Télétravail : ces services publics qui peinent à donner l’exemple
Le gouvernement a instauré le télétravail comme moyen pour lutter contre l'épidémie. Mais dans certaines administrations, la mise en place est plus que laborieuse. Petit tour d'horizon de quelques collectivités où ça coince.
Le télétravail est actuellement imposé plusieurs jours par semaine quand c'est possible. (Photo d'illustration - Adrian Swancar-Unsplash)
L’exception doit être la règle. Les annonces gouvernementales concernant les mesures à mettre en place pour endiguer l’épidémie de Covid-19 sont claires dans au moins un domaine : le télétravail. Ainsi, tous les postes qui peuvent être télétravaillés doivent l’être, a annoncé fin octobre le Premier ministre. Une règle qui s’applique bien évidement aux services publics, qui seraient les mieux placés pour montrer l’exemple. Mais la pratique est plus complexe que la théorie. Marsactu s’est penché sur l’application du télétravail dans certaines administrations locales, où permettre à ceux qui le peuvent de travailler depuis chez eux semble laborieux. Préfecture des Bouches-du-Rhône, mairie de Marseille ou encore d’Aix-en-Provence, autant d’institutions locales qui peinent à mettre en place le télétravail.
“C’est la panique à bord, les décisions prises par le ministère ne sont, à ce jour, pas applicables localement”, rend compte Stéphane Jacomino, syndicaliste Force Ouvrière à la préfecture. Il pointe un problème de taille : “Une rupture de stock d’appareils informatiques.” Difficile de travailler à domicile sans le matériel nécessaire, une évidence que la préfecture ne semble pas avoir anticipée. Questionnée sur ce point, elle reconnaît le souci à demi-mots. “La disponibilité du matériel permettant de télétravailler est un enjeu, répond le service communication. D’autant plus que le déploiement des solutions de télétravail doit s’effectuer en tenant compte des impératifs de sécurité informatique, pour éviter tout risque de piratage.” Le principe d’une généralisation était pourtant déjà posé par une circulaire ministérielle du 7 octobre, avec à l’époque “deux à trois jours par semaine” visés.
“Nous avons du retard”
Dans une note envoyée aux préfectures régionales, le ministère de l’Intérieur définit précisément les postes permettant le télétravail. Il cite notamment les travailleurs utilisant des “moyens informatiques”, des logiciels précis, qui “dans le respect de l’ensemble des procédures de protection des données exigées, eut égard au caractère confidentiel des données et applications qu’ils exploitent”, peuvent télétravailler. Mais, à la préfecture des Bouches-du-Rhône, l’ensemble de ces derniers est loin d’être à la maison. “Nous avons énormément de retard par rapport aux volontés du ministère de l’Intérieur”, poursuit le syndicaliste qui a le sentiment d’être “la dernière administration à déployer le télétravail”.
Si la préfecture estime quant à elle que ses “services ont su se mobiliser pour s’adapter et trouver de nouvelles manières de travailler”, elle n’a pu apporter de précisions chiffrées à Marsactu, notamment en ce qui concerne le nombre de personnes en télétravail dans l’institution par rapport à celles qui devraient l’être selon le courrier du ministère. Dans un tract, FO dénonce “l’inertie inexpliquée des préfets de région pour mettre en place le télétravail, mesure phare de la lutte contre la pandémie”. “Le télétravail serait-il trop novateur pour eux ? Ont-ils si peu confiance en leurs agents ?”, questionne encore le communiqué.
Retard à l’allumage
“Ce lundi [2 novembre], confinement ou pas, la consigne est de continuer à venir deux jours par semaine”, glisse-t-on depuis le service… informatique !
À la mairie de Marseille, plus gros employeur public du département avec l’AP-HM, la position officielle est en faveur de ce mode de fonctionnement. Pourtant, là encore, la pratique s’avère plus complexe qu’elle n’y paraît. “La direction a du mal à mettre en place les directives, lâche sans hésitation Ludovic Bedrossian, responsable de la section syndicale CFTC à la Ville de Marseille. Les notes de services arrivent tardivement.” Le jeudi 29 octobre, le ministère de la fonction publique précisait à l’ensemble des administrations qu'”à compter de vendredi 30 octobre, les agents dont les fonctions peuvent être exercées à distance doivent être placés en télétravail cinq jours par semaine”. Ce n’est que le lundi 2 novembre que les fonctionnaires de la Ville de Marseille ont reçu des indications sur la marche à suivre.
Une première note de service, signée de la main de la maire Michèle Rubirola, évoquait simplement ce jour-là “le recours au télétravail chaque fois que cela est possible.” Une seconde, envoyée le même jour par le directeur général des services, précisait sa durée : cinq jours par semaine, comme annoncé par l’État. Mais dans certains services, des consignes quelques peu étonnantes ont été données. “Ce lundi [2 novembre], confinement ou pas, la consigne est de continuer à venir deux jours par semaine”, glisse-t-on depuis le service… informatique ! Des directives évasives, parfois injustifiées et transmises quatre jours – week-end compris – après les annonces gouvernementales. À la métropole, pas de retard à l’allumage en revanche : le directeur général des services signe dès le 30 octobre une note explicite à destination de “chaque supérieur hiérarchique”, doublée d’une consigne d’adaptation des horaires de début et de fin de journée pour “réduire la présence dans les transports” à l’heure de pointe.
“Position d’expérimentation”
Contactée, Olivia Fortin, adjointe à la maire chargée du fonctionnement des services municipaux ne l’entend pas de cette oreille. “Le télétravail est un objectif de la direction des ressources humaines qui remonte à longtemps, commence-t-elle. Le premier confinement nous a mis dans l’obligation d’une mise en œuvre précipitée et a placé la mairie dans une position d’expérimentation. Nous en avons tiré les enseignements lors du dernier conseil municipal.” Le 5 octobre, ce dernier a en effet voté une délibération en faveur de l’élargissement du télétravail et alloué un budget d’1,3 million d’euros pour des achats informatiques. La délibération en question fixe la durée maximale du télétravail à trois jours par semaine, ce qui a pu semer le trouble dans certains services. Sauf que cette délibération n’est valable que “dans une situation normale, ce qui était le cas quand nous l’avons votée”, recadre Olivia Fortin qui estime avoir ensuite engagé une “action rapide” face à des annonces gouvernementales qui elles, arrivent tard.
Pas de quoi convaincre les syndicats qui pointent l’absence d’anticipation et l’application variable du télétravail “en fonction des directeurs de services et mairies de secteur”. Un manque d’uniformité qu’Olivia Fortin envisage cependant comme “normal” : “Il y a dans le plan de continuité une liste des services publics essentiels, toute l’administration travaille pour orienter les moyens, les disparités entre les organigrammes sont normales”, argumente l’adjointe.
Ludovic Bedrossian y voit lui une autre interprétation. “L’administration tarde à s’installer, elle patauge. Nous sommes contents du changement, mais en ce qui concerne le fonctionnement, pour l’instant, on navigue à vue”, pointe le syndicaliste. “Le télétravail est basé sur la confiance. Là, on a l’impression que la confiance est au même niveau que l’ancienne municipalité”, abonde Jocelyn Cazzolino, pour le syndicat UNSA.
Freins culturels et générationnels
Problème de confiance ou retard au démarrage à Marseille, à Aix, on ne semble pas beaucoup plus réactif sur la question. Vendredi 30 octobre, alors que le président de la République avait fait du télétravail la règle, le directeur des services d’Aix demandait à tous ses fonctionnaires de se rendre sur leur lieu de travail le lundi 2 novembre. Pour finalement revenir sur cette décision. “Lors du premier confinement, on l’a mis en place rapidement. Mais c’était avant les élections, se questionne Michel Duclos, syndiqué à l’UNSA à la mairie d’Aix. Maintenant, on voit clairement des freins au télétravail. Nous, on le demande depuis 2013, mais il y a des freins culturels, générationnels… Il faut dire que dans les autorités politiques et les administrations on a un certain âge.”
La mairie d’Aix-en-Provence a en effet répondu “niet” à ces demandes et met en avant une nécessité d’être sur place pour préparer le départ en télétravail. Revenir pour mieux repartir, en somme. “Il y a aussi une question d’hyper contrôle, les directions peuvent avoir le sentiment que leurs agents vont leur échapper s’ils les mettent en télétravail”, poursuit Michel Duclos. Cette fois-ci, ils n’ont pourtant plus le choix. Et peut-être que sur ce point, l’épidémie permettra au moins à certaines institutions un petit coup de dépoussiérage.
Commentaires
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Il y a malheureusement trop de faux télétravailleur. Les syndicats sont trop peureux par rapport au Covid et trop heureux de se manifester auprès des agents dans ce cadre. Pour dire vrai combien de télétravailleur rendent effectivement un travail digne de ce nom ? Oui au télétravail mais uniquement pour les agents handicapés ou à pathologie à risque. Tous les autres doivent être en présentiel.
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D’où vous sortez ça ? Il est bon d’affirmer quelque chose mais ce n’est pas parce qu’on l’affirme que c’est vrai. Source parmi tant d’autres … : https://www.silkhom.com/quel-est-limpact-du-teletravail-sur-la-productivite/
Par ailleurs dans nombres de pays nordiques vous avez le télétravail et la productivité se porte trrèèèèèès bien.
En somme, il s’agit de savoir comment on met en place ce télétravail pour que les salariés puissent travailler correctement et éviter de parler quand on connaît pas 😉
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@axelv : je le sort de mon expérience municipale et syndicale…
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Sur place ou à distance, la problématique est la même: comment évaluer le travail effectué ? Des gens gens très peu productifs sur site, on en connait tous …
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Franchement , les syndicats à la marseillaise , si ils n’existaient pas ils faudrait sûrement les inventer.
J’ai adoré la réflexion du syndicaliste marseillais qui ne comprenait pas le manque de confiance ressenti de la part le la nouvelle mairie. Il ne voit pas le lien entre FO , les employés municipaux et la confiance.
La seule vérité de leur part est émise par le syndicaliste aixois et réside dans sa remarque sur le lien entre élus locaux et gériatrie. Cela est vrai qu’à Aix et cela était le cas à Marseille la mairie ressemble plus à un EHPAD qu’autre chose.
Pour le reste le Lamento habituel.
Et puis je me suis adressé une pensée émue pour les gens du privé à qui l’on demande 1001 choses dans cette période et notamment dans l’industrie du Savon de Marseille où une” blagounette” circule et qui énonce la différence entre le savon de Marseille et les fonctionnaires territoriaux, c’est qu’au moins dans le savon il y a des agents actifs.
Allez un peu d’humour .
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Si, en pratique, on peut imaginer que l’on peut faire de chez soi à peu près tout ce qui concerne la « bureautique », la réalité est quand même un peu plus complexe.
Les services comptables, DRH, Etat civil, gestion du patrimoine, cimetières, urbanisme… ont des logiciels spécifiques dont les applications doivent être installées sur les postes dédiés pour permettre les accès distants. Les licences ne sont pas données et la généralisation du travail à distance aurait nécessité, à minima, une négociation entre l’Etat et les fournisseurs de logiciels pour établir des prix de licences adaptés. Là encore, il ne s’agit pas de parler pour nous faire croire que nos élus sont à la pointe du progrès, il faut, comme dit Méluche, « planifier ». L’informatique et les NTIC restent un support de communication efficace pour « paraître », mais quand il s’agit de se pencher sur les problèmes on voit rapidement que nos « élites » ne maitrisent rien. Certains, très “au fait” des avancées technologiques, doivent s’imaginer qu’on peut collecter des ordures ou réparer une porte à distance avec une imprimante 3D.
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Effectivement comme le dit Méluche il faudrait “planifier” , qu’il planifie déjà sa sortie cela serait déjà pas mal.
Après il existe des portails , à la préfecture je ne sais pas , mais à la mairie de Marseille oui, cela s’est déjà fait la fois dernière. Sauf pour les plus anciens qui visiblement se servent encore de cartes perforées et de floppy disk.
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Cher Bralaisse, depuis un portail vous pouvez charger un fichier sur votre PC mais pour le modifier, il faut que votre PC ait les outils adaptés. Quand on voit la multitude de logiciels différents pour faire la même chose qui se sont installés sur le territoire sous prétexte de libertés laissées à chaque collectivités de s’organiser comme elle voulait, pas facile de rendre la généralisation du travail à distance financièrement acceptable. A part Microsoft qui a travaillé sur la compatibilité des systèmes peu d’entreprises ont travaillé dans le même sens. Mais avec les applications Microsoft on ne fait pas tout. Un exemple: les gestionnaires de réseaux (eau, assainissement, voirie…) utilisent autocad. Cherchez donc le prix de la licence.
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@Jacques89
Il existe forcément des difficultés, mais depuis mars, le problème est identifié, et la deuxième vague prévisible. C’est un changement de paradigme. Quand la COVID 19 sera vaincue, il faudra préparer la COVID 22 ou le SRAS 21 , sans oublier la lutte anti-réchauffement, et c’est sur ce genre de stratégie qu’on joue l’avenir d’un pays. Si les institutions sont KO à chaque fois, il faut apprendre le chinois dès aujourd’hui ;o)
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petitvelo
Sans qu’il soit nécessaire d’apprendre le chinois, il faut bien reconnaitre que la dictature a quelques fois des solutions très efficaces lorsqu’il s’agit de faire des choix vitaux, qu’il s’agisse de la santé ou de l’économie.
Nous nous avons la décentralisation qui sème la cacophonie et la multiplication de dépenses qui organisent la concurrence entre les territoires sans bénéfice réel pour le pays.
Entre les deux, il faudra bien trouver d’autres solutions pour arrêter cette course à l’image qui pille les contribuables.
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Pour être complet , l’accès à internet avait été notamment réduit à la mairie de Marseille , les employés étaient visiblement meilleurs sur Amazon que sur Excel
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C’est terrible, ces derniers temps, je trouvais les interventions de certains plutôt correctes, parfois même intéressantes. Mais dès qu’il est question de fonctionnaires, c’est la rechute.
C’est quand même incroyable cette faculté à généraliser et à véhiculer les clichés habituels de leurs maîtres, les de closets et consorts.
Je ne sais pas ce que font ces personnes dans la vie mais il doivent être drôlement efficaces et d’une utilité sociale hors normes puisque personne ne trouve grâce à leurs yeux.
Désolé, je vais être un peu méchant mais comme ils ne sont pas tendre avec les autres… Et puis on peut rigoler un peu.
Ca me rappelle un film, de Woody Allen il me semble. Le fils était devenu républicain, contre l’avortement et défenseur du port d’armes et on s’est rendu compte que c’était à cause d’un anévrisme: la moitié de son cerveau n’était plus irriguée… Après l’opération, tout est rentré dans l’ordre, il est redevenu démocrate. Peut-être que le mot fonctionnaire déclenche chez certains une réaction allergique, une sorte de rétrécissement des vaisseaux sanguins ? Une consultation s’impose !
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Le mot fonctionnaire n’est pas pour moi un gros mot , au contraire. .Enseignants de la petite enfance jusqu’à l’enseignement supérieur, militaires, policiers,pompiers, gendarmes, soignants, fonctionnaires de la justice , fonctionnaire de l’équipement ,des services fiscaux, de la culture, fonctionnaires de la répression des fraudes font tous un travail remarquable dans l’immense majorité des cas et même plus, en France et en Outre-Mer. Et malheureusement j’en oublie. Mais comparer ces fonctionnaires aux services apportés par la territoriale sur Marseille, non je m’y refuse.
Je suis désolé , mais face aux situations ubuesques et affligeantes de l’action de la territoriale locale il y a de quoi “brailler”.
Essayer de faire enlever une épave de voiture à Marseille.Je sous souhaite bien du plaisir. Essayer d’obtenir un renseignement sur une aide aux personnes âgées par le département durant le confinement , régalez vous . Tout ceci est du vécu . Quémandez un renseignement pour une tombe , armez vous de patience en essayant de tuer un âne à coups de figues.
Si vous êtes fonctionnaire , et que vous faites jouer la solidarité corporatiste “entre collègues”, vous faites erreur.
Une administration ne peut être dirigée par un syndicat , et malheureusement c’est le cas ici , d’où ces comportements.
Alors , rassurez vous mon cerveau est très bien irrigué , et moi je vous conseille d’allez voir un ophtalmo, car si vous ne voyez pas l’état de décrépitude ce cette administration locale et des services non rendus , c’est que vous avez un problème important de vision des choses.
Comparaison n’est pas raison. Sans doute, mais l’exception marseillaise confirme la règle.
Je vais être comme d’habitude un peu provocateur, mais si vous n’avez besoin de rien , allez les voir.
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Certes… mais je pense que vous confondez le fonctionnaire et son administration. La plupart du temps, les dysfonctionnements sont le fait du sous financement chronique, de la dictature des petits chefs et de l’abandon des politiques.
Les fonctionnaires de la ville de Marseille (dont je ne suis pas) ont, pour la plupart, ne vous en déplaise, essayé de faire fonctionner une administration totalement abandonnée par les politiques. Il y a bien sûr les recrutements de complaisance, les petits arrangements mais jeter l’opprobre sur tous les fonctionnaire de la ville de Marseille ou de la métropole est injuste et contre productif. Il faudra faire avec ces gens là, les former et redonner du sens à leur métier. Ils ont, je pense, plus souffert de la situation que profité.
Prenez l’exemple des écoles. Les ATSEM. La règle du Nclasses-1 ATSEM par école, le ménage qui ne devrait pas faire partie de leur fiche de poste, sont des règles absurdes qui ne sont le résultat de l’abandon total de l’école publique par Gaudin&co. Les contrats d’ASIC à 10h par semaine, les salaires de misère… Je trouve que ces personnes en font déjà beaucoup pour le peu de considération qu’on leur accorde.
Donc leur cracher à la figure lorsqu’elles osent dénoncer leurs conditions de travail sans jamais être entendues fait le jeu de ceux qui les malmènent et ne règle malheureusement pas le problème.
J’ai peut-être des soucis de vue mais au moins, je vois plus loin que le bout de mon nez.
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Le télétravail, vu de loin, c’est facile et attractif. Quand le regarde de près, c’est tout de suite un peu plus compliqué : il ne suffit pas de le décréter pour qu’il devienne possible.
Le degré d’impréparation de notre pays, y compris dans les entreprises privées, à ce dispositif est vraiment impressionnant. Le patronat ne veut pas trop en entendre parler (on ne peut pas faire confiance aux salariés, hein), les syndicats sont réservés (parfois pour de bonnes raisons tout de même), et les salariés eux-mêmes sont partagés (tout simplement parce que, matériellement, certains ne peuvent pas s’assurer des conditions de travail décentes à leur domicile).
On aurait pu prendre le temps d’y réfléchir à froid ces dernières années, au fur et à mesure que l’informatique et les technologies de la communication envahissaient les espaces de travail du tertiaire. On a préféré attendre qu’une crise violente le rende quasiment obligatoire pour le mettre en place dans les pires conditions possibles. Mais là comme dans d’autres domaines, le yakafokon, ça ne marche pas.
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Manque de moyens , dites vous ? 44 % du budget de l’Etat est consacré au personnel, 56 % à la ville de Marseille. Vous rajoutez à ceci un absentéisme important et un temps de travail réduit par rapport à norme. Mais il est vrai sans doute que les magistrats de la cour régionale des comptes ont eux aussi une irrigation réduite du cerveau. Tout ceci avec une politique du personnel non pas gérée sur les compétences mais sur la couleur de la carte syndicale qui a bien arrangée tout le monde et en premier lieu les adhérents du dit syndicat. Souvenez vous du “Fini Parti” par exemple. Alors oui , il y a sûrement des soucis mais tout ce beau monde a bien reconduit Gaudin pendant 25 années, et je n’en fais pas partie. Idem pour FO qui est passé pendant des années “haut la main”.
La contrepartie de ceci des impôts locaux délirants et un endettement de la ville fou.
Alors , que nos amis ne se tuent pas au travail, pas de problème. Que nos amis ne fassent pas d’heures en trop , pas de problème. Mais au moins que le travail soit fait. Ni plus , ni moins. Au moins çà.
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Malheureusement pour nous les citoyens, les élus de la nouvelle municipalité doivent avoir raison de se méfier de mettre tout de suite au télétravail un personnel municipal qu’ils ne connaissent presque pas et qui n’a pas une réputation de présence physique. On comprend que les syndicats se frottent les mains de joie avec l’idée du virtuel. Plus de chef pour voir toutes les réunions discrètes en pause café, les pauses cafés interminables entrecoupées maintenant de chargement de machine à laver, repas des enfants, Facebook, courses personnelles et tout ce qui fait la joie du télétravail.
Ceci étant dit, c’est le lot de toutes les administrations et des entreprises privées. Il faut se faire à l’idée que les syndicats auront un accès permanent, privilégié et massif aux salariés, encore plus qu’avant. C’est à la direction d’être plus présente même virtuellement, et de se donner les moyens de communiquer plus fréquemment, et de demander plus de compte. Les logiciels de télétravail sont faits pour ça. Il y a des caméras dessus, il y a un système de comptage d’activité. Même quand on n’est pas en télétravail, vue l’omniprésence des ordinateurs, il y a un système de contrôle d’activité et de communication avec les salariés intégré aux logiciels de travail.
Dans un premier temps, il va falloir faire avec l’urgence sanitaire et la loi. Leur RH et les différents directeurs peuvent parfaitement faire un point avec les individus pour décider l’amplitude du travail à distance qui est possible pour l’individu. Certes, il faut des licences multiples à nos frais, mais comment faire autrement à court terme, même si c’est scandaleux? Si tous ces logiciels particuliers font vraiment la même chose (est ce vraiment le cas?), la nouvelle municipalité peut entreprendre une fusion des systèmes et en profiter pour moderniser l’outil en vue d’un télétravail plus routinier.
Quand on voit l’énergie et le temps dépensés à se chamailler entre municipalité et métropole et entre politiques, on comprend qu’il n’en reste pas pour entreprendre des projets fondamentaux de reconstruction de la gestion du personnel et des activités municipaux.
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Dans l’administration, le télétravail a tendance à mettre en lumière l’inutilité d’une hiérarchie pléthorique, une vraie “armée mexicaine” de directeurs adjoints, d’adjoints au directeur, de chargés de mission coûteux et inefficaces ou, du moins, efficaces à complexifier le fonctionnement des services.
D’où le peu d’empressement à le mettre en place.
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