Table ronde sur la propreté : catharsis et ébauches de solutions
Table ronde sur la propreté : catharsis et ébauches de solutions
« On ne nous dit pas tout. » Pour ouvrir son débat sur la propreté à Marseille, jeudi soir à la fac de droit de la Canebière, l’intersyndicale FSU-CFDT-CGT-Unsa a voulu renverser la formule de l’humoriste Anne Roumanoff en « formant le vœu que ce soir on se dise tout ». L’amphi rempli, en bonne partie d’habitants (dont des représentants des CIQ) mais aussi de politiques et d’agents, le film projeté en guise d’introduction, comme les premiers échanges l’ont démontré s’il en était besoin : Marseille bruisse d’un « appel criant à une réforme, et pas qu’une demie-réforme », glissait après trois bonnes heures de discussion Lionel Royer-Perreault, conseiller communautaire UMP et bras droit du maire du 9/10 Guy Teissier.
Enjeu de taille
Le sociologue André Donzel, invité de marque qui a cependant eu du mal à dérouler son flash-back sur le sujet tant l’amphi brûlait d’en découdre, l’a rappelé : trois Marseillais sur quatre considèrent que leur ville est sale. Même si le problème est partagé, 57% des Européens pensant de même, le niveau de l’enjeu est situé. « Où est le quatrième ? » a même lancé quelqu’un dans l’assistance.
D’autant que, comme le soulignait dans le film Claude Palazzolo (président de l’association des commerçants du Haut Breteuil, qui fait signer localement une charte de la propreté) faisant allusion au Forum mondial de l’eau en mars 2012 et Marseille Provence 2013, « quand on reçoit du monde chez soi, on nettoie son appartement, on met des fleurs… »
Mais attention, a prévenu un représentant du CIQ de la Cayolle (9e) : « le centre-ville concentre beaucoup d’attentions mais beaucoup de Marseillais habitent à la périphérie ». Propos généralisé par Monique Cordier, présidente de la confédération des CIQ, appelant à « une transparence sur les déchets. Il faut une égalité de moyens entre les secteurs et entre les communes de Marseille Provence Métropole (MPM) ».
Des moyens, mais pas que…
Les moyens justement, il en était beaucoup question dans le film projeté. Tel agent interrogé sur le passage plus que fantomatique des cantonniers dans telle rue répondait que tout simplement « il n’y a pas de personnel » qui y est affecté. Un autre, chargé du nettoyage des plages lâchait : « on partage le travail au plus pressé et au plus sale ». Sans parler de cette histoire surréaliste de « service de collecte démarré sans véhicule ».
Quant aux autres causes, on a bien cru qu’on allait rentrer dans le cercle vicieux de l’œuf et de la poule. « Le travail de la propreté n’est pas effectué comme il faut mais de manière au moins égale on a un incivisme incroyable des Marseillais », a posé Yves Moraine (UMP), un des membres du quatuor missionné sur le sujet par le président de Marseille Provence Métropole (MPM). « C’est comme partout il y a des agents qui font leur travail et certain non, il y a des Marseillais qui jettent leur papiers d’autres non, il y a des politiques etc. », a récité plus tard un syndicaliste.
Couplet stérile heureusement dépassé. A l’animateur du groupe Facebook Marseille ville propre qui, outre une remarque sur le manque de sanctions et de pédagogie dans la politique de MPM, assurait avoir vu des agents « passer 20 minutes au téléphone ou une demie-heure au bistrot », la réponse a fusé : « les agents ont des pauses comme tout le monde ». Nous voilà bien avancés. Patrick Mennucci (maire PS du 1/7 et autre membre de la commission quadripartite) a alors émis l’idée de définir des horaires fixes pour ces pauses.
Fini le fini-parti ?
Patrick Mennucci qui a également clairement pris position, tout comme Lionel Royer-Perreault, contre le fini-parti. « Il n’y aucune entreprise au monde qui peut fonctionner si 30% travaillent 3 heures par jour (les agents de la collecte, ndlr) et 70% 7 heures (les agents du nettoiement, ndlr). Immanquablement les seconds n’ont qu’une ambition, devenir ripper de nuit. » Car, si l’on ajoute la paie pas mirobolante de son propre aveu, et la pénibilité – soulignée par Claude Kasbarian de la CDFT – on arrive à « une déconsidération du travail des cantonniers. Il faut le requalifier, le revaloriser. Ils ne doivent pas être des « bouche-trou » qui dès qu’ils arrivent aspirent à aller dans un autre service », confirme Martine Vassal (UMP, troisième des quatre « mousquetaires de la propreté »). Ou à faire des gâches (second emploi au noir, par exemple comme gérant de bar), permises par le fini-parti…
Les pistes ? « Nous allons travailler à un plan de formation. Quand on est embauché chez Véolia, on a 15 jours théoriques et 15 jours de pratique », a avancé Patrick Mennucci, confirmé plus tard par Martine Vassal. « Des formations, on en demande à tous les niveaux, au recrutement et à l’encadrement », s’est félicité Roger Aymard (FSU SDU). Tout en disant niet à la fin du fini-parti. « Je ne veux pas botter en touche, mais ce n’est pas le problème le plus criant », nous assure-t-il.
Qui est ? « La méthode. Le réglement intérieur n’est pas mis en place car on n’a pas de direction stable (sept directeurs depuis 2002, trois depuis deux ans). » Un manque de consignes politiques claires qu’il met aussi sur le dos de la « co-gestion » avec le syndicat majoritaire Force Ouvrière. Les interférences d’Alexandre Guérini ces dernières années, faisant nommer les uns, exigeant les têtes des autres, tentant de peser sur les marchés, n’ont pas dû aider non plus.
Même sort en tout cas pour l’idée de Patrick Mennucci de recruter les agents sur concours pour mettre fin au « clientélisme ». Cela fermerait les portes aux moins instruits et n’exclurait pas tout favoritisme selon lui. Pas plus de succès pour Lionel Royer-Perreault, qui a de nouveau défendu un transfert de compétence du nettoiement vers les mairies de secteur car le « pouvoir est trop éloigné dans cette ville très étendue ». Réponse d’un syndicaliste : « l’une des choses dont on souffre c’est d’être fractionnés, cela pourrait aggraver le problème ». Sauf si l’on définit « un contrat clair », nous glisse le premier.
To be continued…
On voit en tout cas que même porteurs de l’initiative du débat, les syndicats ne sont pas près à dire oui à tout et que tout devra être négocié. Dernier ballon d’essai du maire du 1/7, ne concernant cette fois-ci pas le personnel :« Nous avons potentiellement 10 millions d’euros de fiscalité à récupérer sur les co
mmerçants si on fait des abonnements à tout le monde ». Outre l’aspect externalité négative (les commerçant faisant supporter au contribuable et non à leurs clients le coût d’une nuisance de leur activité), il s’agit de renforcer les capacités d’investissement de MPM et d’inciter à la réduction des déchets.
Au final, si Monique Cordier a déploré avoir assisté à « une super-réunion de CIQ, si c’est pour faire des constats ça fait 10 ans qu’on les fait », le secrétaire général de la CFDT13 Patrick Parra a balayé cette affirmation, y voyant « un débat historique ». « On verra dans un mois », a-t-on répondu dans le public. « Nos organisations ne laisseront pas la situation en l’état, il y aura des suites à ce débat », a-t-il assuré. Mais pour de nombreux participants, si nouvelle table ronde il y a elle devra être organisée par Eugène Caselli, ses « quatre mousquetaires » et personne d’autre.
Commentaires
L’abonnement au journal vous permet de rejoindre la communauté Marsactu : créez votre blog, commentez, échanger avec les autres lecteurs. Découvrez nos offres ou connectez-vous si vous êtes déjà abonné.
Vous avez un compte ?
Mot de passe oublié ?Ajouter un compte Facebook ?
Nouveau sur Marsactu ?
S'inscrire
Le problème de la propretré est insurmontable à Marseille pour des raisons trés simples
A) un certain nombre de cantonniers ne sont pas des foudres de guerre, balladez vous ( sur les allées Gambetta) par exemple, vous serez édifiés de voir ces messieurs en plein effort , celà est surprenant
B) cette ville est en train de se paupériser et se tiers- mondialiser et les gens que nous accueillons reproduisent chez nous ce qu’ils ont l’habitude de faire chez eux , tout simplement. C’est ce que l’on appelle le nivellement par le bas.
Aussi , à moins de mettre un cantonnier travailleur derrière chaque marseillais , notre ville sera hélas , toujours sale , la bande des quatre a vraiment du travail sur la planche.
Se connecter pour écrire un commentaire.
Insurmontable, non je pense pas.
Il faut juste du courage de nos politique.”droite et Gauche” enfin le panier de crabes quoi.
Et pas des idées a la noix “comme la formation”.
Que Mr Menucci passe a Aubagne devant le camps Militaire et qu’il regarde, dehors et dedans.
Ensuite il demande au chef de corps s’il fait des formations pour la manipulation du balai.
et pour les concours de recrutement , il feront comme pour les Marchés public?
T’es le copain de mon copain, t’es donc mon copain!!!!
Mais faffe, tu prends la carte FO et greve quand je te dis ok?
Ha, ils sont bon avec un micro, mais question courage!!!!!!
Assez de paroles, des actes des vrais.
Merci, un Marseillais en colere de voir ses impots en hausse perpetuelle, pour un resulat MEDIOCRE.
Se connecter pour écrire un commentaire.
C est quand meme incroyable qu a une reunion aussi importante, Monsieur Caselli, qui est le President de la CUM, n est meme pas pris la peine d etre present. N est ce pas un manque de respect par rapport aux marseillais? Lui qui nous avait promis Marseille propre en 6 mois, il nous doit au moins ca! C est sans doute FO qui lui a interrdit de venir? C est la preuve que tout continue comme avant malgre les effets d annonce. Quand on lit votre tres bon article et qu on prend connaissance des temoignages des uns et des autres, on comprend mieux pourqui notre ville est de plus en plus sale: absence totale d organisation, abscence de tout controle, chacun fait ce qu il veut et quand il veut, valse des directeurs, collecte des ordures sans vehicule!!!!… Bref, c est la debandade!
En realite, les marseillais devraient refuser de payer la taxe des ordures menageres qui ne cesse d augmenter ( on se demande bien pourquoi d ailleurs quand on voit le resultat! ). Monsieur Mennucci a raison: il faudrait en finir avec le fini-parti. Le probleme, c est que son President, Monsieur Caselli, n est pas d accord puisqu il me semble qu il a dit a plusieurs reprises que ce n etait pas le probleme! Belle facon de botter une nouvelle fois en touche pour ne pas affronter les syndicats. Vivement qu on ait des politiques courageux et qui ne fuient pas leurs responsabilites.
Se connecter pour écrire un commentaire.
@fanaco – pas faux, mais êtes-vous certains que les rues des villes d’où viennent ce tiers-monde visé soient toutes aussi si sales (qu’à Marseille) ? Ici les plages sont nettoyées par des associations, qui mobilisent parfois des scolaires; mais ces scolaires sont issus des quartiers alentour, souvent déjà conscientisés. Quand d’autres n’ont pas d’éthique écologique/sociale une fois parents, il faut des moyens aux associations du centre, afin de mettre en place des ateliers vers les minots. Pour leur faire capter -1)qu’ils sont des citoyens de la ville, que leurs énergies comptent – 2)et qu’une ville plus propre c’est mieux pour tous, ça ne dépend pas QUE des cantonniers – 3)des modèles de prise en main du problème “saleté du cadre de vie/écologie ” par une population paupérisée existent, y compris issus de pays en développement) – 4)que ces campagnes aident les minots à sortir de la pression qu’ils subissent de la part des ‘néo-chefs de bandes’ du quartier et de la classe, qui se moquent du civisme sous toutes ses formes; sachant que ces moqueries fusent aussi dans des secteurs plus favorisés – 5) pour ça, cesser de mettre ces minots des quartiers centre/périphérie dans le même sac que les petits caids, via ces accusations verbales incessantes des politiques (nationaux et locaux) sur des communautés “en bloc” – 6) vous avez croisé et vu la grande motivation de ces brigades de rue en bleu, ex-chômeurs soit disant re-socialisés parce qu’en contrat aidé? cesser des les instrumentaliser, les remettre plus nombreux dans les assos plutôt qu’aux services dits “de sécurité”, les former pour qu’ils ne soient plus ces potiches qui traînent, l’oeil vague, dans les rues.
Grande perte des énergies positives de tous cotés! Le mépris venu des divers paniers de crabe de tous bords politiques en est une des causes, plus propre ma ville une fois eux balayés!!
Se connecter pour écrire un commentaire.
Propreté, économie sociale, recyclage: Marseille (et ses habitants), cancre incapable de changer? On change tjrs plus volontiers un geste réflexe si on sait pourquoi…Curutiba, Brésil – http://www.dailymotion.com/video/x1ebte_curitiba-bresil-cite-avec-un-ideal_news – et au Chili: http://vimeo.com/11077442
Se connecter pour écrire un commentaire.
Monsieur Vincent,
Eugene Caselli a le droit de penser qu il etait plus important d aller s afficher avec Francois Hollande que d etre devant les marseillais sur un sujet dont il est responsable et qui pourrit notre vie depuis des annees: la proprete. C est son choix. Je trouve ca pour ma part choquant et inadmissible, surtout apres les evenements qu a connu la CUM a ce sujet sous sa presidence. C est d ailleurs a ne rien comprendre: il se veut apolitique a la CUM mais prefere aller soutenir Hollande plutot que de s occuper de la premiere de ses responsabilites communautaires: nous permettre de vivre dans une ville propre. N est ce pas paradoxal, pour ne pas dire plus?Je constate par ailleurs que Monsieur Mennucci qui soutient aussi Hollande etait la. Lui, il ne melange pas tout et sait ou sont les priorites des habitants. C est peut etre lui qui devrait etre president de la CUM apres tout? De toute facon, ca ne pourrait pas etre pire.
Se connecter pour écrire un commentaire.
Juste pour infos. Ne pas oublier que tout de meme les “syndicalistes” de la FSU , unsa etc ont eux aussi pour la plupart profitez du “système”
Se connecter pour écrire un commentaire.
Et ci on a pas de personnel on fait comment?
Tout le monde veut faire la gueguerre de la propreté,mais pour faire une guerre il faut de la chair à canon,par contre dans les bureaux des officier il en a.
Quand il a 4 cantonniers pour un des plus grand arrondissement de notre ville.
Après tu as un cornichon qui dit <>
Se connecter pour écrire un commentaire.
Merci Monsieur Julien de toutes ces precisions. Le fait que Monsieur Mennucci soit parti avant la fin de la reunion n enleve rien a ma consternation face a l absence totale du President de la Cum lors de cette reunion qui rassemblait les syndicats de son institution, ses employes, des CIQ et des citoyens qui paient leur taxe des ordures menageres. D ailleurs, pour information, le centre ville etait encore ce matin dans un etat de salete indescriptible!
Se connecter pour écrire un commentaire.
@liseron duveteux – Où avez vous lu que je proposais de faire faire le job des cantonniers par les minots? à quelle ligne? quand on ne veut pas capter, on ne lit que ce qu’on veut comprendre: votre spécialité?
Se connecter pour écrire un commentaire.
Je pense que FANACO a fait le tour de la situation… et il a raison.
La bande des quatre devrait s’inspirer de ces remarques et essayer de …… mais de quoi !!!!
Se connecter pour écrire un commentaire.
Revenons un instant sur la taxe des ordures ménagères, les contribuables sont escroqués par les collectivités locales puisque on intègre dans l’impôt la rémunération corresponda
Se connecter pour écrire un commentaire.
…correspondant à des journées de travail “normales”, et non pas raccourcie par le “fini-parti”, je pense que ce serait susceptible de recours devant les juridictions compétentes…
Se connecter pour écrire un commentaire.