Turbulences autour des vols en hélicoptère de Vauzelle

Turbulences autour des vols en hélicoptère de Vauzelle

L'agenda d'un président de région est chargé, surtout lorsque ce mandat est cumulé avec celui de député. L'Arlésien Michel Vauzelle, qui doit gérer un territoire s'étendant de Nice au Queyras, en sait quelque chose. De là à dépenser 200 000 euros en quatre ans en location d'hélicoptère, il y a une ligne que la chambre régionale des comptes (CRC) lui reproche d'avoir franchie. C'est ce qu'elle fait clairement savoir au détour d'un jugement rendu début septembre à l'encontre de la comptable du conseil régional, qui a laissé passer des factures pas totalement complètes.

Passé l'examen de cette erreur de contrôle, les magistrats se penchent sur le principe même de ces marchés publics régulièrement passés pour transporter par hélico le président du conseil régional. Coût pour la collectivité entre 2006 et 2009 : 206 000 euros. Certes, les transports régionaux ne sont pas connus pour leur rapidité et leur efficacité. Mais comme le précise la CRC, la règle est de choisir "le moyen de transport au tarif le moins onéreux". L'usage de l'hélicoptère correspond évidemment à l'exception qui est, "lorsque l'intérêt du service l'exige", d'utiliser le mode "le plus adapté à la nature du déplacement".

Encore faut-il le justifier. Ce que le conseil régional était censé faire, toujours selon le texte du jugement, "dans sa réponse au rapport d'observations provisoires de la chambre". Parallèlement à cette procédure, la CRC a en effet passé au peigne fin la gestion de la collectivité. Un travail qu'elle a adressé en juillet à Michel Vauzelle pour lui permettre – comme c'est l'usage – de répondre avant la publication en octobre du rapport définitif.

Un hélico pour inaugurer une rame TER

À la lecture de ce dernier, que Marsactu a pu consulter, le président de région a semble-t-il manqué d'inspiration. Sa seule défense concerne les points techniques soulevés par la chambre sur les modalités de passation des marchés. Dans ce document qui donne déjà des sueurs froides à la région, les magistrats enfoncent donc le clou, levant le voile sur les motifs de certains vols :

Ce marché a été passé pour des déplacements exceptionnels et/ou nécessitant une présence sur un lieu rapidement, ce qui ne semble pas toujours être le cas s'agissant par exemple de la signature d'une convention, de la rencontre avec une autorité, de l'inauguration d'une rame de TER ou de l'assistance à des obsèques.

Michel Vauzelle avait déjà essuyé en 2003 des critiques de la CRC pour ses dépenses somptuaires, notamment des nuits d'hôtel au Sofitel Vieux-Port, qu'il avait alors remboursées. Ses vols en hélicoptère avaient d'ailleurs été évoqués par la presse à cette époque, sans que cela se retrouve dans le rapport de la chambre. "À chaque fois qu'il venait dans le département, c'était en hélicoptère, confirme Alexandre Mougin, responsable des Jeunes UMP 05, qui avait publié une vidéo montrant des photos prises en 2007 sur ce thème. Ce qui nous choquait, ce n'est pas tellement qu'il vienne en hélico : la région est grande, on peut le concevoir. C'est qu'une voiture parte en avance de Marseille pour l'attendre sur place. Et puis c'est plutôt amusant quand on sait qu'il a des écologistes dans sa majorité".

Dix ans plus tard, les magistrats sont clairs : il serait temps que la pratique soit a minima avalisée par l'assemblée régionale. Après trois ans sans décollage, c'est en se passant comme d'habitude d'un vote que Michel Vauzelle a validé le 8 juillet un marché pour un montant maximal de 40 000 euros. Timing parfait : trois jours plus tard, il recevait les observations définitives de la CRC.