French Tech Aix-Marseille, premier bilan un an après la labellisation
Le label obtenu, Aix Marseille French Tech se met en place depuis novembre 2014. Son pilotage a été confié par les collectivités à une association. Premier bilan et tour des actions menées avec une prédominance assumée des actions de communication et une attente très forte sur les "totems" privés.
French Tech Aix-Marseille, premier bilan un an après la labellisation
Hop, un petit tweet avec une photo d’Emmanuel Macron et quelques patrons du coin à Las Vegas. Il y a deux semaines, une trentaine d’entreprises d’Aix-Marseille étaient au Consumer electronic show, salon international des objets connectés. Une quinzaine d’entre eux y avait un stand pour présenter leurs produits et tous espéraient y faire du réseau, séduire les investisseurs, voire conquérir le marché américain. Quelques jours ensemble pour faire du business. Ce voyage en compagnie de délégations venues d’autres régions est le premier grand déplacement sous le label délivré au territoire par le ministère de l’Économie numérique en novembre 2014.
Opération de marketing territorial autant que de démarchage commercial, le voyage à Las Vegas incarne bien l’esprit de la French Tech insufflé par le ministre de l’Économie Emmanuel Macron et Axelle Lemaire, secrétaire d’Etat chargée du numérique. Si le ministre était là en tête de gondole, ce sont les collectivités locales qui ont mis la main à la poche. Les entreprises ont payé leur voyage, mais l’essentiel des frais était couvert par une enveloppe de 130 000 euros débloquée pour l’occasion par le technopôle de l’Arbois et la communauté du Pays d’Aix, au nom de la banderole commune Aix-Marseille French Tech.
Un signe que les tensions entre les différents partenaires publics du label (communauté du pays d’Aix, ville d’Aix-en-Provence, ville de Marseille, communauté urbaine de Marseille) appartiennent désormais au passé. À l’heure où la métropole peine à exister en dehors du terrain juridique, cette réconciliation sur l’autel numérique mérite d’être soulignée.
Le pilotage confié à une association
Mais derrière l’étendard et ce premier grand voyage, l’initiative en est encore à ses balbutiements. Le pilotage de ce label, obtenu au côté d’autres métropoles lors de la première vague de sélection, a été confié en février dernier à une association d’entrepreneurs, Medinsoft, créée en 2003. Ce n’est pas le cas dans tous les territoires. Certaines villes, comme Lyon ou Toulouse, ont intégré la French Tech dans la métropole. D’autres ont eu recours à des associations dédiées comme Nantes ou Rennes où la Cantine numérique est devenue French Tech Rennes. Pour Aix-Marseille, Medinsoft a gardé son nom en y ajoutant le label national.
L’association a reçu 200 000 euros des collectivités pour “suivre la feuille de route qu’avait développée Aix-Marseille dans son dossier de candidature”, explique Stéphane Soto, directeur général d’Aix-Marseille French Tech et patron de Medinsoft. Pour 2016, un chèque de 50 000 euros de la chambre de commerce et d’industrie n’attend plus que la signature. Si l’Etat distribue les bons points, ce sont bien les collectivités qui financent la French Tech dans son fonctionnement. Un énième dispositif d’accompagnement des entreprises ? L’hypothèse est rejetée par la plupart des acteurs du numérique qui la juge complémentaire mais aussi plus vendeuse que les traditionnels pôles de compétitivité et autres incubateurs publics. “La French Tech a l’avantage d’être un dispositif endogène, les agences économiques historiques étaient exogènes”, commente Kevin Polizzi, patron de la société de cloud Jaguar Network, pilier de la French Tech depuis ses premiers pas
Une année de mise en réseau
Les missions confiées en cette première année d’existence relèvent principalement de la mise en place du réseau et la recherche de gain en notoriété. “Nous participons au financement d’opérations de visibilité d’entreprises, expose Stéphane Soto. Nous faisons de la communication autour du label. Nous organisons des événements comme les French Tech Weeks [série d’événements liée au numérique] et nous avons des commissions thématiques sur la smart city, le big data [l’exploitation de données à grande échelle, ndlr] ou l’emploi formation.” Compte tenu des ressources, en revanche, les opérations de promotion à l’international doivent être financées par des rallonges des collectivités.
“Beaucoup de bonnes volontés avec très peu de moyens”, résume Kevin Polizzi. Chargé du dossier à la ville de Marseille, Daniel Sperling considère que Medinsoft est “le bon interlocuteur pour porter les objectifs que nous avons souhaité engager”. L’association affiche 400 entreprises membres pour un secteur estimé à 40 000 emplois dans la métropole. Une commission “emploi et formation” y a été créée récemment pour recenser les besoins en formation du territoire et les transmettre aux écoles et universités pour une meilleure adéquation entre les besoins et les ressources locales.
“Une marque ombrelle”
Si Medinsoft se charge de la gestion courante, la French Tech Aix-Marseille s’est dotée en sus d’un “conseil territorial du numérique”, qui se réunit une fois par an pour décider de l’orientation générale avec l’ensemble des partenaires publics et privés. Une entité mixte unique en France selon les intéressés. Des comités de pilotage avec les principaux financeurs se réunissent tous les deux mois et complètent ce volet gouvernance. Mais c’est l’existence d’une étiquette, d’un logo, qui semble réellement rassembler les intéressés. Un outil de marketing territorial en somme. Au bénéfice des entreprises.
“La French Tech est avant tout une « marque ombrelle » pour structurer le territoire et donner de la visibilité”, estime l’adjoint au numérique de la Ville d’Aix, Stéphane Paoli. L’acronyme AMFT a été bien adopté par les start-up qui le déclinent régulièrement sur les réseaux sociaux. La dynamique de groupe semble avoir bien fonctionné, dans un écosystème en manque de visibilité auprès du grand public.
Le totem The camp
En dehors de ces logiques d’affichage, la logique d’essaimage et de constitution d’un écosystème de start-up autour des poids lourds du secteur est encore au stade de l’idée. Les projets d’incubateurs privés, tant du site de réservation de vacances Voyage Privé à Aix que de la société d’hébergement de données Jaguar Network à Marseille tardent à sortir des cartons, même si tous les porteurs assurent qu’ils sont en bonne voie. Ces derniers avaient motivé la labellisation de la métropole. Seuls les deux accélérateurs financiers Net Angels et PFactory, , déjà montés au préalable, ont commencé à accompagner des jeunes pousses. Pour les autres sites structurants, il faudra plutôt attendre 2017. La plupart d’entre eux ont renoncé à la dotation nationale qui leur était initialement destinée devant les conditions demandées par la Banque publique d’investissement.
Mais l’image de la French Tech locale est fortement liée à l’avancée du projet The Camp¹ sur le technopôle de l’Arbois. Ce totem architectural se veut campus à l’américaine mêlant recherche et développement, formations diplômantes et start-up. Il a réuni des aides financières des collectivités pour boucler les 70 millions du budget global. La partie immobilière se chiffre à 34 millions d’euros dont un tiers financé par la Caisse des dépôts et des consignations. Quant à la phase d’exploitation, sur les 41 millions d’euros prévus, 19 millions d’euros émanent des collectivités sous forme d’avances remboursables. Un financement qui est “bouclé dans la totalité pour l’immobilier et pour l’essentiel concernant le campus, assure t-on au pilotage du projet. La construction et la signature des partenariats avancent comme prévu pour une livraison printemps 2017″. Sur le site internet de ce lieu hybride, Emmanuel Macron cohabite avec des “partenaires fondateurs privés” comme Vinci, CMA-CGM, Sodexo ou le Crédit agricole.
Un audit ministériel attendu
Ce sont ces incubateurs privés qui feront office pour Aix-Marseille de symboles, repris et portés jusqu’au plus haut sommet de l’État. Des dispositifs financiers, “Bourse French Tech” et “Pass French Tech” permettent aussi aux start-up des métropoles labellisées de demander directement des fonds. Mais sans passer par l’organisation.
Reste pour la métropole Aix-Marseille à “valider” l’obtention du label, un audit ministériel devant théoriquement le réattribuer chaque année. Bien évidemment, il est pour l’heure impossible de quantifier les retombées économiques et les créations d’emplois liées à l’obtention et au déploiement de ce label. Passé l’élan de la candidature et la mise en place du réseau, c’est maintenant que le boulot commence réellement.
¹ Le projet The Camp est piloté par Frédéric Chevalier, actionnaire de RAJ médias, l’ancienne société éditrice de Marsactu.
Commentaires
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…et le beau projet de la SMAC, on en est où ?…
C’était pourtant bien avancé : un des acteurs phares de la scène numérique, un directeur de centre de formation enseignant à sciences-po qui représente un groupe sociétaire bancaire plein de noisettes (et de procédures judiciaires au cul), des statuts de société signés…Et alors ?
Pourtant y’avait de quoi faire une belle pub à ce fameux groupe bancaire…On va faire la lumière…
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HA….on me dit dans l’oreillette qu’il n’enseigne plus à sciences-po, mais qu’il est toujours dans la banque…Donc le projet doit encore être dans les tuyaux ?
C’était un beau projet, forme sociétaire novatrice, genre SCIE…Ca parle à quelqu’un ?….
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Pendant la campagne des élections régionales, Messieurs Polizzi et Soto avaient semble-t-il une préférence claire pour une candidate…
Ca ne fait pas tiquer les adhérents de Medinsoft et plus globalement les acteurs de la French Tech cet affichage aux côtés de Marion Marechal-Le Pen ?
https://www.youtube.com/watch?v=nJpmhky-XDc (clip de campagne du Front National)
https://www.youtube.com/watch?v=K0QMnB35laI (clip de MMLP dédié à l’économie numérique)
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“Campus à l’américaine”, super, mais à AIX on pouvait déjà déguster de SPLENDID CAPUCCINO sans avoir à aller à OUAGADOUGOU…
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