris Chris

    “La métropole, personne n’en veut”
    Voilà bien qui doit leur en toucher l’une sans faire bouger l’autre…
    Comme disait Coluche :
    “La dictature c’est :”ta gueule”,
    la démocratie c’est :”cause toujours””

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