Un conseiller départemental jugé pour violences conjugales
Accusé par son ex-femme Karima Rezoug de l'avoir frappée, Rebia Benarioua a été entendu mercredi par la justice pour des faits datant de juillet 2013. Le conseiller départemental (ex-PS) nie les faits et évoque une dispute où il a eu "le verbe haut". Confronté à deux versions totalement opposées, le procureur requiert une simple amende avec sursis.
Rebia Benarouia, lorsqu'il était conseiller municipal.
Parole contre parole. Rebia Benarioua comparaissait devant le tribunal correctionnel de Marseille mercredi pour violences conjugales. C’est son ex-femme Karima Rezoug qui a déposé plainte en juillet 2013 pour ces faits. Les anciens conjoints ont longtemps été un duo d’élus PS, lui au département et elle à la région. Rebia Benarioua, bien que n’ayant plus l’investiture socialiste, possède encore un mandat de conseiller départemental.
“L’ordonnance du juge d’instruction date du 30 mars 2020, elle est récente mais les faits sont très anciens”, note la juge Estelle de Revel en ouverture. Depuis, d’autres plaintes pour violences ont été déposées par Karima Rezoug mais ont abouti à des non-lieux. “Je ne prendrai que les faits qu’on vous reproche”, précise la présidente à l’accusé. Bien droit et très loquace, au point d’agacer la juge, Rebia Benarioua conteste les violences qui lui sont reprochées. Elles se seraient déroulées dans la nuit du 17 au 18 juillet 2013 vers minuit 15. La plaignante assure que celui qui était encore son mari lui aurait attrapé les cheveux puis l’aurait frappée à la tête durant son sommeil.
La police reçoit trois appels
Karima Rezoug dormait alors au rez-de-chaussée car handicapée par une récente fracture de la malléole. “Je ne pouvais pas bouger le pied, j’étais à sa merci”, insiste-t-elle. C’est son fils, âgé de 17 ans à l’époque et issu d’une autre union, qui est venu les séparer. Dans son témoignage, l’adolescent confirmera cette version précisant avoir “déjà assisté à de précédentes scènes de violences”. Le prévenu reconnaît une dispute mais nie le moindre coup, défendant une version où il serait victime ce même soir d’un hypothétique amant de sa femme. “Ils ont tous les deux de bonnes raisons de s’en vouloir, donc de mentir”, s’exaspère le procureur Olivier Redon. “Il est difficile de savoir qui est le méchant qui est le gentil dans ce dossier”, ajoute-t-il.
Pour déterminer le déroulement de la soirée, le tribunal se base sur les trois appels passés à la police dans la nuit. Les deux premiers sont passés par le fils de Karima Rezoug. Le premier ne dure pas longtemps, plusieurs cris le rendent inaudible. Des cris toujours présents dans le deuxième où l’opératrice demande à l’adolescent s’il y a eu des coups. “Je ne sais pas. Je descendais de ma chambre”, répond-il avant de donner l’adresse. Lors de cet appel, on entend également Rebia Benarioua crier “Venez s’il vous plaît, arrivez vite je viens de me faire agresser par un amant de ma femme” tandis que Karima Rezoug prend le téléphone pour dire “venez, venez il vient de me (mot inaudible mais qui semble être “battre”) venez vite aaah”. Enfin le troisième appel à lieu 17 minutes plus tard. Karima Rezoug répète qu’elle vient de “se faire frapper et tabasser”.
Deux versions totalement opposées
Quand la police arrive sur les lieux, elle ne constate pas de trace de violence sur le visage de Karima Rezoug. Le médecin constatera lui une tuméfaction d’un centimètre de diamètre sur l’arrière de la tête et un impact psychologique entraînant un jour d’interruption temporaire de travail (ITT). “La police a dit qu’il n’y avait rien”, souligne Rebia Benarioua. “Cela ne veut pas dire qu’il ne s’est rien passé”, lui rétorque la juge. “J’ai le verbe haut, mais il n’y a jamais eu de coup”, insiste le prévenu.
Pour ce qui est de la dispute, l’élu départemental évoque une toute autre version. “Il faisait très chaud, j’ai eu soif dans la nuit donc je me suis levé. J’ai vu la chambre éclairée, je me suis demandé si elle avait besoin de quelque chose. Elle n’était pas là, je l’ai cherchée et suis sorti en tong dans la rue c’est là que je l’ai trouvée avec son amant”, raconte-t-il.
Rebia Benarioua dit avoir essayé d’arrêter l’homme en question qui était sur un scooter, mais aurait été percuté par le véhicule. Ce qui lui a valu un jour d’ITT pour une ecchymose à la joue gauche, une autre sur le bras droit et un hématome au pouce. Après un premier témoignage où il indique ne pas connaître la personne en scooter, il identifie finalement un homme politique proche du couple. “Je n’ai pas souhaité donner son nom à la première plainte car j’aime ma femme et je voulais me réconcilier”, assure-t-il aujourd’hui. Les investigations montrent pourtant que le portable de l’homme identifié comme étant l’amant bornait ce soir là à 12 kilomètres des lieux.
Un témoin sorti du chapeau
“Je n’étais pas dans la rue. J’avais une immobilisation de deux mois”, persiste Karima Rezoug. Un témoin indique pourtant avoir vu une femme en béquilles lors de la scène du scooter. Un témoin trouvé grâce à des flyers distribués dans le quartier par Rebia Benarioua. “Il m’a appelé et je lui ai demandé de témoigner”, explique le prévenu qui assure ne pas connaître cette personne vivant à 200 mètres chez lui. C’est donc cette scène qui aurait déclenché une dispute, selon Rebia Renarioua. La juge s’interroge aussi sur les raisons qui pourraient pousser son ex-épouse à l’accuser de ces violences. “J’ai mis ça sur la crise de la quarantaine”, répond-il.
Pour Me Soraya Slimini, qui représente la plaignante, les propos de l’accusé sont “un tissu de mensonges”. Elle demande 5000 euros pour le préjudice moral et 4000 euros d’indemnisation des frais de justice. Son confrère à la défense, Me Tom Bonnifay, pointe lui des déclarations “incompatibles” avec le certificat médical. Il réclame une relaxe. Le procureur requiert “une amende avec sursis” qui serait “largement suffisante”. La décision sera rendue le 20 janvier.
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