SPIR, le groupe de communication aixois, malmené ce matin à la bourse
SPIR, le groupe de communication aixois, malmené ce matin à la bourse
Le groupe aixois Spir, spécialisé dans les petites annonces est aujourd’hui en pleine tempête. Ce grand groupe de presse, qui emploie près de 4000 salariés, et dont le siège social est aux Milles , a publié hier soir de très mauvais résultats pour l’année 2009. Baisse de 11% du Chiffre d’affaires qui est passé de 650 millions d’euros en 2008 à 577 millions en 2009. Et Spir qui était encore bénéficiaire de 10 Millions en 2008, a plongé dans le rouge en 2009 avec une perte nette de 93 millions. Du coup , son cours de bourse était en chute libre ce matin, autour des -13% en moyenne, atteignant des niveaux de cours dans les plus bas historiques.
Le coupable de tout ça ? Internet. En effet, Spir a très longtemps gagné beaucoup, beaucoup d’argent, ( 50 Millions d’euros de bénéfices pour 600 millions d’euros de Chiffre d’affaires les belles années d’avant la crise, en 2005,2006, 2007), en éditant des journaux gratuits d’annonces pour les particuliers et les commerçants, avec des marques très connues comme Top Annonces et Logic Immo. Pendant des années ,ces supports publicitaires étaient incontournables pour les annonceurs locaux. Mais aujourd’hui c’est fini, les annonces qui étaient payantes dans ces journaux sont devenues gratuites sur internet. Et les rois de ce nouveau marché s’appellent, E Bay ou seloger.com. Et c’est bien dommage pour Spir, qui est une des plus belles entreprises régionales, même si elle reste peu connue du grand public.
Bref retour donc pour ceux qui ne connaitraient pas la saga Spir : Elle a été crée par Claude Léoni, qui lance en 1971 un premier hebdo gratuit d’annonce « Aix Hebdo ». Puis suivent d’autres titres en Paca, en Languedoc Roussillon et en Normandie. Le marché est énorme, Spir se le dispute avec un autre concurrent, la Comareg ( qui appartient aujourd’hui à … Hersant Média), basé à Lyon et crée par un autre entrepreneur, Paul Dini. La bataille est terrible entre les deux hommes, ville par ville, ils s’affrontent pour installer leurs journaux d’annonces, et chacun de son côté,constitue son empire. En 1991 ,Claude Léoni vend Spir au groupe Ouest France. C’est le jackpot, il fait fortune et quitte le management, en laissant son frère cadet, Philippe aux manettes. Celui-ci continue à développer le groupe, qui rentre en bourse au milieu des années 90. Mais les nuages internet commencent à arriver, mais personne ne les voit vraiment , du côté d’Aix, la vue bouchée par la Sainte-Victoire.
Philippe Léoni, en conflit justement sur la stratégie future avec Ouest France, finit par quitter le navire il y a deux ans. Depuis le groupe est dans la tempête. Le nouveau PDG, Patrick Leleu, un ancien de Bouygues Télécom et de Noos, appelé à succéder à Philippe Léoni, quitte à son tour Spir, quelques mois après sa nomination. Le groupe est depuis dirigé directement par son actionnaire, le groupe Ouest France. C’est Louis Echelard, un des dirigeants de Ouest France qui est aujourd’hui aux commandes. En plus de l’arrivée d’internet, Spir a joué de malchance également sur le marché de la distribution en boite à lettre. L’idée avait pourtant du sens. Pour distribuer ses journaux gratuits, Spir a su développer une vraie armée capable de distribuer dans n’importe quelle ville, ses journaux et des publicités pour les commerçants. Avec cette force de frappe Spir a parié sur l’ouverture de la concurrence postale ( aujourd’hui ouverte à la concurrence pour les entreprises, mais toujours en monopole pour les lettres des particuliers), et crée ce qui devait être un concurrent de La Poste: Adrexo. Spir a même obtenu une licence postale, c’est à dire le droit de développer cette activité. Et puis patatras, l’Europe et la France ont décidé de remettre à plus tard cette ouverture de marché. Pas de chance une nouvelle fois pour Spir, qui a du faire machine arrière et restructurer aussi cette activité.
Néanmoins, des rayons de soleil venus de Scandinavie, pourraient bien venir réchauffer les comptes de la société aixoise. En effet, Spir a eu il y a quelques années la bonne idée de s’associer avec la société norvégienne Shibsted, un des leaders de la presse gratuite dans le monde, un concurrent du suédois Métro. Et ils ont lancé ensemble ( à 50/50) plusieurs projets sur le marché français, qui pourraient un jour rapporter beaucoup d’argent à Spir et la faire très vite renouer avec les bénéfices. Le plus connu est le journal gratuit 20 Minutes, un des quotidiens le plus de France. Malgré la crise, il gagne de l’argent, pas beaucoup certes, mais par les temps qui courent ce n’est pas mal du tout… et Spir en possède la moitié. Si 20 Minutes devait fusionner avec son concurrent Métro, comme beaucoup d’observateurs le pensent, cela pourrait être un très beau coup pour Spir. Et puis, Spir et Shibsted ont également développé en commun quelques belles sociétés internet, qui elles commencent à gagner aussi pas mal d’argent. Caradisiac, dans les annonces automobiles, mais surtout le boncoin.fr, le « ebay » français, une des plus belles réussites internet actuelles… Spir pourrait donc très vite rebondir. La question est de savoir si les bretons de Ouest -France ne vont pas finir un jour ou l’autre par se séparer de leur filiale du sud de la France. Et pourquoi pas alors une fusion avec la Comareg, filiale du propriétaire de la Provence, le Groupe Hersant Média, qui perd aussi beaucoup d’argent avec son activité de journaux d’annonces papier ?… Mettre ensemble ces deux activités déficitaires permettrait à Hersant et à Spir, de réaliser de grosses économies. Après Bolloré à Nice, bientôt du mouvement aussi dans les médias à Aix ?
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