Un rendez-vous Payan-Vassal pour apaiser la cohabitation
Le maire de Marseille Benoît Payan et la présidente de la métropole Martine Vassal se retrouvent ce mardi pour tenter de trouver un terrain d'entente sur plusieurs dossiers d'importance, comme le plan pour une ville neutre en carbone en 2030.
Martine Vassal et Benoît Payan doivent se rencontrer. (Montage- Photos : Emilio Guzman)
“Ils ne se parlent pas”, “Il faut qu’ils se parlent”... Depuis des mois, au sein de la métropole comme de la Ville de Marseille, la lassitude se fait sentir. Les chicayas – terme consacré par le président de la République – n’en finissent plus et les dossiers communs trainent. Dernier épisode en date, le maire de gauche Benoît Payan et la présidente de la métropole de droite Martine Vassal se sont écharpés sur la gestion des ordures cours d’Estienne-d’Orves, polémique qui a envahi l’été. Alors que les restaurateurs doivent désormais organiser la collecte de leurs déchets, la Ville a un temps proposé d’apporter un concours financier avant d’y renoncer, suscitant la colère de la présidente de l’intercommunalité.
À ceux qui l’interrogent sur la situation, Martine Vassal n’hésite pas à répondre en comparant sa relation avec Benoît Payan à celle d’un couple qui, parfois, se dispute. Une manière de limiter la portée politique de cette cohabitation toujours houleuse. Pour la première fois depuis juin, les deux vont se retrouver à l’hôtel de Ville ce mardi 20 septembre pour mettre à plat les gros dossiers du moment.
Les millions de l’Europe pour la neutralité carbone
Les dossiers brûlants ne manquent pas avec les avancées du plan Marseille en grand. En cette rentrée, Benoît Payan et son adjointe à la mobilité mettent la pression sur l’accélération de la desserte des quartiers Nord en tram comme en métro. Mais deux sujets sont susceptibles d’alimenter particulièrement les discussions : le plan européen pour la neutralité carbone en 2030 et le retour à la mairie de certaines compétences métropolitaines en vertu de la dernière loi de décentralisation dite “3DS”. Sur les deux plans, il y a urgence, car les échéances sont fixées à la fin de l’année.
Le plan pour la ville neutre en carbone est un sujet à plusieurs milliards pour les deux collectivités. Le projet que présentera la mairie pour faire de Marseille un exemple de ville verte affichera un budget d’investissement de neuf milliards d’euros. La règle de calcul est celle de l’Union européenne : 10 000 euros par habitant. Elle indique l’ambition à déployer, mais dit peu de l’importance que pourrait revêtir le coup de pouce continental en bout de parcours. Le site de la commission évoque un budget général de 360 millions à répartir entre la trentaine de villes qui seront choisies comme pilotes à la fin de l’année. Une première aide qui doit en théorie ouvrir la porte à d’autres financements conséquents.
80 % des projets qui sont mis en avant relèvent de la compétence métropolitaine.
Fabien Pérez, conseiller municipal (EELV)
La candidature est portée par la Ville, là où dans d’autres territoires comme Bordeaux, Toulouse ou Nantes, la métropole est cheffe de file. Ici comme dans ces territoires, l’essentiel des actions dépend du périmètre métropolitain, à commencer par les transports et l’aménagement du territoire. Pour Fabien Perez, le conseiller municipal chargé du dossier, “80 % des projets qui sont mis en avant relèvent de la compétence métropolitaine. Il est inenvisageable d’avancer sans la métropole”.
Problème, Martine Vassal ne fait pas montre d’un grand enthousiasme. L’élue a fait valoir des soucis d’agenda pour ne pas être présente à la grand-messe sur le sujet le 8 septembre, à laquelle assistait en revanche le président de région (DVD) Renaud Muselier. Tous les élus métropolitains ont séché le raout. À ce stade, la patronne de la métropole s’est contentée de signer une lettre d’engagement et assure qu’elle saura utiliser les fonds s’ils se présentent. Mais, jusque dans sa majorité, on plaide pour un engagement plus intense. “Si on se bouge pas le derche, on aura peau de zob !”, se lâche un élu marseillais de la majorité métropolitaine.
Les gros sous du transfert de compétences
Ce dossier européen est en réalité un élément comme un autre du rapport de force qui se joue entre les deux institutions. Et c’est encore en suivant les histoires de gros sous qu’on le comprend le mieux. Métropole et Ville s’écharpent ainsi sur les compétences qui redescendront à l’échelon municipal dans le cadre du resserrement des missions de la métropole sur des dossiers stratégiques. Benoît Payan n’est pas satisfait de ses nouvelles attributions et négocie par exemple le retour dans son giron de la grande majorité de la voirie, à l’exception des plus grands axes.
Des commissions planchent actuellement sur la compensation financière de la métropole pour permettre à la mairie d’assurer cette nouvelle charge. Les services intercommunaux livrent des évaluations, la Ville s’est dotée d’experts, mais impossible pour l’heure de se mettre d’accord sur le mode de calcul ! “Ils s’apprêtent à rétrocéder au plus bas prix possible, s’agace Sophie Camard, cheffe de file du Printemps marseillais au sein de l’hémicycle du Pharo. La métropole veut nous enfermer dans des calculs de coût au kilomètre. De notre côté, on pense qu’il faut qu’on ait les moyens d’améliorer le service rendu : quand on compare aux autres grandes villes, on est les bons derniers en coût par habitant”. Présent à quelques réunions de négociation, l’élu écologiste Étienne Tabbagh regrette aussi “les aménagements exceptionnels type quartier de l’opéra [qui] ne sont pas pris en compte dans le calcul”.
L’objectif doit être de s’accorder sur une méthode et une communication communes.
Entourage de Martine Vassal
En face, la métropole jure au contraire qu’il lui revient uniquement de compenser les coûts de fonctionnement. Charge à la municipalité, estime-t-on dans l’entourage de Martine Vassal, de trouver des financements pour proposer de grands investissements. La réunion au sommet du jour devra donc essayer d’avancer sur ce point. À défaut d’y parvenir, la rencontre aura au moins la vertu d’imposer une accalmie après deux ans de relations houleuses. “L’objectif doit être de s’accorder sur une méthode et une communication communes”, explicite-t-on dans les couloirs de la métropole. Face à l’État et à l’Europe, cette concorde minimale semble nécessaire. Car, résume Étienne Tabbagh, “à l’arrivée, quelles que soient les réunions, le cœur de ces dossiers se joue de maire à présidente de la métropole, avec peut-être l’intervention de ministres…”
Commentaires
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Spectacle désolant d’une aspirante maire dont ne voulaient pas les Marseillais et d’un maire non-élu . Est ce suffisant pour expliquer cette incurie ? Comment est il encore possible , encore plus après la visite présidentielle , de ´ne pas travailler sur les sujets environnementaux Mme Vassal ? Comment justifiez vous votre politique de la chaise vide ? A défaut de travailler pour le bien public , que dites vous à vos enfants et petits enfants ?
Quant à Monsieur Payan , une fois dépassée votre frénésie communicationnelle , où sont les projets votés , financés et lancés ? Il serait grand temps de sortir des postures militantes et d’apporter du concret . On attend les écoles ( 2 ans déjà écoulés ! ), des rues des écoles ( et non des retraités au feu rouge ), des rénovations d’équipements ( piscines ?), du stationnement régulé ( elle fait quoi la fourrière ?) … la liste est longue . Ça s’appelle des compétences obligatoires. Il est grand temps et vous l’aviez promis . L’argument du temps n’a que trop … duré!
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En tout cas, deux ans après le changement de couleur de la mairie, accompagné d’un déni de démocratie à la métropole, rien ne bouge dans cette ville.
On fait semblant de mettre en place une ZFE, mais c’est de la pure communication : rien n’est fait pour inciter les automobilistes à renoncer à leur voiture, et la ville est toujours aussi bagnolisée qu’avant.
Piétons, cyclistes et usagers des transports en commun sont toujours souverainement méprisés, tant par la métropole que par la ville : celle-ci, qui devrait faire le ménage sur les trottoirs, est aussi laxiste qu’à l’époque de Gaudin (et ce n’est pas un compliment) devant le stationnement gênant des voitures et scooters et devant l’invasion anarchique des trottinettes et vélos en free-je-m’en-foutisme.
Les rues scolaires ? Il s’en crée chaque semaine dans les autres métropoles, tandis qu’à Marseille, nous en avons exactement zéro.
Oui, ça prend du temps. Mais un tiers du mandat municipal est déjà passé…
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Je vous trouve bien démoralisés ce matin !…
Certes, l’on nous a habitué à bien des incuries, mais quand même la Mairie a bien des idées pour paliers à son manque de compétences institutionnelles !
Surtout quand en face l’autre ne “fait pas montre d’un grand enthousiasme” sur des objectifs pourtant si enthousiasmant (et probablement irréalisables d’ici 8 ans) que l’atteinte de la neutralité carbone et donc la bonne santé des marseillais.
Et puis, soyons honnêtes, que voulez-vous qu’il puisse être fait en deux ans, entre le temps de définir les marchés, de les lancer, de les réaliser…
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On parle toujours de neutralité carbonne.
Metro, tram , tres bien.
Mais quand aurons nous tous les bus circulant la nuit ?on aura moins de voitures en circulation, les gens auront plus envie de cinemas, theatres, restaurants.
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Il faut surtout que Madame Vassal finisse par accepter qu’elle a été battue (sèchement) lors des élections municipales.
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Elle l’a bien compris , elle ne finance plus rien de nouveau à Marseille . Un vrai sens de l’intérêt commun
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C’est bien la le souci : elle le fait payer à ces cons de marseillais qui ont eu l’outrecuidance de ne pas voter pour elle.
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“La mairie à bien des idées” sans doute mais ça ne suffit pas, en tout cas vu de mon 5e arrondissement rien ne change
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oui, je trouve également quelques commentaires « démoralisants »
et je les partage malgré tout.
effectivement sur certains dossiers, les plus lourds, la mairie n’a pas les coudées franches. et donc, bien évidemment, sans trop rêver, une rencontre métropole-mairie peut apporter du positif.
cependant, il reste quelques dossiers qui auraient pu avancer plus vite, ou pour lesquels on aurait espéré plus d’ardeur, ou parfois une prise en compte plus rapide. c’est quand même décevant.
que deux ans, certes, mais deux ans, quand même !
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Ah oui, soyons déçus, soyons démoralisés, soyons râleurs! Faudrait pas que ça change surtout !
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Chik à Chik Ayaya …. Et tout le monde s’amuse !
Y a pas un préfet pour siffler la fin de la récrée ?!
Il y en a un dédié au plan “Marseille en Grand”, on peut le charger de “Marseille comme un Grand” peut être !
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Il y a une chose basique, par forcément très chère qu’ils pourraient déjà entreprendre: refaire les marquages au sol. Déjà, être piétons à Marseille est une gageure vue le nombre de voitures sur les trottoirs mais en plus on ne voit plus les passages piétons à plein d’endroits (en tout cas ici dans le 11e). Stressant autant pour les piétons que pour les automobilistes (en tout cas la petite fraction qui s’arrête pour les piétons). Pour tout le reste; tramways, métro, réseau de bus adéquate et à l’heure, pistes cyclables…, je crois qu’on a tous compris qu’en dehors du centre ville, c’est mort pour les 20 prochaines années.
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Cher Leforestier, dans le cadre de l’amélioration des relations entre Vassal et Payan je n’ai pas vu passer d’infos portant sur la signature de Vassal avec Naples, sauf bien sûr oubli de ma part, au niveau des métropoles napolitaine et marseillaise.
Signature effectuée bien sur sans la présence du principal intéressé à savoir le maire de Marseille, à moins que cet accord ne concerne que Naples et les Pennes Mirabeau?
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