Une cinquantaine d’heures après les effondrements rue de Tivoli, les recherches continuent

Actualité
le 11 Avr 2023
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Plus de deux jours après les effondrements, les autorités gardent un espoir de retrouver vivants des habitants du 17, rue de Tivoli. Au moins six personnes sont décédées. Autour, le quartier du Camas, où 42 immeubles ont été évacués, est à l'arrêt.

Autour du 17, rue de Tivoli, les opérations de secours sont toujours en cours. Photo DR.
Autour du 17, rue de Tivoli, les opérations de secours sont toujours en cours. Photo DR.

Autour du 17, rue de Tivoli, les opérations de secours sont toujours en cours. Photo DR.

Toute la journée de lundi, ils ont continué à chercher, à déblayer à la pelle mécanique quand ils étaient sûrs qu’il n’y avait plus personne. Plus précautionneusement quand ils repéraient une présence humaine, pour n’en sortir progressivement que six corps sans vie. Les marins-pompiers de Marseille s’affaiŕent encore ce matin, 53 heures après les effondrements de la rue de Tivoli pour trouver les dernières personnes disparues. Une démarche guidée par un espoir, de plus en plus mince, de retrouver l’une d’elles vivante.

La recherche est complexe, l’immeuble du 15, voisin du 17 où est intervenue une explosion à 0 h 46 le 9 avril, menace de finir de s’effondrer. Des capteurs le surveillent en permanence. L’incendie qui a longtemps empêché toute intervention samedi n’est pas encore totalement jugulé. Cette fois, les secours progressent en se concentrant sur l’emplacement des chambres, identique d’un étage à l’autre dans cet immeuble de quatre niveaux. Les gravats extraits sont déplacés, mais conservés pour sauver les éventuels effets personnels des personnes décédées.

Les familles qui se sont signalées à la permanence du boulevard de la Libération étaient encore dans l’attente hier soir. C’est évidemment à elles que seront faites les annonces, vraisemblablement par le maire Benoît Payan lui-même. Viendra ensuite et petit à petit la lente révélation des identités et des profils au public, ceux de Marseillais ordinaires. La procureure de la République a parlé de “personnes d’un certain âge” et d’un “couple d’une trentaine d’années” parmi les huit personnes manquant à l’appel depuis dimanche. Lundi, en fin de journée, en confirmant le sixième décès, Dominique Laurens a indiqué que les investigations judiciaires avaient enfin pu démarrer. Au même moment,  La Provence a mis des prénoms et un peu d’humanité derrière ces absences.

Au rez-de-chaussée du 17, il y a Anna et Jacky, deux octogénaires retraités. Leur voisine, retraitée elle aussi s’appelle Nicole. Elle occupe le rez-de-jardin de l’immeuble. Au-dessus d’eux, il y a Antoinietta, 89 ans, elle aussi retraitée. Et puis, au deuxième, les jeunes actifs de l’immeuble, Marion salariée au sein du groupe CMA-CGM et son compagnon, Mickaël, consultant à Kedge. Enfin, au dernier niveau “un vaste duplex”, accueillait Jacques, un architecte installé dans le quartier et son épouse Anne-Marie.

Le Camas, quartier en suspens

Autour de cet épicentre, le quartier du Camas est comme en pause. Un périmètre de sécurité a été matérialisé et surveillé par les forces de l’ordre entre le cours Franklin-Roosevelt, la rue Saint-Savournin, les boulevards Chave et Eugène-Pierre. À l’intérieur, le silence n’est interrompu que par les passages des secours, les habitants restés là autorisés à quelques allers et venues ainsi que les interventions des dizaines de journalistes dépêchés pour couvrir le drame devant le poste de commandement installé rue Rougier.

En tout, ce sont 42 immeubles qui ont été évacués. De multiples raisons expliquent ce nombre, y compris la volonté d’éviter tout voyeurisme depuis les fenêtres qui donnent sur le théâtre des opérations. Leurs occupants, 206 personnes, ont été contraints de quitter leur logement en quatrième vitesse et avec peu d’effets personnels. La majorité a trouvé des amis ou de la famille chez qui loger,  un quart d’entre eux dorment à l’hôtel aux frais de la Ville, après un passage par le gymnase Vallier, armé spécialement pour répondre à l’événement. Les écoliers de l’école Tivoli, située à quelques mètres à peine, seront réparties sur deux sites, boulevard Jeanne-D’arc et avenue du maréchal Foch, l’établissement servant de base arrière aux secours.

Au sein du quartier, entre voisins, comme autour des lieux d’hébergement des évacués, des élans de solidarités se manifestent. Il n’était pas rare de voir ce week-end des Marseillais et des Marseillaises traverser le centre-ville avec de gros cabas. À l’intérieur, des couvertures, de la nourriture ou encore des jouets pour les enfants. Les collectifs comme celui du 5 novembre ou Aouf se sont remis en marche pour tenter de structurer les réseaux d’entraide. Ce mardi, un espace de collecte de dons (vêtements, produits d’hygiène et pour bébé uniquement) doit ouvrir à la mairie des 4e et 5e arrondissements qui met aussi à disposition des cahiers de condoléances.

Délogés pour combien de temps ?

Ces dons apporteront un peu de soutien et de réconfort pour les évacués qui entament un délogement dont on ne connaît pas la fin : le drame de la rue d’Aubagne – dont le traumatisme semble dans toutes les têtes – a montré que certaines situations peuvent se prolonger de manière inattendue. Du fait de la configuration architecturale de la rue et de la puissance de l’explosion, des immeubles de la rue de Tivoli pourraient en faire les frais, au-delà du 15, du 17 et du 19. Pour les autres, il faudra attendre.

De passage dans la ville pour exprimer sa solidarité, le ministre du Logement Olivier Klein n’a pas voulu donner de délai : “Nous prendrons le temps nécessaire avant d’autoriser le retour au domicile.” Des architectes et des ingénieurs inspecteront les bâtiments avant toute réintégration, qui sera in fine décidée par la mairie de Marseille. De premières réintégrations étaient imminentes lundi soir. Entre Eugène-Pierre et la Plaine, le retour à la vie normale n’est pas pour tout de suite.

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Commentaires

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  1. Andre Andre

    Ne pas rajouter des drames à la catastrophe. Suite aux évacuations indispensables, il importe que les autorités mettent en.place autour des immeubles vidés par leurs habitants, des moyens de surveillance.
    Après le 8 Novembre 2018 et le tsunami d’évacuations qui a touché plusieurs quartiers de Marseille, on a vu trop d’appartements pillés, squattés et saccagés, les effets de résidents volés, détruits, pour le gain ou simplement le plaisir, faute d’une absence totale de mesures de surveillance. En plus du traumatisme d’être évacué, des souvenirs de toute une vie, du mobilier acquis, l’indispensable pour vivre au quotidien, ont irrémédiablement disparu. La double peine!
    Il y a quatre ans, vue l’ampleur des problèmes de sécurité de bàti, cette question n’avait été que peu abordée et la Ville sans doute satisfaite de ne pas être contrainte d’engager des dépenses supplémentaires.
    Aujourd’hui qu’un plan d’évacuation de tout un périmètre se profile, il est temps de traiter cette grave question.

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    • MarsKaa MarsKaa

      A priori, il y a un car de CRS et plus de 80 policiers sur place.

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    • pierre b pierre b

      Je confirme; résidant dans le périmètre de Tivoli, il y a police ou gendarmerie en permanence qui bloque l’accès et vérifie les identités et adresses pour laisser passer les résidents.
      Dans le quartier nous avons vécu 2 catastrophes comparables en quelques années.
      JE NE SAIS PAS SI C4EST L4EXP2RIENCE ACQUISE OU

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    • Andre Andre

      Pendant combien de temps? Ce fut le cas en Novembre 2018 mais après, plus grand monde. Les évacuations peuvent durer des mois, le délai nécessaire pour conforter les bâtis.
      Il importe donc de prendre, pendant ce laps de temps, des mesures de surveillance adaptées, ce que n’avaient fait ni la Ville, ni la Préfecture lors de la précédente crise.

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    • Andre Andre

      Diasdominique, mon propos ne mettait pas en cause le service qui, fin 2018 et début 2019, a dû faire face à un tsunami de signalements et de périls avec un personnel non spécialisé nouvellement recruté qui s’est formé sur le tas. Il est trop confortable de formuler des critiques quand on n’a pas connu le pic de la crise et je ne me le permettrais pas..
      Mon propos, qui est beaucoup plus d’actualité, portait sur les mesures de surveillance des immeubles évacués . Je souhaite comme vous que de nombreux résidents puissent rapidement réintégrer leurs logements. Mais dans certains cas les travaux de confortement pourront peut-être prendre des semaines et des mois. Je souligne donc la nécessité de mettre en place sur le long terme la surveillance qui s’impose, dans l’intérêt des personnes évacuées, ce qui n’avait pas été fait par la précédente municipalité.

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  2. pierre b pierre b

    Je ne sais pas si c’est l’expérience acquise par les services municipaux ou le changement d’équipe, mais il y a une nette différence dans la conduite des opérations et la prise en compte de l’humain. Payan est à la hauteur de la situation et nous fait oublier l’incurie de l’équipes précédante.

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    • Andre Andre

      Nous verrons bien dans deux ou trois mois…

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    • diasdominique diasdominique

      Oui c’est l’expérience acquise. Les agents des péril ont appris à apprécier quand un immeuble a réparer peut rester habité.
      Et non André le service municipal n’est plus dirigé par l’incompétence et la peur comme du temps de l’incurie en 2019 qui a continué à vider tellement d’immeubles trop vite.
      Au risque de vous décevoir (!) il faut au contraire vous préparer à ce que beaucoup de ménages réintègrent assez vite leur logement.
      C’est ce qu’il faut souhaiter pour les délogés, au plus vite pour réduire le trauma. J’ai espoir dans le courage des équipes actuelles. Marseille change et aura un jour le courage de regarder son passé en face, et cette terrible gestion de crise post 5novembre 2018. Et la remise en selle de l’action municipale en 2020 avec la DPGR puis en 2022 avec la DLLHI.

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    • Andre Andre

      Diasdominique, vous êtes hors sujet, permettez mou de vous le dire. Mon propos ne mettait pas en cause les services municipaux qui, fin 2018 et début 2019, ont dû faire face à un tsunami de signalements et de périls avec un personnel non spécialisé nouvellement recruté qui s’est formé sur le tas. Il est trop confortable de formuler des critiques quand on n’a pas connu le pic de la crise et je ne me le permettrais pas..
      Mon propos, qui est beaucoup plus d’actualité, portait sur les mesures de surveillance des immeubles évacués . Je souhaite comme vous que de nombreux résidents puissent rapidement réintégrer leurs logements. Mais dans certains cas, les travaux de confortement pourront peut-être prendre des semaines et des mois. Je souligne donc la nécessité de mettre en place sur le long terme la surveillance qui s’impose, dans l’intérêt des personnes évacuées, ce qui n’avait pas été fait par la municipalité précédente.

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  3. Dominique PH Dominique PH

    les bonnes initiatives d’entraide abondent :
    – dès dimanche, le SAMU-Centre 15 a immédiatement ouvert une cellule de crise et déclenché la Cellule d’urgence médico-psychologique
    – depuis hier, une boucle WhatsApp des délogés
    – depuis hier, un dispositif dispositif d’accueil aux délogés, basé salle Vallier avec assistance juridique, technique, psychologique
    – un bureau des dons à la mairie des 4/5
    – suite à l’appel à Solidarité APE Tivoli et CEUM, 1 000 réponses et propositions d’hébergement
    Félécitations aussi aux marins-pompiers
    Marseille a du coeur.

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  4. Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

    Pendant que Marseille essaie de panser ses plaies, ce soir, dans l’émission malodorante de Hanouna, un soit-disant “journaliste” s’est donné en spectacle pour “expliquer” ce qui s’est “vraiment passé” rue Tivoli – non sans pointer du doigt l’une des victimes.

    Faire de l’audience sur des corps à peine identifiés, la dégueulasserie n’a plus aucune limite sur cette chaîne de propagande où le mot “déontologie” est inconnu.

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    • Andre Andre

      Le mieux est de ne jamais regarder cette émission. L’audience baissant, elle disparaîtra. Ce n’est malheureusement pas le choix de nombreux téléspectateurs.

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