Sous la bannière “Provence unie”, Martine Vassal joue l’ouverture en toute discrétion
Martine Vassal a officiellement annoncé sa candidature aux départementales ce mercredi à Allauch. L'occasion de présenter le - très large - rassemblement que constituent ses colistiers et soutiens.
La présidente sortante du département entourée des binômes qui se présenteront à ses côtés les 20 et 27 juin prochains. (Photo C.By.)
“Cette candidature n’est pas une démarche individuelle, elle s’inscrit dans un collectif.” Tunique beige, jupe plissée et fleurie, Martine Vassal annonce l’évidence : la présidente Les Républicains du département des Bouches-du-Rhône depuis 2015 est candidate à sa propre succession. Sur l’esplanade Mistral d’Allauch, inondée de soleil ce mercredi 26 mai, la sortante choisit la rupture. La municipale de 2020 et son échec sont passés par là. “On ne perd pas, on apprend. J’ai appris”, glisse Martine Vassal qui veut, cette fois, rompre avec les “actions individuelles, jamais bonnes” et “jouer collectif.”
Les 20 et 27 juin prochains, elle emmènera donc une équipe dont elle est “la capitaine”. La “team Martine” a un nom, “Provence unie”, et un logo, un brin d’olivier stylisé sur fond bleu qui n’est pas sans rappeler le nouveau logo du département. Surtout, cette équipe “qui compte 50% de renouvellement” est large. Très large. Et va bien au de-là des frontières de la droite départementale. D’ailleurs, Provence unie ne présente que 24 binômes sur les 29 cantons du département. Manière de permettre un soutien indirect de la sortante à des candidats qui ne sont pas issus des rangs du parti Les Républicains ou de ses partenaires traditionnels.
Soutenir des élus de gauche… qui la soutiendront
Aucun binôme vassaliste investi, par exemple, pour s’opposer sur le canton d’Istres aux candidats Jean Hetsch, maire PS de Fos-sur-Mer, et Nicole Joulia, première adjointe au maire ex-socialiste d’Istres, François Bernardini. Même chose, dans le canton de Pélissanne où Jacky Gérard, vieux compagnon de route de l’ancien président Jean-Noël Guérini est élu depuis 23 ans. Idem, enfin, dans le canton Salon-2 : Yves Vidal, maire de Grans et ancien premier secrétaire de la fédération PS des Bouches-du-Rhône ne verra pas de colistier de Martine Vassal se dresser face à lui.
Moi, durant mon mandat, j’ai tout fait pour les maires. J’ai aidé ceux qui en avaient besoin. Sans distinction de couleur politique.
Martine Vassal
Soutenir des élus de gauche afin qu’ils votent pour elle au 3e tour ? L’idée ne semble pas si saugrenue aux yeux de Martine Vassal. Dans son discours de candidature, elle a pris soin de tresser des lauriers aux maires qui ont été en première ligne durant la crise de la Covid-19. Puis en aparté, elle ajoute : “À Istres et Pélissanne, par exemple, ce sont des binômes avec des maires. Nous nous retrouvons sur des valeurs communes. Moi, durant mon mandat, j’ai tout fait pour les maires. J’ai aidé ceux qui en avaient besoin. Sans distinction de couleur politique, sans dire “toi je ne te donne pas, parce que tu n’es pas chez les Républicains””, assure-t-elle. Manifestement, en retour, ces maires ont la reconnaissance du ventre.
Sur l’esplanade que prolonge un beau moulin, Martine Vassal, se montre très détendue. Elle alpague l’un : “Oh, Marcel !”, salue l’autre : “Comment va, Gégé ?”, avec une décontraction qui lui a sans doute fait défaut durant la campagne, l’an passé. Une façon, aussi, de démontrer que dans son camp, les troupes sont cohérentes, “quand la gauche s’écharpe : une adjointe [Nassera Benmarnia, ndlr] se présente contre le candidat de Payan [Anthony Krehmeier, ndlr] dans le canton du maire… On n’aurait pas vu ça sous Defferre”, ironise-t-elle.
Elle oublie volontiers que son esprit d’ouverture ne fait pas que des heureux chez Les Républicains. Les crispations se font sentir par exemple dans le canton de Pélissanne où les nouveaux maires de Vernègues, Anne Reybaud, et de La Barben, Franck Santos, encaissent mal le champ laissé libre au guériniste Jacky Gérard et se présentent sans l’aval direct de la présidente. Même réaction dans le canton de Salon-2 où David Ytier, adjoint LR au maire de Salon-de-Provence et par ailleurs vice-président de la métropole Aix-Marseille-Provence que préside Martine Vassal, choisit de briser le pacte de non-agression établi avec Yves Vidal et d’entrer en lice.
Mini-fronde et primaire qui ne dit pas son nom
“La volonté de rassemblement le plus large possible ne doit pas s’effacer devant la possibilité d’offrir une position claire aux électeurs. Or les électeurs de droite se reconnaissent dans certaines candidatures et pas dans d’autres“, cadre David Ytier qui positionne son binôme comme “la seule candidature de la droite et du centre”, sans pour autant bénéficier de l’investiture LR. Une mini-fronde chez les vassalistes ? “Une frondouillette”, sourit Martine Vassal. “À Salon-2, ce sont deux membres de mes exécutifs [Yves Vidal au conseil départemental et David Ytier à la métropole] qui s’opposent. Cela m’ennuie, j’ai essayé de les convaincre...“, lâche la sortante sans grande conviction. Elle n’ignore pas que le premier tour aura des allures de primaire qui ne dit pas son nom. Et que si l’un ou l’autre binôme l’emporte au second, il votera sans doute pour elle au troisième.
Tandis qu’à Salon, deux membres des exécutifs Vassal s’opposeront, dans d’autres cantons, la voie sera laissée libre à des candidats de la majorité présidentielle.
Ses troupes sont également absentes dans deux cantons marseillais, laissés à des candidats de la majorité présidentielle : Emmanuelle Chaix et Philippe Berger soutenus par Agir, le MoDem, Territoires de Progrès, LREM (Marseille-11), Malika Torchi, Michel Sarocchi (Marseille-1), chaînon manquant entre Saïd Ahamada et Bruno Gilles (ex-LR désormais Agir). Pour autant, la présidente-candidate l’assure, elle n’a formé “aucun accord” avec La République en marche. “J’ai créé un rassemblement ouvert aux personnes de bonne volonté”, affirme-t-elle tout en assurant qu’elle n’aura pas d’élu “LREM dans sa majorité.” Voilà une équation qui semble bien compliquée.
Face à Masse “on n’envoie pas du lourd”
Dans le canton Marseille-6, le binôme Christophe Masse et Geneviève Tranchida – sortants de gauche désormais soutenus par la majorité présidentielle – aura face à lui des novices du clan Vassal : Cécilia Roure-Scognamiglio et Jean-Maurice Saal. “On n’envoie pas du lourd”, note pince sans rire, un colistier. “Quand je ne fais pas de renouvellement, vous me le reprochez et quand j’en fais vous me le reprochez aussi !”, évacue la présidente. “Il faut bien préparer la suite. Laissez-les monter en puissance.”
Apôtre d’une ouverture en toute discrétion, quand celle de Renaud Muselier fut tapageuse, la candidate cherche à déployer une bannière la plus large possible… synonyme, selon elle, d’une réélection. Au risque de froisser ses cadres. Lionel Royer-Perreaut, binôme de Martine Vassal dans le 10e canton de Marseille, ne cache pas qu’il s’accommode mal de siéger dans une majorité future au côté d’anciens élus socialistes ou guérinistes. Imaginer voter avec Christophe Masse, son prédécesseur à la présidence de 13 Habitat, par exemple ? Il s’irrite sans détours : “Il n’en sera jamais question !”
Commentaires
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oups une petite faute de frappe
“elle emmènera donc une équipe donc elle”c’est mieux avec un d au second donc
“elle emmènera donc une équipe dont elle…”
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Merci, Zaza, de votre lecture attentive! Faute corrigée.
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“Moi, durant mon mandat, j’ai tout fait pour les maires. J’ai aidé ceux qui en avaient besoin. Sans distinction de couleur politique.”
Autrement dit par Vassal, les habitants je m’en fiche , en revanche j’achète les maires qui me le rendent bien.
L’annonce faites à Allauch avec la famille Povinelli en filigrane est une image tout à fait significative du personnage et en dit long
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Photo de famille à allauch sous les mânes de povinelli, combines avec les héritiers de guérini, hommage à defferre… Ses références parlent pour elle.
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on dirait du Gaudin …
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Cela est bien, du pur jus
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Rien de nouveau dans “l’ouverture” selon Vassal : c’est depuis 2014 qu’on sait que les élus guérinistes et les élus gaudinistes sont deux faces de la même monnaie.
Quant aux trémolos sur “l’aide aux maires qui en avaient besoin”, que certains mauvais esprits pourraient rebaptiser “clientélisme”, est-ce que cela suffit à faire une politique ? Le département est censé financer un certain nombre d’actions relevant de ses compétences, et non jouer le rôle d’un guichet où chacun vient se servir.
D’ailleurs, si j’ai bien lu, l’amour désintéressé de la reine de Provence pour les maires a un coût : de 2015 à 2020, la dette du département aurait plus que doublé. La droite marseillaise aux commandes de la ville, de l’intercommunalité ou du département, c’est toujours le même résultat à la fin : des finances exsangues.
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Pourquoi continuer à décrire de Gauche Joulia et Bernardini; macroniste de la premiére heure et soutien sans faille à Vassal ? D’ailleurs l’argent qui ruisselle sur la ville en provenance du département il a servi à quoi ? Sauver le calamiteux forum des Carmes avec la maison du bel âge et le musée de fer et de béton (ou sont les normes environnementales) qui est toujours porte close?
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