Témoignages de harcèlement sexuel au conservatoire d’Aix : le parquet ouvre une enquête
Le directeur du conservatoire aixois Jean-Philippe Dambreville est désormais visé par une enquête pénale. Il est déjà provisoirement suspendu de ses fonctions par la mairie qui mène une enquête en interne. Début avril, Marsactu publiait les récits de neuf femmes, salariées et anciennes élèves.
Le conservatoire à rayonnement régional Darius-Milhaud d'Aix-en-Provence. (Photo : ID)
Après les témoignages, le temps de la justice. Suite aux alertes de plusieurs femmes accusant de harcèlement sexuel Jean-Philippe Dambreville, directeur du conservatoire d’Aix-en-Provence, le parquet vient d’ouvrir une enquête préliminaire. Contacté par Marsactu ce mardi, Achille Kiriakides, procureur d’Aix-en-Provence, précise que “l’enquête fait suite au signalement déposé par la mairie début avril”. Selon le magistrat, la procédure étant très récente, “aucune audition n’a été menée pour le moment” par les enquêteurs.
Dans une première enquête, Marsactu a révélé les récits concordants de neuf femmes, toutes salariées, ex-salariées ou anciennes élèves de l’établissement. À travers leurs témoignages, le directeur est décrit comme “très tactile” et s’autorisant régulièrement des “remarques déplacées”, y compris envers de jeunes majeures. Quelques heures avant la publication de notre premier article, la mairie d’Aix-en-Provence annonçait dans un mail interne la suspension de Jean-Philippe Dambreville “à titre conservatoire”. Dans le même temps, elle informait Marsactu du dépôt d’un signalement au parquet d’Aix-en-Provence.
Chef d’orchestre reconnu, Jean-Philippe Dambreville est directeur du conservatoire Darius-Milhaud depuis 2012. Il est ainsi à la tête d’une équipe de 120 salariés. C’est sous son mandat, en 2017, que l’établissement décroche le prestigieux label de conservatoire à rayonnement régional (CRR). Mais à cette époque déjà, plusieurs victimes tentent de “briser l’omerta” en se confiant à des élus. Deux représentants syndicaux interrogés par Marsactu expliquent alors alerter la mairie. L’ancienne direction des ressources humaines ainsi que l’actuel directeur général des services sont mis au courant. Pourtant, aucune procédure n’est lancée suite à ces alertes.
Une suspension à titre conservatoire
C’est bien des années plus tard, à l’automne 2021 que la mairie s’est saisie de la question. Une salariée du conservatoire rédige un premier signalement pour “harcèlement moral et sexuel”, qui conduit à l’ouverture d’une enquête interne. Auditionnée par la direction des ressources humaines de la Ville le 21 décembre, cette femme explique être la cible de questions régulières sur “sa vie sexuelle” et déplore “l’intention perpétuelle de séduction” de la part de son directeur. Elle rapporte même un “baiser dans le cou” non sollicité, peut-on lire dans le compte rendu de son audition. Suite à ce témoignage, de nouveaux signalements parviennent à la mairie.
Selon nos informations, l’enquête interne diligentée par la mairie est toujours en cours. Lorsqu’elle sera officiellement clôturée, Jean-Philippe Dambreville pourrait être exposé à une sanction disciplinaire définitive. Sollicité, l’avocat de Jean-Philippe Dambreville n’a pas donné suite dans les délais impartis à la rédaction de cet article. Mais le harcèlement, qu’il soit moral ou sexuel, n’est pas seulement proscrit par le Code du travail. C’est aussi un délit passible de 3 ans d’emprisonnement et 45 000 euros d’amende lorsqu’il est pratiqué “par une personne qui abuse de l’autorité que lui confèrent ses fonctions”. Mettre au clair les accusations qui pèsent sur Jean-Philippe Dambreville, c’est tout l’enjeu de l’enquête ouverte par la justice.
Commentaires
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Pourquoi une telle inertie de la mairie d’Aix ? Depuis 2017 les faits étaient déjà semble-t-il signalés à la direction générale et à la drh.
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Ce n’est vraiment pas le seul cas où des témoignages de femmes contre un homme qui abuse de sa position sont ignorés, minimisés, voire parfois niés. Il y a quand même un système qui protège les agresseurs et n’écoute pas les victimes.
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car comme d’habitude elles exagèrent, et une main au cul n’a jamais fait de mal à personne, et franchement, ces bonnes femmes, toutes des hysteros.
Voilà en gros ce qui a du se passer en 2017.
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