Soutenu par sa gauche, appuyé par sa droite, Guérini est toujours debout

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le 10 Avr 2014
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Soutenu par sa gauche, appuyé par sa droite, Guérini est toujours debout
Soutenu par sa gauche, appuyé par sa droite, Guérini est toujours debout

Soutenu par sa gauche, appuyé par sa droite, Guérini est toujours debout

A première vue, le Bateau bleu est plus que jamais noyé dans les brumes politiques. Le président Jean-Noël Guérini est parti du PS, qui disait de toute façon vouloir l'exclure. Pour le prochain renouvellement de l'assemblée départementale, en 2015, il battra la campagne avec un parti maison, a-t-il annoncé. Sa vice-présidente Lisette Narducci, qui a quitté le PS depuis sa dissidence aux législatives 2012, siège elle sur les bancs des non-inscrits. Elle a démissionné il y a quelques jours du groupe socialiste et apparentés "par cohérence" depuis son accord avec la droite marseillaise lors des municipales. Juste à côté d'elle, qui vote aussi le budget, on retrouve toujours Lucien Limousin, soutenu par l'UMP pour sa conquête victorieuse de la mairie de Tarascon mais chaleureusement félicité par le président Guérini.

Mais ce jeudi, comme si de rien n'était, le Bateau bleu a poursuivi sa course sans avarie. "On a un président qui annonce qu'il crée un parti pour présenter des candidats contre le PS. Je suis étonnée de l'absence de réaction des collègues socialistes", a réagi Martine Vassal, présidente du groupe d'opposition UMP-UDI. Puis d'ajouter : "En réalité, je ne suis pas vraiment étonnée, cela fait des années qu'ils sont sous la banquise". Réélu de justesse, le maire de Saint-Rémy de Provence, vice-président chargé du budget Hervé Cherubini n'en est pas à s'interroger sur la configuration politique des cantonales 2015 :

Vous me parlez d'une élection qui a lieu dans un an, avec un parti qui n'existe pas encore et des candidats dont on ne connaît pas le nom… J'attends de voir.

Janine Ecochard, qui fait partie des trois frondeurs historiques, rejoints depuis par Jean-François Noyes et Henri Jibrayel, se faisait peu d'illusions, mercredi dans Mediapart : "Nous avons toujours demandé un vrai groupe PS, mais nous n’avons jamais été suivis car Jean-Noël Guérini détient les cordons de la bourse pour tous les élus locaux. Il faut désormais que Solférino nous accompagne dans cette démarche, nous ne pouvons pas non plus rester éternellement à trois pantins à nous agiter…" L'absence de Marie-Arlette Carlotti n'a pas aidé à faire entendre une voix discordante. Le siège de Josette Sportiello, deuxième sur la liste de Patrick Mennucci mais pas en rupture officielle avec Jean-Noël Guérini, est lui aussi resté vide.

De socialistes, il n'en reste d'ailleurs plus tant que ça dans la majorité Guérini : outre Lisette Narducci, n'en sont plus membres l'ex-maire de Salon Michel Tonon, le maire des Pennes-Mirabeau Michel Amiel, le maire de Saint-Martin de Crau Claude Vulpian. À ceux-là, il faut ajouter les six communistes, d'un silence constant sur ces questions. Interrogé à la sortie de la séance, Christophe Masse, tête de liste du PS dans les 11e et 12e arrondissements de Marseille lors des municipales, ne s'offusque pas de cet assemblage composite, même avec un démissionnaire-exclu du PS à sa tête.

L'UMP joue le front républicain

À entendre les débats de la séance, les lignes de fracture étaient ailleurs. L'élection ce vendredi de Stéphane Ravier (FN) à la mairie du 13/14 a rapidement été mise sur le tapis par Richard Miron, tête de liste UMP dans ce secteur. Comme de nombreux responsables locaux de l'UMP depuis le 30 mars, il a lourdement fustigé l'absence de retrait de la liste socialiste, arrivée troisième : "Ils ont préféré s'accrocher à leur petit fauteuil minable. Leurs convictions, c'est le montant de leur indemnité." Si la ligne du PS a été défendue par Michel Pezet, Christophe Masse et Félix Weygand, le conseiller général de Saint-Barthélémy, Denis Rossi, a dit son sentiment :

J'étais de ceux qui pensaient au soir du premier tour que le désistement devait se faire. On m'a expliqué que des calculs avaient été faits sur les reports de voix. Nous portons, la tête de liste en priorité, une responsabilité historique dans l'installation de cette peste brune. Moi aussi, parce que je n'ai pas su faire valoir un certain nombre de choses. Après les déclarations de Pape Diouf, on pouvait penser qu'on allait se retrouver dans cette situation.

Déclaration à laquelle Martine Vassal a tenu à "rendre hommage car M. Rossi assume sa défaite". Comme mardi, Jean-Noël Guérini a réitéré son désaccord avec la stratégie du PS : "Si la même situation s'était posée en 2008, en mon âme et conscience j'aurais assumé mes responsabilités et j'aurais demandé à la liste socialiste de se retirer."

La suite a viré à l'unanimité contre la politique du gouvernement. À de nombreuses reprises, ex-PS, toujours socialistes, communistes et UMP ont dit leur opposition commune aux axes tracés par Manuel Valls. La suppression des départements tout d'abord, qui vient après un redécoupage des cantons très décrié. Mais aussi les 10 milliards d'euros de coupes annoncées sur les dotations versées aux collectivités par l'État. Pas une voix ne s'est élevée pour défendre le nouveau premier ministre.

Pour eux, la délibération clé du jour n'en donnait que trop un avant-goût : il s'agissait de relever le taux des "droits de mutations" perçus lors d'une transaction immobilière. Cette entorse à la non-augmentation de la fiscalité qui fait depuis 8 ans la fierté de la majorité Guérini a été justifiée à contre-cœur par Hervé Chérubini : "En 2014, on se prend 20 millions d'euros qui partent au fond national de péréquation, on se prend 14 millions de baisse de la dotation de l'État, on se prend entre 15 et 20 millions d'euros de dépenses supplémentaires liées au RSA." Saisissant au vol cette "nouvelle taxe", l'UMP a voté contre, au nom de "la maxime « trop d'impôt tue l'impôt »". Signe que babord et tribord ont encore quelquefois un sens sur le Bateau bleu.

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Commentaires

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  1. JL41 JL41

    Article complet, nuancé et amusant à lire.

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  2. Electeur du 8e Electeur du 8e

    “… l’unanimité contre la politique du gouvernement” = l’unanimité du conservatisme des élus locaux dès qu’on envisage la moindre réforme du fatras qu’est devenu l’organisation territoriale du pays.

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  3. Anonyme Anonyme

    Dans cette assemblée pourrie, il n’y en pas 10 qui dorment en faisant de jolis rêves, qui peuvent se regarder droit sans baisser les yeux devant la glace.
    Les pires seraient encore ceux qui se disent “de gauche”, au PS, au PC et au Front de Gauche, qui discourent sur les valeurs, sur la morale et qui agissent en faisant vomir leurs concitoyens

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  4. stephdemars stephdemars

    Jng encore président en 2015 .

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  5. ontouchelefond ontouchelefond

    Le navire bleu est à la dérive sur de sombres océans d’hypocrisie politique absolue…Personne ne sait où il s’échouera…Les 7000 agents territoriaux ont déjà mis les gilets de sauvetage….Espérant au final pour bcp un échouage rapide sur la grande Métropole…

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  6. zaqsa2000 zaqsa2000

    Un dossier d’école pour aspirant à l’ENA….

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  7. zaqsa2000 zaqsa2000

    Un dossier d’école pour aspirant à l’ENA….

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  8. JL41 JL41

    On se demande comment ou pourquoi des gens comme Désir restent en scène, comme s’il était dangereux de les écarter. On en avait parlé à l’époque des collections de montres de Dray, ce sont des choses qui remontent aux débuts de la MNEF, où pas mal de futurs leaders socialistes ont été supportés (dirigeants, conseil d’administration). Pour le grand public, les prémisses de cette composante socialiste restent un théâtre d’ombres.
    Anticor vient de publier un communiqué à propos de Cambadélis, mis en avant pour succéder à Désir : http://www.anticor.org/2014/04/10/anticor-met-en-garde-le-ps-contre-la-nomination-de-monsieur-cambadelis-au-poste-de-secretaire-general/
    « Monsieur Cambadélis a été condamné en janvier 2000 à cinq mois de prison avec sursis et environ 15 000 euros d’amende, pour avoir bénéficié d’un emploi fictif.
    « Monsieur Cambadélis a également été condamné en juin 2006 à six mois de prison avec sursis et 20 000 euros d’amende, après avoir été reconnu coupable de recel d’abus de confiance.
    « Anticor considère que cette nomination serait un nouvel affront à notre démocratie. « Alors qu’une large majorité de Français doute de l’honnêteté de ses élus et de ses dirigeants, notre démocratie représentative connaît une crise sans précédent, et il est de plus en plus difficile de combattre l’idée si dangereuse et fausse du « tous pourris ».
    « Pour éviter ces dérives, les responsables politiques, tout comme les élus, doivent être exemplaires. Ne pas respecter cette exigence, c’est faire monter l’abstention et le dégoût de la vie politique. C’est également favoriser le vote extrême.
    « Il serait inadmissible et humiliant qu’un important parti politique français soit dirigé par une personne qui a été condamnée deux fois pour ne pas avoir respecté les règles élémentaires de la probité. »
    Cambadélis est bien sûr référencé dans le bouquin « Délits d’élus » que je citais dans Marsactu.

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  9. Anonyme Anonyme

    Le PS est sans réaction,sans courage,sans chef.
    Ce parti politique “d eau tiède” est constitué d enfants gâtés et grassouillets,à l image de bien d autres structures il a peur de tout.
    Les jeunes qui arrivent ne peuvent pas passer les étages car les titulaires vivent de la politique et ont besoin de ces indemnités ,c est la fin d un système.

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  10. Le Faux Fernandel Le Faux Fernandel

    Allons, il y avait plus de “Guérinistes” sur les listes de Mennucci que sur toutes les autres….La preuve, certaines sont restées hier à la maison, elles avaient atelier tricot!

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  11. christian christian

    Quand Mr Coppola du PCF prendra position sur les élus comunistes du CG qui votent sans cesse avec Guerrini, et désormais Narducci …. Le double jeu est assez déplaisant

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  12. chateau gombert chateau gombert

    Mme Vassal qui rend hommage à M. Rossi, le mari de Nadia Brya qui était comme elle sur la liste d’Hovsepian..Mais comment la gauche aurait elle pu gagner??

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  13. Bertrand Bertrand

    Et on se demande encore pourquoi le FN monte ?

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  14. Tresorier Tresorier

    Les elections senatoriales vont etre savoureuses dans les Bouches du Rhone en septembre prochain…….

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