Un centre de santé de l'AP-HM dans les quartiers Nord ?
Un centre de santé de l'AP-HM dans les quartiers Nord ?
"L'État ne peut pas ignorer ses déserts médicaux." C'est en quelque sorte le leitmotiv de Bertrand Mas, co-animateur du Laboratoire politique, un think tank classé à gauche. Médecin à l'assistance publique des hôpitaux de Marseille (AP-HM), il porte, pour l'hôpital, le projet "en très bonne voie" de la construction d'une maison de santé publique dans le quinzième arrondissement, peut-être à Saint-Antoine. Un lieu que les praticiens privés ont peu à peu boudé et que la fermeture possible de l'hôpital militaire Lavéran pourrait encore pénaliser.
Face au manque de médecins, des généralistes salariés de l'hôpital public mais aussi certains libéraux qui ne sont pas installés dans le quartier, parfois faute de moyens pour acheter un cabinet, donneraient des consultations. Une arrivée qui déchargerait aussi l'hôpital Nord où les urgences, déjà surchargées, se retrouvent à soigner les maladies du quotidien. "Pour une otite, pour une bronchite de leurs enfants, les parents attendent trois ou quatre heures et n'en peuvent plus, abonde la sénatrice-maire du 15/16 Samia Ghali. Ce n'est plus tenable."
Prévention et dépistage
L'élue constate aussi la pénurie de spécialistes dans son secteur (seulement 48 qui exercent sans dépassements d'honoraires, selon la Sécu). "Les enfants vont à l'école sans lunettes car, pour trouver un ophtalmo, il faut traverser la ville. Du coup, ils ne sont pas soignés avec tous les problèmes que ça entraîne, à l'école, ne serait-ce que pour suivre les cours. Un autre exemple : les femmes quand elles n'ont plus d'enfants, elles ne voient plus de gynécologues."
La maison de santé doit aussi répondre à cette problématique : "L'idée, c'est que les spécialistes de l'hôpital puissent tenir sur place des permanences toutes les semaines ou tous les quinze jours." L'offre potentielle va plus loin que le dentaire ou l'ophtalmologie. "Il y a un déficit en ce qui concerne tous les volets de la prévention, reprend Bertrand Mas. Cela concerne en premier lieu le dépistage des cancers du sein. Plus il est dépisté tôt, plus celui-ci est facile à soigner et moins cela coûte à la société."
Une dernière remarque qui vient souligne que le volet financier n'est en rien anodin. Pas question en ces temps de rigueur budgétaire que ce centre coûte à l'hôpital. "Il va falloir trouver des partenaires", ne cache pas le porteur de projet. Ils seront certainement plus facile à trouver sur l'investissement que sur la gestion du quotidien où il faudra être rentable. "Cela cadre avec le développement des maisons régionales de santé que nous portons à la région. Nous avions d'ailleurs contacté l'AP-HM à ce sujet", lâche Ladislas Polski, le conseiller régional en charge de cette politique. Il avertit toutefois :
Pour que ça ait de la gueule, il faut que ce soit fait en synergie, sous la houlette de la préfecture et de l'Agence régionale de santé, via la commission de coordination de l'offre de soins de proximité.
Membre de la commission santé du PS que conduisait jusqu'à récemment Marisol Touraine, devenue ministre, Mas compte aussi sur cette dernière pour soutenir cette "maison de santé innovante". Début octobre, la ministre, reprenant un de ses engagements de campagne, a souhaité que les centres de santé puissent être rémunérés "autrement qu'à l'activité" lançant une mission de réflexion sur le sujet, confiée à l'Igas.
"Intervenir quand rien ne fonctionne"
Une déclaration qui ouvre aussi des perspectives aux centres du Grand conseil de la mutualité, en très grande difficulté financière aujourd'hui. Des mutualistes bientôt remplacés par le public ? "Pas du tout, répond Mas. Pour moi, il est hors de question en s'implantant dans le 15/16 d'aller concurrencer Paul-Paret qui marche bien. L'État doit intervenir quand rien d'autre ne fonctionne."
Une sorte de retour aux bases de l'hôpital public et aux dispensaires voire, philosophe Mas, "aux principes des hôtels Dieu et de la médecine hospitalière qui était celle des indigents, celles des pauvres". Le 15/16 compte en effet un quart de bénéficiaire de la CMU, contre moins de 15% dans la plupart des zones du reste du département. "Entre cela, et l'hyper spécialisation des médecins que l'on connaît aujourd'hui, il faut trouver un équilibre. […] Moi, je dis : plutôt que de construire un énième service spécialisé de chirurgie orthopédique, construisez une maison de santé !" Jusqu'ici, la direction de l'AP-HM, qui n'a pas répondu à nos questions, a toujours appuyé la démarche.
>> Le rapport de Bertrand Mas sur les centres de santé
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