Temenik Electric, de l’arabian rock de Marseille à la conquête du monde
A l'occasion du festival et forum professionnel Babel Med Music qui se tient ces jours-ci, Mehdi Haddjeri, chanteur du groupe marseillais Temenik Electric, présente son album sorti en novembre Inch'allah Baby avec lequel il espère séduire bien au-delà de Marseille.
Temenik Electric, de l’arabian rock de Marseille à la conquête du monde
Babel Med Music porte bien son nom. Pendant trois jours les musiciens du monde entier se croisent à la fois dans le festival de Musiques du monde et le marché professionnel attenant. Dans cette galaxie des groupes de Turquie, de Corée, d’Afrique et du Maghreb, le groupe Temenik Electric tente de faire entendre sa différence. Eux viennent en voisin. Leur QG, le Nomad’Café est situé à quelques centaines de mètres du Dock des suds.
Ce lieu est à la fois une scène locale, un lieu de production et le berceau du groupe. Cela fait partie de la feuille de route de Babel Med que de mettre à l’honneur des groupes locaux qui s’inscrivent dans ces musiques du monde, hybrides et diverses. Mais les Temenik Electric défendent une vraie singularité : ils sont Marseillais, chantent en arabe et font du rock. Très loin du raï algérien, de la musique occitane ou du rap marseillais. D’ailleurs, si les cinq musiciens s’ancrent dans le local, ils revendiquent de pouvoir séduire bien au-delà de ce territoire.
“Nous sommes tous natifs de Marseille”
Le fondateur, Mehdi Haddjeri, reçoit dans la pénombre du Nomad alors qu’un concert du Babel Med Minot se déroule dans la salle principale. Longs cheveux coiffés en arrière, barbe fournie, le leader tente une définition du Temenik : “Notre démarche artistique se base sur le don de soi en partant de notre culture d’origine. Nous sommes tous natifs de Marseille. Moi-même j’ai appris l’arabe d’ici, avec plein de mots français dedans. Ce sont les médias qui m’ont amené à qualifier notre style musical d’arabian rock”. Pour lui écrire dans la langue de ses parents permettait de rester en rapport avec ses origines. D’ailleurs, la traduction des textes se fait avec la complicité de sa mère.“Je suis un enfant du rock et de la pop anglaise, qui a grandi en écoutant de la musique arabe en famille”, ajoute-t-il.
Le terme anglais n’est pas qu’un effet marketing. Pour construire son nouvel album Inch’allah baby, le groupe lance une bouteille à la mer vers l’Angleterre. Comme nous sommes à l’heure des réseaux sociaux, la mer prend le nom de Facebook et la bouteille la forme d’un message adressé au guitariste et producteur Justin Adams. L’homme est connu pour accompagner Robert Plant – ancien chanteur de Led Zeppelin – à la guitare et avoir accompagné de nombreux groupes de musiques du monde comme Tinariwen. Le message touche au but. “Ils nous a répondu qu’il n’avait pas trop de temps parce qu’il était en tournée avec Robert Plant mais qu’il trouvait la musique bonne”, raconte Mehdi. Quelques semaines plus tard, il reprend contact pour lui dire qu’il a finalement décidé de produire le groupe.
Les studios Real World
Justin Adams les met en relation avec les responsables de Real world, le label de musiques du monde fondé par Peter Gabriel. Ils montent donc enregistrer dans leurs studios, à quelques kilomètres de Bath. “Ils ont là-bas des tables de mixage incroyables, inventées par Peter Gabriel. Et Justin nous a apporté une grande rigueur dans le travail”.
À l’écoute, les dix chansons d’Inch’Allah Baby offrent un rock lancinant agrémenté de mélodies orientales, tout en transcendant multiples variations tonales et rythmiques se rattachant à la musique dite “africaine”. “Ce qui m’importe, ce n’est pas le sens des mots auxquels on apporte parfois trop d’importance en France, mais l’ambiance qui se dégage de la musique”. Avec Inch’Allah Baby, Temenik Electric porte un regard angoissé sur le monde, notamment à travers la chanson Denia denia. La chanson Kifech’n’dir, “comment faire?” occupe une place centrale dans l’album et témoigne du questionnement actuel du chanteur quant à la situation des Français d’origine algérienne. “Comment réussir à vivre ensemble“, y chante-t-il. Ou encore “quand cessera-t-on de nous considérer comme des étrangers ?” Inch’allah Baby est un album qui se veut intime et ouvert sur le monde de par sa combinaison entre l’arabe et l’anglais, “deux langues universelles”.
Contexte particulier
“Paradoxalement, nous sommes partis de l’idée que le versant international serait plus facile à gravir que le national”, explique Olivier Rey, attaché de presse de Babel Med qui accompagne le groupe depuis plusieurs mois. Un élément récent semble lui donner raison : “Après les attentats de novembre, des médias français ont demandé au groupe de se positionner et de les condamner”, reprend Olivier.
“En Angleterre, on peut faire davantage en rapport avec ce qu’on est”, reprend Mehdi Haddjari. “Là-bas, il est moins surprenant de chanter en Arabe car la transgression fait partie du paysage musical”, ajoute Olivier Rey. Leur stratégie a donc été d’obtenir de bons retours à l’étranger avant de pouvoir s’inscrire dans un genre musical en France. “On n’est jamais prophète en son pays”, déclarait-il à La Marseillaise suite à la sortie de l’album en novembre.
Ce jeudi, Temenik Electric recevait une double récompense: les prix Adami et Pont transatlantique. Pourtant, le marseillais n’en fait pas tout un plat, même s’il prétend que “cela vient récompenser le fruit de notre travail. En revanche, ce qui nous préoccupe, c’est notre concert de demain”. Ce vendredi soir donc, Temenik Electric a rendez-vous avec le monde, à Marseille.
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